Route du Sud 2016 : Quintana, bien sûr !

20/6/2016

Étape St-Gaudens - Couraduque
(4ème étape - Samedi)

Publié le 19/06/2016 à 08:22   | La Dépêche du Midi |  Patrick Louis

Les Toulousains à la neige !


Quintana en leader à Couraduque / Photo DDM

Il n'y a qu'à se balader et compter les voitures immatriculées «31» au pied des pistes pour le vérifier chaque hiver. Les Toulousains adorent le ski. Même ceux qui ont épousé le rude sacerdoce de champion cycliste ne manquent jamais une occasion de s'ébrouer dans les flocons. C'est sans doute la raison pour laquelle, Blel Kadri, Quentin Pacher et Loïc Chetout, bien renseignés sur la météo, ont assuré à l'avant cette incroyable montée du Tourmalet singulièrement refroidie par la neige de juin. Éviter les rigueurs de la mauvaise saison, c'était une des raisons pour laquelle Francis Auriac et son équipe avaient quitté dès 1987 l'inquiétant mois de mars pour les derniers jours du printemps.


Bascule en haut du Tourmalet sous la neige fondue / Photo FB Route du Sud, © Henri Jean

«Être devant au Tourmalet, c'est quelque chose…»
La course a vécu hier un véritable retour en arrière. «Je n'aime pas spécialement ça, avoue Quentin Pacher, mais on n'a pas le choix ! J'ai un peu l'habitude pour avoir eu pas mal d'étapes de la Ronde de l'Isard avec un temps exécrable… On avait prévu de s'intégrer dans une échappée comme celle-là avec une quinzaine de coureurs, et en haut du Tourmalet, on n'était plus que cinq. J'ai enfilé mes gants néoprène, mon K-way Gore-tex et j'ai fait la descente à fond. Ensuite j'ai eu un petit passage à vide, peut-être que je ne m'étais pas assez bien alimenté… On aurait voulu aller jusqu'au pied du dernier col, mais ensuite, on n'aurait pas pu espérer grand-chose».


Passage à Pierrefite-Nestalas / Photo FB Route du Sud, © Henri Jean

Malgré ce ciel énervé, l'attaquant de l'équipe marseillaise s'est régalé. «Être devant au Tourmalet, c'est quelque chose quand même ! Et puis, je n'ai pas tout perdu puisqu'ils m'ont donné le prix de l'amabilité !» Avec lui, comme souvent, l'autre barbu de la Ville rose (heureusement que l'un porte un maillot rouge et l'autre un maillot bleu, on les confondrait sans arrêt !), Loïc Chetout. Lui, a pris le temps de s'arrêter pour s'habiller chaudement au sommet du col mythique et a vu revenir le groupe des leaders. Avec eux, Blel Kadri épaulait Quentin Jauregui parti verrouiller son maillot à pois. En redescendant vers Aucun, le vainqueur de Gérardmer sur le Tour 2014 était le rescapé le plus souriant de cette journée à la montagne. «Ça fait vraiment plaisir d'être devant dans une course comme celle-là. On a été au maximum pour que ça aille au bout, avec un temps pareil, ça aurait pu le faire… A la fin on a accéléré avec François Bidard, mais avec Quintana et ses Movistar…»

Le meilleur régional après cette étape reine, c'est l'Ariégeois Yoann Barbas, 25e au général à 10'45'' de Quintana. Son équipier Stéphane Poulhiès va retrouver aujourd'hui un décor plus adapté à ses «grosses» cuisses.


Publié le 19/06/2016 à 08:21    | La Dépêche du Midi |  Patrick Louis

Quintana est ravi, son Soler brille sous la pluie


A 22 ans, Marc Soler radieux au moment de s'imposer. / Photos DDM, Thierry Bordas

