Le CO champion 2013 -2-
Après le titre :
Retour sur l'aéroport de Castres dimanche © Laurent Frezouls
Publié le 03/06/2013 à 08:29 | La Dépêche du Midi | Eric Théron
A Castres, la fête des héros
La photo de l'épopée 2013 qui restera dans la mémoire collective./Photo DDM
De l'aéroport de Castres-Mazamet au stade Pierre-Antoine, c'est une véritable marée humaine qui a déferlé hier après-midi sur Castres et sa périphérie. Juchés sur la plateforme d'un camion, les joueurs du CO ont paradé avec le Bouclier de Brennus portés à bout de gros bras sur plusieurs kilomètres. Les véhicules de police qui les escortait ont eu les pires difficultés à contenir cette foule en délire, peinturlurée et «perruquée» aux couleurs du club.
À 17 heures tapantes, les joueurs sont sortis du tunnel des vestiaires sous les décibels crachés par les cornes de brume et les flashes des appareils photos. Pierre-Yves Revol, Yannick Forestier, Rodrigo Capo Ortega, Mathieu Bonello et Michel Dhomps sont apparus en premier en portant le célèbre bouclier, aussi lourd à porter qu'à conquérir sur la pelouse… Pierre-Antoine jouait à guichets fermés avec 15 000 supporters assis en tribunes ou sur le terrain, où l'on ne distinguait plus que quelques brins d'herbe.
©Laurent Frezouls
Les colosses du CO ont alors investi l'estrade dans un joyeux tohu-bohu. En showman, Joe Tekori, Ibrahim Diarra et Rodrigo Capo Ortega ont assuré l'ambiance, tandis que le même Tekori, Kirkpatrick, Wihongi et Taumoepeau improvisaient un haka. Plus sobre, Matthias Rolland, futur manager, appréciait cette joyeuse débandade. «Hier, on parlait de ce titre entre nous et on ne réalisait pas. On ne se rendait pas compte de l'impact en ville. Devant tout ce public, on commence à réaliser. On n'a rien eu dans la facilité mais les phases finales se sont passées comme dans un rêve. Je suis hyper content pour Laurent Labit et Laurent Travers.»
©Laurent Frezouls
Un coquard à l'œil, scorie du combat de la veille, Yannick Caballero, pur produit tarnais, intériorisait son bonheur. «En 1993, je faisais partie des supporters en espérant être un jour sur l'estrade. On va réaliser petit à petit avec le temps. Ceux de 1993 nous ont dit de profiter de ces moments car ça ne dure pas longtemps…»
Les Castrais vont pouvoir encore en profiter aujourd'hui avec une réception à la mairie à 16 heures et surtout à l'occasion d'un barbecue entre eux. Il sera alors temps de saluer les partants et pour ceux qui restent de se donner rendez-vous début juillet pour se préparer à défendre ce titre de champion.
Publié le 03/06/2013 à 11:59 | Philippe Lauga
Castres Olympique, le bonheur après l'honneur
L'histoire de ce titre s'articule autour de belles valeurs.
Et toujours l'épreuve de vérité (Wihongi, Mach, Taumoepeau). /Photo DDM, Xavier de Fenoyl
Comment le 9e budget du championnat a pu devenir champion de France vingt ans après et souffler un vent de fraîcheur sur le rugby professionnel.
Elle est arrivée. Un peu plus tardivement qu'on ne l'avait envisagée. Mais elle est arrivée. La fameuse malédiction du numéro 2 qui veut qu'aucune équipe ayant terminé deuxième de la phase régulière n'aille en finale ou ne devienne championne de France.
©Laurent Frezouls
Cette année, il fallait donc jouer l'outsider, le numéro 4. Comme le quatrième champion de France pour les cinq dernières éditions du Top 14 (Perpignan en 2009, Clermont en 2010 et Toulouse en 2011 et 2012).
Le 9e budget
Numéro 4 à la fin de la saison régulière, numéro 9 au classement des budgets au début de la saison et numéro 1 à la fin. L'histoire est belle, rafraîchissante dans la mesure où elle jette exceptionnellement aux orties la fameuse sentence : dis-moi ton budget et je te donnerai ton classement à la fin de la saison. Une sentence vérifiée cette année chez les voisins du football…
Une histoire, un roman puis un best-seller dont les deux thèmes principaux constituent bien entendu le talent de beaucoup de joueurs (ne l'oublions jamais) comme en atteste le nombre sans cesse croissant de joueurs sélectionnés ; et le talent de deux entraîneurs qui ont mené leur projet jusqu'au bout malgré une situation contractuelle qui aurait pu peser et plomber le groupe.
©Laurent Frezouls
Et pour donner du corps et de la sensibilité au roman, il y a donc cette alchimie, cette communion entre joueurs issus pour la plupart de la Pro D 2. Cette division dont on dit qu'elle forge les caractères et conserve entières les valeurs de notre cher sport.
