Publié le 02/02/2020 à 17:26 | La Dépêche du Midi |
France-Angleterre : un champion de France en 1945 avec le SUA donne le coup d'envoi du "Crunch"
Camille Bonnet avec Teddy Thomas sur la pelouse du Stade de France / Capture France 2
Camille Bonnet,
champion de France avec le SU Agen en 1945,
champion de France Excellence et entraîneur du SC Graulhet,
a donné le coup d'envoi fictif du premier match des Bleus dans ce tournoi des 6-Nations 2020,
depuis la pelouse du Stade de France.
Publié le 02/02/2020 à 16h40. Mis à jour le 03/02/2020 par G. P.-B. | Sud Ouest |
Tournoi des VI Nations : Camille Bonnet, dernier représentant du SUA champion en 1945, a donné le coup d’envoi du Crunch
Le centenaire Camille Bonnet a donné le coup d'envoi fictif du match France - Angleterre. / Capture écran France TV Sport
La FFR a invité l’ancien trois-quarts de 101 ans pour donner le coup d’envoi de la première rencontre des Bleus au Tournoi des VI Nations.
L’image était belle. Ou quand le rugby français honore son histoire et celle de son championnat. La scène s’est déroulée avant le début de France – Angleterre. Camille Bonnet, 101 ans, a été invité par la FFR pour donner le coup d’envoi fictif du Crunch.
Le joueur rappellera de bons souvenirs aux supporteurs agenais (enfin ceux qui ont une bonne mémoire surtout) quand le jeune trois-quarts d’alors, qui portait le maillot d’Agen, a donné le titre au SUA sur un drop de dernière minute face à Lourdes… en 1945?! Il est le dernier représentant de cette équipe agenaise victorieuse.
Publié le 31/08/2018 à 16h46. Mis à jour à 17h53 par SudOuest.fr Lot-et-Garonne
SU Agen : le dernier survivant du titre de 1945 a fêté son centenaire
Camille Bonnet : Retrouvailles des champions du SU Agen lors du Dîner des légendes / Sud Ouest © Suire Thierry
Camille Bonnet avait envoyé le drop victorieux qui a permis au SUA de devenir champion de France. Il a ce vendredi 100 ans.
C’est un anniversaire on ne peut plus symbolique. Camille Bonnet, ancien de la maison bleue et blanche, a fêté ses 100 ans, ce vendredi [août 2018].
Le club agenais n’a pas manqué de célébrer son glorieux ancien, à peine plus jeune de 10 années, le SUA ayant été fondé en 1908. Et en 1945, le SUA s’est offert un historique doublé Coupe-championnat, dont ce dernier est à mettre au crédit du centenaire.
Le dernier champion de 1945 : Camille Bonnet (4e assis en partant de la gauche). / Repro « sud ouest ».
Un drop salvateur
C’est dans les années 1930–1940 que le jeune Camille fait valoir ses qualités que les rugbymen modernes ne renieraient pas. Cannes, vitesses, crochets et mouvements des lignes arrières : la vie, comme le jeu des bleu et blanc à l’époque du noir et blanc, est plus belle à l’aile.
Et pourtant… Le match du titre, en cette soirée de de 1945, en finale contre Lourdes au Parc des Princes ne sera pas le plus prolifique des suavaistes. Remportée 7 à 3, c’est une rencontre qui aura mis du temps à se dessiner… Avant que Camille Bonnet ne délivre les siens par un drop salvateur. « Ce n’était pas le plus beau, mais il valait tout de même quatre points », expliquait-il lors de sa venue pour le Dîner des légendes à Armandie.
Camille Bonnet est le seul survivant de l’équipe de 1945. Le club a même retrouvé la licence du jeune Bonnet. L’histoire est bel et bien écrite.
Publié le 24/05/2018 à 09:29 | La Dépêche du Midi | Bertrand Chomeil
Camille Bonnet, champion de France avec le SUA en 1945
Assis au premier rang de g à d : Camille Bonnet, Guy Maurel, Charles Calbet. Derrière la fameuse seconde ligne Albert Ferrasse-Robert Landes. / Photo SO Archives
Il est le dernier des Mohicans. Camille Bonnet, 100 ans, a été champion de France en 1945 (année du doublé championnat — Coupe de France). Il participera ce soir à la grande soirée de XV à Table.
Énorme surprise pour les responsables du XV à Table au moment de dresser la liste des champions de France invités à la dernière réunion de l'année : un champion de France 1945, qui plus est auteur du seul doublé Coupe de France-Championnat dans la très riche histoire du club, était encore de ce monde.
En effet Camille Bonnet, trois-quarts centre de cette équipe, vit une paisible retraite du côté de Valence dans la Drome. Aujourd'hui centenaire, Camille Bonnet a le bonheur de garder bon pied bon œil au point qu'il sera présent ce soir au stade Armandie.
Camille Bonnet joueur, avec son équipe du SCG, championne de France Excellence 1949
Rentrée scolaire 1936
À la rentrée scolaire 1936, le jeune Camille entre à l'École normale d'Agen, pas tout à fait par hasard. Un dirigeant agenais a repéré le jeune Nogarolien et lui a proposé de venir continuer ses études à Agen. Sa première expérience rugbystique agenaise, un véritable marathon pour aller disputer un match à Grenoble, scelle définitivement son sort : à dix-huit ans à peine, il est titulaire à l'ouverture !
