SISQA 2013 : manger mieux, manger local

13/12/2013

 
Publié le 12/12/2013 à 08:21 | La Dépêche du Midi  |  Gérald Camier
 
Manger mieux, manger local
 
Affiche salon Sisqa 2013 / DDM
 
Le onzième Salon international de la sécurité et de la qualité alimentaire (Sisqa) ouvre aujourd’hui et jusqu’à dimanche. Quatre jours pour faire ses courses avant Noël, rencontrer des producteurs, déguster, se restaurer et comprendre le métier d’agriculteur.
 
C’est incontestablement le salon le plus fréquenté de Midi-Pyrénées : le Salon international de la sécurité et de la qualité alimentaire - c’est le onzième Sisqa - ouvre ses portes aujourd’hui et jusqu’à dimanche 15 décembre au Parc des expositions de Toulouse. À dix jours de Noël, l’occasion est toute trouvée de venir faire ses emplettes, des cadeaux, dans ce grand marché aux 200 produits, dont 120 sous signes d’identification de la qualité et de l’origine (Siqo) ainsi que de nombreux produits sous bannière «Sud Ouest France» (elle existe depuis deux ans).

 
Assurément, la manifestation draine les foules - 80 000 visiteurs en quatre jours - et de nombreux jeunes sensibilisés à la qualité alimentaire, eux qui vivent dans un environnement cerné par les fast-foods. Chaque année, ils sont près de 7 000 à venir, soit dans le cadre scolaire ou avec leurs parents. À 3 euros l’entrée, tout est permis. Reconnu pour ses produits de qualité, le Sisqa est aussi réputé pour ses ateliers pédagogiques. L’animateur Jean-Pierre Coffe estime même que le salon est, à ce titre, «unique» en son genre en France (lire ci-contre).
 
Provenance, fabrication et transformation des produits, c’est l’occasion de poser toutes les questions (oui, la vache de race Aubrac peut aussi devenir un steak haché). Producteurs, éleveurs, cultivateurs, viticulteurs sont là pour régaler le visiteur mais pas uniquement.
 
 
Car les professionnels ont aussi besoin de reconnaissance. C’est particulièrement vrai en Midi-Pyrénées où, d’après un sondage de l’Institut Harris Interactive, commandé par la Région Midi-Pyrénées à l’occasion du Sisqa 2013, le moral n’est pas vraiment au beau fixe dans la profession. Crise, scandales alimentaires à répétition, malbouffe, il en ressort que «plus de 6 agriculteurs sur 10 ont le sentiment que leur métier n’est pas valorisé dans la société actuelle». Et «près de 8 agriculteurs sur 10 considèrent qu’il est aujourd’hui plus difficile d’exercer leur métier qu’auparavant».
 
Mais «l’agriculture ne doit pas se tenir à l’écart de l’innovation», a toujours souligné Martin Malvy, le président du conseil régional Midi-Pyrénées à l’origine il y a onze ans du Sisqa. Dans de nombreux secteurs de l’agroalimentaire, qui emploie 100 000 personnes en Midi-Pyrénées, la bannière «Sud Ouest France» continue de s’imposer y compris chez nos voisins d’Aquitaine. L’objectif de fédérer les moyens et les filières du secteur des deux régions vise les marchés émergents, dont la Chine. La qualité alimentaire à l’export a toutes ses chances.
 
 
Publié le 12/12/2013 à 08:06 
 
Pourquoi les producteurs choisissent la qualité
 
«Le Bethmale, c'est mon héritage»
 

Sylvie Domenc, 47 ans, Productrice de Bethmale, Cescau (Ariège)
Elle est l’une des dernières productrices de Bethmale en Ariège. À 47 ans, Sylvie Domenc gère la fromagerie de la Core à Cescau, depuis 2010. Héritière d’un savoir-faire transmis depuis plusieurs générations, elle veille à la préservation du goût de ce fromage typique du département de l’Ariège. Pour cela, elle s’appuie uniquement sur des producteurs locaux. «Nous collectons 22 000 litres de lait, tous les deux jours, dans une quinzaine d’exploitations, situées pour la grande majorité dans le Couserans.» Et pour préserver le goût traditionnel du Bethmale, elle ajoute au «lait propre» des ferments lactiques. «Chaque fabricant a son secret.» Vient ensuite l’étape de l’affinage, période de maturation du fromage. «Huit semaines minimum avant la commercialisation», dans les caves de Bethmale, affirme Sylvie Domenc. Un responsable qualité veille au respect des normes, tout au long de la préparation.
 
