Spécial week-end -1- : Albi

9/4/2013


Publié le 04/04/2013 à 11:49  | La Dépêche du Midi | 
 
Sur les traces de Toulouse-Lautrec
 

 
Pourquoi ne pas profiter d’un week-end pour redécouvrir la ville rouge ? Avec la rénovation du musée Toulouse-Lautrec, installé depuis 1922 dans le Palais de la Berbie, la capitale tarnaise offre une escale culturelle agréable à ses visiteurs.
 
« La ville d’Albi, fière de posséder les oeuvres d’un de ses plus illustres enfants, ne négligera rien pour assurer à son oeuvre si originale, dans un cadre digne d’elle, tous les aménagements nécessaires. » C’est en ces termes, un brin ampoulés, que le maire d’Albi Édouard Andrieu répondait le 10 novembre 1919 à la mère de l’artiste, la comtesse Adèle de Toulouse-Lautrec, qui avait décidé de faire don à la ville de l’oeuvre de son fils Henri, décédé le 9 septembre 1901 au château de Malromé, en Gironde, à l’âge de 37 ans, tué par l’alcool autant que par la syphilis. Près de cent ans plus tard, les voeux de la comtesse, née Tapié de Céleyran, ont été exaucés, l’année dernière.
 
Après onze ans de travaux, c’est un musée Toulouse- Lautrec « réinventé » qui a ouvert ses portes en avril 2012 et qui accueille depuis des milliers de visiteurs. Depuis 1922, la collection Toulouse Lautrec, qui comporte près de mille tableaux – mais aussi des lithographies, des dessins et des affiches – d’un des plus célèbres peintres du XIXe siècle, « siégeait » dans le Palais de la Berbie, cette puissante forteresse médiévale qui fut la résidence des évêques d’Albi jusqu’en 1905. Rénové, le musée s’est doté d’un espace d’accueil et d’une boutique. Une salle est consacrée aux expos temporaires, située dans les soubassements du Palais, au rez-de-jardin du petit parc à la française. Un auditorium, creusé sous la cour intérieure, a aussi été aménagé.
 
/ Photo DDM
 
De la jeunesse aux oeuvres tardives
« Le parcours muséographique propose dorénavant de dérouler la découverte de l’oeuvre d’Henri de Toulouse-Lautrec avec une approche à la fois chronologique et thématique, depuis les tableaux de jeunesse jusqu’aux oeuvres tardives », explique Danièle Devynck, conservateur en chef du musée, On pénètre dans le musée en traversant la cour d’honneur du Palais. Les premières salles sont consacrées aux oeuvres de jeunesse de Toulouse-Lautrec. Elles font la part belle aux tableaux représentant les paysages de la propriété familiale de Céleyran, dans l’Aude, mais aussi les chevaux, grande passion du peintre. C’est à la suite de deux chutes de cheval qu’on découvrira à Henri une maladie osseuse congénitale.
 
L’espace suivant met en évidence les talents de portraitiste de Toulouse- Lautrec. Sa mère, la comtesse Adèle, son ami, Maurice Joyant, ses proches, dont son cousin germain, Gabriel Tapié de Céleyran, représenté avec des rouges et verts intenses, y sont saisis dans toute la vérité de leur physionomie. Thème suivant de la visite : les fameuses « maisons closes », dont l’univers exerça une véritable fascination sur le peintre. Parmi les tableaux exposés, une toile majeure, Au salon de la rue des moulins, réalisée en 1894, synthèse de son travail sur la prostitution.
 
Après avoir jeté un oeil respectueux et admiratif sur les pavements médiévaux de la salle palatiale du XIIIe siècle, au premier étage, on se plonge dans l’univers de la « nuit parisienne », et des affiches qui firent la célébrité du peintre – le musée est l’heureux détenteur des 31 spécimens catalogués. Dans ces salles, éclate tout le don d’observation du peintre, témoin de solitudes intérieures saisies au détour d’une soirée au bistrot, qui reflétaient peut-être la sienne. Quant aux affiches, elles permettent d’apprécier à sa juste mesure son génie de dessinateur. Toulouse- Lautrec aimait figurer ses modèles en contre-plongée, une technique qui conférait une présence presque écrasante à ses célèbres sujets : le chansonnier Aristide Bruant, avec sa fameuse écharpe rouge, la chanteuse de beuglant Yvette Guilbert, la danseuse de french cancan du Moulin Rouge Jane Avril. Le reste du parcours est consacré aux dessins et aux lithographies qui révèlent toute la complicité, voire l’empathie qui unissait l’artiste à ses modèles. Plus qu’un détour, le musée Toulouse-Lautrec nouvelle formule mérite une pause… prolongée
 
La cathédrale reste le site le plus visité par les touristes./DDM.
 
Un vaisseau de Brique
La balade albigeoise se poursuivra ensuite vers la Cathédrale Sainte-Cécile, exemple exceptionnel de gothique méridional, construite en 1282 ; il s’agit de la plus grande cathédrale de brique au monde ; elle mesure 113 mètres de long sur 35 de large et offre au regard des allures de château-fort. Témoignage de la foi chrétienne après l’hérésie cathare, elle présente également de très nombreuses scènes peintes qui en font un véritable musée de l’art chrétien. La scène du Jugement dernier, datant du Moyen-âge et réalisée sur plus de 200 m2, apparaît comme une fabuleuse bande dessinée, où le ciel, la terre et l’enfer sont mis en scène.
 
