Grand Sud : vers des déserts médicaux ?

25/1/2012

Publié le 16/01/2012 10:43 | Jean-Marie Decorse | La Dépêche du Midi

La "désertification" des soins médicaux

Offre de soins : le désert

La question du désert médical et de la liberté d'installation des médecins devrait être au cœur de la campagne pour la présidentielle. Midi-Pyrénées illustre bien la situation préoccupante de l'offre de soins.

La question épineuse des déserts médicaux resurgit dans l'actualité et sera vraisemblablement un thème majeur de la campagne de la présidentielle. Les médecins libéraux sont vent debout après les propositions de la Fédération hospitalière de France d'organiser l'offre de soins lorsque les médecins de ville ne sont pas assez nombreux pour assurer les gardes. « L'application à la médecine de ville de la rigidité du fonctionnement hospitalier serait une catastrophe pour les soins de proximité », souligne la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) qui rassemble des syndicats de médecins libéraux.

Le problème des déserts médicaux ne date pas d'hier.

Déjà en 2006, puis en 2009, gouvernement, majorité et opposition avaient eu un débat à fleurets mouchetés sur la question, sensible, de la liberté d'installation des médecins. En 2011, une centaine de députés de la majorité avait présenté une proposition de résolution demandant d'ériger en « priorité nationale » la lutte contre la désertification médicale.

Et en novembre, le député Nouveau Centre Philippe Vigier a déposé une proposition de loi visant à réguler les installations de médecins et à garantir un accès équitable aux soins sur l'ensemble du territoire (lire ci-contre). L'élu d'Eure-et-Loire constatait que les difficultés géographiques ne faisaient que croître. Le nombre de médecins exerçant en zone rurale devrait diminuer de d'un quart d'ici à 2030 et chuter de 10 % en zone périurbaine.

Sa proposition devrait être discutée le 26 janvier à l'Assemblée nationale, et si elle a peu de chances d'aboutir, elle mettra au moins la question récurrente de la liberté d'installation des médecins au cœur des débats ces prochaines semaines.

Le candidat socialiste à la présidentielle, François Hollande, indiquait vendredi dans nos colonnes qu'il proposerait une aide à l'installation des jeunes médecins pour tenter de lutter contre ces déserts médicaux.

Un patient et son médecin Christophe Simon AFP/Archives

45 minutes pour avoir accès aux premiers soins

En Midi-Pyrénées, selon une étude conduite par la Direction de la Recherche, des Études, de l'évaluation et des statistiques (Drees), la densité médicale chuterait de 22 % d'ici 2030, alors que les effectifs de personnels médicaux et paramédicaux devraient augmenter de 50 % pour pouvoir répondre aux besoins de la population.

C'est dans les départements de l'Aveyron, du Gers, des Hautes-Pyrénées, du Lot, du Tarn et du Tarn-et-Garonne que la situation est qualifiée d'inquiétante. Dans ces zones, il faut parfois plus de 45 minutes pour accéder aux soins hospitaliers de proximité. Et, dans l'Aveyron et les Hautes-Pyrénées, il faut un temps identique pour rejoindre le cabinet d'un médecin libéral.

De fait, la Région, déjà dotée de la compétence pour les formations sanitaires et sociales, n'a eu d'autre choix que de limiter la baisse du nombre de médecins. Midi-Pyrénées a accompagné financièrement la création de 26 maisons de santé dites « pluridisciplinaires » là où il manquait de praticiens. Et les jeunes médecins récemment diplômés bénéficient d'une prime forfaitaire de 8 000 € s'ils s'installent dans un secteur géographique jugé déficitaire.

 

Publié le 12/01/2012 08:34 | La Dépêche du Midi

Déserts médicaux : remèdes chocs de l'hôpital

./Photo PQR

La puissante Fédération hospitalière de France (FHF), porte-voix de l'hôpital public, a exposé hier plusieurs propositions chocs pour la présidentielle, notamment celle de remplacer des médecins libéraux par des hospitaliers dans les déserts médicaux.

« La FHF entre en campagne », a déclaré devant la presse le président de la fédération Frédéric Valletoux, détaillant cette œuvre collective préparée depuis six mois et qui prête ouvertement le flanc à la polémique.

Pour résoudre l'épineux problème de la désertification médicale en milieu rural ou dans certaines banlieues, la FHF propose que des médecins hospitaliers -ou recrutés pour cette mission par l'hôpital - prennent en charge des cabinets fermés par des confrères libéraux, ou bien assurent des visites au domicile des patients.

Cette proposition de la FHF innove sur la question des déserts médicaux. Jusqu'ici, les milieux politiques évoquaient plutôt des mesures coercitives ou incitatives pour attirer les médecins libéraux dans les zones sous-dotées.

Pour financer cette proposition, la fédération suggère de prendre des crédits sur l'enveloppe budgétaire consacrée à la médecine de ville.