Humilité, authenticité
Oui, c'est un beau roman d'amitiés qui n'est pas sans nous rappeler l'aventure columérine de 2000. Avec le Brennus en plus. Il y a de la simplicité, de l'humilité, de l'insouciance, de l'authenticité dans cette équipe castraise. Il nous revient encore en mémoire quelques scènes pour décerner ce label fraîcheur. Cette demi-finale Toulon - Toulouse vue en commun dans un appartement parce que l'hôtel des Castrais n'était pas abonné à Canal +. Ou ces mises en place à Nantes et au Stade de France en toute décontraction.
Cette bande de copains a su tirer partie également de sa force de caractère. Exagérant son rôle de petit poucet pour mieux s'en servir. Mettant en avant sa faible médiatisation par rapport aux autres grandes écuries pour mieux activer un autre levier de motivation.
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La fraîcheur, c'est sûrement ce qui a manqué à Toulon. De la fraîcheur mentale après avoir déjà remporté un titre et avoir vécu une petite finale en éliminant le double champion en titre, le Stade Toulousain. Mais également de la fraîcheur physique, compréhensible après avoir enchaîné trois matches de très haut niveau (finale de Coupe d'Europe, demi puis finale de Top 14). Bernard Laporte a peut-être surestimé le potentiel physique de son équipe qui est restée quasiment inchangée (hormis Hayman absent en demi-finale). Surtout quand la moyenne d'âge est aussi élevée. Les Castrais avaient eux tous vingt ans dans leurs jambes et dans leurs têtes.
Le chiffre : 1 essai > encaissé par Castres lors des phases finales. Et encore ce fut à la dernière minute de la finale. Mais face à Montpellier puis Clermont, les Castrais avaient gardé leur ligne inviolée.
«La médiatisation? Maintenant, elle va arriver de partout. On s'attend à être invité par Télé Poche.» Laurent Labit, co-entraîneur du CO
Publié le 04/06/2013 à 08:15 Brian Mendibure
« Dans l'histoire de Castres »
Joueurs, encadrement sportif, et staff administratif, toutes les composantes du CO ont été mis à l'honneur hier à la mairie de Castres./ Photo DDM
C'est sur «Jump», la chanson de Van Halen, que la mairie avait prévu un petit montage vidéo des scènes de liesses de la foule incroyable qui s'était réunie place Soult pour assister à la victoire du CO samedi soir. «On voulait vous montrer ce qui s'était passé à Castres pendant que vous étiez à Paris», explique le maire divers droite Pascal Bugis qui a reçu hier après-midi en mairie l'équipe castraise et son bouclier de Brennus.
©Laurent Frezouls
«Ce que nous vivons maintenant est immense, a lâché Laurent Labit, l'entraîneur castrais ancien champion de France avec le CO en 1993. C'est plus fort qu'il y a 20 ans. On le voit là sur ces images. Entre la place Soult et le Stade de France, il y avait plus de supporters que d'habitants à Castres. Et ce que les joueurs ont fait dépasse le rugby, c'est un message aux jeunes dans notre société actuelle difficile que quand on s'en donne les moyens ce n'est pas forcément le plus riche, le plus grand ou le plus beau qui gagne. Ce sont des garçons exceptionnels qui savent que peu importe ce que l'on devient si on reste ce que l'on est.»
Michel Dhomps, le président du CO, a lui aussi salué «l'accueil et l'enthousiasme des supporters» notamment à Pierre-Antoine dimanche : «On ne s'imaginait pas çà, c'est beaucoup d'émotions». «Quand on voit le bonheur des gens, on voit que Pierre Fabre a atteint son objectif de faire rayonner la ville dans laquelle son entreprise est implantée et de donner de la fierté à la population qui en a besoin», a ajouté Pierre-Yves Revol, qui représente le principal actionnaire du club. Soulignant la ferveur au stade Pierre-Antoine dimanche qui «donnait les larmes aux yeux à tous», le maire a lui évoqué la «belle épopée» du CO qui fait «vivre des moments extraordinaires» à toute la ville.
©Laurent Frezouls
«Et ce n'est pas du tout un hasard contrairement à ce que me demandait dimanche un journaliste d'une radio nationale un peu penaud de voir les pronostics désavoués. Il y a à Castres autant, voire plus, qu'ailleurs de talents. Et l'état d'esprit de cette équipe de copains a permis qu'une petite ville puisse rivaliser avec les grandes armadas», a-t-il ajouté affirmant que cette équipe restera «dans l'histoire du rugby français, dans l'histoire du club et dans l'histoire de la ville».
©Laurent Frezouls
Revivre la finale en quelques clichés :
(Photos FB "Par amour du rugby")
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