Les grandes heures du rugby tarnais -5-

8/2/2019

   Les grandes heures du rugby tarnais -5-  



  U.S. Carmaux  

Publié le 16/08/2018 à 07:49  | La Dépêche du Midi |   Vincent Vidal

Carmaux et ses cinq titres de champions de France


1951 : les Carmausins s'imposent face aux favoris Tarbais en finale / DDM

20 mai 1951. Le jour le plus beau du sport carmausin. Au terme d'une finale épique, les Tarnais s'imposent face aux favoris Tarbais. La gloire est là pour le club qui décrochera en 1972 le titre de 2e division face à Nice et de 3e division face à Saint-Junien en 1995.

Ils n'en sont pas peu fiers de leur histoire, les Carmausins. Bien sûr, il y a eu la mine, ses combats, les grandes grèves, Jaurès. Mais il y a aussi le temps glorieux du rugby. Et le déroulé des succès est impressionnant. Champion de France en 1951 face à Tarbes. Champion de France de 2e division face à Nice. On continue. Enfin champion de France en catégorie Balandrane (juniors). C'est le seul club en France avec Quillan à avoir décroché le bouclier dans trois catégories différentes.

Alors oui, il y a de quoi être fier, pour cette cité.
Un passé immense et un présent difficile. Car aujourd'hui, on ne parle plus Top 14 ou Pro D2, stade plein, mais série régionale devant une poignée d'irréductibles supporters. Mais faisons un retour en arrière.
1951. L'équipe carmausine, c'est du solide, composée en grande majorité de mineurs de fond. Des hommes vaillants, rudes, solidaire. L'expression «aller la mine» voulait encore dire quelque chose pour ces garçons. Et puis il y a Aué, troisième ligne de feu et buteur sans faille, qui fera de cette finale, sa finale en inscrivant les 14 points victorieux de son équipe.


/ Photo DDM

Mais revenons à la genèse. Évidemment, au début de la saison, personne ne voyait ce groupe lever le bouclier de Brennus. Et pourtant. l'incertitude du sport a marché à plein. La phase régulière se termine. Carmaux est premier de sa poule. En quart, ce sera Agen. Le morceau est avalé après un rude combat. L'appétit vient en mangeant. Lourdes est éliminée. Toulon et Lyon sont passés à la trappe. Alors. La demi-finale se déroule à Béziers face à Montferrand. Là aussi, ce sera un féroce combat, une lutte sans merci. Un vent violent s'est levé. Des bourrasques salvatrices pour les Tarnais. La dernière pénalité pour les Auvergnats ne passera pas entre les pagelles, déviée par éole. Les bras se lèvent. Le public est en transe. Les yeux sont rouges. Oui Carmaux est en finale. Une dernière marche, la plus rude, la plus rude. Une finale, ça se gagne. Car l'histoire ne retient que le nom du champion, pas du perdant.

Ce dimanche 20 mai 1951, seuls les chats et chiens peuplent la cité minière. Pères, mères, grands-parents, enfants sont tous à Toulouse pour garnir les tribunes du Stadium. 47 000 personnes sont présentes. Du jamais vu. Un record inégalé. L'adversaire et favori, c'est Tarbes. Et alors. Ce n'est pas cela qui va faire leur faire peur à ces diables de Carmausins. Ni la pression de toute une ville, ni les regards arrogants de leur adversaire n'ont prise sur eux. Ils savent que c'est leur année, celle qu'il ne faut pas louper, celle d'une vie de sportive.


Carmaux – Tarbes 1951 / Photo André Cros

Quand arrive l'entrée au stadium, ou chaque place, chaque minimètre sur le bord de touche, sont pris d'assaut. Une ville entière veut ce titre, ce bouclier, ce bout de bois, montrer à la France entière l'âme de ce peuple fier, travailleur, social. Ils partirent 15, ils finirent 15.
À cette époque, les remplaçants n'existaient pas. Éreintés, usés mais heureux, fiers. Une fierté qui a duré une éternité. Oui Carmaux est champion.
La fête et la célébration furent à la hauteur de cet extraordinaire exploit d'une petite cité devenu le centre de la France rugbystique.


Publié le 16/08/2018 à 07:45  | La Dépêche du Midi |   Vincent Vidal

Raymond Carrère : «Nous avons eu notre part de chance»


Raymond Carrère avec la photo de l'équipe championne de France de 1951. / Photo DDM, Emilie Cayre.

Raymond Carrère. Un nom, une histoire des titres. Il faisait partie de l'équipe qui fut championne de France en 1951. À 93 ans, il a gardé son verbe, son franc-parler, ses anecdotes, se rappelant de tout, de chaque action de la saison, de choque instant de ce jour de liesse du 20 mai 1951.