« C'est une ingérence totalement insupportable et incompréhensible », a d'ores et déjà réagi le Dr Michel Chassang, président de l'influente CSMF, premier syndicat de médecins libéraux. « Ce qu'il faut, c'est diminuer l'enveloppe hospitalière et non l'inverse ».

Vis-à-vis des cliniques privées, la FHF souhaite l'arrêt de la convergence tarifaire, une « ineptie », selon le secrétaire général de la FHF Gérard Vincent, pour qui « on ne peut pas comparer ce qui n'est pas comparable », le service public assumant des charges et des missions qui n'incombent pas au privé. De fait, « la moitié du chiffre d'affaires des cliniques est réalisé avec 17 tarifs […] les plus rentables », sur un total de 2 300, a rappelé M. Vincent. Cette convergence des tarifs du public, généralement facturés plus chers à l'assurance maladie, avec ceux du privé, est un objectif du gouvernement mais a été plusieurs fois reportée.

 

Publié le 20/11/2011 03:46 | La Dépêche du Midi

Désert médical

En 2009, la France compte 214 000 médecins en activité, résultat d'une croissance ininterrompue depuis des décennies : +22% depuis 1990, tandis que la population augmentait d'un peu moins de 10%. Il s'agit d'un maximum historique, que l'on considère les effectifs ou la densité de praticiens en activité par habitant.Selon une étude de la Dress (Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques), d'ici 2019, le nombre de médecins devrait chuter avec 188 000 praticiens en exercice, soit 10 % de moins qu'en 2006. Les «disparités géographiques» devraient s'accroitre. La Dress prévoit ainsi une diminution d'ici 2030 de 25,1 % du nombre de médecins exerçant en zone rurale et de 10,5 % dans les zones périurbaines.

 

Publié le 06/10/2011 08:32 | Guillaume Atchouel

Inégalité devant les soins

Des médecins généralistes en zone rurale : on en manque déjà./Photo MaxPPP

L'accès aux soins est loin d'être partout le même dans le Grand Sud. En zone rurale, il se révèle de plus en plus difficile. Malheureusement, cette disparité va encore s'accentuer.

L'accès aux soins est loin d'être égalitaire dans le Grand Sud. Si l'offre médicale est satisfaisante dans la plupart des grandes villes, et tout particulièrement à Toulouse, plus de 100 000 habitants vivant dans des zones rurales ne bénéficient déjà plus de médecins et d'infrastructures médicales de proximité. Et la situation va s'aggraver d'ici 2015 où 300 000 autres personnes seront à leur tour plongées dans ce désert médical. Aujourd'hui, dans les Hautes-Pyrénées, le Gers, mais aussi l'Aveyron, il faut en moyenne plus de 45 minutes de déplacement pour accéder à des soins hospitaliers. La population la plus touchée par cette désertification sont les personnes âgées qui est celle qui a souvent le plus besoin de soins.

Plusieurs raisons expliquent ce recul. Tout d'abord : le non-renouvellement de médecins qui partent à la retraite. Bon nombre de jeunes praticiens refusent, en effet, de leur succéder dans ces territoires retirés et peu dotés en services et en équipements. Ces nouveaux diplômés sont d'ailleurs, désormais, insuffisants du fait d'un numerus clausus trop restreint. La volonté du gouvernement de réduire les dépenses de santé en procédant à la fermeture ou au regroupement d'établissements hospitaliers est aussi l'une des causes principales de cet éloignement de l'offre des soins.

Ces différents thèmes ont été largement évoqués, hier, à l'occasion du premier débat public organisé à Toulouse afin de préparer un schéma régional de santé. « La santé est un droit fondamental, pas un privilège », a rappelé Martin Malvy, le président du conseil régional Midi-Pyrénées. Et d'ajouter : « Chaque citoyen doit pouvoir recevoir des soins de qualité. Or, les publics les plus fragiles y renoncent. Selon un sondage, c'est le cas pour 29 % des Français, soit un des taux les plus élevés d'Europe. En Midi-Pyrénées, 35 % des étudiants sont dans le même cas. Face à cette situation, et bien que la santé relève de l'État, nous développons des actions de solidarité territoriales pour l'égalité d'accès de tous à la santé ».

Xavier Chastel, directeur de l'Agence Régionale de Santé, une institution qualifiée de « courroie de transmission de la politique gouvernementale » par des élus d'Europe Écologie, a assuré pour sa part que son institution « tenait compte des besoins et s'attachait à mener son action en concertation avec les territoires ».

Le chiffre : 50 % de médecins > en plus sont nécessaires. C'est le pourcentage de professionnels de santé supplémentaires qu'il faut dans la région, d'ici 2013, pour faire face aux besoins de santé. Le compte est loin d'y être puisque le nombre de praticiens est en net recul.

