Les grandes heures du rugby tarnais -1-

1/2/2019


   Les grandes heures du rugby tarnais -1-  
 

 
14 DÉC 2015 - 15:00  | Midi-Olympique |     D. B.
 
LE TARN, SIX CLUBS AU FIRMAMENT
 

 
C’est difficile à imaginer aujourd’hui mais le Tarn, département enclavé et agricole s’il en est, fut l’un des plus gros pourvoyeurs de clubs à l’élite du rugby français. À son apogée, ce ne sont pas moins de six clubs qui faisaient briller le 81 au firmament du rugby hexagonal.
 
UN PEU D’HISTOIRE
C’est en 1898 que la première structure rugbystique officielle voit le jour dans le département du Tarn. Le Véloce club de Mazamet, qui deviendra le Sporting club mazamétain dès 1905, ouvrait la voie. Entre 1900 et 1914, le 81 connaît une période particulièrement prolifique en termes d’apparition de clubs. Partout autour du département, de petites structures éparses voient donc le jour et se développent petit à petit en organisation plus fonctionnelle. Les Glaïeuls de Gaillac (Stade gaillacois 1901), La Péruvienne de Castres (Stade castrais, 1901), Les Coquelicots d’Albi (Sporting club albigeois, 1906). Le rugby et ses valeurs plaisent en ces terres de travail et de labeur. Le succès de ce jeu ne se démentira plus.
 
Plusieurs facteurs favorisent l’implantation du ballon ovale. L’industrialisation, l’implantation du chemin de fer et la présence de la force militaire. Pour donner une idée du succès que peut rencontrer le rugby au début du siècle, précisons que Castres et Albi, les deux principales villes du département, comptaient chacune cinq clubs (le Stade castrais, l’étoile sportive, le New sport club, le Castres olympique, l’Amicale sportive à Castres ; le Sporting club albigeois, l’étoile sportive albigeoise, le patronage laïque d’Albi, le Tockey club et le club sportif albigeois à Albi).
 
Au fil du XXe siècle donc, le nombre de clubs et de licenciés ne cessera de croître. Comme dans tous les sports, ils connaissent des fortunes diverses : les centenaires de clubs se multiplient (Graulhet, Gaillac…) alors que certains ont eu une vie très courte, comme Salvagnac ou Lautrec !
 
SIX CLUBS AU-DESSUS DE LA MÊLÉE
 

 
Au cœur de ce maelström de clubs, quelques-uns ne vont pas tarder à surnager. Ils sont six Tarnais, dans la deuxième moitié du XXe siècle, à briller au plus haut niveau. Graulhet, Albi, Castres, Gaillac, Mazamet et Carmaux. Carmaux et Castres auront l’immense privilège de soulever le Bouclier de Brennus (En 1950 pour Castres et en 1951 pour Carmaux, puis encore en 1993 pour Castres).
 
Les plus anciens se souviennent avec délectation des exploits des Mazamétains de Lucien Mias (docteur pack !), dont la rivalité avec le « grand » Lourdes est restée dans les annales (finale du championnat de France 1958, notamment). À la fin des années 80, les Tarnais avaient encore le privilège de voir Graulhet, petite bourgade d’à peine plus de 10 000 habitants, affronter en demi-finale du championnat de France le grand Stade toulousain.
 
Las, la professionnalisation du jeu et l’explosion des grandes villes finiront par avoir raison de la petite économie tarnaise. Seul le Castres olympique subsistera au plus haut niveau après 1995, grâce à la puissance financière d’un mécène (Pierre Fabre). Albi, via son Sporting club albigeois, fera encore quelques apparitions sporadiques en Top 16 et en Top 14 mais sans jamais parvenir à s’y installer durablement. Aujourd’hui, le club évolue en Pro D2. Ces deux clubs des villes phares du département sont évidemment les mieux lotis. Gaillac, après un passage en Pro D2 en 2007, navigue entre Fédérale 1 et 3 (en Fédérale 2 aujourd’hui [en compagnie de Mazamet]). Idem pour Lavaur et Graulhet (en Fédérale 1). Le grand Carmaux n’est plus que l’ombre de lui-même et se débat dans les divisions territoriales. Ainsi va la vie ! 

    S.C. Graulhet   
 
Publié le 19/07/2018 à 08:08   | La Dépêche du Midi |  Gérard Durand
 
Quand personne ne venait gagner chez les Graulhétois
 
L'essai et le V de la victoire dans le ciel du stade de Crins. C'était une habitude dans les années 80. / Photo DDM
 
Tous les jeudis, nous vous vous proposons une série consacrée aux clubs qui ont marqué l'histoire du rugby tarnais. Début aujourd'hui, avec le Sporting-club Graulhétois du temps où il faisait trembler les meilleurs clubs français.
 
