Saison blanche pour les stations de ski
Publié le 11/03/2021 à 05:14 | La Dépêche du Midi | Thierry Jouve
"Une perte de 200 M€"
Si des stations comme Val-Louron ou Peyragudes ont fait fonctionner leurs tapis, cela reste marginal en termes de recettes. / Photo DDM Laurent Dard.
La fermeture des remontées mécaniques a généré une chute libre du tourisme hivernal. Pour l’économie des Hautes-Pyrénées, la perte est estimée à environ 200 M€.
Les conséquences d’une saison blanche dans les stations de ski, d’après Alexandre Maulin, président des Domaines skiables de France "sur l’ensemble de la France, on en est à huit milliards de pertes sèches pour les territoires de montagne partout en France. C’est une catastrophe économique et sociale".
Akim Boufaïd, président des Domaines Skiables de France pour les Pyrénées, précise : "Quand Maulin dit 8 milliards, c’est 1 milliard de recettes remontées mécaniques qui génèrent 8 milliards sur les territoires". Une multiplication par 8 un peu large. Dans les Pyrénées, élus et professionnels de la montagne, estiment qu’1 eurodépensé dans les remontées génère 6 € supplémentaires sur les territoires.
Aragnouet : Les enfants découvrent les métiers de la station de Piau / DDM
D’autant que si les chiffres d’affaires des remontées mécaniques sont proches de zéro, certaines stations, comme Peyragudes, ont fait fonctionner les tapis, leur téléphérique. Les espaces nordiques ont fait le plein et les activités annexes – raquettes, ski de randonnée, etc. - ont produit de la richesse. Car la clientèle, est venue, certes pas autant que les autres années, prendre un bol d’air en montagne. Selon l’Association nationale des maires des stations de montagne (ANMSM), la fréquentation des stations de ski pendant les vacances de février a chuté de 48 % par rapport à 2020, avec un taux d’occupation moyen de 33 % sur l’ensemble des massifs.
667 M€ de consommation touristique habituellement
La saison dernière, l’agence des Pyrénées - ex-confédération pyrénéenne - a relevé que les remontées mécaniques avaient totalisé, pour l’ensemble du massif, 95, 3 M€ de chiffre d’affaires, soit 667 millions d’euros de consommation touristique.
Barèges : la station accessible oui, mais… / DDM
Dans les Hautes-Pyrénées, les remontées mécaniques engrangent, habituellement, environ 70 M€ de chiffre d’affaires. Il faut également tenir compte de l’ensemble des taxes, à l’échelle d’un territoire. Michel Pélieu, président du conseil départemental des Hautes-Pyrénées, estime que sur le département, "la perte est énorme, de moitié par rapport à une année normale. On peut considérer que l’économie départementale a perdu 200 millions d’euros… Rien que dans ma vallée, entre les remontées et Balnéa, la perte est d’environ 15 M€ de chiffre d’affaires".
Laurent Garcia, directeur de Peyragudes, précise que "par rapport à une année normale, il nous manque 9 M€. On a réalisé 500.000 de chiffre d’affaires. Si on prend les indemnisations, cela va nous porter à 4 M€. On arrive à la moitié de ce que l’on fait d’habitude". Laurent Garcia indique que pour l’instant, "on a touché des acomptes via le fonds de solidarité, c’est-à-dire 400.000€. S’agissant des fameux 49 % du chiffre d’affaires qui sont promis, le portail de déclaration n’est toujours pas ouvert. On nous a donné une date qui pourrait être le 15 mars".
Une partie des indemnisations serait versée fin mars et l’autre partie en avril. Akim Boufaïd confirme que pour l’heure, "aucune station n’a été indemnisée sur la perte du chiffre d’affaires des remontées. ça se précise, mais pour l’instant, on n’a toujours rien". L’État attend un retour de Bruxelles "dans les prochains jours" pour autoriser le versement effectif des indemnisations aux opérateurs.
Publié le 15/03/2021 à 10:12 | La Dépêche du Midi | Viktoria Telek
La Mongie : "C’est une saison inexistante"
Malgré des conditions propices à la pratique du ski, La Grenouillère offre un triste spectacle au lendemain des vacances de février./ Photo DDM, V.T.
À l’heure où les vacances de février viennent de s’achever, c’est avec un goût amer que les socioprofessionnels de la station de ski de La Mongie tirent le bilan de la saison, espérant des aides à la hauteur de leurs pertes.
"C’est une saison inexistante", résument d’une même voix des commerçants de La Mongie. "Sans les remontées mécaniques et sans restaurant, que voulez-vous que les gens fassent dans une station de ski ?", interroge Corinne Dalavat, la propriétaire de l’Hôtel-restaurant "La Crête Blanche" dont les portes sont restées closes durant toute la saison. "Ce n’est pas de gaieté de cœur mais j’ai renoncé à ouvrir. Servir des plateaux-repas avec des boîtes dans les chambres, ce n’est pas mon métier. Le room-service est un métier, je ne suis pas équipée pour", justifie-t-elle son choix.
Les pistes de luge du Grand Tourmalet sont ouvertes sur les deux versants / Grand Tourmalet
Un choix qu’elle a dû expliquer, non sans pédagogie, aux quelques vacanciers qui ont voulu réserver. "C’était surtout pour les week-ends pour des gens qui voulaient retrouver le soir des amis qui étaient dans d’autres établissements. Avec le couvre-feu, je ne pouvais pas prendre le risque", poursuit-elle. Avec une perte de 100 % de son chiffre d’affaires, elle espère désormais que "d’ici deux mois, on puisse ouvrir".