« On ne peut pas traiter tous les territoires de la même manière. Il faut tenir compte de leur étendue et de la répartition de ses habitants ». Martin Malvy, président de la région Midi-Pyrénées

"Il faut investir sur la santé"

L'offre de santé est-elle bonne en France ?

Michel Boussaton, chirurgien, président du Comité technique régional de chirurgie et conseiller régional de Midi-Pyrénées. Globalement, elle est plutôt satisfaisante mais nous arrivons au bout d'un système. Le numerus clausus a limité le nombre de médecins et dans les années qui viennent leur nombre va chuter du fait de leur départ à la retraite. Il faut donc désormais en former davantage pour faire face aux besoins. Je rappelle que cela prendra du temps puisqu'il faut 10 ans pour en former un.

Certains territoires, comme Midi-Pyrénées, sont très étendus et l'accès aux soins n'y est pas partout le même…

Oui. L'accès aux soins est bon dans les grandes villes mais nettement moins conséquent dans les zones rurales de Midi-Pyrénées, là où la densité de la population est faible et où elle ne cesse de diminuer. L'Agence Régionale de Santé fait avec le nombre de médecins qu'elle a et avec les règles nationales de liberté d'installation. On ne peut pas, non plus, avoir un hôpital dans chaque commune. Il faut réfléchir à une meilleure répartition des praticiens et des centres de soins sur l'ensemble du territoire. Un rééquilibrage est possible et souhaitable. Il faut, c'est sûr, des mesures incitatives, et peut-être même, pourquoi pas, coercitives, pour amener des médecins à s'installer dans ces zones délaissées.

Pour parvenir à un rééquilibrage territorial, il faut donc une réelle volonté politique…

Cette volonté politique est indispensable. Il est grand temps de ne plus voir la santé comme un coût mais comme un investissement qui permet un mieux vivre et peut même s'avérer rentable. Se soigner mieux entraîne un recul des pathologies et des arrêts de travail. Et, par conséquent, une diminution des frais de santé. La santé et tous ses acteurs sont aussi une richesse à même de contribuer au développement et à la pérennité d'un territoire. Et n'oublions pas qu'il faut que chacun puisse accéder aux soins. Recueilli par G.A

En Villeneuvois (47), «moins d'un médecin pour 1000 habitants.»/Photo DDM

Quels sont les problèmes d'accès aux soins que vous rencontrez dans votre activité ?

Plus de médecins en campagne Daniel Gesta, président de l'association régionale de la MSA. La Mutualité sociale agricole (MSA) compte 400 000 adhérents en Midi-Pyrénées.

« Nous nous rendons bien compte que la situation ne va pas en s'améliorant dans les zones rurales. De nombreux médecins sont en âge de partir à la retraite et nous constatons qu'il n'y a pas assez de jeunes qui souhaitent prendre leur relève. Il faut que les collectivités et les politiques se mobilisent pour leur faire prendre conscience que la qualité de vie n'est pas mauvaise en campagne. Il faudrait aussi davantage de mesures incitatives pour qu'ils s'installent dans ces secteurs retirés. Leur présence est indispensable pour un accès aux soins de tous, et tout particulièrement des personnes âgées qui sont chaque jour de plus en plus nombreuses. Cela ne peut pas durer ».

"On oublie les handicapés"

Pascaline Reynaud-Mattutzu, Albi, association des Paralysés de France. « Les orientations de la politique de santé du gouvernement ne tiennent absolument pas compte des gens en situation de handicap. On a complètement oublié d'aborder la question de leur autonomie. La plupart du temps, ils doivent avoir davantage de soins et donc, dépenser plus. Malheureusement, beaucoup ne touchent qu'une allocation d'adulte handicapé, bien insuffisante pour vivre et se payer ses soins. Cette population est d'ailleurs l'une des premières à souffrir de ce manque d'accès aux soins. De plus, ces personnes ont souvent du mal à se déplacer et les transports publics sont loin d'être toujours adaptés. En campagne, beaucoup doivent faire appel à une entreprise d'ambulances mais la prise en charge de ce déplacement diminue ».

Un médecin généraliste remplit une feuille de soin pour un patient Marc Le Chelard AFP/Archives

"Des gens ne se soignent plus"

Nicole Laromiguiere, Rodez, conseillère municipale et générale. « Au centre communal d'action sociale de Rodez, je vois de plus en plus de gens en grande précarité qui ne parviennent plus à se soigner. Bon nombre de décideurs semblent ne pas s'en rendre compte. La couverture médicale universelle ne couvre pas tout. Il y a de plus en plus de médicaments déremboursés et les dépassements d'honoraires sont monnaie courante. Quand je vois des femmes qui vivent avec le minimum vieillesse et n'ont pas assez d'argent pour se payer des soins dentaires, je trouve cela révoltant. Il faut plus de justice. Il faut une réelle volonté politique. Nous sommes véritablement à un tournant en matière de santé. L'Agence Régionale de Santé nous convie à prendre part à de nombreux collèges mais notre avis n'est pas pris en compte. »

