150 ans La Dépêche : Sa naissance
150 ans La Dépêche : Sa naissance
|Publié le 09/02/2020 à 05:10 La Dépêche du Midi | Philippe Rioux
2 octobre 1870, la naissance de La Dépêche
La une du 2 octobre 1870 : Premier titre / DDM
"Un journal, c’est la conscience d’une nation", disait Albert Camus, qui fut journaliste engagé et a longtemps écrit à Combat. Mais un journal, c’est aussi tout simplement une œuvre collective, une formidable aventure humaine, une histoire qui a donc un début. Pour La Dépêche, cette aventure dont on célèbre cette année les 150 ans, a commencé à l’automne 1870. La France est alors plongée dans une guerre avec la Prusse.
La France en guerre contre la Prusse
Depuis le 19 juillet 1870 le conflit oppose la France et une coalition d’États allemands dirigée par la Prusse. La France aborde ce conflit en situation de faiblesse. L’armée française, dirigée par l’empereur Napoléon III en personne, compte 265 000 soldats réunis dans l’armée du Rhin. En face, la Prusse est forte de 800 000 hommes au sein de sa coalition.
Une fois la mobilisation achevée, les forces françaises comptent 900 000 soldats, le camp prussien 1,2 million… Le 2 septembre à Sedan, l’empereur capitule, ce qui déclenche un soulèvement populaire à Paris. Le Second Empire chute, la IIIe Répubique naît le 4 septembre 1870.
Mais Paris se retrouve assiégé dès le 17 septembre. Les communications entre la capitale et la province se font… par pigeons voyageurs, parfois par ballons, de façon erratique.
C’est dans ce contexte historique compliqué, où l’information circule mal, où les populations sont dans l’incapacité de savoir ce qui se passe, que va naître La Dépêche. Les ouvriers typographes de l’imprimerie Sirven, souffrant du chômage, proposent à leur patron d’imprimer les communiqués du gouvernement qui étaient alors simplement placardés sur les portes de la préfecture, afin de les distribuer au public. Ainsi sort de l’imprimerie une petite feuille titrée "La Dépêche" et vendue 5 centimes.
La machine qui a permis d'imprimer le premier exemplaire / DDM
La "note de l’éditeur"
En tête de la première des trois colonnes de ce premier exemplaire, une note de l’éditeur. "En fondant notre Journal, nous n’avons pas été guidé [s] par la pensée d’une vulgaire spéculation. Nous avons cru, en ce moment d’anxiété générale, que nous pouvions être utile [s] au public en lui procurant les nouvelles du théâtre de la guerre, Dépêches et Correspondances, aux conditions les moins onéreuses. Notre Journal, créé précipitamment, n’a pas encore toutes ses Correspondances établies. Nous demanderons quelque indulgence pour les premiers numéros, car l’essentiel était de paraître vite. Pour le moment, accueillez-nous : plus tard, vous nous jugerez."
La une du 2 octobre 1870 / DDM
Des dépêches qui racontent le front et le siège de Paris
Sur ce premier exemplaire, réalisé au 33, rue Riquet à Toulouse, on retrouve le "Service télégraphique spécial pour La Dépêche", qui liste les dépêches des derniers jours venant de Tours, siège de la Délégation du gouvernement de la Défense nationale (jusqu’au 8 décembre 1870). Le lecteur peut vivre le siège de Paris, les combats, les positions gagnées ou perdues, les ballons qui arrivent à franchir les lignes de front…
Sur cette une, point de photos mais un dessin représentant "Nos célébrités". Pour le numéro 1, il s’agissait de Jules Favre, avocat, bâtonnier de Paris, homme politique, académicien et surtout fervent républicain, farouchement opposé à la guerre avec la Prusse, à qui l’on doit la célèbre formule "Nous ne céderons ni un pouce de notre territoire, ni une pierre de nos forteresses."
L’urgence à dire, à rapporter, à témoigner, l’engagement en faveur de la République : les principes du premier numéro de La Dépêche guident toujours notre titre 150 ans après.
Partie de la une du 2 octobre 1870 / DDM
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