Les grandes heures du rugby tarnais -3-

6/2/2019

   Les grandes heures du rugby tarnais -3-  



   U.A. Gaillac  

Publié le 02/08/2018 à 08:30   | La Dépêche du Midi |   Vincent Vidal

L'année glorieuse où Gaillac accède en Pro D2


Finale de fédérale 1 Gaillac-Limoges en 2006 / Photo DDM

La saison 2005-2006 restera gravée à jamais dans le livre d'or de Gaillac. Au terme de plusieurs années de volonté, d'échecs sur la dernière marche, l'UAG accède à la Pro D2 et décroche le titre de Fédérale 1. Une année superbe.

«Qui n'avance pas recule.» Cette phrase, l'ensemble du staff et des joueurs l'ont entendu maintes fois de la bouche du président et principal financeur du club, l'entrepreneur Hubert Mauillon. Pourtant, il y avait de quoi baisser les bras en ce mois de mai 2005 où les Gaillacois réalisent une demi-finale retour à Colomiers dantesque. Une enceinte en ébullition, les essais magnifiques, un match énorme. Ceux présents dans les tribunes en ce dimanche ensoleillé se souviennent de cet instant qui reste comme l'une des plus belles rencontres du rugby tarnais, toutes divisions confondues. Malgré cette gabegie de jeu, un arbitrage pour le moins curieux, les hommes de Gaillard ne s'incline que 51-50 au terme des deux rencontres. Encore un échec après celui face au Stade Bordelais à Marmande l'année précédente.


 / Photo DDM

«Qui n'avance pas recule», vous vous rappelez. Alors, la direction du club décide de ne rien changer. On garde Alain Gaillard et son staff. On préserve le groupe, mais on décide de mettre de pincée d'expérience avec l'arrivée d'Arnaud Costes, ancien international qui a fait ses armes à Montferrand et au CO et du Castrais Frédéric Laluque. Il faut dire qu'il y a déjà du beau monde dans l'effectif. Derrière, c'est du lourd avec Carrat (ancien briviste) , Estebanez (qui deviendra international), Fabre, Bédé, Bonvoisin, Durand. À l'ouverture, l'expérimenté Giry. Devant, ne vous inquiétez pas, ça tient la route avec Louembet, Kara, Naulleau, pour ne citer qu'eux.

En ce début de saison, l'objectif reste le même. La montée. On est têtu en terre gaillacoise. Mais la saison longue va être longue, très longue.

D'abord les phases régulières où l'UAG finit deuxième derrière. Limoges. Puis les Play-off ou après avoir été exempt au premier tour, les Tarnais rencontrent à domicile la solide équipe de Bourg en Bresse. Pas si aisé que cela, ce match. Un succès étriqué (21-16) devant un public de feu et quelques questions dans la besace. Ce groupe a-t-il les moyens de faire tomber Nîmes en demi-finale aller-retour et toucher enfin le Graal de la montée ou l'histoire va-t-elle se répéter avec un nouvel échec. Gaillard et son staff savent qu'il faut que l'équipe passe un cap, que tout le travail de la saison soit optimale, là, maintenant. Ce déclic tant attendu arrive. 


 / Photo DDM

Dans la fournaise nîmoise, face à de vieux roublards qui ont connu les joutes du Top 14 et de la Pro D2, Giry et son groupe font le match parfait. Ils explosent les compteurs, défient les pronostics les plus flatteurs, ravissent les nombreux spectateurs qui avaient le déplacement. 39-10. Incroyable match qui les envoie sauf cataclysme en Pro D2 (N.D.L.R., les deux finalistes de fédérale 1 montaient en Pro D2). Le match retour ne sera qu'une formalité sportive malgré une rencontre entachée de violences et d'une bagarre générale déclenchée par des Nîmois qui avaient oublié de rebrancher leur cerveau. «Qui n'avance pas recule.» La phrase est enfin prise à la lettre. L'UAG peut sourire, respirer. Elle est en Pro D2. Mais la saison n'est pas terminée. Il reste un petit quelque chose à terminer. Toucher un bout de bois, devenir champion de France. 

Bon, en face, c'est Limoges, favori du titre depuis le début de la saison. Et Alors? Ce n'est pas ça qui va faire peur à ces irréductibles Tarnais.Comme un seul homme, le peuple gaillacois ressort l écharpes, drapeaux, cornes de brumes. Direction Lourdes pour un match tendu, serré entre les deux meilleures équipes de la Fédérale 1. 11-12 à la mi-temps. Puis c'est le money-time, la crispation, le tableau d'affichage qui s'annonce 18-18. Avant le drop de la victoire de Patrice Giry. C'est le temps des embrassades, des pleurs, des joies, de ce bouclier qu'il est si doux de toucher. C'était le temps de l'année glorieuse de Gaillac, le temps des sourires, du titre et de la montée.


