Inondations : Déluge meurtrier

16/10/2018


Publié le 16/10/2018 à 07:06   | La Dépêche du Midi |  Philippe Rioux

L'édito du jour : Solidarité d'abord


Après la crue, la solidarité est de mise pour nettoyer les dégâts et apporter de l'électricité avec des groupes électrogènes./ Photo DDM, MaxPPP

Des pluies torrentielles, des maisons inondées, des voitures emportées comme des fétus de paille par des rivières en furie qui charrient tout, détruisent habitations, routes et ponts, laissant un paysage de désolation, des populations sinistrées, meurtries, et parfois endeuillées. Ce n'est pas la première fois que l'Aude est ainsi frappée par des pluies diluviennes ; et chacun garde en mémoire les inondations de 1999. Mais hier, ces intempéries violentes qui se sont abattues sur ce département d'Occitanie, ont franchi un cap historique. Jamais depuis 1891 on n'avait, en effet, vu un tel déluge.


Au lendemain des inondations, les dégâts apparaissent au grand jour à Villegailhenc. / Photo DDM Rémi Buhagiar

Face au bilan humain terrible, qui pourrait s'alourdir encore dans les heures qui viennent, c'est bien sûr toute notre solidarité qui doit s'exprimer envers les populations affectées. Solidarité des habitants de la région mais aussi solidarité nationale. Face à un tel drame, il était bien normal que le Premier ministre Edouard Philippe – qui est aussi encore quelques heures celui de l'Intérieur – effectue hier un déplacement dans l'Aude pour réconforter nos concitoyens et les assurer du soutien sans failles de l'Etat.

À cette solidarité il convient d'ajouter la gratitude que chaque citoyen doit avoir envers les secours qui se sont rapidement et efficacement mobilisés. Pompiers, gendarmes, militaires, secouristes, hôpitaux ont été comme toujours en première ligne avec courage et efficacité pour aider les populations et appuyer les élus locaux. Cette solidarité, cette gratitude vont perdurer pendant les jours qui viennent, le temps de panser les plaies, de faire le deuil des disparus. Viendra ensuite le temps de l'analyse, des questions et peut-être des polémiques.


Des pompiers de toute la région sont venus en renfort de leurs collègues de l'Aude. Ici un équipage des Hautes-Pyrénées se prépare./ Photo DDM Sophie Loncan

Car cet épisode cévenol historique interroge sur l'évolution du climat et notre façon d'y faire face. Plus que la fréquence, c'est l'intensité de ces intempéries qui questionne. Des intempéries qui sont l'une des conséquences d'un réchauffement climatique désormais difficilement contestable. Face à de tels phénomènes, il convient de mieux se préparer, d'imaginer des politiques publiques plus ambitieuses, des solutions nouvelles en termes d'urbanisme, de constructions, d'aménagement et d'adaptation du territoire, d'alerte des populations. Ces réflexions sont souvent déjà en cours et communes, départements, régions, ont déjà mené nombre d'actions avec le soutien de l'État. Le drame de l'Aude nous oblige à redoubler d'efforts, à aller plus loin pour s'adapter à cette nouvelle donne climatique.


Publié le 16/10/2018 à 08:26  | La Dépêche du Midi |  Philippe Rioux

L’Aude meurtrie par les inondations qui ont fait 11 morts et 2 disparus


L'Orbiel et le Fresquel en furie emportent tout / Photo DDM

Plusieurs villages proches de Carcassonne dans l'Aude ont été victimes d'inondations hier matin. Le bilan fait état d'au moins onze morts.

Les images sont terribles : des rivières qui débordent, des rues et des maisons sous l'eau, un pont arraché, des voitures prisonnières des flots… Hier, le département de l'Aude a vécu une journée de cauchemar. Les fortes pluies qui se sont abattues dans la nuit de dimanche à lundi sur le secteur de Carcassonne ont entraîné une crue sans précédent depuis 1891.
Selon la préfecture de l'Aude, le bilan humain est élevé. Cet épisode cévenol a fait au moins 11 victimes, huit blessés et deux personnes sont portée disparue.


