Occitanie : Sécheresse, la nature tire la langue

5/11/2017

Publié le 05/11/2017 à 08:20  | La Dépêche du Midi | 

Un Octobre à sec !


/ Photo DDM
Ce mois d'octobre 2017 restera dans les annales de Météo-France comme un mois particulièrement sec, avec seulement 12 litres d'eau par mètre carré en plaine toulousaine, soit un déficit de 80 % qui place ce mois d'octobre au quatrième rang des mois d'octobre les plus secs depuis le début des observations (le record de sécheresse est de 8 litres par mètre carré en 1957).

Il est tombé à peine plus sur les Pyrénées et leurs abords, avec 21 litres à Saint-Gaudens et 23 litres à Luchon, soit un déficit de 70 % pour le Comminges et le Luchonnais. Associé à ce temps sec et anticyclonique, l'ensoleillement atteint un niveau très élevé, avec 197 heures de soleil, soit un bonus de 52 heures par rapport à la normale. 

Quant aux températures, elles sont supérieures de 1,5 degré aux valeurs habituelles d'octobre, avec une moyenne de 11,5°C pour les minimales et de 21,6°C pour les maximales. Ce cru 2017 entre dans le top 10 des mois d'octobre les plus chauds, assez loin cependant des années 2001 et 2014 qui avaient dépassé la normale de 3 degrés. 

Phénomène remarquable et comparable à 2014, les températures les plus élevées ont été observées très tard dans le mois. Ainsi, le 26 octobre il a fait 29°C à Saint-Gaudens et 28,2°C à Toulouse au cœur de l'après-midi ! C'est la première fois que l'on dépasse les 28°C en plaine toulousaine aussi tard dans la saison.


Publié le 31/10/2017 à 07:47  | La Dépêche du Midi |   Gilles-R. Souillés

Sécheresse : la nature tire la langue


En octobre, il n'est tombé que 12 litres d'eau par mètre dans la plaine C'est le 5e mois d'octobre le plus sec de l'histoire./ DDM, Thierry Bordas

Ça devient une habitude. Après un été plutôt sec, nos cours d'eau connaissent un étiage sévère. Les terres se dessèchent et nos réserves sont dans le rouge. Inquiétant.

Des cèpes aux abonnés absents, des châtaignes qui ne font pas le poids… les délices de saison ne sont pas au rendez-vous, cette année. Et pour cause. Ce début d'automne très ensoleillé, après un été déjà sec, a transformé la terre en béton, asséché nos rivières et réduit massivement le niveau les nappes phréatiques. Et si les orages de la fin du mois d'août nous ont donné un peu de sursis, à court terme, le problème de nos réserves en eau devient un casse-tête. 

Jusqu'à présent, c‘était l'agriculture et ses soucis d'irrigation qui était en première ligne, mais aujourd'hui la question de l'approvisionnement en eau… au robinet est sur la table des experts. Ce n'est plus un scénario de science-fiction pour des métropoles comme Toulouse. Car aux facteurs météo et climatique, qui ne permettent plus aux réserves hydriques de se reconstituer d'une année sur l'autre, s'ajoute aussi l'arrivée, chaque année de 15 000 nouveaux habitants dans l'agglomération, qui sont autant de consommateurs. 


Record de chgaleur le 26 octobre en Hte-Garonne / DDM illustration X. de Fenoyl

«La situation que nous connaissons est la répétition générale des prochaines décennies», a mis en garde le préfet Pascal Mailhos lors du neuvième comité de vigilance eau qui s'est réuni récemment. Certes, l'approvisionnement en eau potable n'est pas encore menacé, mais les autorités conviennent que les voyants sont au rouge et qu'il est temps de trouver des solutions pour mieux gérer nos réserves. Pour le météorologue Pascal Boureau, il est même «urgent de réfléchir pour augmenter les ressources».

Déjà, les agriculteurs et l'industrie, de loin les plus gros consommateurs d'eau, habitués aux restrictions préfectorales, ont été contraints de s'adapter. «En Haute-Garonne, nous sommes passés de 40 000 hectares de maïs, une culture gourmande en arrosage, il y a six ans à 23 000 aujourd'hui. Ce qui témoigne d'une réelle prise de conscience», explique Yves Schenfeigel, directeur départemental des territoires. Les agriculteurs sont incités parallèlement à développer la culture du soja et à développer des méthodes de travail qui permettent de limiter les apports en eau. 


