Libération du Tarn : Montagne Noire
La Libération du Tarn - Série 2/8
Libération du Tarn : Montagne Noire
Publié le 20/07/2024 | La Dépêche du Midi | | Richard Bornia
Les résistants ont répété les défilés de Revel et Dourgne dans la Montagne Noire. / DDM
La Libération du Tarn : au printemps 1944, la Montagne Noire est un haut lieu de la France Libre
Dans le cadre de notre série sur les 80 ans de la Libération du Tarn, gros plan sur la Montagne Noire. À la fois audoise et tarnaise, elle sera une parcelle de France Libre, minuscule certes mais insupportable pour les forces allemandes.
20 juillet 1944, dès l’aube, dans les vallées profondes de la Montagne Noire, huit avions surgissent dans le ciel. Un bruit de tonnerre, avant qu’un déluge de mitrailles et de bombes ne sème la terreur et la désolation. L’attaque allemande tant redoutée est lancée.
Le camp de la Galaube est particulièrement visé. Un éclat de la première bombe décapite le commandant Henri Sévenet. Après avoir lâché leurs engins explosifs, les huit Junkers 88 mitraillent les baraquements de fortune. 1 500 hommes composent la troupe terrestre ennemie qui saccagera le campement.
Sur les 900 combattants du Corps Franc de la Montagne Noire, il ne reste qu'une dizaine de survivants en 2014. / DDM
Les maquisards comptent quatre morts dans leurs rangs. Ils finiront par trouver refuge dans les contreforts du Pic de Nore. Ce plus haut sommet du département est le symbole de l’insoumission au pétainisme et au nazisme. C’est dans son piémont, avec ses forêts denses aux sentes escarpées, qu’ils seront près de 1 000 femmes et hommes, à se cacher et à se préparer au combat tout autour de ce pic emblématique au printemps 1944.
Obsèques de Mercier et Fabre au Riatgé / leptitjournal.net
Le Corps Franc de la Montagne Noire
"Le bruit est effroyable, la terre tremble, fume et brûle", racontera Roger Montpezat pour décrire la fureur de l’assaut. Cet homme est un héros de la première heure. Dès 1941, il s’engage dans les réseaux de résistance. Expert-comptable, il devient, dans la clandestinité, membre du comité directeur du mouvement de zone sud "Libération".
Le Corps franc de la Montagne noire dans les combats de 1944 (à Salvergues) / DDM
Arrêté en juillet 1942 par la police de Vichy, il est libéré grâce à la complicité de policiers résistants. On le retrouve dans la Montagne Noire en 1943 où il participe à de nombreux sabotages des infrastructures de l’occupant dans le Tarn et l’Aude.
En avril 1944, il constitue le Corps Franc de la Montagne Noire, unité de guérilla agréée par l’État-major Interallié, composée de maquisards et de volontaires de l’Aude et du Tarn. "Tout au long de l’été 1944 le Corps Franc commandé par Roger Mompezat ne cesse de se distinguer par ses attaques courageuses, faisant de la portion centrale de la Montagne Noire, une véritable zone de France Libre dans laquelle l’ennemi n’osait s’aventurer", précise, sur son site internet, le musée de l’Ordre de la Libération.
Le défilé du 14 juillet 1944 à Revel déclenchera l'attaque allemande sur les camps des Résistants / DDM
"Un territoire français libéré"
Ce 20 juillet 1944, les maquisards tiendront tête aux troupes allemandes. Un épisode où se mêle tragédie et héroïsme, qui résonna dans tous les villages de la région, tant il fut intense, bruyant et soudain. Cette répression massive des forces allemandes sur les camps de Résistants de la Montagne Noire est la conséquence de coups d’éclat du Corps Franc de la Montagne Noire.
"Menant des opérations de guérilla contre l’armée du IIIe Reich (attaque de La Prune aux Martys, de la ferme de la Rousse à Saissac, du pont d’Alzeau), elle arrive à dissuader les Allemands de se déplacer dans la région", écrit dans nos colonnes notre confrère Emile Gaubert, en juillet 2019.
Mazamet. C’était en août 1944, la libération de la ville / DDM, CFS
"Le commandement a décidé de narguer les Allemands pour leur montrer que la Montagne Noire était devenue un territoire français libéré", racontait avant sa disparition Marcel Bazzaco, engagé dans le maquis à 17 ans.
La commémoration de la fête nationale du 14 juillet, à Revel, puis à Dourgne, devant une population médusée, avec un dépôt de gerbe et un défilé par une centaine de Résistants, alors que les forces allemandes sont toujours présentes en nombre à Castres, Castelnaudary, Mazamet et Toulouse, restera toujours gravée dans la mémoire collective.
À Fontbruno, un monument pour ne jamais oublier
Monument ossuaire de Fontbruno. / DDM, Maquisards de France
La force du corps franc de la Montagne noire, c’était aussi d’être à l’image de la France, dans sa diversité. Sur le site internet Lieux secrets du Pays Cathare, la composition de ce maquis est ainsi décrite :
"On y trouvait des soldats de métier, mais aussi des civils, des Tarnais et des Audois, des "Ch’tis", des Bretons et des Normands, des Alsaciens et Lorrains ayant déserté la Wehrmacht, des Belges, des Russes, des Espagnols, des Italiens, des Belges, des Polonais, un Hollandais, un Américain et un Anglais. Toutes les religions étaient représentées : athées, juifs, chrétiens, musulmans. Certains morts étaient salués par la lecture du Coran, d’autres enterrés selon le rite chrétien".
Monument de Fontbruno. / DDM
Le monument ossuaire de Fontbruno dans le col qui relie Escoussens à Labruguière leur rend hommage. Un obélisque de béton de plus de 20 mètres de haut, avec en son sommet des bras indiquant des lieux où a combattu le Corps Franc de la Montagne Noire.
Dans la partie inférieure du monument, une crypte a été aménagée. Elle renferme 13 sarcophages où reposent les corps d’hommes tués au combat. À la base de l’obélisque, un bas-relief en bronze représente le profil de Roger Mompezat. Lors de son inauguration, le 20 juillet 1947, le général De-Lattre-de-Tassigny aura ses mots : "Vous avez voulu qu’il s’élève dans le grandiose décor de la montagne, qu’il élève aussi votre existence, et qu’il soit pour vous le rappel incessant de vos constants devoirs envers la France".
Groupe de maquisards du peloton bleu-blanc / DDM, CFC
/ pupille-orphelin.fr
Adrienne Albert portait des messages ç vélo en tant qu’agent de liaison du Corps Franc de la Montagne Noire. / DDM
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