La puissance du torrent a tout emporté sur son passage, des voitures à l'asphalte, en passant par le pont principal de Villegailhenc./ Photos DDM AF

Au petit matin, les habitants de plusieurs villages situés au nord et à l'est de Carcassonne, ont été surpris par la brusque montée des eaux. «ça s'est passé à une vitesse incroyable, en une demi-heure» témoigne un habitant de Villegailhenc qui s'est réfugié à l'étage de sa maison. Face à lui, dans la rue, un véritable torrent : «C'était une vraie furie, on voyait passer de tout…» En quelques heures, il est tombé l'équivalent de trois mois de précipitations sur ce secteur. Trèbes, village déjà meurtri par l'attentat islamiste du Super U en mars dernier, est la commune la plus touchée avec six victimes. Deux autres personnes sont décédées à Villegailhenc, une à Vilallier, une à Villardonnel et un corps a aussi été découvert à Carcassonne. Un homme est porté disparu à Puicheric.


Aude : « Des inondations bien plus terribles qu’en 99 » / Photo France 3 LR

Les fortes pluies ont également des conséquences sur la circulation : les transports scolaires sont suspendus, le trafic ferroviaire stoppé entre Castelnaudary et Narbonne. Tous les établissements scolaires ont été fermés et le resteront aujourd'hui mardi. Le village de Pezens a lui, été évacué à titre préventif. Les habitants ont passé la nuit dans des gymnases. Hier soir, à 19 heures, 3 300 foyers étaient encore privés d'électricité.

Dans l'après-midi, le Premier ministre Édouard Philippe, accompagné de François de Rugy ministre en charge de la Transition écologique, s'est rendu auprès des sinistrés. Le président Emmanuel Macron doit lui aussi venir dans l'Aude «dès que possible».
Ce dramatique épisode rappelle un douloureux précédent : en 1999, des inondations avaient déjà frappé l'Aude et fait 35 victimes.


Publié le 16/10/2018 à 08:27  | La Dépêche du Midi |  Pauline Brassart, et correspondants locaux

Le Tarn sous les eaux


/ Photo DDM

Dans la nuit de dimanche à lundi, des pluies torrentielles sont tombées sur le Tarn, placé en vigilance orange, où de nombreux cours d'eau ont débordé provoquant des coupures de routes. Néanmoins le Tarn ne compte aucune victime, mais quelques dégâts matériels.

Hier matin, le Tarn s'est réveillé sous l'eau. Bien que moins touché que l'Aude où les intempéries ont provoqué au moins 11 morts (lire dans notre premier cahier), le Tarn a subi de fortes pluies depuis dimanche soir, notamment au sud du département où de nombreux cours d'eau ont débordé entraînant de nombreuses coupures de routes. Dès 8h30, la préfecture du Tarn a activé son centre opérationnel pour coordonner les opérations liées à ces intempéries, mobilisant gendarmerie, pompiers, police nationale, Météo France Tarn et le Conseil départemental. 


/ Photo DDM

La ville de Castres, elle, a activé peu après sa procédure info-crue, qui permet de mettre en pré-alerte les habitants inscrits sur les registres «au vu des risques de débordements des cours d'eau suivants : Durenque, Lézert, Rosé et Thoré ». Toujours à Castres, la route menant à l'hôpital a été coupée jusque vers 10 heures, le temps pour les pompiers de pomper l'eau stagnante. Aux alentours, la départementale 622 reliant Soual à Revel a été coupée dans la commune de Lempaut où des maisons ont commencé à être sérieusement inondées. Sur la départementale 612 (vallée du Thoré) certains passages ont été recouverts de terre et submergés d'eau, notamment du côté de Saint-Amans-Soult où la circulation y était très dangereuse.

De même que dans le quartier de Négrin situé sur le flanc nord de la Montagne Noire à Mazamet et sur la route reliant le hameau de Saint-Alby (commune d'Aiguefonde) à Payrin. Et si peu avant midi, la situation tendait à se calmer, de fortes pluies ont continué s'abattre dans la vallée du Thoré, la rivière quittant parfois largement son lit, en atteignant à midi, son niveau maximum.


La route de Payrin est coupée, dans le sud du Tarn. / © Miryam Brisse / France 3 Tarn

À Soual, le Sant et le Sor sont aussi sortis de leur lit. À la Méjane, un véhicule s'est retrouvé quasiment recouvert par les eaux. La Place du Mail, actuellement en travaux, était également absorbée par les eaux boueuses du Sant et du Sor, tout comme quelques champs aux alentours du village.