"J'ai le sentiment d'être utile"

Anne-Marie Micallef, infirmière à Loures-Barousse (Hautes-Pyrénées). « Infirmière libérale, depuis 30 ans. Dans cette zone de montagne, je vois 10 à 15 personnes par jour, pour l'essentiel des personnes âgées, mais aussi des jeunes victimes d'accident ou des malades en fin de vie. Je pense que nous sommes un nombre suffisant d'infirmières. Par contre, les médecins, eux, sont surmenés. Ils sont quatre sur le canton et statistiquement, il paraît que c'est suffisant mais au regard de la clientèle, c'est totalement faux. En tant qu'infirmière, avec des responsabilités accrues, j'ai le sentiment d'être utile. En tous les cas je préfère marcher dans la neige pour voir les patients que d'être 8 heures par jour à l'hôpital où le stress est épouvantable, le manque de personnel criant. Les échos que j'ai des collègues sont catastrophiques. »

 

Publié le 28/04/2011 08:04 | J.-M.D.

Santé : la nouvelle carte régionale

Des mesures en faveur des médecins qui s'installent en zone rurale. /Photo DDM, J.-L. P.

L'Agence régionale de santé Midi-Pyrénées vient de publier la carte des trente-trois «bassins de santé» qui composent désormais notre paysage sanitaire.

C'est la nouvelle carte que diffuse l'Agence régionale de santé. Une refonte sortie tout droit du projet « Hôpital, Patients, Santé, Territoires », contenu dans la Loi Bachelot. Objectif ? Définir des secteurs de santé plus pertinents après analyse au plus près des besoins locaux. Les délimitations des nouveaux bassins de santé sont conçues à partir des distances aux structures hospitalières existantes, ou aux flux de population, donc en référence à l'accessibilité. Mais, ce discours officiel trop optimiste est dénoncé par ceux qui reprochent la vision comptable de cette réforme. L'ARS introduit désormais la notion de « bassin » et de « territoire ». L'Agence a défini chaque département comme un « territoire » de santé avec, à l'intérieur, plusieurs bassins (au nombre de 33 dans la Région). Chaque territoire doit couvrir tous les champs de la santé, des urgences aux soins, en passant par la prévention et le médico-social. Quels sont les changements apportés à la carte médicale de Midi-Pyrénées ? Présentation.

"Promouvoir la médecine de proximité"

Xavier Chastel est directeur de l'agence régionale de santé (ARS). Il répond à nos questions.

Quels sont les critères essentiels qui ont présidé à l'élaboration de ces bassins de santé ?

En préambule, trois points me paraissent importants à préciser. D'abord, on remet le médecin généraliste au centre du dispositif. Ensuite, on joue notre rôle dans le décloisonnement de la médecine de ville et de l'hôpital et, enfin, on noue un partenariat avec les professions médicales à qui on va confier la gouvernance de ces bassins de santé.

Au départ, nous sommes partis des souhaits des généralistes qui s'installent de pouvoir bénéficier, à proximité, de services d'urgences. On a constaté que le territoire de Midi-Pyrénées était, à cet égard, plutôt bien maillé. On a découpé la région de telle sorte qu'il ne faille pas plus de 45 minutes pour accéder à un plateau technique.

À quoi vont servir ces bassins de santé ?

C'est là que va s'organiser l'offre de soin de proximité, c'est-à-dire la prévention, les soins ambulatoires et hospitaliers, l'accompagnement médico-social. Le bassin de santé est aussi un espace d'échanges et de dialogue entre les professionnels médicaux et paramédicaux et avec les établissements. Cette nouvelle organisation vise, précisément, à maintenir les petits hôpitaux en adaptant l'offre aux besoins réels des populations. Pour maintenir des hôpitaux publics, il faut que les patients y aillent. À cet égard, la coopération entre tous les professionnels de santé est importante.

Quand seront-ils mis en place ?

Un appel à candidatures sera lancé au mois de juin, afin de constituer notamment une équipe d'animation par bassin de santé. C'est à cette équipe, composée de professionnels de santé, que sera confiée la gouvernance ou le pilotage du bassin. Ensuite, dans le cadre des expérimentations, un état des lieux devra être réalisé afin de proposer si nécessaire, des solutions adaptées aux différents territoires. Recueilli par S.B.

 

Publié le 02/03/2011 11:30 | Dossier de Gil Bousquet

Les pharmacies en danger

Les pharmacies font face à la baisse des prescriptions et à l'alourdissement de la dette./ Photo DDM Archives Michel Labonne

En 2011, un quart des pharmacies sont menacées de faillite. En Midi-Pyrénées, douze officines ont déjà tiré leur rideau l'an dernier et l'Ordre s'inquiète de leur santé économique.

