Grand Sud et changement climatique
Publié le 25/11/2015 à 07:56 | La Dépêche du Midi | Jean-Pierre Bédéï
COP 21 : défi écologique et de sécurité
Le réchauffement climatique à l'échelle de la planète Terre./Photo DDM, DR.
Plus encore que prévu, la conférence de Paris sur le climat qui s'ouvre lundi à Paris constituera un événement suivi sur les cinq continents. Elle affiche une double ambition : sceller un accord international contre le réchauffement de la planète mais aussi montrer, en réunissant le premier jour un sommet de plus de 147 chefs d'État ou de gouvernement, que le monde n'a pas peur des «terroristes». Car après les attentats du 13 novembre, cette réunion sera placée sous très haute sécurité.
Le sommet réunira 195 pays du 30 novembre au 11 décembre au Bourget, près de Paris, et doit tenter de limiter à 2 degrés la hausse du thermomètre par rapport à l'ère pré-industrielle. Au-delà, le dérèglement climatique rendrait de nombreuses régions du globe inhabitables : cyclones, sécheresses, montée du niveau des océans, chute des rendements agricoles, extinction d'espèces .../...
Publié le 02/11/2015 à 07:47 | La Dépêche du Midi | J.-M. D.
Réchauffement climatique : quel impact sur le Grand Sud ?
La ressource en eau utilisable pour l'irrigation est-elle suffisante ? / Photo illustration DDM, Morad Cherchari.
L'agriculture
Arnaud Reynaud, chercheur à l'Inra Toulouse, l'affirme : «l'agriculture est le secteur économique pour lequel les épisodes de sécheresse se traduisent par les pertes les plus élevées…» Les céréaliers le savent. Ils abandonnent peu à peu le maïs au profit du sorgho moins sensible à la canicule. Certes, le maïs reste roi, notamment en Aquitaine, la 1ère région par l'étendue des surfaces. C'est le maïs qui consomme le plus d'eau : jusqu'à 2 400 m3 à l'hectare quand il fait très chaud ! Mais les superficies tendent malgré tout à reculer : -12 % en Midi-Pyrénées, -10 % en Aquitaine ces dernières années. Pour pousser, le sorgho a besoin de 40 % de moins d'eau que le maïs.
Et le vin ? Avec le réchauffement climatique, il sera plus sucré, verra sa composition modifiée. «Figées dans des systèmes d'appellations dépassées, la vigne et le vin de la vieille Europe ont le choix entre évoluer ou disparaître sous les coups de butoir du changement climatique, soulignent Valéry Larammée de Tannenberg et Yves Leers dans un ouvrage intitulé «Menace sur le vin» (Buchet/Chastel). Les cartes des vins vont être redistribuées à l'échelon planétaire, mais aussi en France et aux États-Unis.
Les tempêtes répétées de l'hiver 2014 ont durement touché le littoral atlantique./ Photo illustration DDM
Les océans
À Toulouse, les chercheurs n'en reviennent pas. Que ce soit au CNES de Toulouse (spécialiste de l'altimétrie spatiale), au Legos (laboratoire du CNRS), à Mercator Océan (qui s'est vue confier la surveillance des océans dans le cadre du programme européen d'observation de la Terre Copernicus), on ne comprend toujours pas pourquoi l'océanographie a été longtemps exclue du programme de la COP 21. Il a fallu beaucoup insister pour intégrer l'océan dans les négociations sur le climat. Et rappeler que l'océan, c'est tout de même 70 % de la surface de la terre !
Pourtant, l'élévation du niveau des océans et l'érosion des côtes s'observent sur une large partie du littoral français. L'exemple de Lacanau, souvent évoqué dans ces colonnes, en est la preuve évidente. Plus de 40 % des côtes sableuses sont en recul.
Il est clair que la fonte des glaces terrestres va entraîner un transfert de leur volume vers les océans et provoquer leur montée. Certains scientifiques ont affirmé que la fonte du Groenland élèverait ce niveau de sept mètres, et celle de l'Antarctique occidental de cinq mètres.
Les glaciers des Pyrénées ont perdu 85 % de leur superficie en 150 ans (glacier au pied de la face nord du Vignemale) / Photo illustration DDM
Les glaciers
Le constat ressort chaque fois qu'on évoque le réchauffement de la Terre. depuis au moins un siècle, les glaciers fondent comme neige au soleil, dans un mouvement qui n'a fait que s'accélérer ces dernières décennies.
