Rugby : Le C O en finale, "Allez Castres"

26/5/2013


Publié le 26/05/2013 à 08:26 | | La Dépêche du Midi | 
 
Top 14 : Oui, Castres est grand
 

 
Le club tarnais rêve de titre vingt ans après / Photo DDM
 
P… vingt ans. Vingt ans après son dernier titre et 18 ans après sa dernière finale face au Stade Toulousain, le CO remonte à Paris et découvre Saint-Denis et le Stade de France. Car jusque-là, l'équipe castraise n'a connu que le Parc des Princes. C'est dire les pages d'histoire que les hommes de Laurent Travers et Laurent Labit (il était là en position d'arrière sur le terrain en 1993) viennent d'écrire hier à La Beaujoire.
 
Il y a donc encore de la place pour les villes de taille moyenne et les petits budgets dans le rugby professionnel… À méditer. Quant aux Clermontois, ils sont peut-être ceux qui ont le plus parlé du doublé cette saison encore. Et ils ont, en fait, réussi le doublé de deux défaites consécutives en matches éliminatoires…
 
Et qu'elle est belle cette image des joueurs du CO restant unis, le long de la ligne de touche, à regarder dans le calme le feu d'artifice tiré cinq minutes après la rencontre, avant d'aller saluer leurs supporters. Le feu, il y a longtemps, que les Tarnais l'avaient mis sur la pelouse. On savait les Castrais capables de faire de grandes choses mais encore fallait-il le mettre en pratique lors d'un grand rendez-vous, d'une demi-finale par exemple.
 
On vous les avait décrits libérés, décomplexés. On les a trouvés mûrs, sûrs de leur force. Avec cette mêlée tout d'abord qui a remis au goût du jour l'expression pack en carton pour Clermont.
 
 La mêlée castraise a fait souffrir mille maux à son adversaire. / photo DDM, Xavier de Fenoyl
 
Le CO toujours devant
Ce fut le premier coup sur la tête du club auvergnat qui n'avait pas besoin des deux premiers échecs de Parra au pied. La suite ne fut qu'une mainmise totale du CO et une longue descente aux enfers de Clermont. Tout ce que faisaient les Castrais était propre. Et leur défense et leur travail dans les rucks ont mis les finalistes européens sous l'éteignoir. Ajoutons y la botte de Kockott et le CO a toujours mené bon train. Le club tarnais aurait même pu franchir la ligne en première période si Martial n'avait pas été déséquilibré, assurant tout de même une passe pour Caballero qui ne put toutefois conclure.
 
Le réveil de Clermont a semblé sonner à la pause sur le premier ballon qui n'était évidemment pas issu de la conquête directe mais si les Auvergnats ont traversé le terrain, les Castrais n'ont pas cédé et pour tout dire ne se sont même pas affolés, ne commettant pas de fautes.
 

 
Le tournant définitif du match s'est produit à un quart d'heure de la fin quand Clermont mené (9-18) bénéficia d'une touche dans les vingt-deux mètres castrais. Son obsession à vouloir jouer une nouvelle fois vers l'extérieur bénéficia à Romain Cabannes qui avait senti le coup. 80 mètres plus loin, l'interception sonna le glas des derniers espoirs auvergnats.
 
Face à Castres, il ne faut pas badiner avec la rigueur. Surtout quand le CO démontre une telle maîtrise sur les phases statiques et sur ses lancements de jeu. Les hommes des deux «Lolo» ont assurément franchi une marche. Elle les mène aujourd'hui au Stade de France leur permettant de rêver à un possible Brennus, vingt ans après celui… du Parc des Princes.
 

 
Castres a bâti son succès avec une énorme prestation dans l'épreuve de force.
 
Une mêlée de premier de la classe
«La mêlée ne fait pas gagner mais elle évite de perdre.» La citation est signée Laurent Travers, l'entraîneur des avants castrais, impériaux hier, avec quatre pénalités récoltées dans ce secteur, (9, 19, 40, 53). D'ailleurs, toutes ont été converties par Kockott, histoire d'enfoncer un peu plus le clou. La clé du succès castrais est bien là, au-delà d'une défense hermétique et d'un abattage monstrueux dans les rucks.
 
Les statistiques parlent d'elles-mêmes. Sur sept introductions, le CO en a assuré six (dont une pénalité) et concédé une pénalité. Et sur onze introductions clermontoises, il a récupéré un ballon et trois pénalités, soit plus d'un tiers de ballons subtilisés à ses adversaires.
 

 
Taumoepeau et Wihongi, les deux «gorilles»
On a d'ailleurs très vite compris que les Auvergnats allaient vivre un enfer dans ce secteur, quand le pack tarnais a emporté son homologue clermontois au point de récupérer le cuir sur une introduction de Parra (5e). «Elle nous lance dans le match», annonce Brice Mach, le talonneur «bleu et blanc», véritable joint entre Taumoepeau et Wihongi (quel coffre avec plus de 70 minutes à concasser du Clermontois dans le jeu également), ses deux «gorilles» comme il se plaît à les appeler.
 
Ceux-ci, notamment Wihongi qui a mis au supplice Chaume et Kayser, ont porté le CO vers le Stade de France. «Il ne faut pas oublier Samson et Capo Ortega, deux poutres, ainsi que nos troisièmes lignes, qui ne sont pourtant pas les plus gros gabarits du championnat», précise Mach. Il n'y avait pas trop de failles mais ils avaient changé les deux piliers. Il fallait mettre l'impact. Et quand le talon lève le pied, si tu pousses, il n'y a plus trop d'équilibre», analysait pour sa part Yannick Caballero.
 

 
«La mêlée, c'est l'humilité»
De son côté, Julien Bonnaire accusait le coup : «On savait que Castres était solide et on a eu du mal à les attaquer. On a beaucoup trop subi et ça ne pardonne pas.»
 
Pour autant, pas question de s'enflammer du côté de Laurent Travers. «J'ai souvenir de matches où l'on a subi. Un moment, on a même décrié notre mêlée. Alors on ne va pas se prendre pour d'autres. La mêlée, c'est l'humilité», tempérait le technicien, qui reconnaissait toutefois que «l'ascendant pris avait joué dans les têtes», qu'elles soient castraises ou clermontoises. Et peut-être aussi dans celles des Toulonnais…
 
 

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