De mémoire de pharmacien, on n'avait jamais vu ça. L'an dernier en Midi-Pyrénées, douze officines ont tiré leur rideau définitivement. Le nombre de liquidations judiciaires explose chez ces professionnels de la santé confrontés à une situation économique qui se détériore plus vite que jamais. Et l'avenir ne va pas s'arranger puisque la sérieuse Coface, société spécialisée dans l'information économique, a même estimé qu'en 2011 un quart des pharmacies seraient menacées de faillite.

L'an dernier 167 pharmacies ont fermé au plan national et le troisième département le plus touché de France est la Haute-Garonne. écrasées sous le poids de la dette qui a explosé (+104,5%), leurs comptes ont viré au rouge contraignant les pharmaciens à déposer le bilan. Des fermetures qui inquiètent les élus locaux. « Ils sont nombreux à nous demander de l'aide pour enrayer ce phénomène » assure le Gersois Michel Laspougeas, président du Conseil régional de l'ordre des pharmaciens Midi-Pyrénées (lire interview).

Un plan d'urgence pour sauver les officines

Face à cette hécatombe, les pharmaciens réclament un plan d'urgence. Plus contraignant que celui des médecins leur statut ne permet pas aux docteurs en pharmacie de s'installer où ils veulent. Ainsi quand un cabinet médical ferme et se retrouve sans repreneur surtout en milieu rural, le pharmacien perd le prescripteur de sa zone. Le chiffre d'affaires plonge alors inévitablement alors que les charges (loyer, salaires, emprunts…) se maintiennent. « à Toulouse, si les pharmacies ont fermé c'est parce qu'elles n'ont pas été soutenues par les banques. En milieu rural, quand le pharmacien ferme c'est le lien social qui est détruit car il va souvent bien au-delà de la simple mission médicale » assure Jean-Jacques Mirassou, sénateur PS de la Haute-Garonne. Le Conseil de l'ordre pointe du doigt les déremboursements qui se multiplient, la concurrence des parapharmacies… à cela s'est ajoutée ces dernières années, la flambée du prix des fonds de commerce. Les pharmaciens qui s'installaient ont dû s'endetter au-delà du raisonnable pour posséder leur officine et croulent sous les traites. L'Ordre tente de faire entendre sa voie à l'Assemblée nationale pour sauver la profession.

L'enjeu est de taille puisque rien qu'en Midi-Pyrénées on dénombre 1 495 pharmacies qui font vivre 2 500 pharmaciens (titulaires et associés) qui emploient 8 000 préparateurs.

 

Publié le 02/03/2011 09:01 | La Dépêche du Midi

"Revaloriser le pharmacien"

Pour la première fois, la pharmacie de Damien Ghedin, à Labastide Saint-Sernin (31), a vu son activité stagner fin 2010./ Photo DDM Michel Labonne

à bientôt 32 ans, voilà quatre ans que Damien Ghedin a repris la pharmacie familiale à Labastide Saint-Sernin, un petit village de 2000 habitants à une vingtaine de kilomètres au nord de Toulouse. Et depuis l'an dernier les premiers signes de ralentissement se sont faits sentir. « Pour la première fois au dernier trimestre 2010, l'activité de la pharmacie a stagné. Cela n'était jamais arrivé ! » constate le pharmacien de village qui était habitué jusque-là à voir l'activité progresser. « Et encore en milieu rural, je ne me plains pas. Mes confrères du centre ville de Toulouse, eux, enregistrent souvent des baisses de chiffre d'affaires » assure-t-il.

En cause, plusieurs facteurs dont la marge sur les médicaments vignetés qui, sous la pression de la Sécurité sociale, diminue. Les déremboursements dont la liste s'allonge d'année en année contribuent aussi à la baisse de l'activité de l'activité médicament. « Dans un souci d'économies, la Sécurité sociale demande aussi aux médecins de moins prescrire… » soupire Damien Ghedin. Mais loin de se lamenter, le jeune pharmacien a des idées pour en sortir par le haut et regarde la pratique de son métier à l'étranger. « Les pharmaciens doivent s'orienter vers une rémunération au service comme prendre la tension, participer à des opérations de dépistage, adapter la posologie après des analyses de biologie ou avoir la possibilité de prescrire comme cela se fait au Québec ou au Royaume-Uni. Après les médecins, nous sommes les professionnels de santé les plus diplômés, on devrait plus faire appel à nous. Car il y a déjà des déserts médicaux mais si ça continue il y aura ni médecins ni pharmacies ! » assure le pharmacien. Sans compter que les officines sont aussi des employeurs : celle de Labastide Saint-Sernin emploie neuf personnes dont cinq préparateurs, une PME à elle toute seule !