A voir aussi le jubé, qui clôture le choeur et qui est orné de plus de 270 statues. En juillet et août, des concerts sont programmés à Sainte-Cécile les mercredis et les dimanches, autorisant une pause musicale dans la visite. On continuera la promenade vers la Collégiale Saint-Salvi, à l’architecture composite qui allie roman et gothique, pierre et brique, et le cloître Saint-Salvi. Reconstruit en 1270 par Vidal Malvezi, il fut mutilé au cours de la révolution ; il n’en reste plus aujourd’hui que l’aile méridionale : il abrite un jardin des simples, véritable îlot de verdure au coeur du centre ancien d’Albi. Les maisons entourant la collégiale étaient autrefois des demeures de chanoines.
 
Jackie-Ruth Meyer, directrice du LAIT, devant le centre d'art./ photo DDM, MPV
 
Le Centre D’ART Le L.A.I.T.
Le centre d’art contemporain, le L.A.I.T, s’est installé dans les anciens Moulins albigeois depuis 1989. Les Moulins albigeois ont fonctionné sous forme de coopérative,jusqu'en 1971. Ils étaient célèbres pour leur architecture industrielle dont la salle voutée témoigne encore aujourd’hui. A l’extérieur, un jardin propose une belle vue sur le Tarn. Le centre est dédié à la création contemporaine et accueil des artistes émergents comme des artistes déjà renommés. Ils y produisent des oeuvres spécifiques, dans un cadre superbe.
 
Deux expositions sont programmées ce printemps. Sous le titre « Porosités », des vidéos de jeunes artistes évoquent les contaminations réciproques entre les espaces extérieurs et les univers intérieurs. L’exposition « Collection LGRDécoupages » regroupe des oeuvres de collectionneurs, Roland et Gaétane Botrel, qui ont commencé leurs collections dans les années 80. On retrouve dans cette sélection des oeuvres de Pascal Pinaud, Xavier Theunis, Frédéric Lecomte… qui réinventent le dessin et la peinture, avec humour, entre collages, découpages, détournements d’objets et citations.
• Porosités, du 23 mars au 9 juin
• LR-découpages, du 13 mars au 9 juin
• Le L.A.I.T. , 40 rue Porta Ouvert de 14h à 19h, du 1er avril au 1er octobre ; 09 63 03 98 84
 
Revivez le parcours de Lapérouse au musée qui porte son nom à Albi./ Photo DDM
 
L’aventure de Lapérouse
Après l’hommage rendu à Toulouse-Lautrec, il faut s’attarder sur le personnage de Lapérouse et visiter le musée qui commémore son parcours. Cet Albigeois célèbre est né en 1741 au Manoir du Gô. Louis XVI, qui apprécie ses talents de marin, lui confiera une grande expédition. Jean-François de Galaup de Lapérouse commandera deux navires, la « Boussole » et « l’Astrolabe ». 225 hommes partiront de Brest en 1785, longeront le Brésil, le Chili, l’Alaska, la Californie, la Chine, la Russie et l’Australie, pour finir par échouer près des îles Salomon en 1788 : un naufrage aujourd’hui encore entouré de mystère. Le musée présente des tableaux, des maquettes de navire, des instruments de navigation et des armes, retrouvés sur les lieux du naufrage.
 
Avec encore un peu d’énergie, on visitera le Castelviel, ancien bourg fortifié, propriété de la famille des Montfort, qui a été le véritable berceau de la ville. On jettera un oeil sur les maisons médiévales du Castelnau avec pans de bois et encorbellements sur rue. C’est là que se trouvent les maisons natales de Toulouse Lautrec et de Lapérouse. Un peu plus bas, les berges du Tarn, aujourd’hui apaisées, se souviennent d’un passé commercial au temps où le commerce fluvial faisait transiter le vin de Gaillac, le chanvre, le pastel, le verre de Grésigne et les poteries de Montans. En été, les berges sont le point de départ de mini-croisières en gabarre.
 
Les rives du Tarn / Photo DDM
 
• Musée Toulouse-Lautrec :
Palais de la Berbie. Albi.
Ouvert tous les jours de 9 heures à 12 heures et de 14 heures à 18 heures. 8 €.
www.musee-toulouse-lautrec.com
05 63 49 48 70
 
• Collégiale et cloître Saint-Salvi :
Rue Mariès. Ouverts tous les jours. Pour le cloître de 7h à 20h. 
Pour la collégiale,les lundi, mardi et mercredi de 8h30 à 18h, et les jeudi, vendredi, samedi, de 10 à 18h, le dimanche de 14 à 17h, de juin à septembre.
 
• Musée Lapérouse :
41 rue Porta. Ouvert du mardi au dimanche, de 9h à 12h et de 14 à 18h, de mars à juin ;
Ouvert tous les jours en juillet et août. 05 63 46 01 87.
3,50 €. gratuit pour les moins de 12 ans.
 
Trois auteurs pour célébrer Albi./Photo DDM, E.C.
 

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