Tarn : Nous sommes 388 596

7/1/2021


Publié le 06/01/2021 à 07:38  | La Dépêche du Midi |  

Tarn : Nous sommes 388 596


"Le Tarn doit développer son attractivité pour ne pas perdre de population" / Photo DDM

Thierry Carcenac, ancien président du conseil général du Tarn, n’a eu de cesse de répéter durant ses multiples mandats, que ce département était une terre multiple et complexe où l’on trouve des villes, des zones rurales isolées, de la montagne, du vignoble, des territoires en pleine expansion, d’autres sur le reculoir démographique. Enfin tout. Les derniers chiffres de l’Insee (sur la période 2013-2018) qui viennent d’être publiés, démontrent une fois encore ces "multiples Tarn." qui abrite une population de 388596 habitants avec une croissance de 0,3 % entre 2013 à 2018.


Saint-Sulpice, Marché des Producteurs estival / DDM

L’ouest est toujours le plus attractif
Ce n’est plus une surprise. Vingt ans que ça dure. L’ouest tarnais est toujours attractif pour une partie de la population toulousaine à la recherche d’habitations aux prix plus modestes que sur le territoire de la métropole régionale. Gaillac (même si les chiffres sont en baisse), Saint-Sulpice, Lisle-sur-Tarn, Couffouleux et Rabastens profitent à plein de ces arrivées. Alors que la progression globale de la population est de +0,3 % sur cinq ans, l’ouest, elle, a des chiffres qui oscillent entre 1,3 et 1,5 %.
Pour exemple, Gaillac qui compte aujourd’hui 15345 habitants, a en 10 ans, progressé de 2218 personnes.


Graulhet, petit train de noël / DDM, GD

Le solde migratoire sauve les chiffres
Cette évolution se retrouve aussi à Graulhet, qui voit ses chiffres démographiques en forte hausse 1,6 % alors même que la situation économique n’est guère brillante. Ici aussi, la ville engrange les arrivées de jeunes couples toulousains, friands de loyers peu chers.
Ce solde migratoire positif permet au Tarn de connaître une fois encore, une légère croissance démographique et cela, malgré un solde naturel (différentiel entre les naissances et les décès) en baisse constante.


Sur le marché de noël d’Albi la foule était au rendez-vous / Photo DDM, Emilie Cayre

Continuons notre voyage démographique.
Albi reste la plus grande ville du département avec 48993 habitants mais perd 349 habitants en cinq ans. Une baisse du centre-ville compensée par l’augmentation continue de la population dans les communes limitrophes.

Castres en positif
A contrario, après des années de baisse, la commune de Castres retrouve des couleurs avec 159 nouveaux habitants supplémentaires pour une population totale de 41795 personnes.
Pour les unités urbaines, trois sont en hausse. Albi passe de 72613 à 73088 habitants, Castres de 56311 à 56983 et Gaillac de 17674 à 18770. A contrario, Mazamet (25153 à 24627) et Carmaux (18525 à 18245) sont en baisse.


Les fêtes de village d'avant covid dans le Tarn / DDM, Émilie Cayre

De fortes disparités
Les zones rurales et les anciens bassins industriels voient de plus en plus de maisons avec les volets clos.
En dix ans, Cordes-sur-Ciel a perdu 189 habitants. Aiguefonde 199, Lacaune 212, Carmaux 511, Aussillon 768 et enfin Castres, malgré son léger mieux, 1215. Cette carte démographique démontre les diversités des bassins de vie tarnais. À l’ouest on sourit, au centre on résiste, au nord et à l’est, c’est compliqué. Reste à savoir quand le département va enfin toucher la barre des 400000 habitants. Un jour peut-être, mais c’est encore bien lointain.


Marché de noël de Castres / DDM

En chiffres
2218 >. Gaillac est la ville dont la population a le plus augmenté avec 2218 habitants supplémentaires en dix ans devant Saint-Sulpice et Rabastens.
0,3 % >. La population tarnaise a augmenté de 0,3 % entre 2013 et 2018.
5 >.Le Tarn est le cinquième département le plus peuplé d’Occitanie.
48993 >. La préfecture albigeoise reste la plus grande ville du Tarn avec 48993 habitants devant Castres 41795, Gaillac 15345, Graulhet 12789, Lavaur 10971, Mazamet 10033, Carmaux 9641, Saint-Sulpice 9227, Saint-Juéry 6760 et Labruguière 6502.