Les glaciers ont toujours constitué un parfait baromètre de l'évolution climatique. Ossoue, dans les Pyrénées centrales, a perdu près de 60 % de sa surface en cent ans. Celui du Taillon pourrait disparaître dans trois décennies. C'est ce que révèlent les mesures de variation annuelles de longueur, de surface et de volume effectuées depuis douze ans selon un protocole identique. C'est le pyrénéiste Pierre René qui effectue ces relevés après avoir créé en 2001 l'association Moraines.
Avec 2 degrés de plus sur le thermomètre, le nombre de jours de neige au sol diminuera de 30 %.
Selon Pierre René, les trente glaciers actuels devraient disparaître d'ici 2050. Un phénomène à surveiller de près. La poursuite de la fonte des glaciers occasionnera des inondations par la rupture de lacs glaciaires, ainsi que des pénuries d'eau pour des millions de personnes.
La grotte de Niaux en Ariège / Photo illustration DDM
Les grottes
On ne le dit pas toujours, mais le changement climatique aura des conséquences désastreuses sur notre patrimoine archéologique si nous ne nous y prenons pas à temps. Très concernées, les grottes ornées du paléolithique qui, entre Lascaux et Cougnac, Pech Merle et Niaux, font la réputation du Grand Sud.
Voilà des années déjà que la DRAC et des bureaux d'études, comme Géologie Environnement Conseil à Saint-Girons (09) étudient les menaces que constituent les micro-organismes (bactéries, champignons, etc.) pour la conservation des œuvres pariétales. Les bactéries sont liées à la formation des cristaux de gypse, dont les dépôts blanchâtres effacent progressivement les peintures rupestres. Faudra-t-il un jour fermer les grottes pour les soustraire aux variations de température et d'humidité ? Marsoulas, en Haute-Garonne, fut la première grotte ornée classée au titre des monuments historiques. Mais elle a souffert pour avoir été trop longtemps ouverte au public. Et le changement climatique, l'effet de serre ne feront malheureusement qu'accroître cette tendance.
Les moustiques en augmentation peuvent multiplier fièvres et douleurs / Photo illustration DDM
La santé
On n'en doutait pas : le changement climatique aura des implications directes sur la santé. Davantage de précipitations et de fortes vagues de chaleur provoqueront une augmentation de la mortalité. En 2003, pendant la canicule, 35 000 personnes sont décédées en Europe. Cet été en France, 3 300 décès supplémentaires ont été enregistrés lors des trois épisodes caniculaires. Soit une hausse de la mortalité de 6,5 % entre le 29 juin au 9 août, selon des chiffres fournis par l'Institut de veille sanitaire (InVS). Dans les pays en développement, les vagues de chaleur sont à l'origine du même phénomène, difficile à quantifier toutefois en l'absence de données statistiques.
Les hausses du thermomètre influeront aussi sur la propagation de vecteurs de maladies comme les moustiques. En Afrique, on observe déjà un développement de la malaria. Et on redoute dans le sud-ouest de la France l'arrivée du moustique tigre responsable du chikungunya à l'origine de fièvre et de douleurs articulaires. Pour l'instant, l'insecte s'est cantonné au DOM-TOM, mais pour combien de temps ?
Publié le 22/08/2015 à 08:03 | La Dépêche du Midi | D. D.
Dans les Pyrénées, la fonte des glaciers s'accélère
Le glaciologue Pierre René est l'auteur de «Glaciers des Pyrénées : le réchauffement climatique en images» (Édition Cairn)./ Photo DDM
Comme neige au soleil… Les grands glaciers des hautes montagnes semblent tirer leur révérence dans un monde trop chaud pour eux.
The Journal of Glaciology rend compte des travaux du Service de surveillance mondiale des glaciers. Cet organisme basé en Suisse a recueilli des mesures entre 2001 et 2010 sur des centaines de glaciers à travers le monde. Et les a comparées soit avec des données satellites, soit avec les illustrations et les photos des archives.