Publié le 02/08/2018 à 08:11  | La Dépêche du Midi |   Propos recueilli par Vincent Vidal

Alain Gaillard : «Je me suis régalé à entraîner ce groupe»


Alain Gaillard / Photo DDM

Alain Gaillard a aujourd'hui pris du recul sur ce sport qu'il aime tant. Mais il reste une référence dans le monde de l'ovalie. Pendant plus de trente ans, il a entraîné, façonné des hommes, des groupes, des équipes. Des titres, il en a récolté. Champion de France avec Castres en Elite et en groupe B, il débarque dans la cité gaillacoise, appelé par le président Mauillon, avec un objectif clair. Faire que l'UAG quitte cette Fédérale 1 pour accéder au Graal de la Pro D2. L'homme sait faire. Mais il attendra, patientera. Plusieurs finales perdues ne briseront pas le plan d'action.

«On avait encore en travers de la gorge la demi-finale (aller-retour) perdue contre Colomiers, l'année précédente. On perd 51-50 sur les deux matchs avec un arbitrage que j'ai encore en travers de la gorge. Mais bon. On n'allait pas refaire le passé.» Quand même . Alain Gaillard l'avait mauvaise, quand la saison 2005-2006 débute. «J'avais gardé le même groupe en recrutant deux cadres essentiels pour leur qualité de meneur d'hommes et d'intelligence rugbystique. Il s'agissait de Frédéric Laluque et d'Arnaud Costes. Deux joueurs que je connaissais bien.» Costes est repositionné en troisième ligne centre, pour «apporter sa vision remarquable du jeu» admet Alain gaillard. L'ancien entraîneur se rappelle. «Il fallait se qualifier en finale pour accéder en Pro D2. À cette époque, la saison était très longue, avec les phases régulières puis les phases finales. On savait qu'il fallait atteindre le pic de forme en fin de saison.»


/ Photo DDM, Jean-Marie Lamboley

L'année rugbystique se déroule au rythme des matchs dominicaux. Le tempo est bon, pas exceptionnel. «On perd deux fois face à Limoges qui était le favori pour la montée en Pro D2» avoue Gaillard. Avec les beaux jours, place aux tribunes pleines, aux matchs couperets de phases finales. Gaillac s'impose face à Bourg-en-Bresse avant une demi-finale (aller-retour contre Nîmes) qui va finaliser le travail d'une saison.

«À Nîmes, il y a eu un déclic. On fait un match remarquable. On gagne 39-10. C'est énorme face à un groupe expérimenté. On savait dès lors qu' hormis catastrophe, le club accéderait à la Pro D2. Il n'y aura pas de cataclysme sportif, (Gaillac se qualifie aisément en s'imposant 30-5), mais une bagarre générale hallucinante. Durant plusieurs minutes, les joueurs et l'encadrement nîmois prennent à partie les Gaillacois. «Une vraie folie» se souvient l'entraîneur. «Surtout que c'était à la fin de la rencontre. Les enfants étaient rentrés sur la pelouse pour fêter la victoire. Les provocations duraient depuis le début de la rencontre. Il a fallu que je sorte Costes et Laluque à la mi-temps pour éviter qu'ils ne soient blessés par des coups bas. Je me demande encore comment, il n'y a pas eu un drame ce jour-là.»

La fête de la montée est gâchée. Il reste un match pour savourer cette saison extraordinaire. Décrocher le bouclier face à Limoges. Le match se déroule en terre lourdaise. «Limoges avait une très bonne équipe, favorite sur le papier.» Et pourtant. Sous une chaleur torride et humide, les Tarnais résistent à l'armada adverse, jusqu'à la délivrance, jusqu'à ce drop salvateur de Giry à la 78e minute. «J'ai eu autant de bonheur ce jour-là que pour le titre de 93 avec Castres» admet le coach. C'est soir de fête. La montée est là, le bouclier aussi. Le public dont on connaît la fidélité et son dynamisme vocal savoure l'exploit jusqu'au bout de la nuit.


/ Photo DDM, Xavier de Fenoyl

Pour l'encadrement, il faut faire vite pour boucler le recrutement, le budget.
«J'ai un bon souvenir sportif de cette année en Pro D2. Certes, on perd les 5 premiers matchs contre les 5 favoris à la montée. C'est là que l'on voit comment la Ligue accueille les nouveaux venus. On a tout fait pour nous faire descendre.» Ce ne sera pas le cas. Gaillac enchaîne les bons résultats. «On a su très vite que l'on était sportivement sauvé. On aurait même pu viser une place en phases finales parmi les cinq premiers. Mais à partir de mars, le groupe s'est mis en roue libre.»

