Rodez : le Musée Soulages inauguré aujourd'hui

30/5/2014

Publié le 29/05/2014 à 08:24 | La Dépêche du Midi | Pierre Mathieu
 
Rodez : Un musée événement nommé Soulages

Le musée Soulages à Rodez / Photo DDM

Présent dans près de 90 musées dans le monde, Pierre Soulages a maintenant un musée qui porte son nom, à Rodez, sa ville natale. Visite à la veille de l'inauguration présidentielle.

Derrière ses façades oxydées fondues à la lisière du foirail de Rodez, à quelques centaines de pas de la cathédrale, le musée que François Hollande viendra inaugurer demain matin, avant l'ouverture au public samedi, aurait pu ne jamais voir le jour. Parce que celui dont il porte le nom, Pierre Soulages, a dit et répété qu'il ne voulait pas d'un musée.

Sur un plancher d'acier
Mais comme le cancre qui dit non avec la tête et finit par dire oui avec le cœur, ou l'inverse, l'artiste brillant né à Rodez il y a près de 95 ans offre à sa ville la collection retraçant sa vie en peintures. Elle est estimée aujourd'hui à plus de 80 millions d'euros par le conservateur Benoît Decron : de rajout en dons, c'est près du double de la donation initiale.

Lunettes noires sur ses yeux dont le vert a séduit sa chère Colette il y a 72 ans, Pierre Soulages, arpentant le musée, retrouve des décennies de création. L'exercice ne lui plaît pas, lui qui préférerait être dans son atelier de Sète tournant le dos à la mer. Mais les visiteurs glissant sur le plancher d'acier ciré (une curiosité parmi d'autres) devraient être séduits par le parcours dans la vie et l'œuvre de cet abstrait dont l'inspiration est née des lignes du causse et des arbres décharnés par l'hiver.

 
/ Photo Musée Soulages

Au cœur : les vitraux de Conques
Beaucoup plus grand que son entrée vitrée le laisse croire (6 100 m2, dont 2 002 m2 d'expo), le musée dessiné par les architectes catalans RCR associés aux Narbonnais Roques et Passelac suit une chronologie, depuis une première peinture de 1946, couleurs éteintes sur un morceau de drap de lit, jusqu'aux plus récents outrenoirs jouant avec la lumière du nord, en passant par les brous de noix, produit d'ébéniste dont il couche des silhouettes brunes dévoilant le blanc du papier.

Dans la pénombre qu'exige la conservation des estampes, on se plaît à explorer les œuvres imprimées, avant d'être surpris par le doré d'un bronze évoquant un énorme bijou inca. On pourrait continuer sous l'enfilade de ces plafonds bas, mais on est littéralement happé par une vaste salle de peintures propice à un élégant brouhaha. Le noir y est déjà maître, au voisinage de bleus sombres, ou marqué de clignotants blancs.

Mais quel que soit le chemin en liberté qu'on s'autorise, on passera par la salle des vitraux de Conques, étroite et haute comme la nef de l'abbatiale romane que Pierre Soulages a remis en lumières au début des années 90.

Cœur du musée, elle en est aussi le berceau : c'est parce que l'artiste a accepté de confier ses cartons préparatoires dressés dans un coin de son atelier, que le reste de la donation a filé vers Rodez. Le verre qu'il avait mis huit ans à réaliser a rejoint les cartons grandeur nature, comme 100 peintures sur papier, tout l'œuvre imprimé, puis les films, catalogues, archives, et aussi de grandes peintures, réalisées entre 1946 jusqu'à un précieux outrenoir de 1986. Pouvait-on attendre moins de générosité d'un homme né un 24 décembre ?

 
/ Photo Musée Soulages

La vie en bleu
Exceptionnel à plus d'un titre, le musée Soulages, dont la construction approche les 25 millions d'euros supportés pour plus de la moitié par les contribuables du Grand Rodez, attire déjà d'autres collections : les musées européens ont prêté 23 outrenoirs à découvrir jusqu'en octobre dans la salle des expositions temporaires. Pour l'avenir, on a entendu hier, lors de la visite de presse, le nom d'Yves Klein. Après les lumières du noir, ce musée nous fera-t-il voir la vie en bleu ?



Publié le 29/05/2014 à  07:54 | La Dépêche du Midi |  Hervé Boucleinville
 
Des retombées pour le chef-lieu de l'Aveyron

Le musée Soulages sera inauguré vendredi matin par le président de la République avant l'ouverture, samedi au public. / Photo DDM

Le guide publié par Hachette la semaine dernière, intitulé «Un grand week-end à Rodez et ses environs autour du musée Soulages», est déjà un signe : grâce à son artiste natal, Rodez entre un peu plus dans les destinations touristiques proposées en France.

Car pour l'heure, il faut bien le reconnaître, l'Aveyron représente essentiellement une destination… pour les Aveyronnais, ceux qui sont partis et adorent «revenir au pays». Certes, quelques plaques d'immatriculation «étrangères» sillonnent le département tous les étés, les nuitées sont en constante progression, et les amateurs de grands espaces verts se régalent de Roquefort à Conques, de l'Aubrac au Larzac, et de la vallée du Lot aux lacs du Lévezou.

Mais la filière reste à développer. Le musée Soulages en deviendra-t-il un fer de lance? On peut l'espérer : avec Pierre Soulages, Rodez dispose désormais d'un «produit d'appel» mondial, une affiche susceptible d'attirer un public plus large que le tourisme habituel et qui l'autorise à afficher des ambitions internationales.

 
Pierre Soulages à Rodez en son musée. / Photo Musée Soulages

Gastronomie
L'atout tourisme vert et loisirs disposait déjà du renfort du patrimoine, le voilà qui s'enrichit d'un volet culture. Sans oublier le vecteur fort que représente la gastronomie dans le département. Outre les plus médiatiques de chefs que sont les étoilés Michel Bras et Cyril Lignac, ou encore les «Top chefs» Quentin et Noémie, l'Aveyron rural bénéficie d'une réputation générale de bien manger : des produits de qualité, de belles quantités dans les assiettes et des additions pas chères (ou pas trop !).

Reste à exploiter la ressource, à la «vendre». Il ne s'agit évidemment pas «d'amortir l'investissement», mais pour le moins d'en attendre des retombées.

à Rodez, la révolution est en marche. Les deux premières étapes auront été l'inscription de la ville parmi les grands sites Midi-Pyrénées, puis l'obtention du classement Ville d'art d'histoire.

Demain, l'inauguration du musée Soulages représentera une marche supplémentaire. À côté du centre historique de Rodez (le fameux «Piton»), Soulages et son proche environnement (esplanade des Rutènes, jardin public) sont en passe de devenir le cœur de la ville.

Rodez a changé et Rodez changera encore. Reste à mener le dossier Unesco. Lancée prématurément, la démarche a été reportée, mais pas abandonnée. «Ce sera long, ce sera compliqué, mais on va le faire», explique le maire, Christian Teyssèdre. «Nous avons les atouts pour réussir».

 
/ Photo Musée Soulages

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