«Les glaciers étudiés fondent en moyenne d'un demi à un mètre d'épaisseur chaque année, ce qui est deux à trois fois plus que la moyenne enregistrée au XXe siècle», explique Michaël Zemp, directeur du Service de surveillance mondial des glaciers et coauteur de l'étude.
«J'étudie ce qui se passe dans les Pyrénées depuis une quinzaine d'années, explique de son côté Pierre René, glaciologue pyrénéen. De 2001 à 2012, on a assisté à une fonte très importante, surtout en 2012. La situation semblait stabilisée en 2013-2014, mais cette période de répit a pris fin et la fonte est repartie en 2015.»
Pierre René dispose notamment des observations sur le glacier d'Ossou dans le Vignemale depuis 1924. «La fonte a été importante entre 1924 et 1948. Puis entre 1948 et 1983, on a observé en revanche un gain de masse. Mais depuis 1983, la fonte a repris, avec une nette accentuation à partir de 2000.»
Depuis le début du XXIe siècle, Pierre René a observé la disparition de glaciers très importants, comme celui du Pic Long, celui de la Brèche de Roland ou encore des Gourgs blancs.
Pose d'une balise dans le glacier d'Ossoue par l'association Moraine / Photo DDM, Thierry Jouve
«Cette disparition est tout à fait dommageable pour la biodiversité : les glaciers abritent des espèces animales et végétales endémiques, comme la puce du glacier ou certaines algues qui colorent les glaces en bleu. Et puis surtout, pour les pyrénéistes, cette disparition a un impact sur les itinéraires : les glaciers servaient de marchepieds entre les sommets. Désormais, certains lieux sont beaucoup plus difficiles à atteindre.»
Le glaciologue pyrénéen sait bien que des variations semblables ont déjà eu lieu dans le passé : «Mais il est fort probable qu'on assiste là à une des conséquences du changement climatique.»
Au niveau mondial, la fonte massive des vingt dernières années a entraîné une modification de la dynamique des calottes glaciaires. «À l'avenir, les glaciers continueront de fondre même si les températures restent stables», avertit Michaël Zemp. Selon le chercheur, «les résultats préliminaires enregistrés pour les années les plus récentes (2011-2014, non inclus dans l'étude) montrent que la fonte des glaciers se poursuit à un niveau très élevé. Le record de fonte de glace du XXe siècle (observée en 1998) a été dépassé en 2003, 2006, 2011, 2013 et probablement à nouveau en 2014».
Difficile de savoir quelles seront les conséquences sur notre mode de vie : «C'est dommage pour les humains, estime, philosophe, Pierre René. Mais la Terre, elle s'en remettra : elle en a vu d'autres !»
Publié le 26/11/2015 à 07:36 | La Dépêche du Midi | Pierre Challier
Pyrénées : faune et flore menacées
Le lagopède, la «perdrix des neiges» pourrait être particulièrement impacté par le réchauffement, avec la disparition progressive de son habitat. / PhotoLaurent Nédélec
C'est l'un des oiseaux les plus emblématiques des Pyrénées, «une relique glaciaire» même, sourit Éric Sourp, chef du service scientifique du Parc National des Pyrénées… Caractéristique avec son plumage en forme de camouflage blanc l'hiver, on l'a ainsi surnommé «la perdrix des neiges», le lagopède. Mais «à ce rythme-là, 100 % de son habitat pourrait disparaître d'ici 2070», résume Éric Sourp.
Ce sont les conséquences du réchauffement climatique. Lorsqu'à l'instar du Parc, on recense 4 000 espèces pour la faune et 2 500 pour la flore, dont certaines strictement pyrénéennes, on les surveille attentivement dans les montagnes de Bigorre et du Béarn. «C'est une réelle préoccupation», insiste le scientifique, montrant une photo en forme de nouvel indice préoccupant : «Un nid de frelons découvert la semaine dernière au-dessus de Cauterets, à 2100 mètres d'altitude, du jamais vu jusqu'à présent.»
Bouleversement des équilibres
Espèces végétales du «bas» qui remontent de 3 mètres par an, telles les herbacées de forêt, coléoptères qui grimpent encore plus, de 5 à 7 mètres… «C'est tout l'équilibre de la faune et de la flore montagnardes qui risque d'être bouleversé d'ici 30 ans», notent les observateurs privilégiés que sont les gardes moniteurs et scientifiques du Parc.