Puis il y eut cette fin de saison chaotique, la DNCG qui retoque le club. Le dépôt de bilan, la relégation en fédérale 3.
«C'est dommage que ça finisse comme cela. Mais je pense que Gaillac est financièrement faite pour la Fédérale 1. Mais c'était une sacrée aventure.»

De bons souvenirs pour Alain Gaillard?
«Oh que oui. J'ai passé de très belles saisons ici. Je me suis régalé à entraîner ce groupe. Il était sain, fait de copains. Le public, sa structure familiale du club me rappelait le bon temps du rugby des années 90. Vraiment de bons moments.»


Publié le 02/08/2018 à 08:12  | La Dépêche du Midi |   J.A.L.

Quand les printemps se coloraient de rouge et noir


Cholestérol party pour les supporters sur le parking du stade, avant l'entrée «à la toulonnaise» et le «Ici, ici, c'est Laborie». L'UAG était partout chez elle. / Photo DDM

Il a été capitaine de l'équipe juniors championne de France en 2002, avec les Bonello, Dupuy, Squassina; ceux qui ont battu Valence en Finale, puis a décroché un autre Bouclier des équipes réserves. Mais Jean-Philippe Delmas accorde une place particulière à l'animation du club des «ultras», de ce noyau qui a accompagné la renaissance de l'UAGR, jusqu'à la finale perdue d'un souffle contre Arcachon, en 2012, à Villeneuve sur Lot. Ils avaient coloré les dimanches de printemps de rouge et noir, fédérant les âges, des petits de l'école de rugby aux parents de joueurs, les Crayssac, Guille, Delmas. Suivaient les vignerons, les copains, une intendance copieuse et une logistique de plus en plus consistante. 


/ Photo DDM

«On faisait même un stand sur le marché du vendredi. On y vendait des tee-shirts et le kit complet, les perruques, le foulard floqué du coq, les drapeaux. Avec la cagnotte, on pouvait acheter des instruments sonores». Grosse caisse, cornes de brume, fumigènes (jusqu'à leur interdiction) : Gaillac gagnait chaque semaine l'avant-match des supporters. Les ultras avaient même fait coudre un «tifo» de 10m sur 8m et imprimer 300 pancartes rouge et noir de format A3. La cohorte, avec ses glaciaires, pique-niquait sur le parking du stade, avec la trilogie macrobiotique «saucisson - camembert - kil de rouge - et faisait aux joueurs un accueil «à la toulonnaise» à leur descente du bus. 

Au coup d'envoi, le «Ici, ici, c'est La-bo-rie», entonné à gorge déployée et dessoiffée, claquait comme une évidence : l'UAG jouait partout à domicile. Au retour, tout le monde se retrouvait à la buvette du stade Laborie pour une nuit sans fin. Dans la voix de Jean-Philippe Delmas, se lit une nostalgie de ces printemps chauds-bouillants, des casse-croûte sur les aires d'autoroute, des convois qui klaxonnaient les victoires, comme les clochers de France celles de la Grande Armée. «Le lundi matin, on n'avait plus de voix». On avait jusqu'au dimanche suivant pour la reposer et la retrouver.


Publié le 02/08/2018 à 08:13  | La Dépêche du Midi |   André Lhopitault

L'UAG aujourd'hui


/ Photo DDM

L'UAG 2018 est-elle à son niveau en Fédérale 2? Les supporters sont assez nombreux à le penser. Se qualifier reste un objectif lucide, monter tutoie l'utopie, car la Fédérale 1 est virtuellement professionnelle. Avec un budget autour de 400 000€, il serait périlleux de rêver. Cette saison, la qualification était autrement difficile, avec 4 élus sur 12 au lieu de 6 sur 10 les années précédentes.

L'UAG est passée tout près, dans une poule sélective où les leaders sont allés jusqu'en finale ou quarts de finale. L'UAG a des Espoirs performants, des juniors Phliponneau battus de peu par le champion de France et finalistes en Pyrénées, des cadets qui ont été performants en «Grand Sud». Les effectifs de l'école de rugby sont moins reluisants (-20%), mais le problème n'est pas spécifique à Gaillac. Le club continue de miser sur la formation : 80% des seniors sont passés par l'école de rugby. Le jeu est plaisant, offensif, dans l'ADN d'un club qui n'a pas de grands gabarits, mais une énergie à revendre, et qui cultive une denrée précieuse : l'amour du maillot rouge-et-noir.


/ Photo DDM, Emilie Cayre


 

Partagez sur les réseaux sociaux

Catégories

Autres publications pouvant vous intéresser :

Commentaires :

Laisser un commentaire
Aucun commentaire n'a été laissé pour le moment... Soyez le premier !
 



Créer un site
Créer un site