La forêt de la Grésigne est située au nord-ouest du département du Tarn, entre les vignobles du Gaillacois et les Gorges de l'Aveyron. Avoisinant les 3600 hectares, elle représente la plus vaste chênaie de Midi-Pyrénées.
Les charbonniers édifiaient tout d'abord une cheminée verticale à l'aide de branches ou de troncs de faible diamètre, puis montaient une meule tout autour. Cet ensemble de bûches était recouvert de terre afin de constituer un vase clos.
Le feu était introduit par le haut de la cheminée, puis descendait progressivement. Des trous étaient ensuite percés à la base de la meule pour réguler la ventilation. Il fallait éviter que la charbonnière s'enflamme.
Quand la cuisson était terminée, on étalait le charbon de bois obtenu avant de l'ensacher. Il était utilisé dans les maisons (cuisson ou chauffage) et les usines ou ateliers, notamment les forges ou les verreries.
La cuisson de la charbonnière s'étalant en général sur au moins une semaine, et nécessitant une surveillance continue, les charbonniers s'installaient souvent en forêt dans des huttes rudimentaires.
Carte de situation de la forêt de la Grésigne
Documents :
Publié le 24/10/1999 | La Dépêche du Midi | Cordes
De mémoire de charbonnier
Haute-Serre, entrée de la forêt de la Grésigne / CPA
Souvenirs d'Aimé Mucci, ancien charbonnier italien installé en France au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, au parcours souvent atypique, digne d'un roman.
Aimé Mucci, fils de charbonnier lui-même, et sa cousine Yvonne Bartoli, arrivée en 1929, racontent leur émigration en bas âge dans la Grésigne et la difficile intégration parfois de ceux qui «mangent le pain des autres». Ils sont aussi intarissables sur le travail du charbonnier : la construction savante de la charbonnière, son allumage puis sa lente carbonisation durant plusieurs jours qui demande une surveillance constante pour lui «donner à manger», enfin, son déshabillage nocturne. Et encore.
«On ne s'imagine pas»
C'est sans parler du transport du charbon obtenu, vendu alors dans le pays cordais par Noël Richard, et surtout de l'intendance qui doit suivre : les femmes qui cuisinent et le «meo», le gamin, chargé des corvées d'eau et de bois. «On s'imagine pas les conditions de vie», répète plusieurs fois un ancien camarade de classe d'Aimé en hochant la tête.
Publié le 26/04/2014 à 03:51 | La Dépêche du Midi | Latronquière
La vie des charbonniers italiens de Grésigne
Les charbonniers devant l'outil de travail./ Photo DDM
Depuis un temps immémorial, on pouvait recenser de nombreux producteurs de charbon de bois en forêt de Grésigne, et dans d'autres forêts du Tarn : forêts de Sivens, de la Montagne noire, des Monts de Lacaune, etc. Puis vers le Cantal, notamment à Laroquebrou, et en Ségala, également, où la fabrication de charbon de bois se faisait à l'usine Laval-de-Cère. D'ailleurs nous en retrouvons trace dans la désignation de lieux-dits aux alentours, références du cadastre. Ils fabriquaient ce charbon à partir de bûches entassées verticalement en meules, et recouvertes de terre : les charbonnières, «las carbonièiros» en occitan, meules composées parfois de deux étages et allant jusqu'à 150 stères.
En 1920, on fit appel à une main-d'œuvre étrangère et plus particulièrement italienne, de la province de Pistoia, surpeuplée. Ils émigraient par nécessité alimentaire et non pas politique.
La vie quotidienne était très rude et… rudimentaire. Et l'on se déplaçait perpétuellement !