«Je ne suis pas natif de Carmaux, ni mineur. Désolé» sourit Raymond. Carcassonnais de naissance, il apprend le rugby en terre audoise, d'abord à XV puis à XIII où il fut champion de France en Équipe 2. «Pourquoi alors débarquer à Carmaux. C'est Combettes que je connaissais qui m'a dit de venir. C'est dit OK pour un an. Et puis, je suis resté.» Notre pilier s'installe comme marchand de pneu dans la cité minière. Mais revenons au rugby et à cette saison 1950-1951. «Avait-on une grande équipe ? Je ne crois pas. Par contre, il y avait une solidarité énorme.

Et puis une grande partie des joueurs étaient des mineurs. Il fallait voir leur gabarit pour l'époque, la taille de leur main. Je peux vous promettre qu'il fallait mieux les avoir avec soi que contre.» Un groupe solide, très solide, qui ne se laisse marcher dessus par personne. «Une autre époque où il n'a pas de caméras. Il fallait garder le regard bien droit sur l'action… Sinon.» Raymond s'en amuse. Je me rappelle que Pailhous n'arrêtait pas de demander aux entraîneurs de jouer en troisième ligne. La réponse était toujours négative. jusqu'à une rencontre face à Niort. Face à nous, il y avait un formidable centre. L'entraîneur réplique à Pailhous. «Si t'arrive à le choper et le sortir du terrain, tu as une place en troisième ligne.» Ce qui fut fait. Une autre époque, on vous dit. Les matchs passent. Carmaux se fait une réputation de dur à cuire. Arrivent enfin les phases finales. Les Tarnais affrontent Agen sur le terrain de Lourdes. Les hommes d'Aué passent le cap avec un score à l'ancienne (5-0).


Jean Régis (décédé à 89 ans) jouait dans l’équipe qui allait remporter le bouclier de Brennus face à Tarbes en 1951 / DDM

C'est Montferrand qui se présente sur la route de la gloire. «Très belle équipe. Surtout, il avait une charnière énorme. On les surnommait «les pieds d'or». Mais nous sommes à Béziers. Le vent est d'une rare violence. Carmaux tient le choc alors que Montferrand ne peut profiter de ses buteurs. Nous sommes à quelques minutes de la fin. Le score est de 11-9. Les Auvergnats poussent encore et encore. «Face à l'avancée des Clermontois, je suis obligé de pousser avec les mains le ballon en touche. On prend une pénalité sur le côté des poteaux» se rappelle l'ancien pilier. Raymond Carrère regarde ses coéquipiers. «J'avais peur de faire perdre le match. Mais dans les yeux de mes coéquipiers, il y avait la confiance, la certitude que cette pénalité était impossible a réalisé à cause de ce vent violent.» Montferrand tente. «On a regardé la pénalité s'envoler. Mais avec la puissance du vent, le ballon a été freiné, a changé de ligne et il est passé devant les poteaux. On est en finale, avec il faut le reconnaître part de chance, comme l'équipe de France qui vient de décrocher la Coupe du Monde.»

La finale arrive avec comme terre d'accueil, le Stadium de Toulouse. «Pour la première fois, on est parti le vendredi, direction un hôtel de Rabastens avec le bus de la mine, pour être entre nous» se souvient le pilier droit. «Le lendemain, on est allé à Toulouse pour prendre nos marques au Stadium. En arrivant, on a croisé les Tarbais. «Il y avait l'arrogance des favoris dans leurs yeux, pensant -c'est quoi ces Carmausins qui sont en finale.- On a tous pensé la même chose. Ils vont moins rigoler demain.» Puis c'est le retour à l'hôtel. Le soir, Aué nous dit : «Je marque tous les points, faîte le reste. C'est ce qu'il a fait en inscrivant les 14 points de la victoire.


Les champions de France 1951, 1972 et 1995 réunis / Photo DDM

Le lendemain, le stadium est plein comme un œuf avec 47 137 spectateurs. Un record d'affluence qui n'a jamais été battu. Il faut dire que les mesures de sécurité n'étaient pas les même et que les différents travaux du stade ont diminué sa capacité. «On a réalisé un sacré match pour faire tomber ces Tarbais. Le combat a été rude en mêlée. Mais, on l'a fait. On était champion de France.» Le public exulte et pour les joueurs, la troisième mi-temps a duré plusieurs jours. «Je ne comprends pas. Aujourd'hui, les rugbymen sont à la bière. Nous, c'était le pastis. C'est quand même meilleur.» De rugbymen, ils deviennent héros. «C'est fou, encore aujourd'hui, on l'appelle Monsieur Carrère» sourit-il.