«De la graine à l'assiette»
 

Eric Schievene, 41 ans, agriculteur, (3ème à partir de la gauche), Montauban (Tarn-et-Garonne)
Agriculteur depuis 17 ans sur la commune de Montauban, Eric Schievene a repris la propriété familiale, signant ainsi la troisième génération sur ces terres. L’originalité de cette exploitation tient à sa superficie, la plus petite en termes fonciers du Tarn-et- Garonne, et sûrement au-delà, avec précisément 1,14 hectare cultivé. «Je suis principalement maraîcher et j’ai vocation également à faire de la pédagogie via une ferme pédagogique bâtie sur l’exploitation. J’ai le regret de ne pas avoir le temps de me rendre au Sisqa malgré mon invitation de la DRAFF. Ma démarche, eu égard à la taille de mon exploitation, s’inscrit pleinement dans le qualitatif. Car la thématique de ma structure est : de la graine à l’assiette. Je suis aussi producteur de plans, maraîcher, et concepteur de cours de cuisine avec mes produits et des chefs locaux…»
 
Sophie, le Noir de bigorre… et d'Astarac
 

 
Sophie Deffis, 38 ans, éleveuse, Puydarrieux (hautes-Pyrénées)
Au delà d’un superbe produit de terroir, c’est aussi une autre approche de l’élevage que Sophie Deffis a voulu défendre en se lançant dans le Porc Noir de Bigorre, il y a 10 ans. «Je voulais travailler avec une race autochtone qui grandisse en plein air, selon un cycle qui respecte le rythme naturel de l’animal pour obtenir un produit de qualité», résume-t-elle. De fait, 25 porcs maximum à l’hectare passant un minimum de six mois en extérieur avec une nourriture évidemment sans OGM, pour un abattage entre 12 et 14 mois, c’est effectivement ce qui assure la suavité exceptionnelle de ce Noir de Bigorre... Un modèle à la fois exigeant et raisonnable qui lui permet de produire 300 porcs par an et qu’elle applique aujourd’hui à une autre race locale en quête de sauvegarde : la poule noire d’Astarac-Bigorre. 400 chapons pour les fêtes, 500 “coqs vierges” dans l’année, côté «noir», c’est aussi à déguster.
 
«Le malbec dans la peau»
 

Evelyne Demeaux-Lévy, 43 ans, vigneronne, Saint-Matre (Lot)
C’est l’une des représentantes de la fameuse jeune génération de l’AOC vin de Cahors, qui ne cesse de surprendre. A 43 ans, Evelyne Demeaux-Lévy veille, avec amour et attention, sur ses trois hectares de vigne, élevées en bio, à Saint-Matre, à une trentaine de kilomètres de Cahors : «Mon père m’a cédé la propriété qu’il tenait de sa mère. C’est vous dire si j’y tiens. J’adore ce que je fais». En bio, depuis des années, Evelyne fait tout. Elle aime tout : «Je suis passionnée. J’adore être dans les vignes, dans les chais pour vinifier ou même vendre mon vin moi-même. La nouvelle génération aime le vin dans son ensemble». Celui d’Evelyne détonne. Il a la puissance du cahors, mais aussi l’élégance et surtout, il est très fruité. C’est le bouche-à-oreille qui fonctionne et fait venir de plus en plus de monde à Saint-Matre. Ils repartent rarement les mains vides…

 
Publié le 12/12/2013 à 08:04   G.C
 
Les produits bio étiquetés «Sud Ouest France»
 
Jean-Marie Lacan, responsable du magasin Biocoop Purpan à Toulouse./ Photo DDM, Nathalie Saint-Affre 
 
Manger bio et, qui plus est, régional. C’est le parti pris du magasin Biocoop, qui participe depuis peu au lancement des produits estampillés «Bio Sud Ouest France». Une opération de promotion pilotée par l’association Sud Ouest France depuis lundi, avec le soutien d’InterBio Midi-Pyrénées et d’Arbio Aquitaine. Trente-six magasins répartis dans les principales villes de Midi-Pyrénées et d’Aquitaine jouent le jeu de l’étiquetage régional, à l’image de nombreux autres produits non-bio sous bannière Sud Ouest depuis deux ans.
L’agriculture biologique de Midi-Pyrénées est la première filière agricole à s’être emparée de cet outil en France avec près de 200 produits. Il s’agit avant tout de fruits et légumes, mais aussi les jus, le miel et les confitures, les yaourts, le pain, les œufs, les vins, etc.
 
Après ceux de Rangueil et de Purpan, le premier Biocoop s'installe dans l'hypercentre de Toulouse - Sylvie Delpech veut « dépoussiérer l'image du bio »./E. Sueur-Monsener
 
«C’est un signe distinctif mais qui n’est pas aussi évident que ça à reconnaître pour le consommateur, explique Jean-Marie Lacan, gérant de trois Biocoop (Purpan, Tournefeuille et Colomiers). La législation sur les produits nous impose l’origine du pays, mais la région n’est pas une obligation. Dans les magasins Biocoop, nous soutenons une agriculture locale, donc un logo régional renforce cette idée. On a l’assurance d’une traçabilité, on sait où le produit passe, du producteur jusqu’à sa transformation. Les produits Bio Sud Ouest France représentent 15 % de l’activité du magasin pour l’instant.»
 
