Cuir : La Tannerie Arnal dans l'Aveyron

15/4/2014

Publié le 14/04/2014 à 08:00   | La Dépêche du Midi |  Marie-Christine Bessou
 
Le Monastère : Tannerie Arnal, un métier dans la peau

Dans la tannerie Arnal, au Monastère-sous-Rodez, le savoir-faire de deux ouvriers qui font passer la peau dans des cylindres pour la dégraisser./Photo DDM, MCB

Visite exceptionnelle de la tannerie Arnal, au Monastère-sous-Rodez, l'une des deux entreprises qui existent encore en Aveyron avec François Arnal dont l'arrière-grand-père en est le fondateur.

La tannerie Arnal au Monastère-sous-Rodez est l'une des deux seules entreprises de ce type qui survivent en Aveyron avec Pechdo à Millau, spécialisée dans la ganterie. Autrefois, l'Aveyron en comptait rien qu'une dizaine au Monastère, entre L'Aveyron et la Briane, car l'activité nécessitait la proximité d'un cours d'eau pour laver les peaux. Il y en existait aussi à Espalion et à Saint-Geniez d'Olt. «Il y en avait partout», résume François Arnal, l'arrière-petit-fils de celui qui a fondé la tannerie en 1850. Si au XIXe siècle elle comptait une centaine d'employés jusqu'à atteindre les 170 personnes nécessitant l'ouverture d'un second site à Arsac (que l'agglo achètera plus tard pour créer la zone d'activité du même nom), ils sont aujourd'hui seulement 25 sous la direction de Bertrand Sauve qui a racheté la tannerie il y a 7 ans. 

 
M. Bertrand Sauve montre de très belles peaux au sortir de la machine à tanner./Photo DDM

Il est nécessaire de faire le distinguo entre la tannerie qui travaille les peaux de bovins et la mégisserie les peaux d'agneaux. «La tannerie est essentiellement un métier de main-d'œuvre «déclare François Arnal qui a passé sa vie à trier les peaux. Les peaux sont achetées dans un premier temps aux abattoirs d'ailleurs 80 % de leurs revenus sont issus du cuir. «On essaie d'acheter plutôt des peaux de race Limousine ou Aubrac car le principal problème ce sont les défauts sur la peau provoqués par les barbelés ou les buissons car il faut ensuite gommer les cicatrices. Les peaux d'Argentine ne sont pas prisées car elles sont marquées au feu», explique François Arnal. «On achète les cuirs à la pièce sachant qu'un semi-remorque en contient environ 1 500 mais on ne sait pas ce qu'on va avoir avant d'avoir enlevé le poil», poursuit le même. Après l'achat, les peaux sont stockées par terre et salées afin de pouvoir être conservées pendant 3 ou 4 mois. Après leur avoir enlever le poil, elles sont lavées par lots de 10 tonnes dans d'énormes tonneaux. «Ça fait 40 ans qu'on ne rejette plus ces eaux usées dans le milieu naturel», confie François Arnal, soucieux de l'environnement. 

Les peaux sont ensuite degraissées entre des cylindres. Puis vient l'opération de tannage proprement dite (afin de rendre la peau imputrescible) qui consiste à tremper les peaux dans deux formules différentes. Il y a soit le tannage végétal avec du bois, soit le tannage au chrome avec des minéraux. Les peaux prennent une pigmentation différente suivant la formule, beige avec le premier, verdâtre avec le second. Suivant la formule de tannage, l'usage ne sera pas le même. avec le chrome, le cuir sera plutôt destiné à faire des canapés par exemple et avec le végétal de la maroquinerie de luxe et de la sellerie. Une fois le cuit tanné, vient l'opération de teinture, puis le cuir est déridé et couponner en morceaux. «On enlève les flancs, le cou, la queue et le croupon qui est la meilleure partie du cuir», explique François Arnal. Des machines à pigmenter peuvent lui donner divers aspects. On l'entretient avec de la graisse ou de la cire et certaines résines peuvent le rendre imperméable.

 

Un groupe d'aînés en visite / Photo DDM

Les plus beaux cuirs du monde
Les peaux travaillées à la tannerie Arnal sont essentiellement destinées à de la maroquinnerie de luxe. Les marques Vuitton, Chanel, Hermès sont attachées à la qualité proposée par la tannerie aveyronnaise alors que les chausseurs semblent s'approvisionner davantage auprès des pays asiatiques. Néanmoins les plus beaux cuirs du monde proviennent de France, d'Allemagne et d'Italie. Avant les selliers et les bourreliers étaient très demandeurs de peaux qui servaient à fabriquer des licols pour atteler les animaux ou encore des courroies de transmission pour les voitures. Il existe une école de tannerie à Lyon. Après 5 ans d'étude en tannerie et chimie, vous obtenez un diplôme d'ingénieur.

Le chiffre : 120 euros > à l'achat. C'est le tarif pour une peau brute qui peut aller de 4 millimètres à 1,5 centimètre d'épaisseur.
«La tannerie remonte à l'antiquité et le métier de tanneur est essentiellement un métier de main-d'œuvre».
François Arnal, arrière-petit-fils du fondateur de la tannerie Arnal et directeur jusqu'en 2007
 

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