Et l'année d'après, les carmausins visaient-ils un nouveau titre. «Le premier match, c'était à Graulhet. Et on a pris cher. On n'était pas là, pas présent sur le combat. C'est certainement l'effet Champion de France. La suite de la saison ne sera pas plus glorieuse.
«C'est comme cela. Pas grave. Au moins, on a ramené le bouclier dans les rues de Carmaux. C'est là l'essentiel» conclut fièrement Raymond Carrère en touchant avec douceur de ses doigts, la photo de cette équipe mythique.


Publié le 16/08/2018 à 07:45  | La Dépêche du Midi |   V. V.

Thierry Rataboul : «Soutenir et aider ce club est un sacerdoce»


Thierry Rataboul  / DDM

Thierry Rataboul fait partie de ces hommes indispensables au quotidien d'un club de rugby. Et l'USC, il l'a dans la peau.
«Je n'ai évidemment pas connu la finale de 51. Mais j'ai suivi l'aventure qui amena notre équipe à décrocher le titre de champion de France de 2e Division. Ce fut une belle aventure d'être dans les tribunes pour ses phases finales. J'avais 14 ans à l'époque.»

Thierry se rappelle des voyages en Aronde «En finale, on a battu Nice qui avait dans leur rang les frères Herrero. Je peux vous dire qu'i y avait du lourd en face. mais le titre, c'est Carmaux qui l'a ramené» se rappelle fièrement Thierry.
«Je n'ai pas joué longtemps au rugby à cause, on va dire, d'un différent avec l'entraîneur des cadets de l'époque. Du coup, je suis partie faire du «basket.»

Mais le virus est là. «Très vite, je me suis intéressé aux équipes de jeunes. Au départ, j'ai donné un coup de main comme soigneur des cadets.» Puis, c'est vers l'école de rugby qu'il se dirige. «Un vrai bonheur de diriger ces gamins dont certains ont réalisé de très belles carrières comme Fred Manca, Jean-Marc Aué, Carayon.» Notre bénévole touchera toutes les strates du club. Il sera dirigeant, même speaker. «Aider et soutenir ce club est pour moi un sacerdoce. Je ne pourrais pas vivre sans cela. C'est dans mon ADN.»


/ Photo DDM

Aujourd'hui, c'est lui qui s'occupe de négocier pour acheter l'ensemble des équipements du club. «Je fais attention, sinon la trésorière va me taper sur les doigts» sourit-il.
Et lui, le passionné, l'amoureux de ce club à cinq étoiles, que pense-t-il de l'évolution de ce club qui après connu la gloire des grands matchs, vit aujourd'hui dans l'anonymat de la promotion honneur du championnat des Pyrénées.

«C'est vrai que la chute au fil des années a été importante. C'est le lot des villes comme Carmaux qui ont vécu d'une mono industrie du charbon durant des décennies. À l'époque, il y avait de l'argent, du boulot pour attirer de bons joueurs. Aujourd'hui, la ville est une cité-dortoir et de retraités. On a un mal fou à garder les jeunes» avoue Thierry.
Qu'importe. Le moral est bon. Il prépare avec ces potes la bodega du rugby pour les fêtes de la Saint-Privat. «le club est bien vivant. Je suis confiant pour l'avenir. L'USC a encore de belles décennies devant elle.»


L'USC aujourd'hui


/ Photo DDM

Aujourd'hui, le club de Carmaux n'a plus les honneurs des grandes joutes nationales. Après être descendu de fédérale 2 pour un point, de fédérale 3 pour un point, beaucoup de joeurs et de dirigeants ont quitté le navire. Aujourd'hui l'USC joue en Promotion honneur dans le championnat des Pyrénées. Avec un budget de 150 000 euros, il n'est pas facile de retrouver la Fédérale. La bonne nouvelle est que le groupe de l'équipe 1 et jeune et joueur. Une qualité de jeu qui plaît et qui ramène les spectateurs dans les tribunes du stade Jean-Vaireilles. Manque un peu de poids pour batailler à égalité avec les poids lourds de la division, durant les phases finales.

À noter une bonne nouvelle pour l'avenir du club. Le groupe carmausin peut s'appuyer pour la saison prochaine sur un groupe de 30 juniors. A contrario, il y a une mauvaise nouvelle. Il n'y aura pas d'équipe cadet en 2018 en raison d'un différent avec les dirigeants du club.


USC équipe 1 2018-2019 / Photo USC


 

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