La Font Estramar à Salses

26/1/2024


Publié le 06/05/2013| L'Indépendant |  Estelle Devic

Une mer sous terre à explorer


Le gouffre de la Font Estramar à Salses / Ind, M. Clementz

Sous les Corbières, un énorme réservoir d'eau douce passionne les scientifiques. Il reste cependant assez méconnu et mériterait des recherches supplémentaires. D'autant plus que l'eau est potable. A Opoul, pendant longtemps, un 'barrenc' de 90 m de profondeur a permis d'évacuer les eaux usées du village dans les entrailles de la terre. 

Sur l'ensemble du massif des Corbières, quelque 200 trous de ce type ont été recensés par l'hydrogéologue Henri Salvayre. Des cavités qui servent, parfois encore, de décharge et risquent de polluer un immense réservoir d'eau douce situé sous la montagne. 

En effet, ces trous recueillent l'eau de pluie qui tombe sur le massif et finit ainsi dans cette mer souterraine aujourd'hui encore très méconnue et surtout totalement inexploitée. Au grand dam de l'hydrogéologue qui se bat depuis des dizaines d'années pour une gestion concertée de cette ressource intarissable. 


Le professeur Salvayre, hydrogéologue / Ind

"Le réservoir s'étend sur 60 km de Quillan dans l'Aude à Salses dans les Pyrénées-Orientales. Il peut atteindre 300, voire 600 mètres de profondeur", explique l'ancien professeur des universités de Perpignan et Bordeaux qui n'a pas hésité à plonger à plusieurs reprises sous terre. 

Toujours avec le même enthousiasme, il se bat aujourd'hui pour voir ses recherches aboutir. Afin de mieux connaître encore ce réservoir, il faudrait pouvoir en mesurer la profondeur exacte. Depuis les années 1950, plongeurs et spéléologues tentent de résoudre cette énigme et certains y laissent parfois la vie.


Le système hydrologique du karst des Corbières. / Ind

Un projet d'exploration
Depuis la Font d'Estramar derrière Salses, il est effectivement possible de pénétrer dans ce réseau impressionnant de rivières souterraines. Après une progression dans une galerie large d'une quinzaine de mètres et longue de plus de deux kilomètres, les explorateurs arrivent à hauteur d'un gouffre très profond. 

À la fin des années 90, Cyril Brandt, un Suisse, est descendu à 190 m mais il restait visiblement encore beaucoup de chemin à parcourir pour arriver au fond. Le professeur Salvayre estime que cet exploit est impossible à réaliser pour un être humain. Il préconise ainsi la création d'un robot sous-marin spécial qui permettrait de photographier ce milieu jusque-là jamais exploré. Un projet a été lancé il y a plus d'un an. 


Pour cartographier les réseaux souterrains de la réserve d’eau des Corbières / Ind, Fr. Brun

Si l'élu de Génération Écologie Yves Pietrasanta a assuré que la région était prête à suivre, tout comme l'université de Montpellier qui envisagerait de plancher sur le projet, l'idée ne semble pas enthousiasmer plus que ça les décideurs locaux. Dommage, car les nappes phréatiques du Roussillon qui, pour l'instant, constituent la principale source d'alimentation en eau potable de la plaine, ne sont pas inépuisables. 

Lorsque les premiers forages ont été creusés en 1907, l'eau jaillissait en geyser de 15 m de hauteur. Aujour- d'hui, il faut creuser à plus de 25 m pour atteindre la nappe. Et pendant ce temps-là, l'eau des Corbières part à la mer.


Les capacités d'approvisionnement en eau dans le département DES P.O. / Ind


P.O. (66) / cartes-2-france.com


Gouffre du Font Estramar / Ind, M. Clementz
 

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