Toulouse : les vestiges d'une tannerie découverts
Publié le 26/10/2013 à 09:11 | La Dépêche du Midi | Sylvie Roux
Une tannerie de la Renaissance à Saint-Pierre
Le site archéologique va être conservé sur place, protégé par un remblai, sous les futurs gradins/Photo DDM, Michel Viala.
Le chantier de la future esplanade Saint-Pierre a permis de mettre au jour les vestiges de deux ateliers de tanneurs datant probablement de la Renaissance, l’âge d’or du pastel. Des visites sont organisées aujourd’hui.
En préparant le terrain dans lequel seront fichés les pieux de soutènement de la future esplanade en gradins de Saint-Pierre, les ouvriers ont fait une formidable trouvaille. Ils ont découvert les vestiges d’une tannerie datée de la période 16ème-18ème. En juillet, un pan du rempart de Toulouse avait été mis au jour. Mais on ignorait l’existence d’autres vestiges sur ce site situé en contrebas de la place Saint-Pierre, à gauche du pont, en bord de Garonne. Un endroit devenu depuis longtemps lieu de promenade pour les Toulousains.
Retrouvées par hasard, d’anciennes cuves circulaires en brique, dont certaines portent encore des traces de chaux blanche, un couloir en pente vers la Garonne, un puits au fond duquel l’eau du fleuve affleure, quatre bacs carrés, témoignent d’une activité artisanale qui s’est arrêtée il y a plus de 200 ans. Pour Pierre Pisani, responsable du service archéologique de Toulouse Métropole ce sont les vestiges de deux ateliers de tanneurs qui connurent sans doute leur apogée à la grande époque du pastel. «Jusqu’à la construction des quais par Saget, en 1783, il y a eu beaucoup d’artisanat ici le long de la Garonne, des teintureries, des tanneries, une manufacture de canons à la Garonnette. Il en existe quelques gravures aux Archives Municipales» explique Pierre Pisani.
«On peut imaginer ici une cinquantaine d’hommes travaillant dans des conditions difficiles sur des peaux d’animaux, dans des cuves, au contact de la chaux. ça ne devait pas sentir très bon et tous les rejets partaient dans l’eau de la Garonne ! Toulouse était alors une grosse bourgade». L’analyse de morceaux de céramique vernissée à motifs floraux, de tessons et d’une pièce de monnaie à l’effigie d’un roi trouvés sur place, permettra de dater cette tannerie précisément.
Le chantier de l’esplanade Saint-Pierre a été stoppé pendant une semaine le temps que les spécialistes fouillent et photographient la zone, effectuent le relevé topographique, filment l’ensemble en 3D. «Ces vestiges archéologiques vont rester en place, ce qui est rarement possible à Toulouse. Ils seront protégés par un textile spécial et par un remblai d’une vingtaine de centimètres», indique Pierre Pisani. «Il y aura probablement un accès aménagé sous les gradins». On ne verra plus ces vestiges. Autant en profiter ce week-end, car la semaine prochaine ils seront recouverts.
Publié le 01/08/2013 à 08:31 | J.-N. G.
Archéologie : sous nos pas, toute l'histoire de Toulouse
Les dernières découvertes archéologiques à Toulouse / DDM
Une tannerie du XVIIIe siècle vient d’être mise au jour à Saint-Pierre. Depuis un an, les archéologues multiplient les découvertes sur le passé de Toulouse.
Toulouse change et chacune de ces mutations est aussi l’occasion d’un retour dans le passé. Sur les chantiers, avant toute construction, les archéologues sont maîtres du terrain. Et, depuis un an, avec la création d’un service spécialisé au sein de la communauté urbaine, ces experts n’ont cessé de mettre au jour des pans de notre histoire. Vestiges néolithiques, fermes gauloises, aqueduc gallo-romain... une balade dans le temps.
La semaine dernière, dans la partie basse de la place Saint-Pierre, là où l’urbaniste Joan Busquets prévoit de construire de grands escaliers qui descendent vers la Garonne, des sondages ont révélé la présence d’un morceau du rempart gallo-romain qui ceinturait «Tolosa».
Puis les archéologues ont mis au jour non pas des vestiges du pont médiéval qu’ils espéraient trouver mais une tannerie du XVIIIe siècle, mentionnée sur le cadastre, avec son four, deux bacs de décantation et même des restes de chaux... Une trace d’un des nombreux métiers qui ont longtemps colonisé le bord du fleuve. Expertisées, photographiées, ces pièces ont été laissées en l’état et à nouveau ensevelies. «Selon leur intérêt, la Direction régionale des affaires culturelles dira si nous devons mener des fouilles», indique Pierre Pisani, responsable du service.
Aqueduc à la fac
En juillet, aux Izards, les archéologues ont fait un bon vers 1900 en dégageant une noria qui alimentait en eau les maraîchages. Peu de temps avant, c’est l’aqueduc gallo-romain de Toulouse, vieux de 2000 ans, qui a été exhumé dans le parc de l’université du Mirail.
En juin, près de l’ancienne piste d’Air France à Montaudran, les fondations de deux fermes gauloises sont apparues aux yeux des archéologues. Tout comme sur le site du futur parc des expos à Beauzelle.
Il y a deux ans, l’Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) avait mené d’importants chantiers: au Bazacle sous la future école d’économie avec la découverte d’un édifice de l’époque wisigothe et dans le square du Capitole avec un mur qui pourrait être la façade de la maison commune, l’ancêtre médiéval du Capitole.
Hôtel particulier, aqueduc, amphores...
Fouillée par les archéologues depuis le 8 juillet, une partie de la cour du lycée Saint-Sernin révèle progressivement les fondations d’un hôtel particulier daté aux alentours du XVIIIe siècle. Pour l’équipe de quatre archéologues de l’INRAP, l’objectif est de collecter le maximum d’informations avant que le site ne soit détruit. Ils ont creusé jusqu’à 1,80m de profondeur, dévoilant de nombreux objets du quotidien. Céramiques, os et nécessaires de coutures ont ainsi été trouvés parmi les vestiges. Le site sera creusé tout l’été jusqu’à début septembre en vue de la construction d’un amphithéâtre en plein air.
Les archéologues connaissaient l’existence de l’aqueduc gallo-romain de Toulouse depuis le début des années soixante grâce à des sondages de terrain réalisés à l’époque. Mais ce n’est que récemment que ce monument de la ville a été exhumé par les archéologues de la communauté urbaine: 200 mètres en juin à Bellefontaine et 650 mètres en juillet dans le parc de l’université du Mirail. L’aqueduc servait à capter les sources qui se trouvaient dans le secteur de Lardenne pour acheminer l’eau dans le centre-ville.
L’an dernier, le musée Saint-Raymond a présenté pas moins de 14 000 objets issus de la plus importante campagne de fouilles menées ces dernières années dans la Ville rose. Pendant 21 mois, jusqu’en 2011, Peter Jud et la société Archeodunum ont fouillé le vaste site de l’ancienne caserne Niel. Ils ont trouvé des vestiges du néolithique, notamment 80 tombes et des urnes remplies de toutes sortes d’objets. Mais c’est surtout la période gauloise qui a retenu leur attention. Nos ancêtres avaient fait de ce lieu situé près de la Garonne un important site de commerce à grande échelle. Une centaine de tonnes d’amphores servant à transporter du vin ont notamment été exhumées.
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