 

Publié le 03/02/2011 09:01 | Dossier Christine Roth-Puyo

Internet contre le désert médical

Au centre hospitalier intercommunal de Castres Mazamet, l'e-santé est déjà une réalité./ Photo Archives DDM, Thierry Antoine

Le Centre e-santé de Toulouse est labellisé centre national de référence depuis deux ans. Dans le Tarn, le Gers et l'Ariège, la télémédecine est déjà une réalité.

Anne Decq réfléchit un instant. « Imaginons… Je suis insuffisant cardiaque, je rentre chez moi et prends mes auto mesures qui seront automatiquement transmises au centre de référence où, en cas de problème, une alarme se déclenchera. C'est ce que l'on appelle la télésurveillance. » Au dernier étage de ses bureaux toulousains de l'hôpital La Grave, la directrice du Centre e-santé poursuit. « Je suis simple patient. Mon médecin est à l'autre bout de l'écran, j'ai opté pour la téléconsultation. Enfin, je suis jeune cardiologue à Cahors. Si besoin, je peux être assisté par le CHU grâce à la visioconférence. C'est la téléassistance… »

L'e-santé, c'est tout cela et plus encore. Parce que « le développement des services de santé à domicile est inéluctable au vu de la démographie médicale, de l'allongement de la durée de la vie, des enjeux économiques posés par la « juste hospitalisation » et des attentes d'une société en demande d'autonomie et de mobilité ». Le constat du Centre e-santé crée en mars 2010 en Midi-Pyrénées, labellisé Centre national de référence par le ministère de l'Industrie est clair. 15 millions de personnes atteintes de pathologies chroniques et 1,5 million de personnes âgées en perte d'autonomie sont concernées. Il faut aussi compter avec la pénurie médicale. Rien qu'en Midi-Pyrénées, la moitié des généralistes partira en retraite d'ici 5 ans sans être remplacée.

« Demain, la santé passera par une lecture globale des besoins et la mutualisation des moyens de la télémédecine » assure Anne Decq. Ainsi, le dossier médical du patient sera placé au cœur d'une cible où gravitent soignants, opérateurs et industriels pour les innovations. En région, le dispositif qui bénéficie d'un terrain d'expérimentation alliant zone urbaine dense et zone rurale, est bien avancé. Y travaillent le Centre hospitalier universitaire de Toulouse, l'Institut Européen de télé médecine et le SAMU 31, les pôles Cancer Bio santé et Aérospace Valley, les acteurs académiques et de recherche de haut niveau, un tissu de PME innovantes… L'université Champollion d'Albi forme des ingénieurs dans ce secteur depuis 5 ans, des expériences sont engagées comme dans le service oncologie du centre hospitalier de Castres-Mazamet,….

À cet édifice, manquait une plateforme d'innovation pour fédérer et compléter les offres de l'e-santé, notamment technologiques et industrielles. Les financements du Grand Emprunt ont retenu le projet de PlatInn-es déposé fin 2010. La sélection sera connue en septembre. En attendant, l'e-santé continue de tisser sa toile en région. Sûrement.

Le chiffre : 3 mois

téléconsulter > Légalisation. Consulter par écrans interposés, surveiller un malade ou solliciter l'avis à distance d'un spécialiste… Tous ces actes sont légalisés en France depuis octobre 2010.

« Le patient et son médecin se retrouvent en visioconférence avec un spécialiste qui saura mieux le conseiller que son généraliste sur un point précis. » Professeur Louis Lareng, père de la télémédecine et fondateur du SAMU.

« De Lacaune à Toulouse, un clic suffit »

Le professeur Louis Lareng est considéré comme le père de la télémédecine. Il est directeur de l'Institut européen de télémédecine de Toulouse depuis 1989. Ordinateur, connexion internet haut débit et webcam, font partie de son quotidien. À ses côtés, on comprend mieux la progression de la télémédecine en région, « territoire test en France » depuis de nombreuses années.

Quelle est la réalité de la télémédecine en région ?

Hier encore, c'est un médecin de Lacaune qui a souhaité se mettre en relation avec le CHU de Toulouse. Dans son cabinet, le cas de son patient lui posait problème. Un clic a suffi pour répondre à ses questions. Grâce au système de transports de voix, d'images et de données médicales que nous développons depuis 15 ans, nos médecins très isolés en campagne peuvent aujourd'hui travailler plus confortablement.

Où en est-on du maillage du territoire ?

Nous avons commencé avec l'hôpital de Rodez, avant d'étendre le réseau à ceux de Tarbes, Cahors, Lourdes, Foix-Pamiers et Luchon. Puis nous avons élargi le dispositif aux maisons d'arrêt, aux surveillances de maisons de retraites, aux cliniques privées, jusqu'aux médecins généralistes. Aujourd'hui, plus de 4 000 professionnels adhèrent à ce système.

