Montirat (81) : Découverte d'une statue-menhir

25/4/2016

Publié le 18/04/2016 à 07:38  | La Dépêche du Midi | Raphaëlle Chargois

Montirat : 5 000 ans gravés dans la pierre


Yann Roques et Christophe Mendygral, du CAPA, sont impatients d'étudier la fascinante statue-menhir de Montirat./Photo DDM, Marie-Pierre Volle.

Une statue-menhir datant du néolithique final a été retrouvée à Montirat. Une fascinante découverte archéologique, riche de 5 000 ans d'histoire et recélant encore bien des mystères.

C'était une étrange pierre, plantée au bord d'un champ de Montirat, intriguant les rares passants de ce lieu retiré depuis plus de 30 ans. Daniel Loupias, son propriétaire, cultivant dans les années 1980 un terrain jamais travaillé, l'avait levée par hasard, enfouie une trentaine de centimètres sous le sol. De dos, elle ressemblait un peu à une stèle. Un objet ramené d'un ancien cimetière ? En retournant la pierre, lourde d'une soixantaine de kilos, l'agriculteur avait découvert des dessins gravés. Sentant qu'il avait affaire à un objet peu ordinaire, il l'avait donc offert aux regards des promeneurs, afin qu'un jour peut-être quelqu'un puisse lui dire de quoi il s'agissait.

C'est finalement Cédric Arnal, technicien de la fédération de la chasse du Tarn, qui, passant par là, repère la pierre mystérieuse. Se souvenant d'avoir admiré des objets similaires au musée Fenaille, à Rodez, il appelle alors le Centre archéologique des Pays albigeois (CAPA), une association d'archéologues professionnels ou amateurs du Grand Albigeois, dont le but est de développer la connaissance du patrimoine archéologique, d'en dresser l'inventaire et de sensibiliser le grand public. «Je pense qu'il y a une statue-menhir dans un champ à Montirat», hésite le chasseur. Christophe Mendygral, président du CAPA, et Christian Servelle, du service d'archéologie de Midi-Pyrénées, se rendent alors chez Daniel Loupias et identifient effectivement une statue-menhir, dont les motifs correspondent à ce que les archéologues appellent le «modèle rouergat».

Une statue vieille de 5 000 ans
Le Rouergue est en effet riche de ces statues, qu'on retrouve en particulier en Bretagne, en Corse et sur un territoire s'étendant des Causses à la Montagne Noire. Les statues-menhirs sont des vestiges du néolithique final (environ 3 000 avant JC), toujours anthropomorphes et taillées en ronde-bosse : c'est-à-dire qu'elles représentent des figures humaines en relief, de sorte qu'il est possible de tourner autour. Celle découverte par Cédric Arnal présente toutefois des caractéristiques très particulières : «Elle est petite par rapport aux autres statues-menhirs de la région et a été trouvée beaucoup plus au nord-ouest que d'habitude, ce qui laisse à penser soit qu'il y en a peut-être d'autres à découvrir dans le secteur, soit qu'elle a été déplacée», explique Christophe Mendygral.


/ Photo France 3

La statue-menhir découverte à Montirat représente-t-elle un homme ou une femme ? Difficile à dire car elle a été un peu abîmée. On distingue toutefois nettement deux bras, deux mains et une ceinture. Une courbe, qui pourrait faire songer à un collier, induit peut-être l'idée d'une représentation féminine. Mais dès le néolithique, il arrivait que les représentations soient modifiées. Conséquence, peut-être, de leur vocation. «Les dolmens étaient des tombes , on a retrouvé de nombreux artefacts alentour», indique Yann Roques, secrétaire du CAPA et historien. «Mais les statues-menhirs sont toujours retrouvées seules. À quoi servaient-elles ? On ne le sait pas. Elles étaient plantées dans des endroits plutôt en hauteur. Le néolithique, c'est une période de sédentarisation, ce sont les premiers bergers et éleveurs, le fait de planter ces statues est donc significatif , quand on plante on reste sur place. Un premier facteur d'explication serait que les statues-menhirs sont implantées dans des sanctuaires et représentent des dieux. Mais d'autres scientifiques pensent qu'il pourrait s'agir d'un culte des ancêtres, marquant l'appartenance à une tribu», poursuit le jeune historien.

Chargées de mystères, ces très vieilles pierres ont traversé les siècles, christianisées par les papes ou honorées comme symboles de fertilité jusqu'au XIXe siècle. Très intéressante pour le patrimoine archéologique tarnais, la statue-menhir va faire l'objet d'un nettoyage et d'analyses à Montans avant d'être restituée à son propriétaire, Daniel Loupias, qui décidera seul de la garder ou d'en faire don à un musée.

À ce jour, environ 150 statues-menhirs, pour certaines superbement conservées, ont été répertoriées dans le Tarn, l'Aveyron et l'Héraut, où de nombreuses autres merveilles archéologiques sont probablement encore à découvrir.
En cas de découverte ou pour toute information, contacter le Centre archéologique des Pays albigeois (CAPA) via le blog capa-archeo.blogspot.fr ou le Comité départemental d'archéologie du Tarn (CDAT), archeologietarn.fr.


Statue-Menhir de Darnis (Montirat) / Photo http://capa-archeo.blogspot.fr/

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