Lavaur : cathédrale Saint-Alain

12/8/2018

Publié le 10/08/2018 à 09:29  | La Dépêche du Midi |  Dossier Richard Bornia

La cathédrale Saint-Alain, un monument de toute beauté


La cathédrale Saint-Alain / Photo DDM

La cathédrale Saint-Alain est un monument phare de la cité vauréenne. Une partie reste inconnue du grand public. La Dépêche a pu visiter les coulisses.

Après la croisade des Albigeois, particulièrement sanglante à Lavaur, dans un contexte de reprise en main de la population par le clergé, la construction d'une église neuve devenait une nécessité. Construit entre 1255 et 1300, édifiée en briques, le monument en impose par ses mensurations : 41 m de longueur, 13 de largeur et 23 de hauteur.

Les spécialistes l'affirment : l'édifice présente les caractéristiques du premier gothique tolosano-albigeois. «Saint-Alain de Lavaur constitue une étape décisive dans la définition d'un modèle qui culminera avec la construction de la cathédrale Sainte-Cécile d'Albi entre 1285 et 1480», précise Michel Guipouy, adjoint au maire à la culture et au patrimoine. Cet homme peut vous parler des heures durant de l'histoire de la cathédrale : «C'est le pape Jean XXII qui fait passer la ville, en 1317, au rang d'évêché».


Lavaur et sa cathédrale, vue depuis la voie romaine./ photo DDM R.Sch

Promotion décisive
Au XVe siècle, les évêques de Lavaur établissent le palais épiscopal, contre le flanc nord de l'église. L'histoire de la cathédrale se résume alors à une longue série d'embellissements, tendant à donner lumière et décor à l'austère nef.

Fin du XVe, on construit une travée supplémentaire à l'ouest, un puissant clocher-tour et un porche monumental. On installe un exceptionnel buffet-d'orgue et on poursuit l'établissement de chapelles. L'édifice prend alors la silhouette que nous lui connaissons aujourd'hui.

Son architecture majestueuse abrite des merveilles. Les magnifiques décors peints, la table d'autel romane, le buffet d'orgue polychrome en bois sculpté et le célèbre Jacquemart font de la cathédrale un site incontournable pour les amateurs d'art. Les décors ont été peints entre 1843 et 1847 par les frères Céroni, artistes italiens.


Les Jardins de l'Évêché situés derrière la cathédrale et surplombant les rives de l'Agout / Photo DDM

5 ans de restauration
Commencée en 2013, la restauration a duré 5 ans : «au-delà de son objet religieux, ces travaux présentent un intérêt majeur pour le développement du tourisme et de l'activité économique», note Michel Guipouy. Et les touristes affluent : 120 à 150 personnes visitent quotidiennement Saint Alain. Tout là-haut, le célèbre Jacquemart se sent de moins en moins seul.

Le chiffre : 2 millions > euros.C'est le montant de la restauration entreprise depuis 5 ans.

Un film en cours de réalisation
«Lavaur la vie rythmée par Saint Alain» : Anne-Marie Granié-Fontorbes, sociologue, et Jean-Pascal Fontorbes, auteur réalisateur, tournent actuellement un film sur la cathédrale. «La cathédrale gothique imposante vit au rythme du Jacquemart, qui lui-même rythme le temps quotidien des Vauréens toute l'année. Notre intention est de faire vivre ce monument dans une démarche d'anthropomorphisme en faisant du Jacquemart un personnage clé du film qui nous raconte sa propre histoire, expliquent-ils. «Il s'agit de donner vie à la matière : la brique, la pierre, le bois, le verre, par des effets de lumière et par des effets sonores.»


/ Photo DDM

Gaia, 10 ans : «C'est beau pour être ancien»
La famille Landais habite Genève, en Suisse. De passage dans le Tarn, maman, papa et leurs trois enfants ont fait le détour pour visiter la cathédrale de Lavaur : «je ne me doutais pas qu'elle était aussi grande, aussi majestueuse. C'est impressionnant», commente Sylvie, la mère. Gaïa, la fille de 10 ans est tout aussi enthousiaste : «C'est très joli. C'est beau pour être ancien.»


Publié le 10/08/2018 à 07:57  | La Dépêche du Midi |  R. B.

En vadrouille dans les coulisses


La charpente du clocher./ Photo DDM, Manon Pellieux

L'entrée est interdite au public. Et pour cause... «En 1930, un orage a causé de graves désordres à l'escalier en colimaçon», explique Michel Guipouy. Ce dernier, adjoint au maire à la culture, nous a servi de guide pour explorer les hauteurs, là où personne, hormis le campaniste et les pigeons, ne s'aventure. Première station... l'orgue impressionnant, avec une vue plongeante sur l'intérieur. Continuons à grimper pour atteindre une coursive où la vue sur la cité et l'Agout est d'une beauté saisissante. 