Pour autant, tout le territoire n'est pas couvert. Quelles sont les étapes à suivre ?

Au fur et à mesure, le périmètre de la télémédecine s'étend. Les échanges entre professionnels de santé fonctionnent bien. La formation aussi. Reste le gros morceau : la télésanté pour le maintien du patient à domicile. Pour cela, le GIP Réseau Télémédecine Régional Midi-Pyrénées existant doit devenir un Groupement de coopération sanitaire de télésanté en région. L'Agence régionale de santé qui a pour mission de faire évoluer la santé dans notre pays en sera le maître d'œuvre majeur.

Qu'en est-il du dossier médical personnel ?

Nous savons depuis 15 jours, que ce dossier sera hébergé au plan national sur un gros serveur qui stockera toutes les données. Ces actes seront réalisés dans des conditions garantissant l'authentification des professionnels de santé qui interviennent, l'identification du patient, la confidentialité des données, la formation ou la préparation du patient. Celui-ci devrait même pouvoir exprimer son consentement par voie électronique.

Tarn : C'est Chic

Le territoire de Castres-Mazamet est sans doute le plus avancé de tous en région dans le domaine de l'e-santé : fibre optique depuis 15 ans, une filière d'ingénieurs informaticiens aux compétences santé (ISIS) ouverte à Champollion depuis 4 ans et un hôpital du futur opérationnel depuis ce mois de janvier, le CHIC (centre hospitalier intercommunal de Castres-Mazamet). Dans son service oncologie un développement par site internet a été mis en place pour organiser le suivi 24h/24, à domicile de patients atteints de cancer.

 

Publié le 01/12/2010 15:56 | Philippe Rioux et Brian Mendibure

Médecin de village en voie de disparition

Photo DDM, Betty Morvan.

Alors qu'un rapport sur la façon d'améliorer la médecine de proximité pour combattre les déserts médicaux suscite la polémique avec une tarification à la carte, Nicolas Sarkozy se rend aujourd'hui dans le Calvados.

Comment lutter contre les déserts médicaux et obtenir une répartition harmonieuse des médecins généralistes sur l'ensemble du territoire, alors que 10 % des Français peinent à trouver un médecin près de chez eux selon une enquête du Collectif interassociatif sur la santé (CISS) réalisée en octobre ? Ce n'est pas la première fois que ce casse-tête se présente mais l'urgence semble désormais bien là avec le prochain départ en retraite de nombreux médecins. En Midi-Pyrénées par exemple 700 praticiens partiront à la retraite dans les dix ans qui viennent sans que l'on sache comment ils vont être remplacés…

Nicolas Sarkozy, qui effectue un déplacement aujourd'hui dans le Calvados, doit annoncer un certain nombre de mesures qui entreraient en vigueur dès 2011 pour améliorer l'exercice de la médecine générale, notamment en matière de formation, de rémunération ou d'aide à l'installation. Pour prendre ses décisions, toujours très sensibles dès qu'il s'agit de santé publique, le chef de l'État dispose de deux rapports récents.

Le premier, réalisé par le Conseil national de l'ordre des médecins, est le 4e Atlas de la démographie médicale. « Cette année, les indicateurs montrent un écart croissant entre les médecins entrants (+1,8%) et sortants (+6,6%), soulevant des inquiétudes quant au renouvellement des effectifs des professionnels de santé », observe le Conseil.

« Parallèlement, le désintérêt pour l'exercice libéral se confirme.[Et] l'augmentation du nombre de médecins remplaçants (10 006 soit 4,5 % des 261 378 médecins en France) illustre les craintes et les attentes des nouvelles générations dans le choix de ce mode exercice » Le second document dont dispose Nicolas Sarkozy est le rapport sur la médecine de proximité remis vendredi dernier par Élisabeth Hubert, présidente de la Fédération Nationale des Établissements d'Hospitalisation à Domicile (FNEHAD). Pour lutter contre les déserts médicaux, l'ancienne ministre de la Santé propose notamment une tarification à la carte, qui pourrait se traduire par des consultations facturées de 11 € pour une consultation sur internet jusqu'à 70 € pour des examens « difficiles » durant au moins une heure. Même si les syndicats de médecins généralistes ont réagi favorablement, cette mesure a d'ores et déjà suscité l'incompréhension des associations d'usagers comme la CLCV (lire ci-dessous). Le rapport Hubert préconise par ailleurs d'autres mesures « temporaires » pour les zones rurales désertées par les médecins comme installer de jeunes médecins sortis de l'internat dans des locaux de collectivités locales et mettre à la disposition des populations « des moyens de transport pour se rendre chez le médecin le plus proche. » Le rapport évoque aussi des mesures à 8-10 ans pour réformer les études médicales et développer la télémédecine. Philippe Rioux

Aide aux zones sous-médicalisées

Si le conseil national de l'ordre des médecins, dans son Atlas de la démographie médicale 2010, montre que Midi-Pyrénées dispose d'une moyenne de 327 médecins pour 100 000 habitants - donc plus que la moyenne nationale de 309 - il n'en demeure pas moins qu'il y a de très fortes disparités comme dans le Gers ou les Hautes-Pyrénées. Selon une étude de la Direction de la Recherche, des Études, de l'Évaluation et des Statistiques, la densité médicale en Midi-Pyrénées aura chuté de 22 % d'ici 2030 et les effectifs de personnels médicaux et paramédicaux doivent augmenter de 50 % d'ici 2013, pour répondre aux besoins.

