Grand Sud : novembre au balcon
Publié le 10/11/2015 à 08:04 | La Dépêche du Midi | Gilles-R. Souillés
La douceur va se prolonger cet hiver
Les terrasses, ici au Capitole à Toulouse, ne désemplissent pas./DDM, Xavier de Fenoyl
Le temps exceptionnellement doux qui donne des airs printaniers à cet automne devrait perdurer. Tous les modèles de prévisions météorologiques concordent.
Ne vous y trompez pas le ciel gris, finalement très automnal, qui n'a pas voulu se lever, hier, sur la région toulousaine, cache pourtant des records de douceur. «Le soleil serait sorti, on aurait facilement flirté avec les 250 C», explique-t-on à la station météorologique de Blagnac. Mais dans les conditions anticycloniques qui campent au-dessus de nos têtes, la dissipation de la couverture nuageuse est difficile à prévoir. Et fait toute la différence. En jouant au yoyo.
Jugez plutôt : dimanche, alors que le vent d'Autan nous a rabattu les brumes marines de la Méditerranée, on se serait presque pris à grelotter sous un petit 170 C avec un thermomètre en chute libre par rapport à la veille. Un samedi quasi historique, puisqu'au plus fort des emplettes du week-end, on a frisé les 240 C. Un pic qui a fait vaciller le record sorti des archives par les services de Météo France qui ont retrouvé un 24,30 C révolutionnaire, le 1er novembre… 1968. Qui dit mieux ? Les augures amateurs n'ont peut-être pas encore tout vu. Les computers qui brassent les données climatiques sont formels.
Les deux semaines qui arrivent seront encore placées sous le signe de l'été indien. «Jusqu'à dimanche, il est possible que l'on atteigne encore des températures exceptionnelles. Tout dépendra du plafond nuageux précisent les services de Météo-France. Ensuite, la semaine prochaine, on devrait redescendre autour d'une quinzaine de degrés, mais toujours au-dessus des normales saisonnières». Les années se suivent et se ressemblent puisque Toulouse avait déjà vécu l'an dernier, le mois de novembre le plus chaud depuis que les relevés météorologiques existent (en 1922 pour Francazal et en 1947 pour Blagnac).
Les nuages bas hier lundi sur les vallées tarnaises / Photo FB Gaillac Météo
Faut-il voir là un effet du réchauffement climatique, certes agréable à court terme, mais beaucoup plus inquiétant du point de vue des dérèglements à venir ? Les prévisionnistes sont toujours prudents sur le sujet en arguant qu'ils ne disposent pas d'assez de recul statistique et historique pour imputer l'évolution des saisons aux excès énergétiques de notre civilisation. Ce qui est sûr, c'est que la nature y perd déjà son latin. Certains arbres sont en train de rebourgeonner et les merles ne chantent plus. Trop occupés à creuser une terre peu arrosée et toujours plus dure pour aller chercher les vers qu'ils affectionnent… La sécheresse est d'ailleurs un sujet de préoccupation, au moment ou le fameux courant El Niño s'est réveillé dans l'Atlantique et menace l'Amérique du Sud, en particulier le nord du Brésil d'une nouvelle vague de chaleur. Chez nous, la fin de l'année est annoncée très douce, au moins jusqu'en janvier. Le calme avant la tempête ?
Publié le 10/11/2015 à 07:49 | La Dépêche du Midi |
La sécheresse menace déjà…
La Garonne commence à tirer la langue. Un signe du manque d'eau./Photo DDM, archives
Le soleil c'est bien joli, d'autant qu'il a été particulièrement généreux cette année depuis le mois de juin, mais il est une autre réalité qui ne lasse pas d'inquiéter les prévisionnistes de Météo-France, les organismes en charge de la gestion de l'eau ou les agriculteurs : la sécheresse qui se profile, avec cet automne sans pluie, alors que la saison est d'habitude le moment privilégié où les nappes phréatiques refont le plein. Déjà pour le mois d'octobre, le fait marquant a été la rareté des précipitations. Il est tombé seulement 31 litres d'eau par mètre carré à Saint-Gaudens et 17 litres à Toulouse, soit un déficit de 65 % par rapport à la normale. Le nombre de jours de pluie a été très faible : seulement 4 jours, soit deux fois moins que la normale. Ce temps sec est dû à la prédominance de conditions anticycloniques, avec de belles journées ensoleillées, en particulier à partir du 25 octobre. La durée de l'ensoleillement tout au long du mois a atteint 164 heures, soit un bonus de 15 heures de soleil.