La saison suivante, alors que les Britanniques refusaient de jouer contre les Français, il est sélectionné dans l'équipe de Guyenne-Gascogne en compagnie de Charles Calbet et Jo Baladié.
En 1939, il joue la fameuse demi-finale contre l' USA Perpignan, moment historique dans l'histoire du club à cause du geste de Charles Calbet.
Camille Bonnet n'a pas oublié : « L'arbitre a sifflé une pénalité contre nous et le Catalan Brazes décide de la taper en drop. Les arbitres de touche n'ont pas le temps d'aller sous les poteaux et l'arbitre considère que la pénalité n'est pas valable. Mais Charles Calbet, qui s'était vite replié, lui signale qu'elle est passée effectivement entre les poteaux et ajoute : Quel coup de latte !»
C'est ce geste chevaleresque qui lui vaudra le titre de «Connétable». Camille Bonnet se souvient aussi qu'un coéquipier (dont il a décidé d'oublier le nom) apostrophe Charles Calbet avec ces mots : «Mais t'es pas con !». Fraternellement Charles Calbet a partagé ce trou de mémoire. La beauté du geste passait alors avant la course aux résultats. Une autre époque…
Camille Bonnet entraîneur lors d'un match du SCG à Béziers
«On était les stakhanovistes du rugby»
Le jeu des lignes arrière agenaises attire les recruteurs treizistes et Camille Bonnet ne fait pas exception à la règle. On lui propose d'intégrer l'Ecole normale de Toulouse afin de pouvoir jouer à Albi XIII. On était en pleine guerre XIII — XV mais Camille n'écoute pas les sirènes…
Puis c'est la finale 1943 contre Bayonne, la mémoire de Camille est intacte : «C'est le seul match perdu de la saison ! Entre Coupe de France et championnat, nous avions joué 32 matchs dans la saison ! On était les stakhanovistes du rugby», se souvient-il en souriant.
1945 est un souvenir marquant, mais la finale de 1947 aussi… Perdue contre le Stade Toulousain à Toulouse. C'est l'histoire du placage de Guy Basquet : «Il ne plaquait pas ses adversaires, il se contentait de les pousser et de leur faire perdre l'équilibre. C'est ce qu'il fait mais le joueur du Stade Toulousain tombe et fait le mort. Ses coéquipiers, Bergougnan en tête, protestent véhémentement en réclamant l'expulsion de Basquet. L'ambiance était très chaude, nous étions décidés à quitter le terrain mais des policiers nous empêchent de rentrer aux vestiaires. Le président de la Fédération descend sur le terrain et après moult palabres Guy Basquet est expulsé jusqu'à la mi-temps. La première expulsion temporaire de l'histoire du rugby !»
Camille Bonnet (à gauche) entraîneur de l'équipe du SCG lors de la demi-finale contre le Racing en 1957
Champion de France avec Graulhet
En 1948, alors que quelques problèmes internes minent l'ambiance au SUA, les dirigeants de Graulhet, club très ambitieux à l'époque, lui proposent de signer dans le Tarn, et l'ambiance agenaise se dégradant, il accepte et quitte Agen.
A Graulhet, joueur d'abord puis entraîneur, il est champion de France de 3e division, puis dans la foulée de 2e division et enfin monte au sommet de la hiérarchie du rugby. Alors qu'il est entraîneur du FCG, c'est à la moyenne d'âge qu'en 1957 il perd une demi-finale contre le Racing Club de France et il se souvient : «Un seconde ligne de Graulhet faisait son service militaire à Paris et jouait au Racing. Alors pour le remplacer j'avais recruté un facteur de Toulouse qui avait 38 ans ! Finalement c'est lui qui nous fait perdre !»
Camille Bonnet instituteur (au centre costume noir) à l'école Victor Hugo à Graulhet (années 50)
«Le SUA est resté mon club de cœur»
«Le SUA est resté mon club de cœur, c'est avec lui que j'ai connu mes meilleures années, je suis ses résultats et je lis les comptes rendus avec attention. Ma carrière, c'est Agen !»
Sa venue à Agen ne sera pas un événement dans la mesure où, fidèle de la Côte basque, il faisait souvent étape chez Charles Calbet. Pour ne pas trop changer, à l'occasion de sa venue il sera hébergé par Michel Murat, petit-fils de Charles Calbet, le temps d'évoquer le bon vieux temps.
Camille Bonnet sur le banc de touche
«J'ai réussi un drop pour toutes les rencontres éliminatoires»
En 1945, l'équipe du Sporting, au sommet de son art, remporte les deux épreuves pour la première et seule fois de son histoire. Pour cette finale contre Lourdes au Parc des Princes, Camille a été titularisé à l'arrière et Charles Calbet écrit à son sujet : «Le meilleur des trente fut incontestablement l'arrière Bonnet autant par son adresse que par ses longs et judicieux coups de pied en touche que par son drop victorieux.»
Ses souvenirs sont tout aussi précis : «Cette année-là j'ai réussi un drop pour toutes les rencontres éliminatoires, seizièmes, huitièmes, quart, demi et finale ; il faut dire que j'avais des loisirs car j'avais été remobilisé et j'étais adjoint au chef de gare de Libourne !»
La « licence du centenaire » de Camille Bonnet au SUA. / Crédit photo SO : Thierry Breton