Pyrénées-Orientales : Du travail au loisir

17/11/2023


Publié le 08/12/2021  | L'Indépendant |  Philippe Comas

Occitanie : Comment, en un siècle, nos montagnes sont passées du mode travail au mode loisirs


Dans les années 1960, le casque était de rigueur dans les exploitations de la montagne. / Ind

En un peu plus d’un siècle, l’utilisation de nos massifs a bien changé. Exclusivement dédiées au travail et à l’exploitation de leurs richesses, les pentes des montagnes catalanes font désormais la part belle aux loisirs.
Antoine Glory, qui connaît les moindres sentes de nos vallées, porte un regard avisé sur cette évolution.


Les fours d’Arles-sur-Tech. / Ind.

"C’est certainement dans les années 60-70 que tout a basculé", remarque Antoine Glory, infatigable montagnard qui arpente le département depuis plus de 60 ans. "C’était des années d’opulence, avec la démocratisation des loisirs, la multiplication des voitures...

Le démarrage des stations de ski (plan neige 1964-1977) a transformé le paysage des Pyrénées-Orientales et de la montagne en général. Cela a eu un impact majeur mais ce n’est pas le seul." 


La nature en partage à Nohèdes / Ind, P.H.

Et celui qui est à l’origine du group pyrénenc rossillonès, l’un des premiers clubs de randonnée (il y en a plus de 50 aujourd’hui) de se souvenir, "avant nous prenions le bus ou le train jusqu’à Prades ou Vernet pour monter au Canigou. Cela faisait évidemment des marches d'approche beaucoup plus longues." 


le petit Train jaune / Ind, F.Berlic

La montagne s'ouvre à une nouvelle population
La pression automobile augmente, la montagne jusqu’alors réservée aux agriculteurs, éleveurs, forestiers, à quelques pécheurs ou chasseurs ou aux mineurs, s’ouvre à une nouvelle population. Des amateurs qui viennent seulement pour le plaisir, en se rapprochant au plus près en voiture.

Plaisir de prendre le bon air en marchant, dévaler une piste en glissant sur la neige, observer la faune et la flore exceptionnelle de ces endroits reculés.


dans les refuges du Parc naturel régional / Ind

"C’est une époque où on voit aussi l’arrivée de rallye 4x4 un peu partout comme aux Bouillouses. Cela correspond à l’explosion des pistes forestières et aux débuts de certaines luttes écologiques", glisse Antoine qui a porté et porte encore de nombreux combats pour la protection de la nature.

"Il y avait beaucoup de projets comme l’ouverture d’une piste sur les balcons du Canigou ou encore l’idée de relier les stations thermales de Vernet-les-Bains à Prats-de-Mollo en passant par le pla Guillem (2200m d’altitude)." 


Barrage des Bouillouses / / Ind

Une pression touristique motorisée qui atteint son apogée au début des années 90. "C’était une période de crise pendant laquelle par exemple Les Bouillouses et les berges de la Têt étaient engorgés de voitures, mais c’est à partir de là que l’on observe un changement et que l’idée de protection de la nature devient prégnante."


La montagne, un territoire qui regorge de belles initiatives. / Ind


Prise de conscience des effets du changement climatique
Cependant, pour Antoine Glory, le véritable tournant est sûrement intervenu il y a peu, "il y a 4-5 ans avec la neutralisation du projet de grande station de ski dans notre département. Je pense qu’il y a quand même une prise de conscience des effets du changement climatique, avec notamment l’apparition de la notion de tourisme 4 saisons."
Un concept pas encore totalement abouti mais qui fait son chemin.


Station de Formiguères / Ind

"Il faut aussi rappeler qu'il y a une dualité dans nos montagnes catalanes, avec toute une partie monoculture du ski en Cerdagne ou Capcir et à côté le Vallespir ou le Conflent qui sont restés à l’écart de cette dynamique (NDLR, même si des projets auraient pu voir le jour comme du côté de Py-Mantet).
Une autre économie a perduré dans ces montagnes et des réserves naturelles puis le parc naturel régional ont été créés afin de protéger la nature et l’économie montagnarde." 


Randonnée dans le massif des Albères. / Ind

Une authenticité désormais recherchée
Peut-être un mal pour un bien avec des vallées qui ont conservé une authenticité désormais recherchée. La prise de conscience sur les risques que peut amener une exploitation touristique débridée est en tout cas actée.
Les principes d'un nouveau tourisme montagnard sont posés mais un équilibre est encore à trouver. Ceci pour qu’un maximum de personnes puissent profiter encore longtemps des richesses de nos vallées, qu’ils soient touristes ou autochtones.


Dans la montagne catalane, la lutte s'organise contre la Berce du Caucase, plante géante, invasive et dangereuse pour l'homme / Ind, F. Berlic
 

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