Sites UNESCO d'Occitanie : Le Canal du Midi

28/8/2016

  Sites UNESCO d'Occitanie (4/6) : Le Canal du Midi  

Publié le 05/08/2016 à 08:43  | La Dépêche du Midi |  Pierre Challier

Canal du Midi, le projet fou de Riquet et Louis XIV

L'écluse ronde d'Agde./ Photo DDM, S.V.

Une prouesse technique mais aussi une œuvre d'art : entre autres critères, c'est ce qui a valu au canal du Midi d'être classé au patrimoine mondial par l'Unesco, il y a 20 ans. Une richesse architecturale et culturelle sur laquelle veille Valérie Pons, pour Voies navigables de France.

Trois dates : 1666, 1996, 2016... Et une année de célébrations, donc, pour le canal du Midi. Il y a 350 ans ? Louis XIV portait sur les fonts baptismaux le projet fou de Pierre-Paul Riquet d'effacer le détroit de Gibraltar en évitant aux bateaux français l'onéreux et dangereux contournement maritime de l'Espagne. Le 7 octobre 1666, il signait l'édit royal ordonnant la «construction du Canal de communication entre les Mers Océane et Méditerranée». Et Corneille pouvait flagorner en vers... «France, ton grand roi parle et ces rochers se fendent (...) Tout cède, et l'eau qui suit les passages ouverts/Le fait voir tout puissant sur la terre et les mers».


Le Bassin de Saint-Férréol, stockant es eaux de la Montagne Noire, est devenu un haut lieu du tourisme régional / Photo DDM

Ce faisant, creusé de 1667 à 1694 entre Toulouse et l'étang de Thau, le canal du Midi et son réseau furent d'emblée considérés comme un chef d'œuvre par les contemporains. «Utile, solide et beau : c'est l'ouvrage industriel qui résume le règne de Louis XIV et au-delà du commerce des marchandises, l'honnête commerce des hommes entre eux que visait à établir cette voie d'eau rapide, confortable et sûre, comparée aux routes de l'époque», analyse aujourd'hui Jacques Noisette, responsable de la communication de Voies navigables de France Sud-Ouest.

Aux murs de ce bâtiment jouxtant le canal dans Toulouse et dépositaire de trois siècles et demi de mémoire : des bustes, des gravures, des cartes et des plans du XVIIe siècle vous rappelent alors que le mot «génie» n'a jamais été galvaudé concernant Riquet...


Le Seuil de Naurouze marque la ligne de partage des eaux / Photo DDM, Gladys

«Depuis l'Antiquité, tout le monde avait rêvé de relier l'océan à la Méditerranée... Riquet, lui, l'a fait, car il a eu l'ingéniosité d'alimenter son canal en captant l'eau à 70 km de son tracé pour la faire dévaler, grâce à la Rigole de la Montagne Noire, vers le Seuil de Naurouze alimentant aujourd'hui encore les deux versants, atlantique et méditerranéen de l'ouvrage. Et ce «génie créateur humain» fait partie des critères qu'a retenus l'Unesco, lorsqu'elle a classé le canal au titre des biens culturels, il y a tout juste 20 ans», ajoute Valérie Pons... Chargée de mission “Patrimoine” chez qui la fierté et la passion s'allient immédiatement dès qu'il s'agit de pointer la vraie dimension du monument dont VNF a la responsabilité et qu'aucune carte postale ne saurait montrer. Au propre comme au figuré.


L'écluse de Pexiora (Aude), havre de verdure avec ses magnifiques saules pleureurs / Photo DDM

«Plus grand site classé de France»
«Aujourd'hui, avec ses 360 km au patrimoine mondial, c'est le plus grand site classé de France et même le seul bien historique Français, devant Versailles, à pouvoir se targuer de réunir sur son nom quatre des six critères culturels listés par l'Unesco», souligne-t-elle.

Sa «valeur universelle exceptionnelle (VUE)», aux yeux de l'Institution ? En effet, ce n'est pas seulement d'être «une des réalisations les plus extraordinaires du génie civil de l'ère moderne». C'est aussi «d'être un témoignage des progrès qui ont ouvert la voie à la Révolution industrielle et d'une construction qui a toujours conjugué innovation technique et grand souci esthétique sur le plan de l'architecture et des paysages», résume Valérie Pons. Comme l'attestent entre autres, les écluses de Fonsérannes ou le lac de Saint-Férréol...


Balade en péniche possible sur le Canal du Midi./ Photo DDM, V. L.

Singularité que VNF a défendu dès le début, «puisque c'est François Bordry, notre président à l'époque, qui, s'étant pris d'amour pour le canal porta ce projet de classement à l'Unesco», rappelle-t-elle. Classement qui en 2016 comme en 1996, n'est pas synonyme de momification. «L'intégrité et l'authenticité font partie des VUE retenues par l'Unesco pour le canal mais la modernité que lui a voulu Riquet aussi : dès Vauban, le canal a été modernisé. Et si nous sommes classés à l'Unesco, c'est parce que l'aspect vivant se perpétue aussi», poursuit Valérie Pons.

40% de fréquentation en plus depuis 1996, grâce au label Unesco dont est garant l'état français, «le classement a révélé le côté patrimonial chez nous également, puisque nous avons depuis intégré des méthodes de travaux respectueuses et protectrices de l'ouvrage et que nous assurons désormais une formation culturelle des équipes permettant d'apprendre à regarder l'objet avant d'intervenir» Mais au-delà, pas question d'être un musée : «Au seuil de Naurouze, l'écluse de l'Océan que nous venons de mettre en place est l'écluse visionnaire de demain».


Le port de plaisance sur le canal du Midi à Castelnaudary / Photo DDM

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