Parcours de vie : Thérèse et André
Parcours de vie : Thérèse et André
Publié le 02/06/2025 | Midi Libre | Antonia Jimenez
Thérèse et André, une ode aux saveurs d’antan du petit hameau d’Aigues-Vives, dans l'arrière-pays de Béziers

Qui a dit que l’amour n’était pas éternel ? / ML, Antonia Jimenez
Le couple, toujours autonome, vient de fêter ses 95 printemps. Rencontre avec ces témoins de l'histoire d'Aigues-Vives, hameau de Cabrerolles, au coeur du Faugérois..
Dans le hameau d’Aigues-Vives, sur la commune de Cabrerolles, au cœur du Faugérois, Thérèse et André Barthes, tous deux 95 ans, coulent des jours heureux au rythme des saisons.
Tech, réseaux sociaux, intelligence artificielle, stagflation, business model, mix marketing, botox, biomarqueurs…

Les Moulins de Lenthéric / ML
Ces “barbarismes” n’ont jamais absorbé la vie du couple. Toujours autonome, il n’utilise qu’un ancien téléphone mobile. Chacun a le sien pour pouvoir communiquer quand André est au jardin, en bas du hameau, où il se rend tous les jours. Le progrès technologique, lui, s’est arrêté sur le perron de leur petite maison de village.
Ils n’ont jamais quitté leur “pays”, autrefois peuplés de vignerons et d’exploitants forestiers, comme tant d’autres en Biterrois.

L'ancienne école d'Aigues-Vives / ML
La vigne, le bois, la terre, le gibier…
Les rencontrer, écouter leur histoire, c’est voyager au temps où les odeurs et les saveurs de la vigne, du bois, de la terre et du gibier imprégnaient la moindre pierre et les cœurs des habitants de l’arrière-pays de Béziers.
Nés en 1930, ils viennent de fêter leurs 95 printemps. Lui n’entend pas bien, elle marche avec difficulté. Mais leur regard, leur verbe, leur âme et leur histoire brillent toujours des mille feux de la vie. Et leurs souvenirs gardent la flagrance intacte de leur Aigues-Vives d’antan où vivent aujourd’hui environ 70 habitants.

Un cratère de météore à visiter à Cabrerolles / ML
"En 1936, j’ai inauguré la première école, nous étions 14 élèves pour une classe unique. Mon père était conseiller municipal, il l’est resté pendant 45 ans." L'école aujourdhui, n'existe plus. Lui, qui a travaillé la vigne toute sa vie comme son père, suivra sa voie durant deux mandats, de 1950 à 1962.
L’un de ses trois fils, Daniel, sera happé par la fonction de premier magistrat et deviendra maire de Puimisson en 2014.

Le château de Cabrerolles et sa chapelle / ML
Durant l’enfance d’André et de Thérèse, pas de voitures, ni de tracteurs ou d’eau courante dans les maisons.
"On allait chercher l’eau à la fontaine municipale. Les deux chevaux de tout le village nous aidaient dans le quotidien, surtout dans les vignes, où l’on travaillait à la pioche, et les bois, où l’on coupait les troncs à la hache. Par chance, comme mon père était conseiller municipal, le maire lui avait installé le téléphone. Un pour tout le village. Quand ça sonnait, les enfants couraient chercher la personne", sourit André.

Cabrerolles : Un carnaval placé sous le signe de l’eau / ML
"J’ai souvent échangé un lapin contre une baguette"
Éclate la guerre et ses restrictions. Beaucoup d’hommes partent combattre, pas le père d’André, soutien de famille.
"On se débrouillait comme on pouvait. J’ai souvent échangé un lapin contre une baguette." Dès ses 13 ans, il abandonne l’école pour aller couper les chênes des environs afin d’aider sa famille. Les vignes, sans sulfate ni souffre à cause de la guerre, ne “pissaient” pas, comme l’on disait à l’époque. "Il fallait bien manger.
On avait le potager, on allait chasser, mais ça ne suffisait pas. Alors, on complétait les revenus familiaux par la vente de tronc de chênes. Et on entretenait les châtaigneraies du village qui nous nourrissaient."

Cabrerolles a ses cinq hameaux. / ML
Mais la vie d’André, celle de l’homme, c’est sa belle Thérèse, fille d’immigrés espagnols arrivés à La Liquière, en 1939. Chacun grandira dans son hameau. "Mais tous les enfants du pays se connaissaient puisque chaque hameau avait son école et nous nous rencontrions parfois."
Notamment lors des sorties scolaires et, plus tard, lors des bals et des concours de pétanque. "Nous avons connu les camions-citernes roulant grâce aux chaînes qui entraînaient les roues, qui venaient chercher le vin. Chaque vigneron avait sa propre cave chez lui."

Vignoble en faugères, Jérôme veut des vins, "vivants, chargés d’émotion" / ML
Le premier baiser sur la joue de Thérèse sera posé en 1948. La même année où arrive la première voiture au hameau, "une Delaye, celle de Gaston, un petit négociant en vin". Suivra le mariage, le 28 décembre 1950. Depuis, ils ne se quittent plus. Thérèse, qui, après son certificat d’études, avait aidé ses parents, ouvriers agricoles puis propriétaires de vignes, fera de même avec son époux, s’occupant du foyer et de ses enfants. "Sans machine à laver, sans eau courante… Elle n’arrive qu’en 1954."

Cabrerolles : Pentecôte dans la tradition / ML
André et Thérèse, le verbe alerte, comme leur envie de témoigner, racontent, page après page, cette vie qui les a soudés pour l’éternité. Intarissables et pudiques à la fois… Un vrai livre d’histoire, celle de tous les Aigues-Vives qui ont construit le Biterrois.

Survoler les vignes dans une montgolfière avec l'association des Cinq Hameaux / ML
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