Le froid et la pluie enveloppent la course depuis le Tourmalet. À tous les étages, les coureurs progressent les traits tirés, les yeux rougis, les lèvres glacées. Seuls les Movistar semblent échapper aux morsures de l'«hiver indien». Les meilleurs en terminent avec cette épouvantable journée par l'inédite ascension de Couraduque pas loin des Spandelles où Quintana avait dessiné son chef-d'œuvre… caniculaire de 2012. Son petit frère Dayer vient de se ranger, mission accomplie. Joaquin Rojas l'imite un peu plus haut. Alors Marc Soler, dernier soldat aux côtés de Nairo prend la barre sans ralentir. Parti accompagner l'échappée matinale, il est toujours fringant pour emmener son leader. On pense à cet instant qu'il va à son tour ranger les outils et laisser Quintana passer seul la dernière couche. Erreur. À deux kilomètres de la station, le vainqueur du dernier Tour de l'Avenir (cinq ans après son chef de file) passe à l'attaque au moment où Carthy (Caja Rural), manches courtes et sang chaud, commence à gigoter. Quintana ne bouge pas, fait l'effort quand le Britannique tente de revenir, et se transforme en équipier cinq étoiles.


Tout avait bien commencé sous le soleil  / Photo FB Route du Sud, © Henri Jean

Edet et Voeckler se sont accrochés
Le jeune Catalan ne se retourne plus, il va chercher son premier succès de l'année, son premier depuis l'épreuve réservée aux espoirs qu'il avait enlevée sans gagner la moindre d'étape. Quintana (après avoir pris soin de gérer l'écart sur un Soler devenu presque menaçant !) assure le doublé d'une équipe intouchable cette semaine sur les routes sudistes et Carthy se contente de la troisième place, à l'arrivée et au général. Derrière ce trio majeur, les deux Français Nicolas Edet (Cofidis) et Thomas Voeckler (Direct Energie) complètent un Top 5 très présentable, un autre Tricolore, Stéphane Rossetto (Cofidis), figurant dans les 10 (9e).


Voeckler à Couraduque / Photo FB Route du Sud, © Maxime Lafage

Maillot corail et maillot vert (celui-là, il devrait le rendre à Arnaud Démare en Astarac cet après-midi) pour Quintana, maillot blanc pour Soler, classement par équipes, la bande à «Chente» Garcia Acosta, ne rentrera pas les musettes vides au Pays basque. Une fois de plus, elle a fait le plein sur la «Route du Sud-La Dépêche du Midi» elle ne laisse qu'un trophée en chemin, celui de la Montagne, pas volé du tout par Quentin Jauregui, peut-être en remerciement de sa vaillante collaboration avec Quintana sur la route de Bessières jeudi.


Les Movistar contrôlent la course dans le col de Bordères / Photo FB Route du Sud, © Henri Jean

Quintana : «Une journée parfaite»
«Dois-je attaquer ?» Le longiligne et prometteur de Vilanova i la Geltrù, entre Barcelone et Tarragone, a pris soin de poser la question à Quintana. La réponse a claqué : «Vas-y». «En fait malgré tous ces efforts j'avais gardé de bonnes jambes, explique-t-il, j'ai dû ensuite beaucoup souffrir mais ça donne encore plus de valeur à mon premier succès pro. Il va rester à mon palmarès mais c'est celui de toute une équipe». Quintana revient sur ce final improvisé. «Dans un premier temps, on avait prévu que j'attaque pour aller chercher l'étape mais comme Marc était bien, on a choisi un autre plan. C'est bien que les autres se sentent aussi dans la peau d'un vainqueur, ils travaillent tellement dur pour moi… C'était une journée parfaite». Des journées, il n'y en a plus qu'une, dans le Gers, un peu particulière, avec un circuit de 19,5 kilomètres à parcourir neuf fois. Une vraie répétition pour le championnat de France de dimanche prochain.


Coquard au départ à Saint-Gaudens / Photo FB Route du Sud, © Henri Jean

Coquard, transi, se retire
Vainqueur des deux premières étapes à Bessières et Albi, très bien sur le chrono (5e), Bryan Coquard n'avait pas prévu d'enlever son dossard hier. La preuve, il avait pris place dans la grosse échappée du jour avec Soler et Rojas (Movistar), Bidard, Jauregui et Kadri (AG2r la Mondiale), Chetout et Hardy (Cofidis), Paccher (Delko Marseille), Vaugrenard (FDJ), Breen (Fortuneo), Rybalkin (Gazprom), Aïtor Gonzalez et Aranburu (Euskadi). Mais la température a beaucoup baissé du côté du Tourmalet. Au bas de la descente, le maillot vert était transi, il n'a pas insisté («la descente m'a été fatale je n'arrivais pas à dépasser les 50 km/h»).