Même son de cloche du côté du restaurant "Le Schuss" même si Christophe Caillau a mis les petits plats dans les grands. "On a fait des plats à emporter mais si ça allait à peu près à Noël, avec le couvre-feu passé à 18 h, on n’a travaillé que le midi depuis. J’ai une perte de CA de 92 % sur décembre et janvier et même sur février, je suis à – 85 %. Je n’ai pas pu embaucher les saisonniers et on n’était que quatre à travailler contre 13 habituellement", déplore-t-il.
Et si le "Rond-Point" (presse-tabac-souvenir) a été légèrement moins impacté, son propriétaire, Marc Tapie, parle de désastre pour ce qui concerne ses commerces de location de matériel. "Je n’ai loué que des luges, des raquettes et un peu de ski de rando. Ce n’est pas le même tarif que le ski alpin. Je suis à moins de 10 % de mon chiffre d’affaires comparé à une saison normale", résume-t-il. Idem à l’Ecole du Ski Français de La Mongie. "On est à – 90 % de notre activité", chiffre son directeur, Alexandre Pujo-Menjouet.
Campan : Le (presque) plein d’activités au Tourmalet / DDM, B.A.
"D’après le comptage de véhicules réalisé par la mairie, on était à seulement 27 % de la fréquentation habituelle", ajoute Marc Tapie. "Et encore, il y avait des locaux. Côté hébergement, je pense qu’on n’était même pas à 20 %", estime Corinne Dalavat. "C’est dramatique et ça met un coup au moral. C’était beaucoup d’énergie pour rien et c’est d’autant plus frustrant qu’on avait de superbes conditions", complète Alexandre Pujo-Menjouet. "On ne peut pas parler de saison. On a rendu service mais ça ne nous a rien rapporté. Mais on ne regrette pas, on a montré une belle image de la station", s’accordent les quatre socioprofessionnels.
Et les commerçants ne peuvent pas compter sur l’arrière-saison non plus. "Regardez ! Il n’y a plus personne à La Mongie alors qu’on a des conditions exceptionnelles". Ils comptent donc sur les aides de l’Etat. "Si on n’est pas aidé, ce sera compliqué", s’inquiètent-ils.
Publié le 16/03/2021 à 10:45 | La Dépêche du Midi | Clément Eulacia
Des vacances au goût amer à Cauterets
Cauterets, Hautes-Pyrénées : Une destination plébiscitée en toutes circonstances. / DDM
Les vacances d’hiver viennent de se terminer et l’heure est au bilan. Dans un contexte unique comprenant une fermeture des remontées mécaniques et un couvre-feu, la cité thermale a toutefois été une destination attractive. Avec un taux d’occupation moyen de 55 %, "la fréquentation a été satisfaisante même si elle est loin des 90 % habituellement pour la même période" précise Vincent Doutres, directeur commercial de Cauterets.
"La force de Cauterets est sa diversité d’activités que nous pouvons proposer. Nous ne sommes pas qu’une station de ski. Certes le Cirque du Lys est notre moteur économique l’hiver, mais nous avons la chance de pouvoir proposer des activités nature à nos clients. Le site du Pont d’Espagne a connu une fréquentation durant ces vacances identique à celle de la saison estivale".
On skie autrement pendant ces vacances à la montagne : La piste bleue de Gaube / Cauterets
Pour Marie Stroppiana, présidente de l’association des commerçants, "le bilan est contrasté selon les activités. Tous les métiers de bouche ont travaillé correctement, mais les locations perdent 90 % de leur chiffre d’affaires."
L’ambiance au village était particulière cette année avec une forte vie entre 17 h et 18 h, puis plus personne en un éclair. Comme si les gens prenaient un dernier bol d’air avant de se confiner. Pour Léon, commerçant, "le travail durant ces vacances a été difficile car très dense sur une courte période. C’est compliqué de satisfaire pleinement nos clients en peu de temps et avec les contraintes sanitaires".
Traversée du lac de Gaube en raquettes / Cauterets
Cependant, Vincent Doutres précise que "la satisfaction clients est très élevée. Nos clients ont été disciplinés, très respectueux des règles sanitaires, et patient dans chacun des commerces. On était sur des séjours plus courts qu’habituellement. Les clients sont repartis pleinement satisfaits de leur séjour mais aussi avec une vision différente du tourisme l’hiver".
Malgré une fréquentation correcte dans cette période unique, il ne faut pas occulter la situation financière parfois critique pour certaines entreprises dont les stations de ski (et leurs satellites) qui ne savent toujours pas à quelles aides elles pourront prétendre en dédommagement de la fermeture administrative imposée par l’Etat.
Publié le 11/03/2021 à 05:12 | La Dépêche du Midi | Correspondant
Montferrier (09) : Des vacances à la neige reinventées
Skis de rando, luges et raquettes ont eu la cote. / Photo DDM.
La neige était bien présente dans les stations ariégeoises, et les vacanciers, habités d’un indispensable besoin de liberté en ces temps de confinement, avaient également répondu présents. Il ne restait donc qu’à inventer, cette année 2021, des vacances d’hiver sans remontées mécaniques, dans la sympathique station des Monts-d’Olmes. À ce petit jeu, tout le monde allait redoubler d’imagination. Ainsi à grand renfort de skis de randonnées, de raquettes, de surfs et de luges, ils ont été nombreux à passer un séjour assez exceptionnel à la neige. Nul doute que 2022 les verra revenir en nombre, avec cette fois des installations à plein régime.
Ariège : De la neige, du soleil, et de bonnes descentes en luge. / DDM
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