150 ans La Dépêche : Victor Hugo

26/10/2020


Publié le 01/03/2020 à 11:11  | La Dépêche du Midi |  Pierre Mathieu

  150 ans La Dépêche   



1885, les dernières heures de Victor Hugo


Comme les premiers touristes, le poète aimait les voyages qu’il se remémorait en dessins (il se rendit aux Pyrénées avec sa maîtresse Juliette Drouet) / DDM

Victor Hugo, auréolé de la gloire de "Notre- Dame de Paris", des "Misérables", et des "Contemplations", s’est éteint "en son avenue" en mai 1885. La Dépêche était là…

L’année 1870 qui vu la proclamation de la IIIe République et la naissance de "La Dépêche" a aussi été marquée pour les Parisiens d’un événement sensationnel : le retour de Victor Hugo après 15 ans d’exil sur l’île de Guernesey. Accueilli triomphalement, le romancier, poète, dramaturge et homme politique qui racontera bientôt l’art (et la joie) d’être grand-père, a encore quinze ans devant lui et plus d’une dizaine d’ouvrages à écrire… sans compter les œuvres posthumes.



1885. Redoutée depuis plusieurs jours, la mort du grand homme, à 83 ans, le vendredi 22 mai est suivie par le peuple parisien. "La Dépêche" la raconte heure par heure dans l’une de ses premières éditions spéciales, datée du samedi 23 mai. Elle est barrée sur toute sa Une du titre en lettres capitales : MORT DE VICTOR HUGO.

"Ce matin, à six heures, Victor Hugo est entré en agonie. Il y a là, dans la rue, des représentants de toute la presse. On attend, avec une anxiété qui poigne au cœur les plus sceptiques, la crise suprême. Midi. L’état de Victor Hugo est absolument désespéré. 1 h 50, soir. Victor Hugo est mort à une heure et demie. Les obsèques seront civiles. Elles auront lieu aux frais de l’état".



Car l’auteur de "Notre-Dame de Paris", fresque mise à l’index par le clergé en 1834, n’entre pas dans les églises. Cette Une de "La Dépêche" l’évoque en publiant un échange de lettres entre l’archevêque de Paris et Edouard Lockroy, élu radical proche du poète (il a épousé la veuve de son fils Charles Hugo) : "Victor Hugo a déclaré ces jours-ci encore qu’il ne voulait être assisté pendant sa maladie par aucun prêtre d’aucun culte".



"A deux heures, écrit plus loin le journal, M. Lockroy fait placer une table devant la porte du numéro 50 [de l’avenue Victor Hugo, où il réside], redoutant que la maison ne soit envahie.
Le sculpteur Dalou va mouler le visage, redevenu très calme, et M.Bonnat doit venir faire une esquisse, tandis que M.Léon Glaize prendra le croquis de l’illustre mort […].
À la porte, qu’essayent de forcer les étrangers, les domestiques du logis défendent l’entrée de l’escalier qui monte à la chambre mortuaire ".



Les funérailles nationales de Victor Hugo ont lieu le lundi 1er juin, ce que ne peut encore annoncer "La Dépêche". Couchées sur son testament, ses dernières volontés vont être respectées : "Je donne cinquante mille francs aux pauvres. Je désire être porté au cimetière dans leur corbillard. Je refuse l’oraison de toutes les églises ; je demande une prière à toutes les âmes. Je crois en Dieu".



Extrait
Sous le titre "Mort de Victor Hugo", Louis Braud écrit le 23 mai 1885 à la Une de La Dépêche…
"Eh bien ! Nous protestons contre ce titre lugubre ; la mort, qui est le lot de l’humanité, est impuissante contre certains génies…

La terre va recouvrir le corps de celui qui fut Victor Hugo, mais Victor Hugo n’est pas mort. La civilisation grecque a disparu, les dieux du paganisme se sont évanouis ; l’Illiade et l’Odyssée sont encore debout. Les sociétés modernes se transformeront, les dogmes de la catholicité s’écrouleront ; l’œuvre de Victor Hugo, toujours jeune et vivante, resplendira à travers la fuite des siècles. 



On a dit de lui qu’il était entré, vivant dans l’immortalité ; rien de plus exact, et comme Voltaire, Victor Hugo donnera son nom au siècle que domine son génie, et il est assuré de cette immortalité qui s’attache aux créateurs et aux puissants artisans de la pensée.

Non, Victor Hugo n’est pas mort. Non, le chantre surhumain de "La légende des siècles", le poète étincelant des "Orientales", le patriote vengeur des "Châtiments" et de "L’année terrible", le philosophe plein de pitié des "Misérables", le styliste impeccable de "Notre-dame de Paris" et des "Travailleurs de la mer", le grand-père adoré des petits-enfants n’a pas disparu. […] Victor Hugo n’est pas mort, son immortalité continue.


 

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