Après un mois de septembre lui aussi ensoleillé et un mois de novembre qui s'annonce sans pluie, la terre va souffrir. En montagne, les torrents pyrénéens n'affichent pas de gros débits et dans les sous-bois les feuilles craquent sous les pieds. Dans les champs où le colza et même le blé ont déjà été semés, le manque d'eau peut vite poser problème. D'autant que le vent d'Autan, qui amplifie l'assèchement des sols commence à refaire des siennes. Les observateurs de météo-France parlent déjà «d'un niveau de sécheresse rarement observé».
Publié le 10/11/2015 à 07:50 | La Dépêche du Midi | Recueilli par Gilles-R. Souillés
«Jusqu'en janvier, nous aurons de la douceur»…
Interview Pascal Boureau, ingénieur prévisionniste dans les services de Météo-France, à Toulouse. / Photo DDM
La séquence météo que nous vivons actuellement est-elle inédite ?
Nous sommes en tout cas sur des niveaux de température moyens exceptionnels. D'ordinaire, le mois de novembre affiche des valeurs qui tournent autour de 13 0 C. Là, depuis plus d'une semaine nous sommes sur une moyenne de 200 C, soit une différence positive de 7 degrés. La semaine prochaine nous redescendrons autour de 150 C, mais la encore nous serons bien au-dessus des normales saisonnières. Le phénomène inquiétant, c'est qu'il n'y a pas de pluie prévue dans les quinze prochains jours. Or, nous constatons déjà un niveau de sécheresse rarement atteint à cette période, notamment en montagne.
Comment expliquer ce phénomène météorologique ?
Nous avons la conjugaison d'une situation anticyclonique persistante avec la présence d'une bulle d'air chaud en altitude, qui vient directement du tropique du Cancer. Nous sommes quasiment dans une configuration estivale. Cet air tropical englobe l'Europe occidentale, la France, l'Italie, l'Espagne et la Suisse. Songez que dimanche il faisait 12, 20 C en haut du Pic du Midi à près de 3 000 mètres d'altitude. C'est un record. Avoir une zone d'air doux sur notre région, en cette saison, n'est pas rare, mais elle est souvent associée à des influences océaniques, des résidus de dépression accompagnés de la pluie. Dans le cas présent, le dôme d'air chaud venu d'Afrique du Nord est sec et renforce l'effet du blocage anticyclonique.
Ce temps très doux va-t-il durer dans les prochains mois ?
Tous les modèles internationaux de prévisions concordent. Qu'ils soient américains, anglais ou français, la douceur devrait se prolonger au moins jusqu'à la fin janvier. C'est la tendance générale avec des températures supérieures aux normales saisonnières et des vents de Sud-Ouest en altitude. Ici, nous aurons donc un début d'hiver plutôt sec, mais attention ceci n'exclut pas des épisodes neigeux en plaine ou des coups de froid.
Les bergers disent que l'hiver sera rigoureux pace qu'il n'y a pas eu de noisettes en montagne…
Un hiver froid ? Je suis plutôt pas d'accord avec eux, même si la sagesse populaire est souvent pertinente. Ceci dit, la météorologie est une science en mouvement. Rien n'est jamais certain.
Publié le 10/11/2015 à 08:04 | La Dépêche du Midi |
Réchauffement climatique : 300 élèves pour un symbole
300 élèves de CM ce mardi 10 novembre place du Capitole / Photo FB Ville de Toulouse, © Patrice Nin
Ce mardi, 300 élèves de CM1 et CM2 de Toulouse se retrouvent place du Capitole pour former le symbole 2° C. Ce logo humain sera la marque de l'engagement des enfants toulousains contre le changement climatique. L'objectif de la COP21, qui se déroulera à Paris du 30 novembre au 11 décembre, étant de limiter le réchauffement climatique à 2 °C.
Sélection d'articles réalisée à partir du site : http://www.ladepeche.fr
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