Violence des orages dans le Sud-Ouest

22/5/2025

Violence des orages dans le Sud-Ouest

Publié le 20/05/2025 | La Dépêche du Midi | Anne-Laure de Chalup

Orages dans le Sud-Ouest :
"Tout était réuni pour que ce soit très costaud…"
Cet expert explique la violence du phénomène

Puylaurens : Devant l’école, les grêlons mélangés aux débris de plexiglas / DDM, Bancal Audrey

Torrents de grêle, pluies diluviennes, rafales de vent, le sud de la France est touché par un violent épisode orageux depuis le week-end dernier. Supercellules, orages stationnaires, gouttes froides ? Le météorologiste Guillaume Séchet, créateur du site meteo-villes, nous éclaire.

La Dépêche du Midi : L’Occitanie a été balayée par les orages ces dernières heures, comment qualifier ce phénomène météorologique ?
Guillaume Séchet : Il s’agit d’une instabilité orageuse qui s’est développée au passage de ce qu’on appelle une goutte froide. Il s’agit d’une dépression caractérisée par la présence d’air froid en altitude, qui a traversé la région. C’est la différence entre cet air froid en altitude et cet air chaud au sol qui provoque de la convection, et donc des nuages verticaux avec des ascendances, etc., et des phénomènes violents à l’intérieur du nuage. Il y a également eu des supercellules. Ce sont des mini-dépressions qui se sont formées lors de cette vague orageuse. Il s’agit de nuages à structure un peu tourbillonnaire qui sont encore plus forts que les autres. C’est la raison pour laquelle il y a eu des chutes de grêle.

"C’était l’apocalypse"… Nuit d’angoisse pour les habitants de Larroque où la Vère est sortie de son lit / DDM, Samuel Cadène

La grêle a été particulièrement forte, comment l’expliquer ?
En haut du nuage, il faisait très froid. Donc, cela a formé des billes de glace qui n’ont cessé d’augmenter, en faisant des allers-retours dans le nuage. Les torrents de grêle observés s’expliquent par la présence d’orages stationnaires. Les chutes de grêle y ont été non seulement très fortes, mais aussi très longues. C’est assez fréquent en cette saison, notamment dans le sud-ouest de la France.

Le stade de Cuq-Toulza recouvert d’une impressionnante couche de boue / DDM, USCQ

Est-ce classique en cette période de l’année ?
C’est assez classique, oui, même si ça ne survient pas chaque année et pas toujours aussi violemment. En général, les orages de grêle commencent dans le Sud-Ouest, et après, cela s’étend vers le reste des régions au fil des mois. Mais il faut avoir en tête que le mois de mai est le mois durant lequel la grêle est la plus fréquente en France. Et de très loin d’ailleurs. Donc, ce n’est pas du tout un phénomène méconnu.

Lautrec : Mobilisation générale à la maison de retraite des Quiétudes./ DDM MPV

Comment expliquer que des orages soient stationnaires ?
C’est lié au fait que la goutte froide s’est déplacée très lentement. Elle a abordé le nord-ouest de la péninsule ibérique dimanche et s’est déplacée vers le sud-ouest de la France. Lundi soir, le tourbillon était quasiment stationnaire. Ensuite, cette goutte froide s’est déplacée vers le Var, avec des orages violents ce mardi matin.

Lautrec : Opération nettoyage sur la terrasse du Café Plum, saccagée par la violence de la tempête. /DDM MPV

S’agit-il d’une trajectoire classique pour ce genre d’événement ?
Oui, ce n’est pas surprenant de voir ça, mais tous les éléments étaient réunis pour que ce soit très costaud ! En tout cas, c’est la première vague orageuse la plus intense de l’année, de la saison chaude.

Lautrec : Tapis de grêle rarissime dans les rues de la cité médiévale./ DDM MM

Comment cela va-t-il évoluer, est-ce que d’autres orages sont prévus ?
La goutte froide est en train de se décaler vers le nord de l’Italie. Il n’y en aura plus dans le Sud-Ouest. Dans le Sud-Est, il y aura encore des orages derrière cette goutte froide. Et petit à petit, ça va s’évacuer. Mercredi soir, il n’y en aura plus. On reviendra à une situation plus classique avec un courant océanique, des perturbations. Il n’y a pas d’autres vagues orageuses intenses prévues dans les prochains jours.

Lautrec : La tempête n’a laissé aucune chance aux champs d’ail rose./ DDM MPV