Tour de France : Pinot s'empare du maillot blanc à Luchon
Publié le 23/07/2014 à 07:57 | La Dépêche du Midi | De notre envoyé spécial à Luchon Patrick Louis
Thibaut ne veut plus prêter ses jouets à Romain
Rogers s'impose dans la première étape pyrénéenne où Pinot a «viré» Bardet du podium
Pinot vient de ravir le maillot blanc à Bardet et compte bien monter sur le podium tous les jours jusqu'à Paris./Photo AFP
Une grosse échappée, comme prévu, et, derrière, dans le Port-de-Balès, l'explication des grands. Nibali n'a pas tremblé et Pinot n'a pas hésité à s'offrir une marche de podium.
Hochet bleu, landau Lapierre, doudou FDJ, Thibaut quitte la crèche avec une autorité surprenante. Pyjama blanc, poussette Focus, tototte AG2r, Romain commence à chouiner. La porte de la crèche vient de lui claquer au nez, il ne pourra suivre son copain parti jouer sans lui. Les bébés de France continuent à s'amuser avec autant de talent que leurs grands-parents. Ils occupent le devant de la plus belle scène du monde sans le moindre complexe, pédalant pour de vrai, dans la cour des grands. Hier, sur le vide immense du Port de Balès, le Vosgien a levé un doigt autoritaire pour demander à Nibali s'il serait prêt à l'accepter, avec lui, dimanche sur le podium final. L'Italien ne parle pas beaucoup dans ces moments-là, mais il n'a pas dit non.
Il a juste accompagné les ruades généreuses de cet adversaire surprenant. Van Garderen noyé (à plus de trois minutes et demie), avec un niveau d'horloger très convenable désormais, le leader de Madiot a effectué en Barousse, un pas décisif pour entrer dans le tiercé 2014. Mais Péraud et Valverde, aînés encombrants restent en piste. Ils n'ont rien perdu à Luchon.
Parmi les champions, Thomas Voekler (2ème de l'étape) reste le meilleur ambassadeur de Luchon qui lui a réservé un chaleureux accueil./Photo DDM Jal
Kwiatkowski de retour, Rogers comblé
Comme toujours avec ces interminables étapes (la plus longue en fait, 237,5 km, le peloton a quitté Carcassonne juste près le passage des camions poubelles), la course s'est coupée en deux. Devant, les prolos, cachant un Kwiatkowski revanchard (et pas déçu du voyage), partis de quoi gagner trois sous et un peu de beurre pour les épinards du mois d'août, de l'autre, les patrons aussi intéressés par les fleurs de Luchon que le courageux Ji Cheng (pas dernier hier mais maintenant allumée avec une vraie dévotion, la plus rouge lanterne de l'histoire de la Grande Boucle) par les éternelles neiges du Pic du Midi. Voeckler en chaise à porteur (aux brancards, les increvables Gautier et Reza) se voyait déjà une troisième fois en haut de l'affiche à Luchon. Sa deuxième place a le sale goût de la défaite puisque Rogers, dans la descente, a préféré éviter les épines tactiques d'un final à cinq (avec Vockler, Gautier, Kyryienka et Serpa, rescapés
Le peloton au Mas d'Azil / Photo FB Tour de France
Trois Bleus dans les dix, comme en 1965 ?
Loin derrière, il y aura plus de huit minutes sur la ligne, autour de Nibali, les prises de commande pour Paris ont débuté. Dans le quinté derrière l'Italien, seul Valverde (2e) conserve son rang. Pinot (3e) monte d'un cran comme Péraud (4e), Bardet (5e) descend de deux, Van Garderen de un mais en lâchant beaucoup de temps. La FDJ n'a pas volé son bénéfice du jour, un sacré coup, de boost pour le moral de Pinot, monté par Jeannesson jusqu'en haut de Balès, avec tous les égards dus aux vrais espoirs qu'il a fait naître.
En haut de la dernière difficulté, Pinot a fait s'évanouir la France chauvine en devançant Nibali («j'étais à la recherche d'une bouteille d'eau sucrée» relativisera le maillot jaune) et Valverde qui reviendra dans la descente. L'Espagnol avait fait donner ses troupes dans la forêt (Visconti, Gadret, Izaguirre), Bardet n'a pas supporté, ni Vandenbroeck bien sûr, ni Van Garderen ce qui est plus étonnant. Au tiers des Pyrénées et avant le dernier chrono, on note toujours trois Tricolores dans les 10. S'ils devaient y rester d'ici dimanche, ce serait une première depuis… 1965. Cette année-là, derrière Felice Gimondi, Raymond Poulidor avait terminé… deuxième, Henry Anglade, quatrième et «Firmin» Lebaube, cinquième.
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