Libération du Tarn : CARMAUX

27/8/2024

La Libération du Tarn : CARMAUX

Publié le 11/08/2024 | La Dépêche du Midi | | R.B.

Carmaux, première ville du département libérée

Le 16 août 1944, 1 000 résistants entrent dans la ville / DDM

Alors que le harcèlement sur les garnisons allemandes d’Albi et de Castres a commencé, la Résistance libère Carmaux le 18 août 1944 après trois jours de combats.

Carmaux et les petites villes du bassin houiller subissent pendant la Deuxième Guerre mondiale le pillage de l’occupant. En 1942, 5 600 mineurs extraient 1 194 000 tonnes de charbon. De plus, l’usine de transformation produit le coke et des dérivés de la distillation tels que des hydrocarbures comme le benzène substitut de l’essence.

Journée du Comité Carmausin du Souvenir Français - 2023 / Fb

Dès les premières heures de l’occupation, fleurissent des inscriptions à la craie "Mineurs ne sortez pas le charbon pour l’ennemi", "Travaillez au ralenti et paralysez l’ennemi", "Pas une tonne de charbon pour l’occupant". Les actions de sabotage se multiplient : éboulements des galeries, blocage des treuils et des locomotives en mettant des limailles de fer dans les graisseurs, rupture des tuyaux à air comprimé, coupure des tapis transporteurs.

Journée du Comité Carmausin du Souvenir Français - 2023 / Fb

Trois jours de bataille
Les maquis fleurissent ? Les résistants se retrouvent par affinités : amis, communistes, socialistes, main-d’œuvre immigrée. "Nous sommes dans le Carmausin, dans une ville de Mineurs, courageux, rudes travailleurs, arrachant le charbon à la pioche au fond des puits à cette époque, intransigeants sur le respect des valeurs qu’ils cultivent sur les traces de Jaurès, leur référence, dans une région également de paysans aussi durs, labourant leurs champs avec une charrue tirée par des bœufs, très jaloux de leurs terres acquises à la sueur de leur front. Les artisans et commerçants qui faisaient vivre tout ce monde, étaient imprégnés d’un esprit analogue", raconte le colonel Norbert Delpon, dans un document archivé au Militarial de Boissezon.

Journée du Comité Carmausin du Souvenir Français - 2023 / Fb

C’est dans ce contexte que s’engage la "bataille" de la libération de Carmaux. Ce qualificatif de bataille peut sembler présomptueux. Pas sous la plume du colonel Delpon qui affirme : "Ce n’était pas Verdun, ni Le Vercors, ni le Mont Mouchet, mais ce n’a pas été pas non plus Waterloo. Oui, il y a bien eu une véritable bataille durant 3 jours autour de Carmaux, sur un front de 8 kilomètres entre Blaye et Pouzounnac, avec son centre de gravité au carrefour de la RN 88 du Garric".

70e anniversaire de la libération de Carmaux en 2022 / DDM, AARS

600 résistants venus de plusieurs maquis
16, 17 et 18 août 1944 : tout commence par quelques escarmouches avec les Allemands. L’alerte générale est déclenchée, les fusillades éclatent dans toute la ville. 1 000 résistants entrent dans la ville. D’Albi, une colonne ennemie forte de 4 à 500 hommes vint en renfort. Les combats font rage. Personne ne cède de terrain, mais au bout de quelques heures, les minutions s’épuisent et les maquisards battent en retraite.

Un répit de courte durée pour l’agresseur. Ils tombent sur un groupe d’Espagnols, guérilleros redoutables qui, en infériorité numérique, tiennent tête. À la tombée de la nuit, les positions sont stabilisées sur un front de plusieurs kilomètres.

Le 8 juin 1952, le président Vincent Auriol (au centre) et le maire Jean Vareilles (à droite) remettent la Croix de guerre à la ville de Carmaux / DDM

Au matin du 17 août, le Carmausin est réveillé par un avion bombardier allemand qui est salué par des rafales de fusils-mitrailleurs. Les combats redoublent de violence. Le rapport de force a changé. Un triple parachutage permet d’armer 600 résistants venus de plusieurs maquis.

Les voies de communication entre Albi et Carmaux et entre Rodez et Carmaux sont détruites. Le 18 août au matin, les Allemands, démoralisés et ayant perdu de nombreux officiers, renoncent. Une déroute d’un côté, une victoire éclatante de l’autre. Carmaux et son bassin minier sont libérés.

Le Souvenir français ravive la mémoire combattante (08.2024) / DDM