Avril : Gelées tardives dévastatrices

26/4/2017

Publié le 25/04/2017 à 08:14   | La Dépêche du Midi |  
 
Les vignes et les fruitiers n'ont pas résisté à trois nuits de gel


En Ariège, Sabine Lopez constate les dégâts du gel. L'intérieur des fruits est marron./ photo DDM

Les trois nuits de gel de la fin de la semaine dernière (jusqu'à -5, 5°) ont été fatales aux vergers du Mirapicien et de l'Aude voisine. Mais aussi au vignoble audois, cadurcien et toulousain. Les dégâts ne cessent d'être réévalués à la hausse.

«Avec un peu de chance, nous allons sauver entre 2 et 3 % de la production. Il reste les dernières fleurs sur les arbres. Si elles sont pollinisées et que le temps est beau…».
Aux vergers du Bedou, le constat est sans appel. Comme aux vergers de Gailladé à Mirepoix, ou chez leurs voisins audois. Les différentes exploitations ont certainement perdu 100 % de leur future récolte.



Conques (11) : Au domaine de Cazaban, hier matin entre 6 h et 7 h : malgré les chaufferettes, la lutte est dérisoire contre le gel. / Photo DDM

Les pommiers et poiriers n'ont pas résisté aux trois nuits de gel de la semaine passée. Avec ce beau temps, la nature a 15 jours d'avance. Du coup, le fruit était noué et formé. Il n'a pas supporté le gel. «Nous avons été ravagés dès la première nuit. Seuls les boutons ont survécu. Avec la chaleur de la journée, ils ont éclos et ont été détruits la seconde nuit», explique Pascale Verdier, au Bedou. «Ce sont les nuits de mercredi et jeudi qui ont été fatales», ajoute Sabine Lopez, des vergers de Gailladé.


Fronton (31) : le gros coup de gel brûle la moitié du vignoble. Chez Joliet, Jérôme Sioriano a perdu plus de la moitié de sa production gelée en trois jours / Photo DDM, Michel Viala

La double peine
Il existe bien des méthodes de lutte contre le gel. Mais elle coûte cher et le Mirapicien est une zone hors gel. Une véritable catastrophe pour ces domaines arboricoles d'autant qu'il n'existe pas d'assurance contre le gel. «Nous n'avons pas de quoi tenir un an», souligne Pascale Verdier. D'autant qu'il est impossible de laisser les vergers à l'abandon.

«Après un gel, les arbres font beaucoup de bois, il y a donc un gros chantier de taille l'année d'après. Les heures sont multipliées par deux. C'est la double peine», renchérit Sabine Lopez.Au domaine du Bedou, hier, on se posait clairement des questions sur l'avenir de l'exploitation. «Nous avons une activité de céréales à côté, nous pourrons donc absorber les dettes, mais cela va être compliqué», avoue Sabine Lopez.


L'épisode de gel a ruiné 40 % de ses vignes : À Caillac (46), Pierre Pradel espère encore sauver une partie de sa vigne./Photo DDM, M.F.

Le vignoble durement touché
Les bourgeons tombent comme des fruits trop mûrs. Et, bien sûr, ceux des vignes ne sont pas épargnés. La semaine dernière déjà, les viticulteurs audois alertaient sur les conséquences des températures négatives qui ont touché la zone de l'ouest du Carcassonnais au littoral, en passant par le Minervois et les Corbières mais aussi le Val de Dagne, le Limouxin, ou encore le secteur de La Palme. 

Les premières estimations font état de 20 000 hectares touchés. Idem dans l'Hérault où la vigne avait trois semaines d'avance, notamment dans la région de Pézenas et dans le Minervois. Ce paysage de vignes totalement grillées, on le retrouve aussi dans le Frontonnais où la vague de froid a pulvérisé près de la moitié du vignoble dont certaines parcelles sont touchées à près de 90 %.


Ventenac-Cabardès (11) : Les viticulteurs constatant les dégâts sur un chardonnay de la famille Curbières. / Photo DDM

Et hier, le bilan pesait lourd sur le vignoble de Cahors. Pierre Pradel, propriétaire du domaine Lo Domeni à Caillac, fait partie de ces vignerons qui n'ont pu que constater l'étendue des dégâts. «Une grosse partie de la récolte est en péril, et je ne suis pas le seul. Je sais que du côté du clos Troteligotte, ils ont aussi souffert. Pierre Pradel évalue à 40 % la proportion de ceps brûlés par le gel, et donc potentiellement perdus. «Il y a peut-être une possibilité de nouveaux bourgeons, mais les raisins seront quand même très petits» confie le viticulteur, qui verrait sa marge disparaître si son estimation des dégâts était confirmée.

Après les dernières années marquées par la sécheresse et les maladies, 2017 se présente une fois de plus comme très compliquée pour les viticulteurs et les arboriculteurs.


Lot & Garonne : Les gelées matinales font mal aux pruniers. Les vergers sont entre fleurs et jeunes fruits, la période la plus sensible./ Photo Morad Cherchari

Phénomène rare
Les nuits du mercredi 19 au jeudi 20 et du jeudi 20 au vendredi 21 avril ont été les plus froides, avec des températures avoisinant les -2° dans le Lot qui n'avait plus connu une telle chute du thermomètre un 21 avril depuis 26 ans (-1,9° en 1991). Mais tous les vignerons et arboriculteurs se souviennent de 1991 comme une année froide et désastreuse pour la vigne. Mais cette année, on est descendu à -5,5° par endroits. Des températures qui ont littéralement grillé la nature bourgeonnante !


Vergers du Domaine de Fontorbe : Sur Lavaur (81) et ses environs, une épaisse fumée noire a masqué le ciel bleu azur. /Photo DDM. RB.

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