Lombers (81) : Vente directe à la ferme Cassar
Publié le 27/08/2017 à 08:48 | La Dépêche du Midi | Florian Adam
En famille, la ferme Cassar pense l'élevage différemment
Les trois frères, Jean-François (avec le tablier rouge), Bruno (à droite) et Pierre (absent sur la photo) se répartissent les tâches à la ferme./ Photo DDM, Émilie Cayre
Arrivé à la ferme Cassar, après Lombers, une fresque géante accueille les visiteurs. Jean-François, l'aîné de l'entreprise familiale, est entouré de ses vaches et ses cochons, le groin barré d'un large sourire presque goguenard. Pour cause, dans un contexte difficile pour les paysans et les éleveurs, l'entreprise se porte bien. La raison ? Chez les Cassar, à l'exception de l'abattage, tout est fait à la ferme : en vente directe et biologique.
Assis derrière son bureau, lunettes fixées sur le nez, Jean-François retrace méthodiquement son parcours : «Je me suis installé en 1976 sur 30 hectares, avec 14 vaches et trois cochons», s'amuse-t-il. Ses trois frères et son épouse se sont chacun leur tour associés au projet. En 1992, ils se sont «attaqués» à la vente directe. «Les professionnels nous prenaient pour des soixante-huitards, lâche-t-il. Je pense qu'on était précurseur d'une très bonne idée.» Depuis, les regards ont changé, ils accueillent des stagiaires désireux d'apprendre. «Le but est de contenter notre clientèle, surtout locale, en leur apportant un produit naturel et à un prix raisonnable», conclut-il dans un discours commercial rodé. Car c'est aussi une question de survie.
Un cadre champêtre et buccolique / Photo FB, Ferme Cassar
«Le produit n'a plus de valeur. Aujourd'hui, on vit de notre exploitation. Ce n'est pas le cas de tout le monde. Je vais vous dire, interpelle l'aîné de la fratrie. Je n'ai jamais voulu travailler avec les grandes surfaces. Elles tuent un peu le métier. C'est aussi la faute des agriculteurs. La profession n'a pas toujours fait les bons choix, même au niveau de la formation.» Lui a appris la vente sur le tas. Les Cassar vendent leurs produits directement à la ferme, au marché couvert d'Albi, dans des drives fermiers, à la Ruche ; livrent à Toulouse, dans le Sud-Est deux fois par mois, mais aussi à Paris deux fois par an, en plus des marchés.
La santé de l'entreprise est presque insolente. Aujourd'hui, les 14 vaches sont devenues 400 bovins Aubracs ; les trois cochons, 80 de la naissance à l'engraissement. Maintenant, une exploitation de 250 hectares, dont 100 sont consacrés à l'agriculture, pour un total de 12 salariés. «Les gens voient une grosse exploitation, mais il faut considérer que l'on gère toutes les étapes de la production», prévient Jean-François Cassar.
/ Photo FB, Ferme Cassar
«On ne ferait pas marche arrière»
En 2010, l'étape «importante mais difficile à cette échelle» a été de «passer la ferme en bio» : les cultures et les bovins. Les cochons, eux, n'ont pas encore le fameux label.
C'est Pierre, le cadet, qui s'occupe plus particulièrement de l'exploitation. Au milieu d'un champ de maïs, il explique : «On fait le double des 35 heures, mais c'est beaucoup plus enrichissant en bio. Maintenant qu'on a le pied à l'étrier, on ne referait pas marche arrière. Le plus dur, c'est de se lancer et d'apprendre des méthodes différentes de production.» «Regardez, il est bien plein jusqu'au bout», se réjouit-il en ouvrant un épi. Dans le champ voisin, il passe entre les rangs de soja, observe. En arrachant une mauvaise herbe, «la méthode bio», il confesse : «Quand je vois, des récoltes comme ça, je suis content. Des fois c'est moins joli, mais on a jamais de grosse catastrophe. On n'est pas en monoculture.»
Bruno, le benjamin, se charge plus de la partie administrative et clientèle. Il y passe «un mi-temps à faire que ça». «Une charge qu'on ne s'imagine pas au début», fait-il remarquer. Il garde, tout de même, un pied dans l'exploitation. Accompagné de son jeune fils, Thomas, il nous entraîne dans un pâturage où des génisses broutent de la chicorée et du plantain. Les bêtes sont nourries dix mois de l'année en plein air et deux mois d'hiver avec différentes céréales.
Portes ouvertes à la ferme / Photo FB, Ferme Cassar
Dans la porcherie, un client discute avec Bruno
Les consommateurs «veulent de la transparence, et manger différemment», assure Bruno. Une affirmation vite confirmée. Après son passage à la boucherie, Ghislain, accompagné de sa famille, visite la porcherie. Sa fille hésite à rentrer pour voir des porcelets téter des truies impressionnantes. «C'est une Parisienne», plaisante-t-il. Un dialogue s'installe avec Bruno.
Des Yvelines, ils reviennent souvent dans la maison familiale de Cadalen, près de Gaillac. Travaillant dans une banque, il se souvient que sa grand-mère se levait de table pour faire vêler la vache, l'air de rien. «Je veux montrer à mes enfants d'où vient la nourriture», dit-il découvrant lui-même la ferme. Les hommes regrettent que les gens aillent au centre commercial, alors que «l'on peut se nourrir aux 10 kilomètres alentours». «Je prends du plaisir sur le marché à expliquer qu'ils peuvent venir», relève Bruno. «Et, connaître le producteur», intervient Ghislain. La discussion se conclut sur une franche poignée de main, et la promesse de revenir.
Sur les marchés de producteurs / Photo FB, Ferme Cassar
Plus loin, près de la boucherie de la ferme, alors que les artisans travaillent la viande, Jean-François évoque l'avenir. Il partira bientôt à la retraite, tout comme Pierre. Son fils Gilles s'est déjà engagé dans le projet familial, il y a une dizaine d'années. Thomas, lui, rentre seulement au collège, il ne sait pas encore s'il veut suivre les traces de son père, Bruno.
«Il faut y penser, songe Jean-François. Plutôt que de s'agrandir, faire rentrer de nouveaux associés... On aimerait bien transmettre à des jeunes.»
Magasin à la ferme ouvert du lundi au samedi de 8h à 12h et de 14h à 18h. / Photo FB, Ferme Cassar Partagez sur les réseaux sociaux
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