Le Barrage du Laouzas fête ses 50 ans -1-
Publié le 27/03/2016 à 08:25 | La Dépêche du Midi | C.C.
Le lac du Laouzas, un allègre cinquantenaire
Une vue de la digue en pleine construction en 1964 / Photo DR
Au cœur du Parc Naturel Régional du Haut-Languedoc, sur la commune de Nages, le lac du Laouzas situé à une altitude de 790 m joue un rôle important depuis 1966 dans ce coin des Monts de Lacaune. Henri Mesplou, directeur EDF hydraulique pour le Tarn, dresse un rappel historique. Après guerre 1939-1945, l'eau est le principal moyen utilisé pour produire l'électricité. Ainsi sur un emplacement à la réunion de deux vallées alimentées par deux rivières, la Vèbre et le Viaur, l'état puis EDF après sa nationalisation en 1946 projettent la construction d'un barrage. Les études qui dureront 17 ans, de 1944 à 1961, ne font pas le bonheur des petits paysans ou artisans locaux qui vivent quasiment en autarcie de leur travail ou de leur élevage de bovins et ovins. Il n'a pas été facile de convaincre les habitants qui allaient voir leurs maisons ensevelies et disparaître avec tout ce qui les accompagnait : l'école ou l'église qui rythmaient la vie de chaque village.
Après de longues démarches, la décision fut prise mais se posait une question fondamentale : où allait-on turbiner l'eau stockée ? Finalement le débit sera orienté vers le sud-est, versant méditerranéen. Et la construction commencée en 1961 dura 5 années jusqu'en 1966. Il s'agit d'un barrage voûte atypique de 295 m de longueur sur 50 m de hauteur, conçu par le cabinet d'ingénierie parisien Coyne et Bellier. L'élégance de sa courbe et le galbe de ses parements l'inscrivent harmonieusement dans la vallée de la Vèbre. De là, une galerie souterraine de 15 km de long (plus longue que le tunnel sous le Mont-Blanc !) et de 3 m de diamètre, achemine l'eau stockée dans le réservoir de Laouzas vers le site spectaculaire de Tirecos.
Pendant la construction de la digue (1964) / Photo EDF
A partir de là, la mise sous pression s'effectue dans une conduite forcée de 1,655 km de longueur et 2,10 m de diamètre moyen, accusant un dénivelé de plus de 550 m. L'usine hydroélectrique de Montahut a été implantée en souterrain pour gagner de la hauteur de chute et rationaliser les coûts. Elle est équipée de 2 groupes verticaux animés chacun par une impressionnante roue Pelton dont on peut voir un spécimen, à la retraite, sur le parvis du poste de départ. Conçue dès le départ pour fonctionner en usine de pointe d'une puissance de 100 MW, la centrale EDF de Montahut produit annuellement 250 millions de KW/H, soit l'équivalent de la consommation annuelle d'une ville de plus de 100 000 habitants. 15 techniciens assurent surveillance, contrôle et maintenance 24h/24h.
Lieu touristique
Depuis sa création, le barrage lui-même exerce un attrait touristique de plus en plus important pour l'économie de la région. Un lotissement avec de nombreuses résidences secondaires a été construit, une base de loisirs a été aménagée avec plage et piscine à Rieumontagné. Chaque saison, ce sont 10 000 personnes qui fréquentent le bureau d'information touristique et près de 25 000 qui passent par la base de loisirs liés à l'eau, la nature, la rando, l'équitation et le patrimoine. Et comme il fait bon vivre dans les Monts de Lacaune, c'est la fidélisation d'environ 40 à 50 % de clientèle qui réjouit la directrice Marie-Christine Granier.
Retrouvez tous les détails de la construction dans un ouvrage de Robert Calas, intitulé Laouzas-Fraïssé-Montahut, à paraître fin avril. Robert est un enfant du pays, né dans une ferme qui sera ensevelie par les eaux. Durant ses vacances scolaires, il a travaillé dans les bureaux et dernièrement il a retrouvé et interviewé quelque 22 personnes parmi les 600 salariés qui se sont succédé sur le chantier. Un témoignage à ne pas manquer !
Vue d'ensemble de la digue et de la retenue du Laouzas
5 mois d'animations pour le cinquantenaire du Laouzas
Lundi 21 mars, à l'office de tourisme de Nages-Laouzas, se tenait un point presse pour présenter le programme des animations qui marqueront les 50 ans du barrage durant l'été 2016. Alain Cabrol, maire de Nages et représentant la communauté de communes des Monts de Lacaune, MM. Mesplou et Daubeuf pour EDF, Alain Robert, directeur, et Robert Calas, membre du CRPR (Centre de recherches du patrimoine de Rieumontagné), et Marie-Christine Granier, directrice du comité d'animation touristique, ont tour à tour évoqué leur partenariat et leur volonté de faire de ce cinquantenaire un événement exceptionnel.
