Pyrénées, les stations se préparent

27/11/2021

Pyrénées, les stations se préparent 
Publié le 26/11/2021 à 06:31  | La Dépêche du Midi |  Pierre Mathieu

Pyrénées : comment les stations de ski se préparent à rouvrir


Après une saison limitée au tapis de débutants, les skieurs vont retrouver leur domaine complet en décembre. / Photo DDM, Laurent Dard

Après l’année blanche due au Covid et à la fermeture des remontées mécaniques, les stations annoncent leur réouverture à partir du 4 décembre. À vos skis, raquettes, masques et pass !

Pour le retour du ski dans les Pyrénées après la saison blanche 20/21 due au Covid, la station de Cauterets espérait ouvrir en tête dès ce samedi 27 novembre. La neige en a décidé autrement, et c’est le 3 et 4 décembre dans le peloton des autres stations pyrénéennes, que sa réouverture est annoncée. 

Encore une semaine à piétiner avant de retrouver les pistes de Font-Romeu, Saint-Lary, La Mongie, Barèges, Superbagnères, Le Mourtis, Beille, les stations d’Andorre, Peyragudes et Piau, Les Angles, entre autres, avant celles qui ont prévu d’ouvrir le 17, Gourette, Pierre Saint-Martin, etc.


Un pisteur transporte des filets à Cauterets, jeudi, après les chutes de neige de la nuit. / Photo DDM,  Espaces Cauterets.

Le masque dès 11 ans
Alors que le virus déferle à grande vitesse sur l’Europe, les mesures sanitaires s’imposeront en station. Applicable sur la trentaine de domaines pyrénéens à l’instar des 250 domaines français, le port d’un « masque chirurgical ou un masque en tissu de catégorie 1 » dès 11 ans sera obligatoire sur l’ensemble des remontées mécaniques et leurs files d’attente. 
Quant au pass sanitaire, prévu au-delà d’un taux d’incidence de 200 cas pour 100 000 habitants, il y a un fort risque qu’il s’impose (dès l’âge de 12 ans) puisque ce seuil est en cours de dépassement. Il était de 193 hier.

« Pour le pass, on s’orienterait vers des contrôles aléatoires », espère Guillaume Roger, directeur commercial de N’Py, la marque aux 8 stations, qui passe sous le pavillon de la récente Compagnie des Pyrénées créée par la région Occitanie. Mais les contrôles aux caisses risquent de s’imposer.
C’est au prix des mesures sanitaires qu’on va de nouveau entendre le cliquetis des remontées mécaniques, synonyme de folles descentes et de rentrées financières. Dans les Pyrénées, le chiffre d’affaires des remontées pendant la dernière saison de fonctionnement avait dépassé les 95 millions d’euros.


Les Angles

Tendance pleine nature
L’arrêt des remontées en 2020 n’avait pourtant pas découragé les amateurs de montagne à la recherche d’air pur et d’évasion. C’est grâce à cette fréquentation inattendue (qui a fait le succès des secteurs enfants et des espaces nordiques), et aux aides de l’Etat et collectivités, que les stations ont pu franchir le cap. 

Les pratiquants qui ont découvert le ski de rando ou les raquettes inspirent aussi les nouveautés de la saison, marquées « pleine nature » avec des pistes et des espaces dédiés, par exemple à Peyragudes, à Cauterets.


Cauterets La Fruitière

En envisageant pour l’avenir la neutralité carbone (le groupement N’Py l’annonce pour 2037), les gestes pour l’environnement se multiplient : chaufferie biomasse en construction à Beille, en Ariège, parc solaire à Vall Nord, en Andorre, récupération des eaux de toits à La Pierre Saint-Martin, Pyrénées-Atlantiques, stages d’écoconduite pour les pilotes de dameuses, dont une hybride à Peyragudes…

Mais le changement climatique suit son cours. D’après une étude*, les pires conditions à l’exploitation des stations de ski, telles qu’on les rencontre une année sur cinq, se produiront à l’avenir « toutes les deux ou trois saisons dans le scénario le plus favorable, et seront quasi permanentes dans le scénario le plus défavorable ». 
La neige annoncée ce week-end dément ce dernier scénario. On va pouvoir sortir les skis du garage !
*Étude Inrae avec le CNRM, Météo-France, CNRS.


Peyragudes

Calendrier et bons plans
PRÊTES A OUVRIR / Prévisions sous réserve, liste non exhaustive. 
Le vendredi 3 décembre : Font-Romeu, Les Angles, Cauterets et les stations d’Andorre Grandvalira, Arcalis, VallNord… 
Le samedi 4 décembre : Peyragudes, Piau, Saint-Lary, Grand Tourmalet, Luz-Ardiden, Ax trois Domaines, Beille… 
Le week-end du 17 et 18 décembre : Guzet, Ascou-Pailhères, Monts d’Olmes, Chioula et Goulier, Gourette, Pierre Saint-Martin, etc.


Raclette prête à Luz

COMBIEN çA COÛTE. Les forfaits ski alpin s’échelonnent en tarif plein de 36 € à 47 € sur le versant français, et montent à 55 € à Baqueira (Espagne, Val d’Aran) et 56 € à Grandvalira (Andorre).

