Occitanie : Colère des agriculteurs

25/1/2024


Publié le 25/01/2024 | La Dépêche du Midi |  Robin Serradeil

Colère des agriculteurs :
Leurs revenus, leur nombre en déclin, les inégalités...
Découvrez le portrait édifiant de la profession



La mobilisation partie d'Occitanie a gagné toute la France.  / Photo DDM, Emilie Cayre

Voilà plusieurs jours que les agriculteurs multiplient les actions à travers la France pour faire entendre leur voix. La profession pointe du doigt la hausse des coûts et la baisse de leurs revenus. Le secteur fait par ailleurs face à une baisse continue de sa population depuis plusieurs années. Portrait d'une profession "en déclin". 

"Ras-le-bol" et "colère" : à coups de barrages routiers et d'actions en tout genre, voilà plusieurs jours que les agriculteurs crient leur rage, dans un "mouvement agricole" qui s'étend progressivement à l'ensemble du territoire national. 


Colère des agriculteurs : à Agen, la préfecture prise pour cible / Valentin Vie

Dans un contexte inflationniste particulièrement long et difficile pour les professionnels du secteur, ces derniers réclament entre autres "l'application de la loi Egalim" – qui doit garantir un juste prix aux agriculteurs – et des compensations financières face à l'augmentation des normes environnementales et à la concurrence internationale : 

"Pour nous la vraie crise est autour du prix" et de la question "du revenu", affirme Laurence Marandola, la porte-parole de la Confédération paysanne, syndicat agricole qui exige "des réponses" face à une profession en "désespérance".


Les agriculteurs multiplient les blocages pour une meilleure rémunération, une simplification des normes environnementales et un meilleur accès à l'eau. / DDM, N. Saint-Affre

Mais la profession s'est-elle réellement appauvrie ces dernières années ? Que sait-on sur les conditions financières d'exercice des professionnels du secteur ? 

Dans une note récente, le cabinet d'étude Asteres va à l'encontre des idées reçues : en s'appuyant sur les chiffres de l'Insee, la structure affirme que "le revenu disponible annuel moyen des ménages agricoles est comparable à celui de l'ensemble des ménages ayant des revenus d'activité". 
Les derniers chiffres apportés par l'organisme statistique montrent que le revenu annuel médian des foyers des agriculteurs était de 52 400 euros en 2018.


Dans le Tarn, le mouvement veut s'inscrire dans la durée / DDM, M.P. Volle

D'importantes inégalités
Si cette donnée paraît dans la norme– en 2018,  le niveau de vie annuel moyen par personne était de 24 650 euros, tous secteurs confondus – elle cache une réalité déroutante : "seulement un tiers" des revenus disponibles des agriculteurs "provient de leur activité, soit 17 700 euros", rappelle le cabinet Asteres.

"Si les agriculteurs ont un niveau de vie comparable au reste de la population et sont moins touchés par la pauvreté, cela n’est pas dû à la prospérité de leur activité agricole mais plutôt au soutien financier que les agriculteurs perçoivent de leur conjoint ou des revenus annexes à l’exploitation agricole", reprend le cabinet.

Derrière ce revenu médian, se cachent par ailleurs d'importantes disparités entre les territoires mais aussi entre les types d'exploitations :



Globalement, 18% des agriculteurs français se trouvent sous le seuil de pauvreté (13 000 euros par an pour une personne) selon un rapport de l'Insee publié en 2021. Les revenus des foyers agricoles diffèrent en fonction des types de production. 

Ainsi, parmi les activités agricoles qui rapportent le moins, on retrouve l'élevage bovin : cette spécialisation n'aurait rapporté que 11 340 euros de revenus annuels sur les 36 060 euros de revenu disponible annuel en moyenne en 2018, explique l'Insee.


Revenu annuel moyen en fonction des activités agricoles. / DDM

A contrario, les ménages agricoles appartenant à la catégorie "autre grande culture" (céréales, plantes oléagineuses et protéagineuses, légumes frais...) ont un niveau de vie 54 % plus élevé que les éleveurs de viande bovine : "D’une manière générale, la grande culture permet un niveau de vie significativement supérieur à l’élevage", explique le cabinet Asteres.

Une population en déclin
Le secteur agricole peine par ailleurs à stabiliser sa population de professionnels. Dans les chiffres, un dernier recensement agricole effectué en 2020 a permis de dénombrer 496 000 exploitants agricoles en France : une donnée qui a été divisée par cinq depuis 1955. 


/ DDM

"Le déclin de la population active agricole est un phénomène ancien, longtemps encouragé par les pouvoirs publics pour accompagner la modernisation du secteur […] ce mouvement de réduction de la population active agricole et des exploitations est aujourd'hui questionné", expliquait en 2023 un rapport de la Cour des comptes.

En France, les agriculteurs sont donc de moins en moins nombreux, alors que le secteur fait par ailleurs face à d'importantes problématiques de renouvellement. D'ici dix ans, un agriculteur sur trois partira à la retraite. D'où la nécessité, des mots du gouvernement, de faciliter les installations de nouveaux arrivants dans le secteur. 


L'agriculture en Occitanie / Infographie DDM


Haute-Garonne : un profil agricole / Infographie DDM

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