Les espèces animales disparaissent environ cent fois plus vite que par le passé / Photo illustration DDM, S.V.
«Diminution de moitié de son espace en altitude pour l'accenteur alpin» mais «arrivée de la fauvette mélanocéphale», côté oiseaux, «menace de disparition totale de l'habitat du desman ou du lézard de Bonnal» pointe entre autres exemples Philippe Fontanilles, garde-moniteur spécialiste des passereaux, rappelant que 420 millions d'oiseaux ont déjà disparu en Europe depuis 1980, du fait des bouleversements globaux liés à nos modes de vie et de production…
Aujourd'hui ? «Les printemps pluvieux et les enneigements plus tardifs décalent la reproduction d'espèces telles que le traquet motteux, le monticole de roche, avec des conséquences importantes si la ressource alimentaire fait défaut.
à l'inverse, le changement climatique profite aux espèces invasives, aux parasites et aux bactéries» souligne-t-il. Et ce n'est pas un détail. Car des tiques qui montent en altitude, ce sont aussi plus de maladies pour la faune, laquelle fait aussi face à de nouveaux maux, telle la chytridiomycose qui s'attaque aujourd'hui aux amphibiens, avec une mortalité importante dans le massif du Néouvielle et en vallée d'Aspe. Et si des éléments de la chaîne alimentaire disparaissent… on sait la suite.
Publié le 05/11/2015 à 07:36 | La Dépêche du Midi | Xavier Hurtevent
La Haute-Garonne au cœur de la lutte contre le réchauffement climatique
La pollution aux particules fines (ici au-dessus de Toulouse), une nouvelle fois en cause s'agissant du réchauffement climatique./Photo DDM, Didier Pouydebat
Les acteurs territoriaux du département ont prouvé, hier à Diagora Labège, leur volonté de s'investir pour faire baisser la température. Une avant-première positive à moins d'un mois de la «COP 21» de Paris.
21 degrés à l'ombre, sans doute pas loin de 30 en plein soleil, hier midi, autour de Diagora Labège. Pas besoin de long discours pour justifier la tenue du colloque très attendu sur le réchauffement climatique, une initiative «non téléguidée» précise le Conseil départemental (en collaboration avec le Syndicat mixte, pour l'étude et la protection de l'environnement, soit 250 communes), à moins d'un mois de la fameuse «COP 21, Paris Climat».
Les acteurs territoriaux haut-garonnais ont compris l'urgence de la situation et tiennent avant tout à montrer l'exemple. Ainsi, Jean-Michel Fabre, en charge du développement durable au Département, est venu à Labège en train, avec son vélo pour le petit bout de chemin séparant la gare SNCF de Diagora. Il n'est pas le seul et illustre ce que Sylvie Dufour, chef du service connaissances évaluation climat à la DREAL (1) de Midi-Pyrénées, martèle d'une voix douce : «La problématique du réchauffement, c'est que chacun, à l'endroit où il est, fasse son bout de chemin en contribuant à faire baisser la température.»
Alors, après une matinée intitulée «de la planète au département» où il s'agissait de décliner le bréviaire du réchauffement climatique (pourquoi la température monte depuis l'ère industrielle), quatre ateliers pratiques ont permis de mieux appréhender les progrès, surtout la somme d'efforts astronomiques (pas nécessairement quantifiables en euros) à accomplir pour assurer la transition énergétique, rendre les logements durables ou encore réduire les déplacements.
Avec le réchauffement climatique, le débit d'étiage de la Garonne pourrait être divisé par deux./ Photo illustration DDM, Xavier de Fenoyl.
«Un moment historique»
Des travaux qui s'inscrivent aussi dans la dynamique du «plan climat énergie départemental territorial» adopté lors de la dernière session d'octobre du Conseil départemental. «Nous sommes face à un moment historique, un moment qui nous interpelle individuellement et qui nous oblige collectivement», avait déclaré en préambule au colloque le président Georges Méric. Si l'initiative du Département est louable à plus d'un titre -labellisée du reste dans le cadre de la COP 21-, pourra-t-elle s'immiscer dans les vraies causes globales du réchauffement, à commencer par la réduction des gaz à effet de serre, les particules fines issues du diesel qui journellement et sans arrêt poursuivent leur ronde infernale sur un périphérique toulousain quasiment au cœur de la ville? Ce n'est qu'un exemple.
