Grand Sud : Catastrophe routière hier en Gironde
Publié le 24/10/2015 à 06:53 | La Dépêche du Midi | D.D.
7h30, le bus percute le camion et s'enflamme
Vue aérienne des lieux du drame : on voit la carcasse calcinée du car et celle de la cabine du camion. / Photo DDM
La France est sous le choc, mais les villages de Puisseguin, Petit Palais, Lussac sont crucifiés pour longtemps. Là, chacun a perdu dans cette catastrophe, qui un père, qui un oncle, qui un ami ou une connaissance. 41 ou 42 personnes dont le destin s'est arrêté sur la route à quelques kilomètres de chez eux – hier soir, 14 heures après le drame, le doute subsitait encore sur le nombre exact de personnes décédées à bord de l'autocar.
Tout avait commencé dans la bonne humeur bien avant 7 heures du matin, sur la place de Petit Palais en Gironde. Rendez-vous avait été donné au centre de ce village de maisons de pierres blanches, devant la salle des fêtes. Il fait encore grand nuit lorsque les voitures se garent sur le parking : ce sont des retraités et membres du club du troisième âge qui savourent d'avance l'excursion de la journée : une fabrique de jambon dans les Landes. Chacun s'installe et le moteur démarre vers 7 h 15. Le véhicule met le cap vers le sud et après avoir cheminé entre les vignes et les petits castels cossus, traverse le village de Puisseguin. Au bout de l'agglomération, après l'église, le bus s'engage entre les vignes et les bois sur la départementale 17. C'est une route étroite, sinueuse, que les gens du coin connaissent bien, dont ils se méfient car elles peuvent devenir traîtresses.
En sens inverse, un camion de bois, à vide, immatriculé dans la Mayenne, remonte vers Puisseguin. A l'approche d'un virage, le camion se déporte sur la gauche, au moment précis où le car arrive en sens inverse. Le choc est inévitable…
Le conducteur du bus voit le camion. Il tente de l'éviter, mais le lourd véhicule se trouve sur la voie de gauche. Dans un incroyable réflexe, le chauffeur du bus déclenche l'ouverture des portes, en prévision d'une évacuation rapide. Les deux poids lourds se télescopent. Et là, c'est une seconde catastrophe qui se produit : le bus prend feu.
Une équipe d'identification s'affaire autour du camion sur le site de la collision à Puisseguin / Photo DDM, MEHDI FEDOUACH - AFP
Le chauffeur du bus, qui est valide et conscient, commence, avec beaucoup de courage à faire évacuer son véhicule ; trois personnes arrivent à s'extraire sans trop de blessures, quatre autres vont être sérieusement brûlées. Car en quelques secondes, le bus est un énorme brasier, et les malheureux passagers sont pris au piège : ils vont mourir en quelques secondes, asphyxiés ou brûlés vifs. Un automobiliste qui arrivait derrière a brisé avec un marteau une vitre pour extraire, lui aussi, les passagers, et a appelé les secours.
Mais le bus est inaccessible, même pour les pompiers équipés, tant la chaleur est intense.
Malgré tout, les premières victimes sont évacuées et c'est un énorme dispositif qui va s'installer sur le village de Puisseguin. Les premiers blessés ont été pris en charge dans un poste avancé de secours devant la mairie, puis dirigés vers les centres hospitaliers de Bordeaux.
Toutes les routes aux alentours vont être bouclées et le lieu de l'accident «sanctuarisé». Car les corps sont restés sur place toute la journée, le temps que les experts de la gendarmerie procèdent à toutes les analyses et toutes les constatations. Il faudra en effet procéder à des analyses ADN très poussées pour permettre l'identification des corps totalement carbonisés. Toutes les victimes sont originaires de villages compris dans un rayon d'une quinzaine de kilomètres…
Depuis 9 heures, hier matin, Puisseguin est une triste ruche où s'affairent des centaines de gendarmes, de pompiers, de journalistes, au milieu d'habitants hébétés par ce terrible choc. Le Premier ministre Manuel Valls, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, le ministre des Transports Alain Vidalies, le maire de Bordeaux Alain Juppé et le président de région Alain Rousset sont venus sur place. Hier, une première cérémonie de recueillement s'est déroulée dans le village, pour les familles.
Ultime horreur : aux côtés du corps du chauffeur du camion, tué dans l'accident, on a trouvé dans la soirée celui d'un enfant : sans doute son fils, de trois ans, qui était en vacances.
Le scénario de l'accident / Infographie Le Parisien
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