Entre le début des années 50 et le milieu des années 90, Graulhet a marqué le rugby français de ses capacités à battre toutes les équipes. Et le record d'invincibilité à domicile établi entre novembre 78 et septembre 84 englobe 48 succès de rang face à tous les grands club de France, repartis du stade de Crins en ayant perdu leurs illusions.
 
 
«Les adversaires, quels qu'ils soient, quand ils venaient à Graulhet, faisaient une croix sur la victoire» confirmait André Abadie, légendaire pilier des années 60, le jour du centenaire du Sporting. Il aura joué les demi-finales de 66 et 67 face à Dax et Montauban. Dix ans plus tôt, c'est la bande à René Azémar, qui se faisait éliminer au même stade, par l'intervention d'un point de réglement absurde, la moyenne d'âge.
 
De Pauthe à Revallier
En 86, le Sporting de Guy Laporte, accédait pour la quatrième et dernière fois au dernier carré et se faisait sortir par le Stade Toulousain. Trente ans en haut des classements, des matchs à forte affluence, avec un public qui s'identifiait à son équipe en partageant son esprit rebelle. Des décennies qui auront révélé des joueurs de talent, chacun dans sa génération; des Pauthe, Rouzières, Planès, Vidal, Larrue, Cussac, Saby, Lamazouade, Gasc, Sanz, Revallier pour ne citer que les plus connus, et des dirigeants hors-pairs, comme l'incontournable Marcel Batigne, les serviteurs du club, André Papaïs, André Roumégoux ou Roger Bousquet. «On va gagner! On gagnera!» martelait le patron mégissier à l'adresse de son quinze, avant les rencontres.
 
 
Force est de constater que le rugby produit sur les bords du Dadou n'était pas aussi spectaculaire que celui de Mont de Marsan, de Bayonne ou de Loudres souvent cités en exemple. De grandes chandelles dans le ciel tarnais, quinze guerriers, un buteur, un public qui poussait fort, et le Sporting avait raison de l'ambition des plus belles phalanges. «C'est toute la ville qui était derrière son club» assurait il y a peu un Guy Pauthe, talentueux demi-de-mêlée. Reverra-t-on un jour Toulon, Montferrand, Racing, La Rochelle, Castres ou Toulouse au stade Noël Pélissou ? Il y a malheureusement longtemps que les Graulhétois ne se bercent plus d'illusions.
 
 
Publié le 19/07/2018 à 08:02   | La Dépêche du Midi |  G.D.
 
Marcel Roques a arrêté le rugby après la demi-finale de 57
 
Marcel Roques à droite et l'équipe de la demi-finale de 1957 contre le Racing./ Photo DDM
 
«Ecoeuré!» c'est l'impression qui revient 61 ans après dans les souvenir de Marcel Roques. Il a, juste après la demi-finale de 57 perdue face au Racing, à la «moyenne d'âge», mis un terme, à 23 ans, à une carrière que chacun annonçait prometteuse. L'international juniors, dit encore sa frustration. «C'était contre les Parisiens, et les dés étaient pipés. Je me suis même accroché avec l'arbitre juste après le match». Pour l'ancien mégissier, qui finissait 30 mois d'armée, le rugby a pris ensuite un virage en intégrant l'argent dans les rapports. 
 
«Il n'y avait plus cette camaraderie, cette fraternité qui animait l'équipe au début des années 50. Celles-là même qui nous poussait à battre les grosses équipes, comme en novembre 53 quand nous avions gagné à Pau, 11 à 9. Ou à Toulon quand Vidal manque le drop, je récupère le ballon et je marque l'essai. René Azémar vient me voir et me dit,«maintenant, les Toulonnais vont vouloir notre peau. Mais t'en fais pas, on va pas se dégonfler!» C'était ça Graulhet.».
 
 
Marcel Roques s'en souvient comme si c'était hier, déjà associé à Francis Rouzières dans une 3e ligne qu'allait intégrer André Rivals pour la légendaire 3 R. «Francis c'était le pourvoyeur de balles en touche, André, le joueur de ballons et moi, Camille Bonnet -entraîneur emblématique de l'époque retiré à Valence et qui aura 100 ans en ce mois d'août-, m'avait confié les missions de démolisseur. Il fallait empêcher l'ouvreur de jouer. Je défendais sur lui à l'extérieur sur les deux-trois première attaques. Quand il pensait logiquement prendre l'intérieur, je modifiais ma course. Ca marchait!».
 
