Les 300.000 escargots de Barre (81)
Les 300.000 escargots de Barre (81)
Publié le 27/12/2024 | La Dépêche du Midi | Richard Bornia
209 habitants pour 300 000 escargots :
Qu’est-ce que le plus haut village du Tarn cache sous sa coquille ?

Bernadette l’ancienne factrice élève avec son compagnon des escargots. / DDM - R.B
Quand on veut prendre de la hauteur dans le Tarn, il faut aller à Barre. Reportage dans la plus haute commune du département. Qui est également la plus peuplée… en escargots !
"Faites gaffe au verglas en montant". Ce conseil d’un pilier du bar Le Globe à Lacaune est suivi d’une interrogation : "Mais qu’est-ce que vous allez foutre là-haut ?"
Les 16 kilomètres qui séparent la ville principale des Monts de Lacaune de la commune la plus perchée du Tarn, donnent un premier élément de réponse : le paysage est à couper le souffle.

Les éoliennes jouent à cache-cache dans les nuages. / DDM - R.B
À droite de la bande de bitume qui serpente à flanc de colline, il y a le roc du Montalet. De ses 1 259 mètres, il étire sa silhouette débonnaire de géant du parc naturel régional du Haut Languedoc.
Il y a aussi les éoliennes. Ce matin de décembre, elles jouent à cache-cache, bien planquées par un gros nuage blanc.

Sur les crêtes dominant Barre, aux limites du Tarn et de l’Aveyron. / DDM, P.C.
930 mètres d’altitude
À 930 mètres d’altitude, Barre la plus haute commune tarnaise, limitrophe avec l’Aveyron, construite de maisons en pierre brute, nous accueille. Accueillir n’est d’ailleurs pas le verbe exact… Sur la place, dans les ruelles, il n’y a aucune âme qui vive.
Un chien avec un grelot autour du cou redonne l’espoir de croiser enfin quelqu’un. Miracle. Une dame au milieu de la rue qui monte à l’église est sortie de chez elle pour voir qui sont ces gens errants.

Les escargots arrivent dans des boîtes de camembert. / DDM
"Avec mon mari, en hiver, nous sommes les seuls habitants du quartier", annonce Bernadette. Tout autour, des volets clos, pas de voiture, pas de fumée de cheminée, c’est certain, ce couple n’a pas de problème de voisinage. "Jérôme, mon compagnon n’est pas là.
Il travaille à la mauvaise saison comme maçon. Sinon, nous ne pourrions pas vivre ici", indique cette ancienne factrice.
Élevage d’escargots
"Nous sommes héliciculteurs. Quand nous avons voulu revenir vivre au pays, nous avons beaucoup réfléchi. Élever des chèvres ou des moutons, dans ce coin il y en a partout. Alors…". Alors ce sera des escargots.

Barre est devenu le pays des bêtes à cornes. / DDM
Et pas qu’une douzaine. 300 000 de petits et gros fris de quelques jours, livrés au printemps dans des boîtes de camemberts, expédiées de l’Aveyron et de Bordeaux.
Ils sont ensuite élevés à l’abri d’une grande serre. L’élevage et la transformation sont réalisés au cœur du hameau, dans l’ancienne cave transformée en laboratoire et lieu d’accueil. "C’est compliqué de tirer un revenu décent toute l’année", confie-t-elle.

La famille profite de la récolte pour opérer un calibrage des gastéropodes. / DDM
La vie malgré tout
Vers midi, le bourg s’anime un peu. Etienne et Jean-Marie trafiquent, comme ils disent. Ils poussent une grosse remorque. Le premier est le chauffeur du car scolaire.
"80 kilomètres par jour pour faire le tour des villages de montagne pour conduire 16 mômes à Murat et Moulin Mage, d’où ils partiront à l’école de Lacaune".

Etienne conduit les enfants à l’école. / DDM - R.B
Ce Narbonnais est arrivé à Barre en 2020 "par amour". Il n’en dira guère plus sur sa vie privée. Si au loin les éoliennes brassent du vent, dans ce village ce ne sont pas de grands loquaces.
"Ça étonne les amis que je vive ici. J’aime le brouillard. Je suis heureux. Plus envie d’aller en bas".

Au petit jour, les escargots se cachent pour dormir. / DDM
À ses côtés, Jean-Marie refuse carrément de parler. Faut insister. Il lâche : "Je suis natif de Barre. Je vis à Saint Afrique. Je viens tous les jours pour voir mon pote et la maison de ma famille. Levez la tête, c’est écrit sur le mur ce que faisait ma grand-mère".
Sur la façade on déchiffre apothicaire. Plus de services publics depuis belle lurette, plus de boulangerie, plus d’épicerie, simplement des marchands ambulants et les infirmières qui montent encore. : "Tant qu’on ne nous rase pas le Montalet…".

Statue-menhir de Cantoul sur la commune de Barre. / DDM

Barre (81) / larousse.fr

La danse du soufflet : la joyeuse farandole au bourg en fête / DDM
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