Le Moulin de Record produit son électricité

27/4/2019


Mis à jour le 22/04/2019 à 08:32  | La Dépêche du Midi |  Vincent Vidal

Dans le Tarn, ce couple va enfin produire sa propre électricité grâce à son moulin


Après les travaux de la microcentrale, ce sont les anciennes meules qui devraient être remises en état./ Photo DDM, Marie-Pierre Volle.

Depuis plusieurs années, Gabriele et Jean-Pierre Mie se battent pour pouvoir produire de l'hydroélectricité dans leur Moulin de Record. Après de nombreux refus, ils viennent de recevoir l'autorisation. Un soulagement pour le couple qui veut en profiter pour rénover leur site.

Dans cette longue vallée qui mène au Moulin de Record, à quelques lieues du village de Ferrières, la brume fait des heures sup. Des virages, de la verdure, beaucoup de verdure puis une grande bâtisse. C'est là que le couple Mie s'est installé en 2012, pour restaurer le site et proposer gîtes et couverts aux passionnés de pêche et de tranquillité. Ici, pas de bruit, hormis l'eau qui s'écoule de la rivière toute proche. Une eau de discorde. Car depuis des années, Gabriele et Jean-Pierre Mie veulent l'utiliser pour produire de l'hydroélectricité. Mais les services de l'Etat opposent leur véto.



«Ici, depuis le Moyen Âge, le moulin a toujours utilisé la force de l'eau. On venait moudre le grain pour la farine, on produisait de l'huile de noix, du cidre, de l'eau-de-vie. Il y avait une vraie vie économique» rappelle Jean-Pierre. Avec le temps, les productions se sont diluées en même temps que l'utilisation du moulin. «En 1960, ce fut la fin de l'utilisation des meules.» Les années passent avant qu'ils ne rachètent l'ensemble des bâtiments. «On a beaucoup travaillé pour le rendre confortable» avoue le couple. Mais ils ont une autre idée qui leur tient à cœur. 

«On avait l'envie d'installer une mini-centrale hydraulique. On pensait que cela allait être rapide. Malheureusement, ce ne fut pas le cas» soupire Jean-Pierre. Le combat administratif commence. «Très vite, la direction départementale des territoires nous a dit que c'était impossible. Je n'ai pas compris. Nous sommes à 600 mètres du barrage de Record. On est déjà sur un débit réservé. Alors, où est le problème alors que l'on est prêt à suivre toutes les recommandations ?» commente le propriétaire. Malgré ces refus successifs, ils s'entêtent. «On s'est retrouvé devant un mur. À chaque fois, les agents trouvaient quelque chose pour nous refuser le permis. On était épuisé mais toujours combatif.»



Les mois défilent. Toujours rien. «On a pris notre bâton de pèlerin pour aller voir les élus. Très vite, le sénateur Bonnecarrère, le député Folliot et le président de la communauté de communes ont appuyé notre demande. Car l'objectif premier est de redonner vie à cet endroit en développant les activités. On veut remettre en état les anciennes meules et inviter les collégiens à découvrir les techniques médiévales à côté de celles d'aujourd'hui» appuie Jean-Pierre. Puis un jour, la délivrance. «Nous avons reçu un arrêté préfectoral qui nous permet de créer notre microcentrale» savoure-t-il.

C'est parti des travaux titanesques. «Il a fallu 6 mois de chantier, casser la roche, utiliser 200 tonnes de béton, acheter la turbine pour en arriver là. Le coût total est de 300 000 euros pour un débit de 1000 litres/seconde et une production de 36 kilowatts heure» soupire le propriétaire. La mini-centrale sera opérationnelle dans quelques jours. Jean-Pierre a le sourire fatigué. «Je suis épuisé par tous ces travaux. Mais on va enfin produire notre électricité propre et la revendre à EDF. On est fier de notre combat, de cette victoire. Nous allons enfin pouvoir développer ce magnifique site et donner une nouvelle vie au Moulin de Record.»



Repères - Le chiffre : 36 kilowatts/ heure > C'est ce que va produire cette micr0-centrale pour un débit de 1000 litres seconde. L'investissement est de 300 000 euros.

«Pourquoi les services de l'Etat n'aident pas les moulins ?»
Franck Le Nahenec est le président de l'association des amis des moulins du Tarn. Le caractère est bien trempé et ne supporte pas les situations comme celle du couple Mie. «Je ne comprends pas le problème. On nous parle de transition énergique et ces petites centrales hydrauliques sont parfaites pour cela. Aucun CO2 dégagé et un investissement qui peut durer un siècle alors que l'éolien a une durée de vie de 30 ans et le solaire de 25 ans. Et pourtant. Les services de l'état mettent systématiquement des bâtons dans les roues de ceux qui veulent produire de l'hydroélectricité» commente le président Le Nahenac. «Dans le Tarn, on possède 3 000 moulins à vent ou à eau. Il y a de quoi produire cette énergie propre que tout le monde réclame. Mais je me répète, on fait tout ne pas développer les petites microcentrales. C'est tout de même bizarre.»


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