Stocker l'eau en période de précipitations pour pouvoir l'utiliser en saison sèche. /  Photo DDM archives, Sébastien Lapeyrère

Mais la seule «gestion» des stocks n'est plus suffisante quand ces stocks diminuent. Et les projections des experts climatiques vont nous obliger à avoir de l'imagination. Selon les projections les plus fiables, les sécheresses observées vont être de plus en plus précoces, intenses et longues dans les années à venir, comme l'a rappelé Georges Méric, le président du conseil départemental. Même au pied des vertes Pyrénées, la question de l'eau pourrait bien être celle du siècle qui commence.

Le chiffre : 12 litres > Eau. C'est par mètre, le niveau de précipitation qui a été enregistré au mois d'octobre dans la plaine toulousaine. Un chiffre très inférieur aux normales saisonnières qui fait de ce mois le cinquième plus sec de l'histoire.

« La situation que nous connaissons pour le manque d'eau est la répétition générale des prochaines décennies ».
Pasca Mailhos, préfet de la région Occtanie et de Haute-Garonne



Publié le 05/11/2017 à 07:18  | La Dépêche du Midi |   Philippe Rioux 

L'Occitanie à l'épreuve du réchauffement climatique


A Toulouse, la Garonne à sec. / Photo DDM, Thierry Bordas.

+1,5 degré par rapport aux normales «(Il) restera dans les annales de Météo France comme un mois particulièrement sec, avec seulement 12 litres d'eau par mètre carré en plaine toulousaine, soit un déficit de 80 % qui place ce mois d'octobre au quatrième rang des mois d'octobre les plus secs depuis le début des observations (le record de sécheresse est de 8 litres par mètre carré en 1957). Il est tombé à peine plus sur les Pyrénées et leurs abords, avec 21 litres à Saint-Gaudens et 23 litres à Luchon, soit un déficit de 70 % pour le Comminges et le Luchonnais», explique Pascal Boureau de Météo France à Toulouse.


«Associé à ce temps sec et anticyclonique, l'ensoleillement atteint un niveau très élevé, avec 197 heures de soleil, soit un bonus de 52 heures par rapport à la normale», poursuit le spécialiste. «Quant aux températures, elles sont supérieures de 1,5 degré aux valeurs habituelles d'octobre, avec une moyenne de 11,5 °C pour les minimales et de 21,6 °C pour les maximales. Ces températures permettent à ce cru 2017 d'entrer dans le top 10 des mois d'octobre les plus chauds, assez loin cependant des années 2001 et 2014 qui avaient dépassé la normale de 3 degrés. Phénomène remarquable et comparable à 2014, les températures les plus élevées ont été observées très tard dans le mois. Ainsi, le 26 octobre il a fait 29 °C à Saint-Gaudens et 28,2 °C à Toulouse au cœur de l'après-midi ! C'est la première fois que l'on dépasse les 28 °C en plaine toulousaine aussi tard dans la saison.»


Un déficit pluviométrique inquiétant./ Photo DDM

Ces températures très élevées, dont la hausse s'inscrit dans la durée impactent tout un pan de l'agroéconomie à commencer par la viticulture. La production mondiale de vin a chuté de 8,2 % en 2017, à 246,7 millions d'hectolitres (Mhl), au plus bas depuis plus de 50 ans, selon une estimation annoncée au début du mois par l'Organisation internationale du vin (OIV). «En Occitanie, 2017 sera l'une des plus basses récoltes depuis fort longtemps», explique Philippe Bourrier, président du CIVR (Conseil Interprofessionnel des Vins du Roussillon), qui pointe tout à la fois les périodes de sécheresse mais aussi celles de gels.

La fin des glaciers dans 50 ans ?
Les effets du réchauffement s'observent aussi sur la fonte des glaciers. «Dans 50 ans les Pyrénées n'auront plus de glacier», estimait d'ailleurs l'an dernier dans La Dépêche le glaciologie Pierre René, à l'origine de l'association Moraine, étudie les glaciers des Pyrénées françaises depuis 2001. Depuis 2013, le Parc national des Pyrénées travaille d'ailleurs sur le changement climatique. «En 50 ans, c'est-à-dire depuis 1967, date de la création du Parc, 80 % du principal glacier des Pyrénées françaises ont disparu» ; nous confiait en août Éric Boyer, du Parc national.


Dans le Gers, les restrictions pour les prélèvements d'eau en vigueur jusqu'à fin novembre / Photo DDM

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