Laurent Chalard, docteur de géographie : "Le Tarn doit développer son attractivité pour ne pas perdre de population"


Laurent Chalard est docteur de géographie / DDM

Laurent Chalard est docteur de géographie à Paris IV Sorbonne. Il est l’auteur de nombreux travaux sur l’évolution et les changements démographiques. Il connaît parfaitement le Tarn et ses spécificités.
Les chiffres de l’Insee sur l’évolution démographique tarnaise entre 2013 et 2018 sont tombés il y a quelques jours. Quelles sont vos premières analyses.

L’Insee a une lecture sur cinq ans. Moi, je préfère travailler sur les dix dernières années. C’est plus fiable. Le premier point important, c’est que le Tarn voit sa population augmenter, grâce au solde migratoire et l’arrivée de nouveaux habitants, venant principalement de la région toulousaine. Le solde naturel (différence naissance-décès) lui, est négatif. C’est logique. Il y a de plus en plus de personnes âgées dans le département. Et avec une baisse de la natalité générale dans le pays, ce différentiel négatif est inexorable.


Gaillac, guinguette des bords du Tarn / DDM, MPV

On imagine que c’est toujours l’ouest du Tarn, proche de Toulouse, qui gagne de la population.
Oui. On le voit à Saint-Sulpice, Rabastens, Lisle-sur-Tarn. En 10 ans, la population de Gaillac a augmenté de 2218 habitants, Saint-Sulpice de 1461. De nouveaux arrivants, jeunes avec enfants, débarquent de la zone toulousaine à la recherche d’une habitation moins chère que dans la métropole régionale. C’est un phénomène que l’on connaît depuis plus de vingt ans.


Fête du cheval à Lavaur / DDM

Ce phénomène va s’accentuer ?
Je ne crois pas. On voit déjà un léger tassement. La première des raisons, c’est que l’Agglo toulousaine a construit de très nombreux logements ces dernières années. Ce tassement devrait continuer avec la Covid.

Pour quelles raisons ?
L’aéronautique est en crise et cela pour plusieurs années. Du coup, l’attractivité toulousaine va être moindre ainsi que la pression immobilière. Du coup, les Toulousains seront moins tentés de s’exiler vers le Tarn. Mais attention. Cela ne veut pas dire que le solde migratoire va s’effondrer. Il va juste se tasser.


Art Graulhet dans les rues de la ville, galerie d'art à ciel ouvert. / Photo DDM, J-C C

Il y a aussi l’exemple de Graulhet qui voit sa population augmenter.
C’est exact. Pourtant, la commune est assez excentrée des grands axes et l’économie n’y est pas particulièrement florissante. Pourtant, Graulhet voit arriver chaque année une nouvelle population, plutôt jeune. Il faut croire que l’immobilier à bas prix attire là aussi des Toulousains qui travaillent dans l’est et le nord de la métropole régionale.


La fête de la Saint-Privat anime Carmaux / DDM

C’est moins brillant sur le Mazamétain et le Carmausin.
Le Mazamétain est enclavé et économiquement en difficulté. Si Mazamet arrive à garder sa population, Aussillon plonge. Ce n’est facile d’attirer une nouvelle population, une nouvelle génération ici. J’imagine qu’ils doivent attendre avec impatience la nouvelle autoroute en direction de Toulouse. Quand à Carmaux, la chute se poursuit. La ville n’a pas su réussir sa transition industrielle. Le chômage est important. Peu de jeunes s’installent et la population continue de vieillir.


Mazamet innove pour un tourisme à valeur ajoutée / Photo DDM

Reste les deux grandes cités du Tarn, Albi et Castres.
Pour ces deux villes, il ne faut pas raisonner de la même manière. Il faut penser agglomération. On sait aujourd’hui que les centres-villes se vident peu à peu de sa population à la faveur des communes limitrophes. C’est un phénomène structurant dans toutes les villes moyennes de France. Du coup, quand on parle agglomération, l’Albigeois et le Castrais gagnent de la population même si l’attractivité est moindre dans le sud du Tarn, en raison de son enclavement.


Marché de Réalmont, en période covid / DDM, MPV

Vous pensez que l’impact de la Covid peut rebattre les cartes avec un possible retour des citadins vers les campagnes ?
C’est trop tôt pour le dire. Cette pandémie va être longue et difficile. Va-t-on connaître un changement de mentalité, de philosophie des urbains qui voudront s’installer à Lacaune ou à Cordes via le télétravail ou un changement radical de vie. ? C’est une possibilité. Quoi qu’il en soit, si le Tarn veut continuer à voir sa population croître, il est indispensable qu’elle développe son attractivité. Sinon…


La montagne tarnaise, terre de traditions, perd des habitants / DDM


 
 

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