Le kiwi tarn-et-garonnais

8/12/2020

 
Publié le 06/12/2020 à 05:18  | La Dépêche du Midi |  Philippe Cahue

Le kiwi tarn-et-garonnais est roi d’Occitanie


Sur les chaînes de conditionnement, le kiwi est travaillé jusqu’au printemps. / DDM, Manu Massip


Premier producteur d’Occitanie, le Tarn-et-Garonne possède tous les atouts pour la culture du kiwi. Production de complément pour les pommiculteurs, il est commercialement devenu une valeur sûre de fin de saison.

On sait que le Tarn-et-Garonne est une terre d’excellence pour les arboriculteurs. Premier producteur national de pommes, réputé pour ses prunes, son melon du Quercy et son chasselas de Moissac, il brille aussi avec ses kiwis. Avec 12 800 tonnes produites l’an dernier, le département est le premier producteur de la région et pèse un quart de la production nationale. 


Castelsarrasin. Kiwi : une variété résistante au «PSA» expérimentée /  Photo DDM, Max Lagarrigue

Si la région de Peyrehorade (Landes) est aujourd’hui l’épicentre de la production française, il ne faut pas oublier ce que représente le Tarn-et-Garonne dans l’histoire du kiwi français. Dans les années 80, ce sont deux chercheurs du lycée agricole de Capou qui ont développé pour le marché français les variétés Belle de Chine et MontCap. Aujourd’hui, le kiwi vert Hayward s’impose chez des producteurs qui assurent avec ce fruit une production et une activité de fin de saison.


Le pommiculteur Sébastien Rispe mise sur le kiwi depuis maintenant trois ans. / DDM, Manu Massip

Depuis trois ans, le pommiculteur moissagais Sébastien Rispe s’est lancé dans le kiwi. En reprenant l’an dernier une exploitation de Castelsarrasin avec l’arboriculteur Christian Capeyrou, il compte désormais 60 hectares de kiwis. "C’est une culture très technique et passionnante. Commercialement, ce fruit jouit d’une excellente image auprès des consommateurs bien meilleure que la pomme, estime le producteur. Ils voient en lui un fruit excellent pour la santé, qui apporte des vitamines pour l’hiver. La demande est plus forte que l’offre en France ce qui maintient des prix à un bon niveau."


Cancel fruits, spécialiste du kiwi et de la prune / DDM

L’Italie rayonne moins
Autre atout commercial, ce fruit ne peut pas se cultiver partout en Europe, ce qui limite la production mondiale. Si pour la pomme, marché hyperconcurrentiel, la Pologne et l’Ukraine inondent le marché par de gros volumes à prix bas (grâce à un coût de main-d’œuvre plus bas), la culture du kiwi se limite à l’arc méditerranéen. Derrière la Chine, premier producteur mondial avec 2 millions de tonnes, l’Italie domine le marché européen avec plus de 500 000 t onnes, soit 10 fois plus que la France. La Grèce en produit 265 000 tonnes. 


Moissac : La production de kiwi jaune en plein essor / DDM, MB

"Les rapports de force changent depuis ces cinq dernières années avec l’arrivée d’une maladie destructrice sur les plantations italiennes. Appelée Moria, personne ne sait comment la neutraliser ni même l’anticiper, explique Jean-François Larrieu, technicien à la Chambre d’agriculture de Tarn-et-Garonne. Les racines s’atrophient et l’arbre meurt soudainement durant des épisodes de fortes chaleurs. L’Italie est très impactée par ce phénomène et voit sa production baisser. Cela profite actuellement à nos producteurs qui récupèrent des parts de marché au niveau national."


Sur le nouveau site de la société Cancel fruits à Castelsarrasin /  Photo DDM, Max Lagarrigue

La PSA et la Moria inquiètent…
Même s’il se conserve plusieurs mois en frigo, qu’il demeure un fruit rustique, facile à ramasser et à conditionner, l’avenir du kiwi reste incertain. La bactériose du PSA a condamné les kiwis jaunes, trop fragiles. Elle reste une menace sur les kiwis verts qui doivent être protégés des piqûres d’insectes, de la grêle ou d’éraflures durant la taille : dès qu’il y a une plaie sur la surface du kiwi, la bactérie y pénètre et peut détruire l’arbre. 

"Avec les producteurs, nous sommes très vigilants face à cette bactérie. On essaye de protéger les plaies du kiwi par des traitements au cuivre mais le combat demeure inégal. Cette bactérie menace grandement nos plantations, s’inquiète le technicien arboricole. Certains investissent sur des bâches pour protéger leurs fruits du PSA ou de la Moria mais le coût de production explose." Seuls 6 % des vergers tarn-et-garonnais sont protégés. Bâcher un hectare coûte près de 100 000 €. Un investissement que peu d’arboriculteurs sont prêts à réaliser. Il faudra encore quelques années (très) rentables pour consentir à un tel investissement.



 
 

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