6 juin 1944 : Débarquement en Normandie

5/6/2024




Publié le 01/06/2014 | La Dépêche du Midi |  AFP

Du "Jour J" à la libération de l'Europe,
le tournant de la bataille de Normandie



Arrivée de GI à bord d'un LCVP sur la plage d'Omaha Beach. / DDM

"Quand le jour s'est levé il y avait tellement de bateaux autour de nous qu'on ne voyait pratiquement plus la mer et le firmament était couvert d'avions", comme l'a raconté Roméo Boulanger, vétéran canadien du Débarquement en Normandie.

Ils sont environ 156.000 Américains, Britanniques, Canadiens, souvent âgés de moins de 20 ans, à arriver le 6 juin 1944 en Normandie, par bateau, en parachute ou en planeur, pour libérer l'Europe du joug nazi.

"Jamais autant de bateaux n'ont été engagés dans un débarquement", indique à l'AFP l'historien Jean Quellien, professeur de l'Université de Caen.


Britanniques et Canadiens de la 3e division d'infanterie débarquent sur la plage de Juno. / DDM

Outre 5.000 embarcations transportant 2.000 barges d'assaut et 20.000 véhicules, pas moins de 10.000 à 12.000 avions participent à l'opération Neptune.

L'armada se lance à l'assaut de 80 km de côtes protégées par une série de blockhaus, un "mur de l'Atlantique" imparfait, mais défendu par des Allemands aguerris.

Le principe de l'ouverture d'un nouveau front sur les côtes nord-ouest de l'Europe a été décidé par les Alliés à la conférence de Casablanca en janvier 1943. Alors qu'Hitler domine une grande partie de l'Europe, Staline, en quête d'un répit sur le front Est, en est un fervent partisan. Roosevelt est pour aussi. Mais il faut convaincre Churchill.


Lors du Débarquement, quelque 17 000 militaires ont été parachutés derrière les lignes allemandes. / DDM

Au printemps 1943, la date est fixée à mai 1944. En août, les côtes bas-normandes sont choisies. Plus éloignées de l'Angleterre que celles du Pas-de-Calais, elles sont en effet moins bien protégées et les Alliés pourront miser sur l'effet de surprise. En décembre, le général américain Eisenhower reçoit le commandement en chef de l'opération Overlord pour libérer l'Ouest de l'Europe.

En attendant, il faut entraîner les hommes et construire le matériel. Cela prend du temps: Neptune est repoussée d'un mois.

Parallèlement, l'ennemi est soigneusement conforté dans son idée que le Débarquement aura lieu dans le Pas-de-Calais. C'est le plan d'intoxication Fortitude : des chars gonflables en caoutchouc sont par exemple regroupés au sud-est de l'Angleterre.


Des centaines de soldats alliés s'entassent dans une barge avant l'assaut sur les plages normandes. / DDM

- "Il fait chaud à Suez" -
Le 4 juin, les Alliés, qui piétinent en Italie, sont prêts à débarquer. Mais une dégradation météo oblige Eisenhower à reporter les opérations. Le 5, une fenêtre de 36 heures d'accalmie se présente. A 4H30, le futur président des Etats-Unis donne le top départ.

Au soir du 5 juin, 200 messages codés, comme "Il fait chaud à Suez" ou "Les dés sont sur le tapis", donnent le signal sur les ondes radiophoniques. La Résistance française sabote réseaux ferrés routiers et téléphoniques pour entraver l'arrivée des renforts allemands.

Au milieu de la nuit, 23.000 Américains et Britanniques sont parachutés respectivement autour de Sainte-Mère-Eglise (Manche) et de Ranville (Calvados).


Le soldats américains, dans un village en ruines, inspectent le sol à la recherche de mines. / DDM

"Les largages sont souvent catastrophiques", souligne Jean Quellien. Les hommes sont dispersés. Avec un équipement de 30 à 40 kg sur le dos, parfois prisonniers de leur harnais et des marais, certains meurent avant même de combattre.

Mais Ranville et Sainte-Mère deviennent très vite les premiers villages libérés de France continentale et l'arrivée des troupes maritimes s'en trouve facilitée.

Le 6 juin à 5H40, la flotte ouvre le feu sur les défenses allemandes. Et à 6H30, les premières vagues d'assaut sont lancées.

Omaha Beach, 6 juin 1944 / CPA

Cela se passe plutôt bien pour les Américains à Utah Beach (Sainte-Marie-du-Mont), la plus à l'ouest des cinq plages du Débarquement rebaptisées par les Alliés.

Mais plus à l'est, autour de Colleville-sur-mer, leur arrivée sur Omaha Beach restera gravée dans les mémoires comme "l'enfer" de "Bloody Omaha", "Omaha la sanglante".

Ici, les falaises avantagent les défenses allemandes et les Américains y débarquent un peu loin des côtes. Les hommes se retrouvent avec de l'eau jusqu'à la taille, leur chargement sur le dos, après avoir souvent été malades toute la nuit sur une mer formée. Certains coulent à pic.


Un véhicule amphibie sorti d'un énorme bateau sur une plage normande. / DDM

- Caen rasée à 70% -
Au soir du 6 juin, les soldats se battent encore à Omaha. Mais les Britanniques ont pris pied sur Gold (Ver-sur-Mer et Asnelles) et Sword Beach (Hermanville et Colleville-Montgoméry), où débarquent également les 177 Français du Jour J, et les Canadiens sur Juno Beach (Courseulles).

Près de 11.000 soldats alliés sont morts, blessés ou disparus le 6 juin mais les pertes sont moindres que prévu (25.000), précise Olivier Wieviorka, professeur à l'Ecole normale supérieure de Cachan.

Paris est toutefois encore loin. La bataille de Normandie s'avère elle beaucoup plus longue (trois mois au lieu de trois semaines) et meurtrière (37.000 soldats alliés tués, 50.000 à 60.000 allemands) que prévu. Et près de 20.000 civils sont tués du 6 juin à fin août.


6 juin 1944, anniversaire / Cpa

Malgré la supériorité aérienne et maritime des Alliés, Caen, qui devait être conquise le Jour J, ne l'est que le 9 juillet - et pas totalement - après de multiples bombardements. La ville est rasée à 70%.

A la pointe nord du Cotentin, Cherbourg et son port tombent le 26 juin.
En descendant vers le sud, les Américains se heurtent à "l'enfer des haies" de la Manche, plus denses que celles où ils se sont entraînés en Angleterre.

- Deux millions de combattants -
Les Alliés ne sortiront de ce bourbier qu'avec des bombardements aériens de saturation. Au passage, Saint-Lô, "capitale des ruines" selon Samuel Beckett, est rasée à 90%.
Fin juillet, 1,5 million d'Alliés se battent contre 500.000 Allemands en Normandie.


Des prisonniers allemands encadrés par des hommes des 13e et 18e régiments de Hussards britanniques. / DDM


Carte : Le débarquement en Normandie / Cpa



Débarquement en Normandie : Omaha Beach / Cpa
 
 

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