N’PY ET LES PETITS. Pour faire naître une nouvelle génération de skieurs, les stations N’Py lancent un forfait à 6,50 € pour les ski-club. Autre annonce ; la carte Flex permet aux débutants de passer d’un niveau de remontées à l’autre avec bascule automatique de forfait.

SKIZY et SKIRAIL. Pour faire baisser l’empreinte carbone de sa journée de ski, allons-y en transports depuis Toulouse : Skizy en car vers les Hautes-Pyrénées à partir de 30 €, forfait et boisson compris, Skirail en train vers les stations d’Ariège, à partir de 36 €, forfait et navette compris.


Publié le 26/11/2021 à 05:14 |  La Dépêche du Midi |  Pierre Challier

À Piau-Engaly, le grand blanc pour chasser le blues


Skieur de rando déjà en piste à Piau / DDM, P.C.

Quand l’or blanc arrive à l’orée de l’hiver… Il ne suffit pas de constater que la neige est tombée. Il faut la travailler et pour cela, jauger sa quantité, sa qualité : tout ce que Jean-Pierre Castet, responsable du damage à Piau-Engaly, regarde donc ce mercredi matin, remontant sur son engin de 500 CV les 750 m de dénivelé du pied des pistes au sommet de la plus haute station des Pyrénées, à 2 600 m.

"Je suis au virage de la Ramondia, c’est nickel, on ne voit pas un caillou", transmet-il à la radio. Dehors, les premiers fondus descendent déjà dans la poudreuse après la montée à skis de randonnée. En sautant dehors à leur rencontre, "le pied ne rencontre pas le sol", sourit Jean-Pierre, enfoncé jusqu’au genou. 



Bon signe. ça présage déjà d’un "40, 50 cm sur la partie haute", estime-t-il avec Marion et Paulin, qui apprécient "une bonne neige, agréable sous le ski". "Il va y avoir du monde pour l’ouverture, les Espagnols sont déjà là aussi", pronostiquent-ils. 
L’urgence des dameurs ces prochaines nuits sera donc de préparer cette première couche afin d’en faire le meilleur socle pour les chutes annoncées et donc… pour cette saison désormais cruciale après 18 mois d’arrêt des remontées.

Pour autant, si le manteau neigeux est bon, que l’impatience est palpable tant chez ces surfeurs toulousains accourus pour ce coup de blanc que chez les locaux, l’optimisme béat n’est pas à l’ordre du jour.



"Tout le monde a hâte…"
"Tout le monde a hâte de démarrer, mais avec un mélange d’espoir et d’inquiétude", confirme Emilie Mothes, directrice de la station, comme se pose toujours l’inconnue "Covid" réactivée par la cinquième vague. "Si le taux atteint 200, nous serons contraints au passe sanitaire et nous y sommes prêts. Il y aura un contrôle systématique à la billetterie et des contrôles aléatoires sur le domaine skiable", précise-t-elle. 
Mais… "Que jauges et restrictions ne s’abattent pas sur nous !" prient en substance commerçants et restaurateurs. "Car même si les clients daignent attendre, ce sera ingérable", pour Loïc, au tabac souvenirs, évoquant une "saison décisive".



L’inconnue de la situation sanitaire
Installé depuis 1994, Patrick Bouffartigues loue skis, snowboards, raquettes et luges. Il a perdu 80 % de son CA l’an passé. "Moi, je suis resté ouvert par respect du client, pour que les gens ne s’ennuient pas, en louant tout le basique pour 5 €", précise-t-il. 
Aujourd’hui ? Certes, les réservations marchent déjà fort, mais… "avec un budget de 2 200 € par semaine pour quatre personnes, a minima, la perspective du "passe" ne simplifie pas la décision des familles de louer pour les vacances", estime-t-il.



"Tout est compliqué et conditionné par la situation sanitaire", résume chacun. Ce qui vaut aussi pour l’embauche des saisonniers. Entre ceux qui ont changé de métier et les antivax… L’offre excédant la demande, les salaires ont été revus à la hausse, le gîte -argument essentiel- et le couvert garantis, la convivialité et l’ambiance solidaire de la station mises en avant. Mais cela ne suffit pas forcément… "
D’habitude, en août, l’équipe est complète. Là, il nous reste deux postes à pourvoir et nous avons dû changer de cuisinier, l’ancien n’étant pas vacciné", confie-t-on au Skylodge.

Déneigeant la terrasse de l’Engaly, Cyril Pinto a lui trouvé la parade grâce à l’idée d’une employée : "une annonce via Facebook. Mes 22 postes sont pourvus", sourit-il. 
Mais il n’en demeure pas moins très inquiet, quant au passe… ingérable quand la restauration au pied des pistes repose sur la fluidité et la rapidité du va-et-vient. Irène, elle, vient de reprendre l’alimentation. Elle veut faire confiance au verre à moitié plein, la ruée qu’elle devine. Elle en est sûre, cette saison "ça va être énorme", sourit-elle.


/ Photos sélectionnées sur les pages Facebook des stations mentionnées
 

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