Joël Vellard, responsable de deux magasins Biocoop (Odos et Tarbes) : «On peut nourrir l'humanité avec le bio»./Photo J. Boyé
 
C’est que le marché du bio se porte plutôt bien. La clientèle du Biocoop de Purpan a un spectre très large. Mais chacun vient ici pour plusieurs raisons qui tiennent tout autant du besoin de bien manger que du souci de participer à une autre agriculture. Une forme d’engagement. «Je viens assez régulièrement. C’est une manière de me sauver la vie que de manger correctement», lance avec humour Jean-Jacques, artiste peintre de 65 ans, qui fait régulièrement ses courses ici. Il y a en effet des produits chers, ajoute-t-il, mais pas toujours. Prenez la viande, et bien elle est excellente et souvent moins chère que dans une boucherie traditionnelle. Regardez les petits pots de compote, ils sont moins chers qu’à Carrefour au rayon bio. J’ai réussi à convaincre beaucoup de gens comme moi, avec de petits moyens, de manger bio.» Même les employés, chargés de promouvoir les produits régionaux, ne sont pas là par défaut. Emma, 23 ans, assure travailler dans le magasin «par choix personnel. L’approche avec les clients est différente ici, plus de discussion, plus de contact. Bien se nourrir, c’est un état d’esprit».

 
Publié le 12/12/2013 à 08:07   Recueilli par G.C
 
Le sisqa :  «C'est un salon pédagogique»
 
Expert : Jean-Pierre Coffe, animateur de radio et de télévision, critique gastronomique, écrivain, cuisinier et comédien./DDM
 


 
Le Sisqa ouvre ses portes à Toulouse, c’est une manifestation que vous connaissez bien pour y être venu plusieurs fois ?
Ah, ne m’en parlez pas ! Je suis justement dans l’impossibilité de m’y rendre cette année. C’est la première fois que ça m’arrive. Non sérieusement, je suis un peu inquiet quand je vois ce dernier sondage qui dit que 22 % des Français ne veulent plus manger de foie gras. Mais que vont devenir tous ces formidables producteurs sur lesquels on jette l’anathème ? Il y a quand même un organisme qui regroupe tous ces producteurs, mais personne ne s’est encore manifesté. Franchement, il vaut mieux manger du foie gras que du saumon norvégien. Quand on voit comment il est élevé, c’est effrayant !
 

 
C’est le salon de la qualité alimentaire. Dans le Sud Ouest, on est plutôt bien loti ?
C’est, pour moi, le seul salon qui fait de la vraie pédagogie pour les enfants. On leur montre comment traire les vaches, comment éclosent les œufs. Avec ce qu’on mange dans les cantines, le Sisqa c’est bien mais ce n’est pas suffisant. Il faut développer la qualité des produits dans les cantines. Forcément, ce salon c’est aussi une initiative exceptionnelle pour les produits du Sud-Ouest. Oh ! et puis le grand stand des bouchers, c’est quelque chose. Et puis les haricots tarbais, des vins issus de coopératives bio - certains font d’ailleurs un travail formidable en la matière -, le foie gras bien sûr, mais aussi les jurançon, sans oublier des chefs prestigieux. C’est la vitrine d’une belle région qui a compris qu’il fallait s’accrocher à la qualité des produits qui sauve l’agriculture locale. C’est important de le souligner. Non, c’est un salon formidable, bien différent du salon de l’agriculture à Paris qui est une espèce d’énorme pétaudière où tout est mélangé.
 

Quel conseil donneriez-vous au badaud qui va découvrir le salon ce week-end. Faut-il tout goûter ?
Quand je viens au Sisqa, mais je fais le marché du matin au soir. Je déguste, j’achète des produits, je discute avec les producteurs, mais ce qui en fait pour moi l’unique salon en France, c’est sa capacité à expliquer les choses. La pédagogie, c’est incontournable : on voit quand même des enfants qui sont incapables de dire que le chocolat vient d’un arbre, ils croient encore que ça vient d’une tablette de chocolat. Et puis, c’est un salon où l’on découvre la paysannerie de qualité française, mais les paysans au sens noble du terme. Il faut les défendre.



(Texte : La Dépêche du Midi - Photos SR : Simon Rodier)

Partagez sur les réseaux sociaux

Catégories

Autres publications pouvant vous intéresser :

Commentaires :

Laisser un commentaire
Aucun commentaire n'a été laissé pour le moment... Soyez le premier !
 



Créer un site
Créer un site