«L'objectif de 2 degrés d'augmentation fixé par la COP 21 est un objectif ambitieux. On parle plutôt de 2, 7 °. Tout dépendra du niveau d'exigence qu'on aura mis dans la lutte», indique le climatologue Serge Planton.
(1) Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement
La quantité de dioxyde d'azote (NO2) présente dans l'air toulousain est supérieure aux limites fixées par l'U.E / Photo illustration DDM
Le chiffre : +2,7 degrés > d'ici la fin du siècle. C'est le chiffre qui circule chez les climatologues, dans les milieux autorisés, au-dessus donc des 2°c de rigueur annoncés avant la COP 21. «Toujours mieux que les 4°c qui seraient catastrophiques», selon Serge Planton, climatologue.
Les jeunes en exemple
Discours très remarqués hier en fin de matinée d'Alexia Robin et Elina Descombes, membres de la commission durable du conseil départemental des collégiens. Les deux collégiennes ont rappelé l'implication des jeunes dans le développement durable, notamment dans le traitement des déchets et le volet biodiversité. Elles ont été copieusement applaudi.
« La problématique du réchauffement, c'est que chacun, à l'endroit où il est, fasse son bout de chemin en contribuant à faire baisser la température. »
Sylvie Dufour, chef du service connaissances évaluation climat DREAL Midi-Pyrénées
Publié le 17/08/2015 à 07:55 | La Dépêche du Midi | Marc Centène
Prévisions inquiétantes : «Le climat du Gers a déjà changé»
Joël Collado au festival d'Astronomie de Fleurance : «les étés comme celui-ci vont se généraliser.» / Photo DDM Sébastien Lapeyrere
Joël Collado, le célèbre présentateur météo de France Inter, était l'invité du Festival d'Astronomie de Fleurance. Son analyse des données climatiques le montre : le ciel pourrait bien tomber sur la tête des Gersois d'ici 2030…
Lors du Festival d'Astronomie de Fleurance, Joël Collado, le présentateur de la météo sur France Inter et France Info a exposé les thèses en cours sur le changement climatique, et en particulier pour le Gers, d'ici à 2030. Il dresse un tableau inquiétant des bouleversements à venir.
«Globalement, le changement climatique est déjà une réalité, on en observe les signaux assez nets. Comme cet été, exceptionnellement chaud. A l'avenir, et dès l'horizon 2030, on pourrait voir se généraliser ce type de climat dans un département comme le Gers.» Les études météorologiques se portent sur le Gers pour des raisons bien précises : ce département, comme la partie sud Garonne, s'appuie au sud sur les Pyrénées. On peut y observer le changement d'orientation des masses d'air. «Le climat dépend pour l'essentiel du déplacement des masses d'air. Le Gers se trouve à la confluence d'influences océaniques et un peu méditerranéennes. La circulation atmosphérique, si elle est difficile à évaluer avec exactitude, montre que la zone du Gers, qui avait un régime largement orienté à l'ouest, passe à un régime de sud.» Ce changement de la distribution thermique affecte une large partie de la France. «Cela s'accorde avec l'augmentation régulière de la température. On a déjà pris un degré par rapport à 1900. Dans le Gers, les saisons sont déjà en train de changer. On a des printemps-été de plus en plus chauds, et des automne-hiver moins froids.»
Après un hiver clément, les récoltes d'été gersoises ont pâti lourdement des fortes chaleurs de l'été. / Photo DDM Nedir Debbiche
Quel sera l'effet de ce réchauffement dont la courbe devient exponentielle depuis les années 90 ? «Il tombe actuellement entre 600 et 650 mm d'eau sur le Gers par an, sur une période de 10 mois en gros. Il ne pleuvra pas plus. Mais la même quantité tomberait en 3 mois ! Des précipitations bien plus violentes, comme des épisodes cévenols, mais bien loin des Cévennes !» En 2030, on estime déjà que le débit des cours d'eau baissera de 40 % à 50 %. «Cela posera des problèmes aux populations, à l'agriculture… Les pluies provoqueront un ravinement accéléré des sols. Il faudra sans doute changer de méthode de culture, et cesser de labourer dans le sens de la pente pour ne pas accroître le phénomène…» Certains modèles montrent la disparition du hêtre. L'apparition du risque majeur d'incendie de forêt à l'horizon 2040. La faune n'y coupera pas non plus. «Actuellement, les mésanges ne trouvent plus de nourriture pour leurs nichées : les chenilles qui constituaient leur alimentation apparaissent un mois plus tôt !»