338 communes en difficultés en Midi-Pyrénées

Face aux problèmes de pénurie en terme de démographie médicale et de personnels paramédicaux, la Région a mené une mission de Santé, qui a identifié 25 zones comme sous-médicalisées et 338 communes qui rencontrent déjà des difficultés pour recruter durablement des médecins. Depuis 2006, le conseil régional a donc lancé un plan pour ces zones qui comprend, entre autres, 13 Maisons de santé pluridisciplinaires (1,3 M€ d'investissements) ; une prime à l'installation de 8 000 € versée contre l'engagement d'exercer en zone sous-médicalisée durant 5 ans minimum ; des indemnités aux étudiants en médecine générale effectuant leur stage de 3e cycle en milieu rural.

En Aquitaine, « d'ici 2015, si rien n'est fait, c'est plus d'une centaine de cantons qui pourraient ne plus avoir de médecin, d'infirmière ou les deux à la fois », observe la Région, qui agit pour ces territoires en leur mettant à disposition des outils (étude démographique, guide méthodologique…) et en finançant « des projets proposés par les Pays et les communautés de communes. » De son côté, la région Languedoc-Roussillon appuie « la création de Maisons de Santé de Proximité regroupant les professions médicales » pour que les populations des zones menacées par la désertification médicale aient accès aux soins. Ph. R.

 

Publié le 28/03/2010 06:57 | G.Camier

Bientôt privés de toubib ?

Les médecins de campagne sont-ils appelés à disparaître ? /Photo DDM.

A Murat-sur-Vèbre, commune de 870 habitants dans le Tarn, il n'y aura plus de médecins le 1er avril. Une situation qui décourage le maire Claude Gayraud qui a pourtant multiplié les démarches pour trouver un successeur. Le praticien actuel avait annoncé son départ voilà cinq mois pour raison de santé. De son côté, la municipalité offrait au passage deux ans de loyer gratuit et les avantages liés au classement du village en Zone de revitalisation rurale… Rien n'y a fait. Le dernier candidat d'une longue série est finalement revenu sur sa décision vendredi : sa compagne ne se voyait vraiment pas s'établir dans un endroit aussi reculé. Cet exemple, qui est loin d'être le seul, illustre le phénomène d'une désertification médicale de plus en plus accusée.

Les raisons de cette désaffection ? Elles sont nombreuses. Longueur des études, perte du prestige lié au métier, sa féminisation, sont les contraintes de plus en plus mal vécues attachées à l'exercice du métier, les deux tiers des médecins travaillant de 55 à 70 heures et plus. C'est aussi la conséquence d'un numerus clausus resté trop longtemps bloqué sans tenir compte des départs massifs à la retraite.

Il faut bien se l'avouer : la médecine libérale n'est plus vraiment attractive, surtout en milieu rural où la forte demande de la population leur garantirait pourtant des revenus plus élevés mais une disponibilité encore plus contraignante. La perte de toubibs pénalise en fait tout le monde. Sans médecin, une commune perd son attrait économique et démographique et peut entraîner des disparitions en chaîne, à commencer par celle du pharmacien…

Le mois de mars a été un mois très revendicatif pour les généralistes. Une grève est programmée le 8 avril. Pour le chef de l'Etat, il s'agit d'abord de renouer avec les médecins. Le dialogue était devenu impossible. Et ce désamour, fût-il passager, est bien réel entre le chef de l'Etat et les médecins qui n'ont toujours pas digéré d'avoir été exclus de la campagne de vaccination contre la grippe H1N1. Il revenait hier à la ministre de la Santé Roselyne Bachelot de « lever les malentendus » lors du congrès de MG France, premier syndicat des médecins généralistes. De même, sont très attendus les résultats du rapport sur la démographie de Michel Legmann, président du Conseil national de l'ordre des médecins, commandé par Nicolas Sarkozy.

Le chiffre : 312 médecins > pour 100 000 habitants. C'est la densité démographique médicale en France. Midi-Pyrénées se situe dans le peloton de tête avec 322 médecins. Mais on assiste depuis 2008 à une stagnation du nombre de nouveaux praticiens.

Le docteur Jean Guilhem (Carcassonne) dans son cabinet de médecine générale./Photo DDM.

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