Libération : De Lacaune en Allemagne

11/9/2024

  Libération du Tarn : De Lacaune en Allemagne  





Publié le 23/08/2024  | La Dépêche du Midi |  Richard Bornia

L’épopée de huit maquisards d’élite,
des Monts de Lacaune jusqu’en Allemagne



Photo de groupe des premiers maquisards de La Malquière : Adrien Gensburger, Roger Cahen, François Lévy, Jean Hirsch, Jacques Rozensweig, Roger Bloch, Daniel Kouglia et Henri Glovinsky. / DDM

Dans le cadre de notre série sur les 80 ans de la Libération du Tarn, coup de projecteur sur l’épopée de 8 maquisards tarnais, salués comme de remarquables combattants. Cette unité d’élite des Monts de Lacaune a poursuivi le combat jusqu’en Allemagne.

Leur périple débute en décembre 1943 au hameau de la Malquière dans les Monts de Lacaune et prend fin, en décembre 1945, en Allemagne, sur les rives du lac de Constance.


Adrien Gensburger, Certificat d'appartenance aux FFI 
/ Musée Résistance

Adrien Genshurger et ses 7 camarades, font partie des Éclaireurs Israélites (EI) installés au chantier rural de Lautrec. En 1943, il ne présente plus un lieu sécurisé pour les Juifs. Le chantier est fermé et ses occupants se dispersent. Dans la Revue d’Histoire de la Shoah datée de mars 1997, Adrien Genshurger écrit : 

« Nous avions fini par trouver au fond d’un étroit vallon dans un hameau encore partiellement habité, une maison avec deux pièces et un grenier, le tout parfaitement logeable. À côté un local qui allait nous servir de cuisine et de réfectoire et tout près une excellente source qui devint le témoin de nos ablutions ».


/ Photo d'illustration DDM

Le soutien de la population
Lui et ses camarades pourchassés par la Gestapo et la police de Vichy parce qu’ils sont juifs, savent que dans ce hameau de la Malquière, sur ce versant de la vallée du Gijou, ils pourront se cacher et entamer leur lutte contre le pétainisme et le nazisme. 

« Lors des rafles de l’été 1942 organisées par la police de Vichy à l’encontre des Juifs étrangers, nombreux à Lacaune comme à Vabre, avaient été cachés et nourris par la population. Le lendemain ou le surlendemain de notre arrivée, un paysan d’un hameau voisin est venu vers nous portant une miche de pain sous chaque bras et un litre de vin dans chaque main. »

Avec l’écoute de Radio Londres pour connaître par messages codés les parachutages d’armes et de munitions, leur quotidien est scandé par l’apprentissage de la guerre : rudiments de stratégie militaire et maniement des mitraillettes.


/ Photo d'illustration DDM

Sabotages et attaques
Après le débarquement des alliés en Normandie, les huit jeunes s’engagent aux côtés des maquisards de la Cie Marc Haguenau. Sabotages, attaques de train et de colonnes allemandes se succèdent durant cet été 44 où le Tarn est libéré. 

Quand, plus aucun soldat ne foule le sol tarnais, les 8 de la Malquière poursuivent leur combat : « La France n’était pas entièrement libérée et les nazis n’étaient pas encore vaincus », note Adrien Genshurger.

À Castres, ils incorporent un régiment. Charles d’Aragon, adjoint du commandant de la zone A des FFI du Tarn, écrit dans La Résistance sans héroïsme : " Nous avions devant nous, rassemblés, entraînés, des Juifs prêts à prendre le même chemin, mais cette fois en armes. Personne n’avait l’air plus militaire que ces hommes dont les propos nous rendaient grave".


Adrien Gensburger, ingénieur agronome, sous-lieutenant / Est Républicain

Ils traversent le pays pour rejoindre, à Dijon, la 1re Armée française. « Notre unité fut engagée d’abord près de Belfort, puis dans les Vosges » Ils franchirent le Rhin au printemps 1945 : « Notre odyssée prit fin sur les rives du lac de Constance, après encore quelques escarmouches »

Les 8 de la Malquière partis du Tarn, se sont battus jusqu’à la victoire finale sur l’Allemagne nazie. Ils retrouveront la vie civile en décembre 1945. Adrien Genshurger a alors 29 ans. 
Cité à l’ordre de la brigade en octobre 1944 : " Sous-lieutenant à la 2e Cie du secteur de Vabre. Jeune officier depuis de longs mois au maquis, a fait de sa troupe une unité d’élite qu’il a remarquablement entraînée au combat". Il reçoit la médaille de la Résistance française en 1946. Adrien Gensburger est décédé le 15 décembre 2009.


à la ferme des Eclaireurs Israélites de France de Lautrec (Tarn), 1942-1943. / Musée Résistance
 

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