Quintana sur le podium à Couraduque / Photo FB Route du Sud, © Henri Jean

«Il a quand même de grosses échéances dans les semaines à venir, explique Hubert Long, le médecin tarnais de Direct Energie, on a préféré l'arrêter, c'était quand même plus sage…»
Pas de cinquième succès d'étape possible donc pour le «Coq» dont le compteur est bloqué à quatre sur l'épreuve. Pour Arnaud Démare qui, lui, est allé au bout de cette terrible journée, une sortie ensoleillée à Clermont-Pouyguillès semble désormais très envisageable. Parmi les dix-sept abandons enregistrés dans la montagne, on note ceux de Marc Sarreau rapide partenaire du Picard et du Britannique McLay de Fortuneo.

Gers - Astarac Arros en Gascogne
(5ème étape - Dimanche)


Publié le 20/06/2016 à 07:43    Patrick Louis

Démare ne pouvait pas repartir les mains vides


Arnaud Démare s'impose devant Yohann Gene./ Photo DDM, Th.B.

Frédéric Moncassin n'a jamais vraiment aimé les bosses. Il s'exprimait nettement mieux en descente. Depuis hier, les coureurs professionnels ont appris qu'il existait, sur les coteaux de Gascogne, pas très loin de Mirande, une taupinière portant le nom de l'ancien maillot jaune. À huit reprises, Sylvain Chavanel, Rémy Di Gregorio, Guillaume Levarlet et Nico Denz ont pu apprécier la chaleur du public et les pourcentages de la route. Les sprinters redoutaient cette «polymultipliée» gersoise, mais finalement la difficulté n'a fait qu'une victime, le Britannique Hugh Carthy qui a lourdement chuté «à cause d'un Direct Energie» a-t-il lâché entre ses lèvres serrées.

Privés de Coquard, congelé la veille du côté de Barèges, les coureurs de Bernaudeau ne sont pas passés inaperçus. D'abord parce que Yoann Gene a réussi un final impeccable, battu seulement par Arnaud Démare, ensuite parce que José-Joaquin Rojas s'en est pris violemment, une fois la ligne franchie, à Lilian Calmejane ! «Je ne sais pas ce qu'il veut, je n'y suis pour rien dans ces histoires» nous dira simplement le Tarnais alors que l'Espagnol disparaissait dans le bus de la Movistar.


Énormément de monde à Clermont-Pouyguillès pour le départ de cette dernière étape  / Photo FB Route du Sud

Calmejane met Rojas en rogne
Un témoin direct de la scène rapporte que Calmejane serait remonté en tête du peloton qui s'approchait de la flamme rouge avant de faire une cassure juste devant Rojas, cassure fatale pour le Murcian (7e) favorisant évidemment Gene, le deuxième sprinter de la maison Bernaudeau.

Pour Démare par contre, pas de cris, pas de coups, pas de voile, son finish a été limpide. Avec trois arrivées au sprint en quatre jours, le brillant vainqueur du dernier Milan-San Remo n'aurait pas trop aimé repartir bredouille. Déjà vainqueur tout près d'ici, à Saint-Michel sur l'édition 2012, il ajoute un deuxième succès sudiste à sa carte de visite (le quatrième de la saison après les étapes de Port Vendres sur la Méditerranéenne, Vendome sur Paris-Nice et la Classicima). Le coureur de la FDJ qui ne sera pas au départ du Tour cette année, en profite pour ramener aussi chez lui un joli maillot vert, celui qu'il portait déjà hier matin Quintana ne pouvant pas se transformer en caméléon, et qui lui appartenait définitivement hier soir.

En fin de course, on a aimé la sortie de Julien Loubet, même si elle n'avait qu'un faible pourcentage de réussite, et on a applaudi la troisième place d'un Stéphane Poulhiès moins déçu qu'à Albi et toujours accompagné par sa petite (grande) famille.