Le Laouzas depuis Villelongue
Les animations seront à la fois culturelles, gastronomiques, insolites et sportives. Allez les découvrir sur le site http://lac-du-laouzas.fr mais quatre dates sont à mettre en exergue. La première, c'est le coup d'envoi, le 5 mai, pour le Printemps du Laouzas, journée en place depuis plusieurs années avec animations gratuites en tous genres : cyclo, rando, escalade, kart, tir à l'arc, initiation à l'aviron, massages, visite du musée et restauration avec produits du terroir. La seconde, le 2 juillet avec la finale nationale du rando-challenge pédestre ; la 3e, le 21 juillet sera la journée de l'hydro-électricité autour du Laouzas où Henri Mesplou, directeur, et ses équipes EDF proposeront des activités pédagogiques et ludiques pour dévoiler toutes les facettes de cette belle énergie. Et la 4e, la finale comporte deux jours, les 24 et 25 septembre, avec la traditionnelle fête du chou qui a atteint une renommée plus que régionale, attirant toujours plus de participants.
http://lac-du-laouzas.fr/
Publié le 11/03/2016 à 09:01 | La Dépêche du Midi | André Suc
Le lac, cinquante ans après
Les souvenirs d'ouvriers ou de cadres du chantier sont à retrouver sur les ondes de Radio Lacaune./Photo DDM, A. S.
Depuis la Libération, cette idée couvait. Et puis, fin août 1960, dans sa tournée, le facteur Ismaël (Boyer) passe à la mairie. Il y apprend que le préfet a signé l'arrêté (d'ouverture d'enquête publique). Le soir, pas un des 580 Nageols ne l'ignorait : le lac se fera entre Carlebou et Sauyères. Adieu vallées.
Le 28 mars 1962, le chantier commence par… un pont, sur la Vèbre, en aval de la future digue. Au fil des mois, des ans et des prouesses techniques, il avance. Sur cette terre ingrate, au hameau de Carlebou, c'était pas le Pérou. Et pas davantage au Ressaïre, à Ferrières, Rieumontagné et Goutimpère-le-bas ou à Peyroux. Pourtant, on y vivait, car les gens du pays aussi, forcément, sont rudes. Mais quel crève-cœur de voir son modeste logis démantelé, incendié, dynamité, puis aplani par les bulldozers. Ici, jamais plus rien ne sera comme avant, lorsque, en 1966, le barrage reçoit sa mise en eau définitive.
Les environs de Nages dans les années 50
Une saison aux multiples facettes
Cinquante ans après, nouveau chantier. Mais celui-là est sur un autre registre : les loisirs, le sport, la culture, l'histoire. C'est pourtant avec une grande… énergie que les acteurs de cette fête du cinquantenaire et les associations partenaires préparent cet anniversaire. Cette saison de fête, aux multiples animations, souvent inédites, s'étalera du jeudi 5 mai au dimanche 25 septembre. Le programme déjà ficelé (brochure) se trouve sur le site Internet lac-du-laouzas.fr. De l'information, complétée par un blog interactif où chacun peut trouver les dernières réactions.
Dans l'immédiat, c'est sur les ondes de Radio Lacaune (89.2, 106.2, ou site Internet) que l'on écoutera, chaque dimanche, à 10 heures, des témoignages recueillis par Robert Calas, lui-même ancien employé du chantier. Dès le 13 mars, ce seront les souvenirs de Robert Azaïs, responsable de la fenêtre de Fontfroide (une respiration sur la longue galerie). Suivront les contributions de l'ouvrier mineur Léon Lécuyer, du docteur Géraud de Fozières (médecin du chantier, aujourd'hui disparu), du chauffeur Georges Albert, de François Forment… Ces témoignages d'une heure, mis en forme par Céline Roucayrol et Hélène Verdier, sont à écouter jusqu'au début mai.
http://www.radiolacaune.fr/
Publié le 01/08/2012 à 03:46 | La Dépêche du Midi |
Nages - Autour du barrage : exposition et exploration
Cinquante ans après : le barrage sous toutes ses coutures./ PhotoDDM.
«À Carlebou, c'était pas le Pérou, mais on y vivait heureux malgré tout.» Dès le début de l'année 1962, en aval de Goutimpère (là où sera érigée la digue), premiers coups de pelle : ils enterrent une vie âpre, difficile et attachante à la fois. Avril 1965 : après avoir été incendiées, les maisons du village de Carlebou sont dynamitées. Plus de 20 ans après la première ébauche de projet (1944), une nouvelle ère s'ouvre. Désormais, plus rien ne sera jamais comme avant.
Jusqu'à la fin août [2012 !], avec le concours d'EDF, le Musée de la Vie paysanne de Rieumontagné abrite l'exposition retraçant les cinq années de travaux nécessaires avant la mise en eau définitive du barrage. Les nombreuses photos en noir et blanc (clichés d'entreprise) sont abondées d'une vidéo.
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