À 16 heures, si la pluie se faisait plus rare, les conditions de circulation restaient difficiles sur le réseau routier avec des axes coupés comme la RD 50 (entre Viviers-lès-Montagnes et Verdalle), la RD 12 (entre Dourgne et Arfons), la RD 47 (entre Castres et Carbes) et la RD 148 et RD 622, au niveau de Soual. La route entre Mazamet et Saint-Amans (RD 53), envahie par des coulées de boue, a également dû être coupée, le temps pour les services techniques des deux communes de la nettoyer.

Au total, plus d'une trentaine de personnes ont été mises en sécurité par les services d'incendie et de secours du Tarn qui sont intervenus plus de 230 fois. Hier soir, malgré des pluies encore dispersées, le Tarn était placé en vigilance jaune orages, inondation, pluie-inondation.


/ Photo DDM

Golf de La Barouge : le bâtiment s'effondre
Dans la nuit de dimanche à lundi, des pluies diluviennes sont tombées sur Mazamet et sa région. Et hier matin, le parcours pour se rendre au Golf de La Barouge était pour le moins apocalyptique. Le Thoré dont le débit était au plus bas ces derniers jours a gonflé en une nuit et est sorti de son lit du côté de Rigautou. La route qui menait au golf vers Payrin a également été coupée par le débordement des fossés. L'Arn, dont le confluent avec le Thoré se situe juste en face du golf, était à son niveau le plus haut, obligeant les dirigeants de l'établissement à fermer leurs portes. Mais dans ce secteur, les dégâts ont surtout été causés par les torrents provenant des collines.

Ainsi, un glissement de terrain s'est produit au-dessus des bâtiments du Golf de La Barouge et a entraîné l'affaissement d'un bâtiment annexe. Ce bâtiment contenait principalement des voiturettes et du matériel servant au golf. Au premier étage, les studios aménagés sous forme de gîtes, étaient heureusement vides. «C'est le jardinier qui est arrivé ce matin qui a découvert la catastrophe. Fort heureusement, la moitié du bâtiment a été emportée, ça aurait pu être encore plus grave… Et on ne compte aucune victime», 

 



Publié le 15/10/2018 à 07:41  | La Dépêche du Midi |  A.M et R.B

Intempéries dans l'Aude : comment expliquer une telle catastrophe ?


D'importants dégâts sont à déplorer dans le département de l'Aude./Photo AFP

Les pluies se sont concentrées de la Montagne noire à Perpignan. Un phénomène d’une grande ampleur qui a provoqué les importantes inondations qui se déroulent actuellement sur cette zone. « Plus de 250 mm en moins de dix heures se sont abattus sur la Montagne noire, cette pluie est venue se concentrer dans les petits ruisseaux puis les cours d’eau. Dans cette zone à fort relief, où il y a donc beaucoup de pentes, cela a favorisé les phénomènes de ruissellement des pluies », détaille François Duquesne, directeur de Vigicrues Occitanie.

À titre de comparaison 250 mm de pluies en moins de dix heures sont l’équivalent de 250 litres par m2, et lorsque l’on prend une douche, on consomme environ 20 litres d’eau. L’Aude a pour caractéristique d’avoir une grosse densité de cours d’eau qui se croisent. S’ils se remplissent en même temps, cela peut donc engendrer d’importants dégâts.


/ Photo France 3 LR

Une crue jamais observée depuis le XIXe siècle
Assez logiquement, ces importantes concentrations d’eau sont venues augmenter les débits des cours d’eau. « Deux d’entre eux ont réagi violemment, l’Orbiel et le Fresquel qui sont en amont de Trèbes », ajoute le spécialiste de la surveillance des cours d’eau. Par conséquent, le débit de l’Aude a lui aussi fortement augmenté. « Nous avons atteint un niveau de crues à Trèbes que nous n’avions pas connu depuis le XIXe siècle », précise le président de Vigicrues.

Plus techniquement, le phénomène survenu cette nuit dans l’Aude s’apparente aux épisodes Cévenol. Des dépressions issues des anciennes tempêtes, Leslie et Michael, créent des flux de sud. Ces vents en Méditerranée, poussent un air chaud très humide qui, quand il arrive sur nos territoires plus froids, crée de très fortes précipitations. Ce sont les phénomènes méditerranéens que l’on rencontre chaque année. Ils surviennent souvent en automne.


Publié le 15/10/2018 à 17:29 | Midi Libre |

Ouest Hérault : le point sur les intempéries dans le Biterrois


A Agel la Cesse déborde / Photo Midi Libre

Du Minervois jusqu'au Biterrois, la situation est compliqué sur le front des inondations. Le point en direct.
A Saint-Pons-de-Thomières, il est tombé 152 mm de pluie lors des dernières 24 heures. Conséquences, la côte d'alerte du Jaur est largement dépassée. De mémoire de Saint-Ponais, c'est la première fois qu'elle est aussi haute. Les rues basses du village sont sous les eaux.