Quelques marches encore et l'on contemple la magnifique charpente en bois. Grâce à une échelle de meunier, en se glissant dans un petit orifice, on tombe nez à nez avec le célèbre Jacquemart. Est-ce une légende ? Toujours est-il qu'il se raconte que les catholiques, à la suite d'une bataille, auraient enfermé un individu, du nom de Jacques Marc, dans Saint Alain et l'auraient condamné à sonner les heures, nuit et jour.


L'extraordinaire grand orgue de la cathédrale, signé du grand facteur Aristide Cavaillé-Coll / Photo DDM

Lassé de faire tinter les cloches, le prisonnier qui avait quelques notions de mécanique, aurait inventé un automate pour faire le boulot à sa place. En juin 2018, l'automate a été repeint en bleu et blanc. L'œuvre d'un supporter du CO ? Trêve de suppositions, après être passé sous les 7 cloches, il reste l'ascension finale jusqu'au toit. L'adjoint à la culture refuse poliment. «C'est trop dangereux.» Tout en haut, au centre, trône un paratonnerre. On peut être dans un lieu de culte et craindre la foudre venue du ciel. Ces lieux seront-ils ouverts un jour au public ? «Il faudrait engager de gros travaux de sécurisation. Pour l'instant ce n'est pas d'actualité», précise Michel Guipouy.


Ce circuit de visite propose de remonter le temps et d'entrer au cœur de l'histoire vauréenne. / Photo DDM


Publié le 04/03/2018 à 09:01 
| La Dépêche du Midi |  Richard Bornia

Il travaille tout en haut de nos clochers


Jean Delorière près du Jacquemart de la cathédrale Saint-Alain à Lavaur./ Photo DDM, RB.

ll vous dira qu'il peut être charpentier, parfois restaurateur, souvent électromécanicien ou horloger et qu'il touche à la mécanique. Jean Delorière est campaniste. Un métier complexe, artisanal et culturel, non seulement méconnu, mais aussi rare.

Il installe et répare les mécanismes des cloches des églises, leurs horloges, leurs charpentes. Pour ce Vauréen de 58 ans, cloches et clochers n'ont plus de secrets… ou presque. «J'avais un CAP d'électromécanicien en poche. Nous étions au début des années 80 avec son premier million de chômeurs. J'étais destiné à être ouvrier d'usine, j'ai choisi d'envoyer mon CV à une entreprise d'électrification de cloches», se souvient-il. Pourquoi ? Un indice : tout petit, à Pont-l'Évêque, de son lit au clocher, il y avait moins de 100 mètres. Son enfance fut donc bercée par le tintement des heures, le carillon, le glas pour les enterrements ou la volée lors des mariages. 


/ Photo FB, Tarn-Agout Tourisme

Embauché, il devient officiellement électrificateur de cloches. Une appellation qui ne sonnait pas bien. En 2005, les professionnels décideront judicieusement de s'appeler campaniste : «clochard, ça ne le faisait pas», dit-il, le sourire aux lèvres. Muté à Toulouse, Jean fondera en 2006 «Angelus», son entreprise. Le travail ne manque pas. Qu'elles croient au ciel ou qu'elles n'y croient pas, les municipalités aiment leurs clochers. «Ils font partie du patrimoine multiséculaire qui doit être bichonné». Dans son portefeuille d'affaires, Jean compte environ 250 contrats de maintenance en Midi-Pyrénées. Condition sine qua non pour exercer le métier : ne pas être sujet au vertige. «Je travaille généralement entre 15 et 50 mètres de haut».

De la modeste église d'Arfons à la majestueuse cathédrale Saint-Alain à Lavaur, les clochers sont victimes de squatters qui salissent et détériorent les ouvrages. «Les pigeons prolifèrent et causent de nombreux dégâts». Alors, Jean les entoure de grillages, les nettoie. Selon la légende, le jeudi précédant Pâques, les cloches partent à Rome… On ne les imagine pas recouvertes de fiente ! Passent les jours, passent les semaines, Jean Delorière grimpe aux clochers : «La vue de tout là-haut est toujours fabuleuse». Si l'on ajoute, en redescendant, les petits restos souvent nichés à proximité, l'autre péché mignon de notre campaniste, on comprend mieux sa sérénité et sa joie de vivre. «C'est un métier d'avenir. Un jour, je transmettrai mon savoir-faire».


La restauration intérieure des décors peints de la cathédrale Saint Alain / Photo  DDM M.Audureau

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