Les feux de l'Agriculture tarnaise

30/11/2021


Publié le 25/11/2021 à 21:36  | La Dépêche du Midi |   Baptiste Gay

Des feux de détresse allumés par les agriculteurs du Tarn


Ce jeudi 25 novembre, comme ici à Albi et dans 8 autres points du département, les agriculteurs tarnais ont allumé les feux de détresse du monde agricole. / DDM - Emilie Cayre

Les feux de détresse allumés ce jeudi 25 novembre au soir dans tout le département par les Jeunes Agriculteurs du Tarn et la FDSEA81 ont remis en lumière les problématiques du monde agricole : l'augmentation des charges et des prix qui stagnent. Éclairage.

Des phares dans la nuit pour que leurs revendications ne restent pas dans le noir, pour ne pas dire dans l’indifférence. Comme annoncé dans les colonnes de La Dépêche du Midi depuis 15 jours, les Jeunes Agriculteurs du Tarn (JA81) et la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA81) ont bien quadrillé les territoires tarnais hier pour allumer des feux de détresse. Leur objectif prioritaire était, comme nous l’avons déjà expliqué à plusieurs reprises, de dénoncer une inflation des charges et des intrants qui pèsent lourdement sur les finances des exploitations agricoles, mais un autre mot d’ordre a été affirmé hier, sans violence mais avec une froide sérénité.


Lacaune : les agriculteurs locaux ont entretenu le feu de leur détresse. / Photo DDM, C. C.

"L'agriculture française n'est pas à brader"
Il a notamment vu le jour sur un rond-point de l’Albigeois, à proximité du lycée Fonlabour et de la RN88, dans la bouche de Christophe Rieunau, éleveur en veau Label Rouge du Ségala sur la commune de Sainte-Gemme et président des Jeunes Agriculteurs du Tarn : « A la veille du « Black Friday » qui célèbre la consommation de masse pour pas cher, on veut pointer du doigt que cette opération commerciale va mettre en avant beaucoup de produits issus de la délocalisation. Cela ne va pas dans le bon sens. Si on veut maintenir une agriculture forte en France, il faut que les prix donnés aux agriculteurs soient rémunérateurs. On ne peut pas brader l’agriculture. » C’est donc un message adressé à la fois aux consommateurs et à la grande distribution que les centaines d’agriculteurs mobilisés hier soir dans le Tarn ont voulu délivrer : « Manger n’est pas qu’un acte commercial, cela doit permettre aux agriculteurs français de vivre ! »



"Il y a urgence qu'EGalim 2 entre en application pour des prix en marche avant"
Au regard de l’élévation des prix des charges dans les fermes tarnaises, cela devient de plus en plus compliqué. « Comme tous les Français, nous subissons l’inflation des prix de l’énergie, mais cela vaut aussi pour les engrais ou l’alimentation animale. Cette augmentation de charges oscille en moyenne entre 10 000 et 15 000 euros sur les exploitations tarnaises. Cela fait autant d’argent en moins pour essayer de se sortir un salaire », argue Christophe Rieunau.


Dourgne : Des agriculteurs déterminés / DDM

À 90 kilomètres de là, au rond-point entre les deux rocades de l’agglomération castraise, un autre éleveur faisait quasiment le même constat auprès d’un autre feu : « Nous sommes présents pour montrer notre colère. On fait face à une hausse des charges sans précédent. Derrière, nous n’avons pas de hausse des ventes de nos produits. Ce qui nous fait râler d’autant plus, c’est que nous avions eu des promesses lors des états généraux de l’alimentation : les prix devaient être revus, avec enfin notre prix de revient qui soit pris en compte dans la vente de nos produits. Aujourd’hui, on reste dans une impasse et le monde agricole est dans le plus grand désarroi. On a besoin d d‘augmentation pour vivre enfin de notre métier. »



"C'est une question de survie"
Les agriculteurs comptaient sur la loi EGalim pour les aider à mieux négocier leurs produits avec la distribution. « Mais il y avait encore des trous dans la raquette avec la première mouture de ce texte de loi. On espère que la deuxième version adoptée récemment sera plus efficace, explique Christophe Rieunau. On doit rapidement arriver à construire des prix en marche avant. Il faut une mise en œuvre rapide d’EGalim 2. » Il y a urgence, car il y va de la survie de nombreuses exploitations tarnaises, dont les tailles et les chiffres d’affaires sont connus pour être dans la moyenne basse au niveau national. Il est grand temps que les produits de nos agriculteurs soient à nouveau mis sous les feux de la rampe dans les rayons des supermarchés et hypermarchés.
 

Publié le 26/11/2021 à 05:09  | La Dépêche du Midi |  J.E.

"Nos bêtes se vendent comme il y a 30 ans", se désole un éleveur


L’éleveur devant le rond-point enflammé, entre les rocades de Mazamet et d’Albi. / DDM

Sébastien Cabrol, éleveur au Pont-de-Larn depuis 2010, exprime son mal-être face aux charges en nette augmentation.
Ils étaient un peu moins d’une trentaine ce jeudi soir, réchauffés par le vaste feu au rond-point des deux rocades d’Albi et de Mazamet, à Castres. Parmi ces agriculteurs en colère, Sébastien Cabrol, éleveur au Pont-de-Larn depuis 2010. 

"J’ai repris la suite de mes parents qui étaient en production porcine et bovine. Mes grands-parents étaient sur la ferme déjà. Depuis deux ans, on a arrêté les porcs et je me suis installé avec ma femme." La reprise de l’affaire familiale est venue naturellement, dès son plus jeune âge. "Je ne me suis jamais posé la question. Quand on est plus petit ou en stage, on ne voit pas tous ces problèmes administratifs, toutes ces charges qui pèsent sur le mental. Ça prend la tête du matin au soir. Heureusement que les chambres d’agriculture sont là pour nous aider", insiste l’éleveur, qui rappelle : "Il y a toujours des bons côtés et c’est grâce à eux que l’on continue.



" Malgré tout, le regard d’enfant a vite laissé place au constat d’adulte. "Il y a des jours, c’est compliqué, dans les mois décisifs surtout. On est sur des augmentations du gasoil, du fer, qui ont doublé et nos veaux qui se vendent comme il y a trente ans. Sauf que le prix n’a pas changé, alors que tout le reste a augmenté."

Pour s’en sortir, "on essaie de faire des petites économies, on s’endette, on s’agrandit. On travaille plus pour gagner pareil voire moins pour certains", peste-t-il.
Hier soir, "quelques automobilistes nous ont soutenus. On a l’impression que nos problèmes se retrouvent aussi chez d’autres personnes."


Saussenac : Un feu de détresse en haut du Puy Saint-Georges / DDM
 

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