A la mi-journée, le Jaur a commencé sa décrue. Le centre de secours a lancé une opération de pompage à l'hôpital pour de pas que l'eau ne perturbe son fonctionnement. Par ailleurs, le centre réceptionne les véhicules du SDIS qui seront amenés à intervenir sur le secteur. Une soixantaine de pompiers sont concernés.


A Saint-Pons-de-Thomières, il est tombé 152 mm de pluie lors des dernières 24 heures / Photo Midi Libre

A Vendres, la plage et l'embouchure de l'Aude ont souffert.
La route de La Salvetat est fermée. Et le village de Riols et le hameau de Brassac n'ont plus d'électricité depuis dimanche.

Un lotissement évacué à Olonzac
A Olonzac, dans le Minervois, les fortes pluies enregistrées ces dernières heures ont fait gonfler l'Ognon. En milieu de matinée, le cours d'eau est finalement sorti de son lit. Conséquence directe : plusieurs maisons du lotissement La Pommeraie, situé en bordure de la D910, ont été inondées.


Un énorme trou route du Soulié à La Salvetat (SDIS34) 

Coincés dans les arbres à Saint-Etienne-d'Albagnan
A Saint-Etienne d'Albagnan, plusieurs personnes ont été obligées de grimper dans des arbres pour échapper à la montée des eaux. L'accès aux lieux étant rendus très difficiles même pour les pompiers, il a été décidé d'envoyer un hélicoptère pour les hélitreuiller.

Le Minervois sérieusement touché
La commune de Cruzy est sérieusement touchée par les intempéries, ce lundi matin. La Nazoure est montée subitement, menaçant plusieurs habitations. Dix habitants ont été mis en sécurité.


Publié le 16/10/2018 à 06:28  | Midi Libre |  Nicoals Zarrouk

Episode cévenol ou Méditerranéen : de quoi parle-t-on vraiment ?


Trois mois de pluie en quelques heures et un bilan très lourd / Photo Midi Libre, AFP

Que s'est-il passé dans le ciel audois et héraultais ce dimanche 14 et lundi 15 octobre ? Roland Mazurie, de Météo France, explique le violent phénomène météo qui a causé la mort d'au moins treize personnes. 
Le terme tourne en boucle sur toutes les chaînes d'information en continu depuis ce lundi 15 octobre au matin. L'Aude a été frappée par un épisode Méditerranéen d'ampleur qui a causé de gros dégâts et plus d'une dizaine de morts sur les communes de Trèbes, Villardonnel, Villegailhenc et  Villalier. Mais en quoi consiste exactement ce phénomène météorologique ? 


Formation des orages cévenols / Midi Libre

Dépression bloquée sur les reliefs
"Le phénomène Méditerranéen consiste en une dépression qui se forme dans le nord de l'Espagne ou sur les Baléares et qui, poussée par les vents marins de sud-est, vient se bloquer sur les reliefs du sud de la France", détaille Roland Mazurie, de Météo France. Pour être qualifié de Méditerranéen, il faut que le phénomène se caractérise par de violents orages et de fortes précipitations. Ce week-end, c'est la queue de comète de la tempête Leslie qui a été poussée vers les Pyrénées-Orientales puis l'Aude, et qui s'est figée sur les reliefs des Corbières et de la Montagne Noire. 

"On parle d'épisode Méditerranéen, mais on devrait plutôt parler d'épisode de fortes précipitations. C'est la violence de l'événement, qui tranche avec les traditionnelles pluies d'automne, qui est importante." 


Les eaux montent à Sallèles d'Aude / Photo Midi Libre

Épisode méditerranéen ou cévenol ?
Le terme d'épisode cévenol est aussi régulièrement employé dans les médias, la plupart du temps à tort, comme l'explique le météorologue : "en réalité, un épisode cévenol n'est rien d'autre qu'un épisode Méditerranéen qui se fige sur les reliefs des Cévennes et impacte le nord du Gard, une partie de l'Hérault et/ou le sud de l'Ardèche. Mais sur un plan météorologique, le phénomène est identique".


Alerte rouge maintenue pour l'Aude en raison des crues des cours d'eau / Photo Midi Libre

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