Pour le météorologue, les signaux sont déjà au rouge. «Nous entrons dans un autre modèle. Le modèle orienté à l'ouest, plus doux, laisse place à un autre climat, plus brutal, comme ces 130 mm tombés en une heure à Tournefeuille en 2014. Soit 130 litres par m2… Ou ces vendanges qui commencent chaque année plus tôt. Ce n'est pas systématique. Mais ça le deviendra.»
Ces périodes hors normes
«Il y a toujours des périodes hors normes dans les mesures météorologiques, mais si on prend les données sur une large période, le changement est bien là.» Joël Collado le reconnaît, «les écarts ne sont pas systématiques. C'est ce qui permet aux derniers climatosceptiques de dire que le bouleversement climatique n'est qu'une théorie, mais ils sont de moins en moins nombreux…»
Publié le 27/11/2015 à 08:16 | La Dépêche du Midi | Pierre Challier
Érosion du littoral : la France a déjà perdu des dizaines de kilomètres carrés sur ses côtes
À Soulac-sur-Mer, l'immeuble «Le signal» construit dans les années 70 a 200 mètres des vagues, menace aujourd'hui de s'effondrer dans l'océan / Photo illustration DDM, PQR
Effet inéluctable du réchauffement climatique, la mer monte. Associé aux violentes tempêtes de ces dernières années, le phénomène a accru l'inexorable recul du trait de côte, en France et de façon spectaculaire sur le littoral aquitain.
Le Signal. Rarement immeuble n'a été si bien nommé. Pointe du Médoc, département de la Gironde… Lorsqu'il a été construit à Soulac-sur-Mer, entre 1965 et 1970, il était à 200 mètres de l'océan et les promoteurs vantaient ses quatre étages avec «vue imprenable».
Hiver 2014. Vagues déferlant et dévorant les ultimes mètres de dune à ses pieds… Ses derniers habitants évacués le 26 janvier, le Signal est devenu LE signal. LE signal pour le grand public que l'inexorable érosion du littoral n'était pas une vue de l'esprit ni un refrain de Cassandre. Avec cette évidence qu'en 44 ans à Soulac, 4,5 mètres de plage avaient disparu, en moyenne, chaque année.
Mais surtout qu'en 2014, un cap et un record sans précédents avaient été franchis. Succession de huit violentes tempêtes, phénomène exceptionnel aggravé par des grandes marées… Soulac, mais aussi Biscarosse, Lacanau, plages dévastées surplombées de bâtiments semblant soudain posés en fragile équilibre près du vide…
«Cet hiver 2014, l'érosion a été généralisée sur l'ensemble de la côte sableuse et sur de nombreux sites, le recul du trait de côte a dépassé 20 mètres tandis qu'on notait un important affaissement des plages, de plus de deux mètres par endroits», alertait alors en substance le BRGM, Bureau de recherches géologiques et minières, chargé de surveiller l'évolution des côtes françaises.
Méditerranée : Malgré un investissement de 4,5M€ pour protéger le littoral, la plage et la dune de Vias sont détruites par les vagues./ Photo DDM,TopSud
Prise de conscience
«Depuis, la prise de conscience a été flagrante partout sur le littoral, le Signal a été un électrochoc pour tous. Je n'entends plus les «je ne verrai pas ça de mon vivant», assortis d'un regard goguenard lorsque j'évoquais l'érosion, il y a 10 ans. Le recul du trait de côte est enfin devenu une urgence et les élus comme les habitants s'en sont emparés», constate aujourd'hui Hugo Verlomme, auteur de Vagues, mode d'emploi.