Publié le 20/06/2016 à 07:46    Patrick Louis

Nairo Quintana, l'histoire d'un triomphe annoncé


Le Colombien n'a eu qu'à suivre le mouvement hier après avoir conforté son maillot orange la veille sur les pentes pyrénéennes, dont celles du Tourmalet./Photo DDM, Thierry Bordas

Un bon dimanche à la campagne il n'y a rien de tel pour chasser les idées noires. Mais Nairo Quintana n'en avait pas besoin. Depuis vendredi et le chrono d'Albi, les siennes étaient plutôt orangées. De la couleur du maillot de leader de la «Route du Sud-La Dépêche du Midi», qu'il avait déjà ramené chez lui il y a quatre ans. Analyser son deuxième succès sur l'épreuve, c'est à la fois trop simple et pas assez. Disons qu'il n'y a vraiment pas grand-chose à… dire. À l'exception de son échappée insolite dès le départ de Saint-Pons-de-Thomières, en compagnie de Quentin Jaurégui, roi de la montagne au final, tout s'est déroulé exactement comme nous l'imaginions à la réception de la liste des engagés. Il manquait forcément un ou deux adversaires pour compliquer la route des Movistar, fleurie par avance, mais les scénarios successifs des cinq étapes nous ont permis de traverser la balade sudiste sans la moindre parenthèse ennuyeuse. Jusqu'au dernier sprint gersois détaillé par ailleurs, l'intensité n'est jamais tombée.


Victoire au sprint d'Arnaud Démare (FDJ) à l'issue de cette dernière étape de la Route du Sud 2016 ! / Photo FB RDS - © Maxime Lafage

Deuxième route et cinquième succès 2016
La folle «escapada» tarnaise, les deux coups de becs de Coquard, l'imparable verdict du contre-la-montre, les Toulousains déchaînés sous la neige du Tourmalet, le réveil de Démare, la 40e édition de l'épreuve créée en 1977 par Francis Auriac s'est écrite sur des piliers solides. Et comme le vainqueur ne risque pas d'entacher le palmarès, il n'était pas étonnant de croiser à Clermont-Pouyguillès un Pierre Caubin radieux.

Nairo Quintana n'avait gagné que trois fois cette année. Les Tours de Catalogne et de Romandie plus l'étape de Morgins lors de la semaine en Suisse. Il ajoute deux succès à son compte perso mais on peut retenir aussi la belle impression d'ensemble laissée par la Movistar. Pas seulement une impression puisque le succès de «Kingtana» est complété par l'étape reine et la tunique immaculée de Marc Soler, le Catalan promis à un avenir ensoleillé. L'action permanente des hommes de Chente Garcia-Acosta a interdit jusqu'à l'idée d'un coup fourré sous les casques adverses, chaque «ennemi» étant déjà content de suivre dans les moments clés. Quand on pense qu'un seul (Imanol Etviti) des envoyés spéciaux d'Unzue en Occitanie figure sur la présélection du prochain Tour, ça donne une idée de la profondeur du banc «marine et vert».


Quintana, le vainqueur attendu / Photo FB Route du Sud, © Henri Jean

Pauvre Carthy…
En fait, seul l'Anglais Carthy a osé bouger sur le haut de Couraduque, vite contenu par Quintana en personne. Le pâle leader (nous parlons ici de pigmentation pas de tempérament) des Caja Rural n'a pas été récompensé, une chute dans l'ultime ascension de la côte de Moncassin hier l'a viré du podium. Sa prestation méritait tellement mieux que son anonyme 22e rang final… Sans l'incident à quelques minutes de l'arrivée, l'équipe espagnole, jamais éteinte, aurait placé trois coureurs dans les sept premiers (Pardilla termine 5e, Vilela 6e). Les Français, ils sont trois eux aussi dans le Top 10, Edet (3e) et Voeckler (4e) gagnant un rang, tout comme Rossetto (8e) juste devant son partenaire madrilène Mate et l'espoir russe Nych. Maintenant, place aux championnats nationaux, et puis le Tour sera là. Déjà là… Comme Quintana.


Demare, sprinteur du jour / Photo FB Route du Sud, © Henri Jean
 

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