A 85 ans, Marcel Roques avoue s'être quasiment coupé du rugby. «Je me suis quand même régalé en regardant les moins de 20 ans il y a quelques semaines à la télé. Mais ce sport aujourd'hui est trop formaté et les joueurs stéréotypés». Dans sa maison de Labessière-Candeil, pas de ballons, pas de maillots, pas de trophée qui rappelle la brève mais fulgurante carrière. Quatre ou cinq photos. Pas plus. «En fait, je suis venu au rugby avec les Planès, Séverac, Pauthe, Pauziès ou Cazelles, par défaut. A Graulhet, à l'époque il n'y avait que ça». Les temps ont bien changé.
 
 
Publié le 19/07/2018 à 08:02   | La Dépêche du Midi |   G.D.
 
Pierre Bardou se souvient d'un Graulhet-Béziers en 79
 
Pierre Bardou chez lui au milieu de ses archives. / Photo DDM
 
Qui d'autre que Pierre Bardou et son savoir encyclopédique sur les belles années du Sporting, est à même, de mémoire, de se remémorer les victoires les plus éclatantes, les défaites les plus décevantes, les scores, les compositions d'équipes et les anecdotes qui vont avec. Bercé jeune dans la poussette rouge et noire de son dirigeant de père, il a assisté dans sa cinquième année à la demi-finale perdue face à Montauban en 67. Il n'en a logiquement gardé aucune image. Ce qu'il se souvient c'est du dernier match d'André Abadie trois saisons plus tard contre Romans à Carcassonne. 
 
Titulaire de la carte d'abonnement en tribune, depuis sa jeunesse, il a assisté à des centaines de matchs. Certains gravés dans sa mémoire. «Le meilleur, c'est la victoire fabuleuse contre le grand Béziers au stade de Crins en 79. Peu d'équipes l'ont fait. Graulhet savait les jouer, avec un Francis Bellot meneur d'hommes hors-pair». 
 

 
En feuilletant les archives, il tient a revenir sur deux autres succès qui ont marqué les décennies. «D'abord la victoire en 1/16e contre Agen à Lourdes le 7 avril 73. Les Agenais avaient fini premiers à l'issue de la phase de qualification et Graulhet dernier. Les Graulhétois ont été héroïques, à treize et demi contre quinze, car à cette époque il n'y avait pas de remplaçants. Guy Laporte avait été l'homme du match». 
 
Et un second souvenir marquant. «En avril 86, à Aurillac, Graulhet a battu Clermont-Ferrand pourtant archi-favori. Le pack en particulier, avait drôlement perturbé la machine auvergnate». Selon Pierre Bardou les qualités des rouges et noirs résidaient dans la vaillance, le courage et la ténacité. Et celle des supporters, dans la fidélité. «Il n'était pas rare de voir cent personnes assister aux entraînements avant une rencontre importante». Reste un grand regret. «Celui de ne pas avoir vu Graulhet champion de France».
 
 
Publié le 19/07/2018 à 08:03   | La Dépêche du Midi |  
 
Aujourd'hui sur le fil du Rasoir...
 
Les demi-finalistes 67 au stadium de Toulouse. / Photo DDM
 
Depuis plus de 15 ans, le Sporting est arrivé à se maintenir dans l'élite du rugby d'appellation amateur. Certaines saisons, les dernières en particulier, son maintien n'a tenu qu'à quelques rétrogradations d'autres clubs, ou réforme du championnat. Depuis quatre ans, le club est sur le fil du rasoir, n'arrivant pas à se sortir des fins fonds du classement et jouant sa survie sur un match. 
 
La victoire à Rodez qui a conclu le parcours 2017-2018 en est le plus récent exemple. Plus préoccupant encore ; à l'heure où le club aurait besoin d'unité et d'implication pour envisager son avenir avec un minimum de sérénité, en coulisses, quelques querelles intestines ont poussé à la démission David Gau, le président depuis six saisons et son secrétaire, Jean Luc Cathalau. 
 
Une situation difficile à maîtriser, malgré l'arrivée aux affaires sportives d'un Guy Laporte qui se veut rassembleur. L'assemblée générale extraordinaire du 26 juillet prochain devra élire un nouveau président et organiser des bureaux et sections en besoin de stabilité à quelques semaines de la reprise du championnat. Sous peine, si ce n'était pas le cas, de voir le Sporting basculer définitivement vers les néants rugbystiques.
 
Marcel Batigne président du SCG (1954-1971), de la FFR (1966-1968) et de la FIRA / Photo DDM

Partagez sur les réseaux sociaux

Catégories

Autres publications pouvant vous intéresser :

Commentaires :

Laisser un commentaire
Aucun commentaire n'a été laissé pour le moment... Soyez le premier !
 



Créer un site
Créer un site