Vautours des Gorges & Causses
Les vautours des Gorges & Causses
Publié le 11/08/2024 | La Dépêche du Midi | Sabrine Khenfer
Les vautours des Gorges de la Jonte et du Tarn,
un trésor sauvage retrouvé et cajolé
L’accès aux poussins, dans les arbres ou au cœur des falaises, est souvent périlleux. / ML, LPO
Ces grands rapaces sont de retour à l’état sauvage en Lozère. Leurs poussins sont repérés puis bagués à deux mois, pour pouvoir les suivre et les protéger. Reportage.
Revenus à l’état sauvage dans les gorges du Tarn et de la Jonte, les vautours, libres et à l’instinct voyageur, n’en restent pas moins scrutés de près. Les poussins font notamment chaque année l’objet d’une campagne de baguage, menée conjointement par le Parc national des Cévennes (PNC) et la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO).
Membres de la LPO Grands Causses en observation / ML
Nous rejoignons, fin juin, une équipe de la LPO grands causses dans les gorges de la Jonte. Thierry David, Renaud Nadal, Louison Tassel et Cyann Menard souhaitent atteindre un poussin vautour moine niché au sommet d’un pin sylvestre et lui passer à la patte deux bagues : l’une en métal fournie par le muséum d’Histoire naturelle et l’autre en plastique, suffisamment imposante pour que les initiales qui y figurent puissent être déchiffrées à l’aide d’un appareil photographique.
Les vautours survolent les Grands Causses et les gorges de la Jonte depuis le 15 décembre 1981. / DDM, MG
Plus de 50 % de réussite
"Le baguage permet de récolter des informations sur le taux de survie des vautours, leur dispersion, leurs liens de filiation, explique Thierry David. Nous en profitons pour prélever quelques plumes et ainsi récolter du sang qui est envoyé en Belgique, auprès d’un chercheur qui prépare une thèse sur la génétique des vautours moines. Il nous envoie en retour des informations sur la génétique et le sexage."
Avant son envol, le rapace a pris la pose / ML, JM
La reproduction des vautours devient effective aux alentours de 5 ou 6 ans, à hauteur d’un œuf par an. Pour localiser les nids, les techniciens naturalistes scrutent avec attention les adultes, répertoriant leurs mouvements, leurs habitudes puis repérant les œufs :
"Les couples sont assez fidèles entre eux, mais aussi au site où ils ont l’habitude de nicher. Ça aide à les situer. Cette année, 33 couples de vautours moine ont pondu et 20 poussins sont nés. Le pourcentage est assez stable d’une année sur l’autre."
Leur milieu de vie : Gorges du Tarn, de la Jonte et Causses / ML, AD
Un accès difficile
Les poussins ainsi repérés, une surveillance particulière est mise en place à bonne distance. "Ce n’est qu’une fois qu’ils sont âgés de 55 à 65 jours que nous procédons au baguage." Mais l’opération n’est pas si aisée. D’abord, il faut atteindre les nids dans les falaises pour les vautours fauves ou au sommet d’un arbre au cœur d’une forêt souvent très dense pour les vautours moine.
"Au sein de la LPO Grands causses, nous sommes trois à avoir reçu une formation de cordistes, tout comme les agents du parc national."
Un promontoire de choix sur les hauteurs des Gorges / ML, JM
Une fois le nid atteint, les adultes, s’ils sont présents, s’envolent généralement. Parfois le petit se défend bec et ongles. L’opération dans le nid dure dix minutes environ, le temps de baguer le poussin, récupérer quelques plumes et récolter des os, pour en connaître davantage sur l’origine de son régime alimentaire. Le poussin devient alors un nouveau petit protégé des agents de la LPO et du PNC.
Les jeunes vautours nés au printemps prennent leur envol l’été. / ML
Protéger les nids
Mais l’histoire ne se déroule pas toujours aussi bien : "Parfois nous arrivons et le nid est vide, poursuit Renaud Nadal. Les hiboux grand-duc, les grands corbeaux ou l’aigle royal font partie des prédateurs. La disparition d’un des deux parents rend également compliqué la survie du poussin puisqu’il est difficile pour un adulte seul de le nourrir et de le protéger.
Parfois, sans surveillance, il saute avant d’être prêt à l’envol. Il nous est arrivé de récupérer un poussin au pied d’un arbre. Nous l’avons emmené dans un centre de soin, bagué et équipé d’un GPS. Il est allé jusque dans les Alpes, mais malheureusement il est mort un an plus tard."
Journée mondiale des vautours avec la LPO. / ML, Eva Tissot
La LPO n’intervient que très rarement, si ce n’est en amont pour protéger les sites autour des nids. "Une année, un couple de percnoptère nichait sur un site d’escalade. Nous avons réussi à faire neutraliser plusieurs voies autour du nid."
Les lieux où nichent les vautours percnoptères et moines sont notamment placés en Zone de sensibilité majeure (ZSM). Ces zones, non réglementaires, permettent une concertation avec différents acteurs afin, par exemple, de décaler les dates de travaux forestiers et éviter ainsi les dérangements en période de reproduction.
Le vautour fauve juvénile a repris des forces à l'hôpital de la faune sauvage / ML, JM
Carte : Gorges du Tarn, de la Jonte et Grands Causses / GT canoë
La colonie de vautour fauve des Causses constitue la 1re réintroduction réussie au niveau mondial / DDM
Partagez sur les réseaux sociaux
Catégories
Autres publications pouvant vous intéresser :
Commentaires :
Laisser un commentaire
Aucun commentaire n'a été laissé pour le moment... Soyez le premier !