Décès de Guy Laporte : Hommages

30/1/2022

  Décès de Guy Laporte : Hommages  



Publié le 30/01/2022 à 05:11  | La Dépêche du Midi |  Gérard Durand

Le rugby pleure Guy Laporte,
le "Lucky Luke du coup de pompe"



En demi-finale du championnat de France, contre le Stade toulousain, Guy Laporte sous le regard de Gérard Durand/ Photo DDM

Gérard Durand a joué pendant 12 ans avec Guy Laporte au Sporting-Club graulhétois. Le correspondant local rugby à La Dépêche du Midi se souvient.

Je m’en souviens comme si c’était hier. En septembre 1975, pour ma première apparition en équipe 1, contre Nîmes, Guy était à mes côtés. Je n’en menais pas large. Nous évoluions en groupe B. J’étais encore junior, lui au presque début d’une carrière prometteuse. C’était déjà le boss. 

Le message de l’entraîneur, avant d’entrer sur le terrain était presque consacré exclusivement à la prestation d’un seul bonhomme : "Guy, d’entrée tu allumes une chandelle. Je veux tout le monde dessous !" "Guy, avec le vent dans le dos, fais promener l’arrière !" "Guy, à portée, envoie les drops !". 

Et nous dans tout ça ? "Les avants, il faudra sortir les ballons en mêlée et en touche" Bon d’accord. Notre boulot, pour nous les gros, se limitait à la conquête. Ensuite, nous faisions confiance au canonnier maison. En se relevant, nous pouvions admirer la courbe des drops qui passaient entre les barres. Sacrée récompense. Et ça a duré, duré. 

Combien de matchs nous a-t-il fait gagner ou y a-t-il activement participé à la victoire ? Incalculable. Même les Stade Toulousain, Monteferrand, Toulon sont tombés sur le pied têtu et ô combien précis du natif de Rieumes. Aucune grosse écurie n’a résisté à sa botte. 



Il y avait aussi des dimanches particuliers, quand les sélectionneurs annoncés en tribune venaient encore au stade de Crins, en repérage pour l’équipe de France. Ces jours-là, Guy était un autre homme : un torero dans sa bulle, un Lucky-Luke du coup de pompe. On en venait même à chopper les maillots de la troisième ligne adverse pendant de longues secondes pour lui permettre de préparer sereinement son attaque de ligne ou son "coup de pied tombé" comme on disait chez les anciens. Et tant pis si les ailiers ne touchaient pas une gonfle. 

Naturellement, Guy était un leader. Sur le terrain le dimanche, dans ses entreprises en semaine, dans l’arène politique en soirée. On le sentait prêt à tous les défis. Avec la main sur le cœur, et le cœur sur la main. Le plaisir de jouer ensemble a duré douze saisons, marquées par de belles empoignades, des succès fêtés par toute une ville. Il y eut aussi des défaites cuisantes. Pendant deux saisons nous n’étions plus invincibles à domicile. 

Même dans l’adversité, même quand nous souffrions, même quand nous prenions une raclée, le Laporte ne se décourageait pas. Jamais. Il était de toutes les joies, de toutes les peines. Alors oui, j’ai le souvenir d’un brave type et d’une chanson dédiée à son sport, qu’il entonnait les grands soirs de victoire. 

Aujourd’hui, j’ai envie de la fredonner : "Chez nous de Toulouse à Paris, sous le soleil de notre beau Midi, en naissant nous aimons le rugby. De l’Angleterre à l’Australie, nous triomphons de tous les grands derbys, sur tous les stades il fait la loi, notre vaillant et valeureux coq gaulois" 
C’est sa chanson, c’est aussi la nôtre. Je pense à sa fille Laurelaï, à ses proches, à sa famille. Je pense aux joueurs qui ont eu le bonheur de jouer avec lui. Guy tu es un sacré mec.




Publié le 30/01/2022 à 05:11  | La Dépêche du Midi |  R.B. et G.D.

"Un individualiste à l’aise dans un sport collectif"


A l’automne dernier, lors du derby Lavaur-Graulhet, Guy Laporte avec à sa droite Wilfrid Hounpatin, pilier du CO, et Benjamin Thomas, le cycliste tarnais médaillé des JO. / DDM, G.D.

Politiques, associatifs, entraîneurs, joueurs, supporters, c’est tout le Tarn qui pleure la disparition de Guy Laporte. Son partenaire à la mêlée dans les années 70, Francis Belot confie : "J’aurais touché 1 euro par ballon que je lui ai envoyé, je serais riche. Guy a sportivement et socialement tout prouvé. C’était un individualiste à l’aise dans un sport collectif."

Christophe Ramond, président du Conseil départemental du Tarn, fait état de sidération et de sa profonde tristesse : "Graulhétois de passion, il avait porté son club en demi-finale du championnat de France. Je garderai toujours le souvenir de son drop légendaire à Lansdowne road en 1981, l’année du grand chelem."

Blaise Aznar, maire de Graulhet, le décrit : "Avec son caractère bien trempé, ses coups de gueule emportés, sa gouaille unique et parfois ses colères homériques pour faire entendre sa vision du rugby, il ne laissait pas indifférent. Mais, sous la cuirasse, nous savions tous que l’homme avait l’âme sensible, était à l’écoute, distillait de bons conseils."



Philippe Folliot, sénateur du Tarn, a gardé le souvenir précis d’un de ses collaborateurs : "Je l’avais salarié au CIL. Une personne charmante au-delà de la figure emblématique du rugby. M. Drop avait de solides qualités humaines. Sérieux, attentionné et avec l’esprit d’équipe."

Oliver Regnier, capitaine du Sporting, évoque un coup de massue : "Guy laisse un gros vide. De par sa présence quotidienne, il était très proche de ses joueurs."

Jean-Marc Thomas, trésorier du Sporting, forme un vœu : "Espérons que les joueurs se surpasseront pour se qualifier en Nationale. C’était son objectif."

Alain Rey, président du rugby tarnais, se rappelle que le même jour, en 1972, Guy Laporte est sacré champion de France de troisième Division avec Rieumes et que lui remporte le titre avec Carmaux de champion de France de deuxième Division : "Un grand passionné, mais sûrement stressé par son quotidien."


L'ancien international français de rugby Guy Laporte, le 28 mars 1995 à Paris / France 24, Eric Feferberg AFP


 




















 

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