Décès de Pierre Tchernia, géant de la télé
Publié le 09/10/2016 à 07:05 | La Dépêche du Midi | P.M.
Pierre Tchernia, adieu M.Cinéma !
En 2008, à la cérémonie des César. Il en avait présenté les premières éditions./ Photo DDM
Avec la mort de Pierre Tchernia, survenue dans la nuit de vendredi à samedi et annoncée hier par son fils, c'est comme un gros téléviseur sans télécommande qui s'éteint, indéfiniment branché sur Antenne 2. Pour deux générations de téléspectateurs, «Monsieur Cinéma», Pierre Tcherniakowski pour l'état-civil, avait fait rentrer le grand écran dans le petit. Son érudition et sa bonne humeur lui ont aussi valu de participer jusqu'en 2006 aux «Enfants de la télé».
La télévision, il l'avait vu naître et il y a fait toute sa carrière. Il en était un des derniers pionniers. Né à Paris le 21 janvier 1928 dans une famille d'immigrés ukrainiens, Pierre Tchernia avait participé, à l'ORTF, à la création du premier journal télévisé en 1949 qu'il avait ensuite quitté en 1955 pour devenir animateur d'émissions de variétés (»La clé des champs», «La boîte à sel»).
De 1966 à 1988, il s'était imposé comme la référence cinématographique de la télévision, avec une série d'émissions dans lesquelles il se distingue en imposant sa culture et son goût pour le septième art, de «Monsieur Cinéma» à «Jeudi cinéma» et «Mardi cinéma», alternant extraits, interviews et jeux accessibles à tous.
Pierre Tchernia en 1970. / Photo Le Dauphiné, AFP
Une grande voix off
Sa passion du cinéma l'a naturellement amené derrière la caméra. Pierre Tchernia laisse une filmographie à son image, bon enfant, comique sans vulgarité. Il a mis en scène cinq œuvres de Marcel Aymé, son auteur fétiche dont les nouvelles glissaient du fantastique dans le quotidien. Tchernia signe «Le Passe-muraille» et «Héloïse» pour la télévision, et réalise «le Viager», «Bonjour l'angoisse» ainsi que quelques dessins animés pour le cinéma. Le cinéma français est sa tasse de thé, il présentera les premières éditions de la cérémonie des César.
«Son physique tout en rondeur cachait en réalité un metteur en scène lucide, comme dans son film «Le Viager» où il mettait en évidence les spéculations sur la mort», a indiqué Gilles Jacob, ancien président du festival de Cannes (retraité en Tarn-et-Garonne).
Outre ses talents de passeur, tous les hommages retiendront sa haute silhouette, qui servit même de modèle à plus d'un légionnaire des albums d'Astérix le Gaulois. Mais c'est un autre talent qui lui valut de participer à de nombreux films et dessins animés, même sans être au générique : sa voix off, chaude et souriante, pour longtemps gravée dans nos mémoires.
Pierre Tchernia homme de télé et de cinéma / Universal Photo - Sipa
Nous l'avons tant «aymé»
Pierre Tchernia n'était pas seulement le présentateur érudit du cinéma à la télévision, il a lui aussi réalisé plusieurs films. Le plus vu est certainement «Le viager» (1972), d'après un roman de Marcel Aymé, dans lequel un célibataire (Michel Serrault) qui a vendu sa propriété à Saint-Tropez s'avère increvable ! «Le viager» est régulièrement rediffusé avec sa pléiade d'acteurs, Rosy Varte, Claude Brasseur. Pierre Tchernia a réalisé une dizaine de films des années 60 à 80, notamment «Les Gaspards» (73) et «Le passe-Muraille» (77), toujours avec son complice et acteur fétiche Michel Serrault.
Pierre Tchernia,l'un des derniers géants du petit écran / Photo DDM, AFP © Vanina Lucchesi
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