Atlantique ou Méditerranée, partout on essaye désormais de fixer le trait de côte, en soignant le cordon dunaire, le long du rivage aquitain dans le Grand Sud, mais aussi en rengraissant de sable, sur 200 km et une vingtaine de plages, par exemple, l'hiver dernier en Languedoc-Roussillon. Car les enjeux dépassent de loin le seul cadre du petit seau et des châteaux estivaux. Quarante centimètres à un mètre d'élévation du niveau des océans d'ici la fin du siècle auront fatalement de lourdes conséquences humaines et économiques. Et pas que pour les lointaines petites îles du Pacifique, de l'Océan Indien, pas que pour New York où la montée des eaux pourrait même atteindre 1,82 m, en 2 100…
Non, partout. Puisque les activités humaines se développent de plus en plus sur les côtes, dévorent de plus en plus de sable pour bâtir, aussi, dans le monde… comme en France métropolitaine où les communes littorales hébergent désormais 6,2 millions d'habitants.
Au Cap Ferret, la plage recule / Photo illsutration DDM, P.S.
Réaménagement radical
Cultures, industries, immobilier, urbanisme… Les conséquences du réchauffement imposent un «réaménagement radical de toutes les zones côtières», analyse l'universitaire Laurent Labeyrie, spécialiste de paléo-océanographie, dans son livre, Submersion, il faut donc «agir dès maintenant sans attendre la catastrophe», souligne-t-il aussi. «On n'a pas perdu 20 mètres de plage en 2014, on a perdu 20 mètres de France sur des centaines de kilomètres, des kilomètres carrés de territoire, ce doit donc être une priorité nationale», répète et conclut pour sa part Hugo Verlomme.
Publié le 14/11/2015 à 08:15 | La Dépêche du Midi |
Réchauffement : comment le vignoble bordelais se prépare
Tous les vignobles sont touchés par le réchauffement climatique./ Photo DDM
Accroître le nombre de grappes par pied de vigne, retarder le cycle végétatif, introduire de nouveaux cépages… Le prestigieux vignoble bordelais anticipe les adaptations auxquelles devront se plier les vignerons pour que les Bordeaux conservent intact leur caractère typique malgré le réchauffement climatique.
La chaleur et l'aridité qui ont façonné le millésime 2015 et qui augurent ceux à venir «n'inquiètent pas aujourd'hui les vignerons car ces vendanges plus précoces sont plutôt un facteur qualitatif. Mais demain, les cépages les plus précoces seront en difficulté, comme le merlot du vin rouge. Les vins risquent alors de manquer de fraîcheur, avec des degrés alcooliques trop élevés.
Il faut dès lors trouver la parade en retardant le cycle végétatif du merlot afin qu'il mûrisse lentement dans la fraîcheur des nuits du début d'automne. Augmenter le nombre de grappes par pied de vigne ? Protéger les raisins du soleil en effeuillant moins ? De tels ajustements sont réalisables à court terme pour retarder légèrement un cycle de maturation.
À moyen terme, l'idée est de proposer aux viticulteurs des porte-greffe plus tardifs et plus résistants à la sécheresse, mais aussi de les inviter à augmenter la proportion des cépages tardifs parmi ceux que l'on cultive déjà
Dans le vignoble Bordelais / Photo illustration DDM, RelaxNews - FreeProd33
Mais à long terme, il faudra peut-être aller encore plus loin : «à l'horizon 2040-2050, on aura peut-être besoin d'introduire des cépages qui ne sont pas aujourd'hui cultivés à Bordeaux, pour avoir une palette d'encépagement mûrissant à la période optimale afin de faire des grands vins. C'est le sens des recherches menées l'Institut de la science de la vigne et du vin de Bordeaux, où 52 cépages différents plantés en 2009 sont élevés pour voir lesquels s'approcheraient le plus du caractère typique des cépages bordelais.
Le sujet n'est pas uniquement français : cette thématique fait l'objet d'un programme financé par l'Union européenne, Adviclim, qui vise à évaluer les impacts du changement climatique sur les parcelles viticoles, à simuler des scénarios d'adaptation et à mesurer les émissions de gaz à effet de serre liées aux pratiques viticoles.
«Quand la Garonne aura soif» : Le réchauffement climatique menace la Garonne ; en effet en 2050, le fleuve pourrait n'être qu'un lointain souvenir / Photo illustration DDM, DR
Sélection d'articles réalisée à partir du site : http://www.ladepeche.fr Partagez sur les réseaux sociaux
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