JO Sotchi 2014 : Martin Fourcade, Pyrénéen chercheur d'or !
Publié le 14/02/2014 à 08:49 | La Dépêche du Midi |
Fourcade fond sur Killy !
Biathlon - 20 km individuel : Après la poursuite lundi, le Catalan a récidivé hier, écrasant la concurrence malgré une faute au tir
Insatiable, Martin Fourcade s’est un peu plus rapproché hier de Jean-Claude Killy, triple médaillé d’or à Grenoble (1968), avec un deuxième titre olympique qui le consacre, à 25 ans seulement, comme l’un des plus grands athlètes tricolores de l’histoire. Trois jours après la poursuite, le ciel est de nouveau resté bleu au-dessus du complexe Laura. Le Catalan est bien chez lui en Russie, où son aura déjà grande va bientôt dépasser les hauteurs des montagnes de Rosa Khoutor.
«Il est fantastique, c’est un athlète extraordinaire. Il est si fort et je suis fier pour lui. Parce c’est l’un des plus grands de l’histoire», l’a d’ailleurs complimenté le Norvégien Ole Einar Bjoerndalen, légende vivante qui n’a pas réussi à décrocher à 40 ans une 13e médaille olympique, record absolu en terminant seulement 34e à près de 4 minutes.
Oui, Martin Fourcade évolue désormais dans une autre dimension, celle des plus grands champions comme Jean-Claude Killy. «Double champion olympique, c’est incroyable, mes Jeux sont déjà réussis. Mais j’ai envie de me battre aussi pour l’équipe. Je n’ai pas envie de rentrer tout seul avec plein de médailles et les autres qui font la gueule», explique-t-il. «J’ai envie de rester le même, les pieds bien collés sur le sol car il y a encore plein de belles choses à aller chercher», sourit-il, faisant référence à la mass start et aux deux relais, mixte et masculin.
Lesser explose sur la piste
Hier, la joie était différente de celle de lundi soir dans la poursuite. D’abord parce que le format de la course ne permet pas aux biathlètes de connaître de manière définitive leur classement. Ensuite, parce que Martin Fourcade a dû attendre l’arrivée de l’Allemand Erik Lesser cinq minutes plus tard, dernier rebelle qui l’aura titillé jusqu’au bout, étant le seul du top 20 à avoir réalisé un 20/20 au tir.
Mais ses 10 secondes d’avance à l’entame de la dernière boucle n’auront pas suffi (12 de retard à l’arrivée). Car malgré une faute lors de la première séance debout, Fourcade était tout simplement intouchable en ski, sûr de sa force. Et de confier : «Je savais qu’avec une faute, j’étais encore capable de gagner.»
«Et en plus il a de la chance !», ajoutera son frère aîné Simon, très bon 13e, en voyant après l’arrivée les images de son frère évitant in extremis une chute dans un virage qui lui aurait coûté la victoire. «Comme un chat, je suis resté sur mes pattes», pouvait plaisanter Martin.
Photo L'Équipe
Impassible et serein, Fourcade a donc attendu que Lesser soit à 25 m de la ligne d’arrivée, trop loin pour battre son chrono, pour exulter en levant les bras au ciel. «C’était l’anniversaire de ma copine aujourd’hui (Ndlr : hier). Je n’avais pas eu le temps d’acheter de cadeau, je suis tout excusé. Demain (aujourd’hui), c’est la Saint-Valentin… Il n’y a pas de course, c’est dommage !», pouvait-il glisser avec un petit rire coquin, lui qui a bien failli voir Jean-Guillaume Béatrix, médaillé de bronze en poursuite lundi, lui ravir sa tunique dorée mais plombé par une faute au dernier tir debout et finalement 6e (43 secondes de retard) à l’arrivée.
Quant au Norvégien Emil Svendsen, grand rival de Fourcade, il n’a terminé qu’à la 7e place, à près d’une minute. Tellement loin de la dimension prise par Fourcade.
Le 14 février à 6h00 par Recueilli par Fabrice Voné | L'Indépendant
Martin Fourcade a "envie de partager tout ça"
Martin Fourcade en plein effort / Photo : Agence Zoom
Après avoir décroché sa 2e médaille d'or, jeudi à Sotchi, Martin Fourcade aimerait poursuivre sa razzia olympique à l'occasion des relais. Histoire que ses copains ne rentrent pas bredouilles en France.
Que ressentez- vous après ce deuxième titre olympique ? Les sentiments ne sont vraiment pas les mêmes. L'autre jour (lundi), c'était une libération et une énorme pression qui retombait. Il y avait aussi l'excitation de la poursuite qui fut un vrai combat. Aujourd'hui (jeudi), c'est plus mesuré. Je devais rester concentré pendant une heure pour espérer gagner. C'est différent mais tout aussi bon.
Comment voyez-vous la suite des Jeux Olympiques alors qu'il reste trois courses à votre programme ? Les Jeux ne sont pas finis. La mass start (dimanche à 16 heures*) me réussit plutôt bien. Mais il y a surtout les relais avec les copains (samedi 22 février à 15 h 30) et avec les filles du groupe (mercredi à 15 h 30). J'ai envie de partager tout ça avec mon équipe afin de ne pas rentrer tout seul avec plein de médailles et de voir les autres qui tirent la gueule. Je peux en avoir cinq comme je peux rester bloqué à deux. Pour moi, les Jeux sont déjà plus que réussis. C'est pour les copains que j'ai envie d'y aller.
Avez-vous conscience d'entrer dans l'Histoire ? Je ne me suis jamais battu pour ça. Je fais du biathlon pour être heureux, pour vivre une aventure incroyable avec mon équipe et mes copains. Je crois que c'est pour ça que ça marche. J'aime mon métier et, du coup, je pense que je suis plutôt bon dans ce que je fais.
Vous devez quand même vous rendre compte que ce que vous réalisez est tout de même historique ? Tout le monde le dit, ça commence un peu à rentrer dans ma tête. Mais je garde les pieds bien accrochés au sol. J'ai juste envie de rester le même et de rester concentré pour les courses qui arrivent car il y a encore de belles choses à aller chercher.
Vos performances dépassent le cadre de votre discipline... Je n'ai pas envie d'y penser, juste envie de continuer. J'ai déjà pas mal de retours de la France, c'est sûr que ça va être magnifique, mais j'ai envie de prendre les choses comme elles viennent. C'est déjà beaucoup de bonheur.
En attendant, quel regard portez-vous sur ces Jeux ? Tout le monde disait que ça allait être les Jeux de Vladimir Poutine. Je ne veux pas lui voler la vedette (rires). Il y a eu beaucoup de polémiques avant ces Jeux mais le village olympique est très bien et très sûr. Même s'il y a beaucoup de contrôles, c'est plus simple pour nous les athlètes. Pour moi, c'est aussi bien que Vancouver.
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