L'Hôtel du col du Puymorens incendié
L'Hôtel du col du Puymorens incendié
Dimanche matin, les dégâts étaient visibles sur la toiture de l'hôtel qui n'a pas résisté aux flammes. | L'Indépendant
Modifié le 10/11/2019 à 08:03 | L'Indépendant | Sophie Babey
Porté-Puymorens : l'Hôtel du Col détruit à 70%, le froid ralentit l'intervention des pompiers
L'ancien Hôtel du Col, situé au col du Puymorens s'est embrasé ce samedi en milieu d'après-midi / Photo Ind, SDIS66
Le sinistre s'est déclaré ce samedi 9 novembre vers 16 h 40 dans la commune de Porté-Puymorens. Des renforts sont venus de l'Ariège prêter main-forte aux sapeurs-pompiers des casernes de Cerdagne. Les conditions météo de la nuit ont ralenti l'intervention des hommes du feu qui devraient lutter encore toute la journée de dimanche.
Dans la nuit de samedi à dimanche, les conditions météorologiques (froid et bourrasques de vent à 90km/h) ont considérablement gêné l'intervention des sapeurs-pompiers puisque vers 1h, le gel a bloqué l'eau dans les pompes et l'huile hydraulique de la grande échelle. Ce dimanche matin, 70% du bâtiment avait été détruit par les flammes, le toit et le plancher se sont effondrés.
Rappelons que le mythique Hôtel du Col, situé au col du Puymorens, à 1920 mètres d'altitude dans la commune de Porté-Puymorens s'est embrasé ce samedi en milieu d'après-midi, mobilisant une cinquantaine de sapeurs-pompiers. L'immeuble de trois étages plus les combles, d'une surface totale de 1 200 mètres carrés, a entièrement pris feu.
L'hôtel étant situé en bordure de la RN 320, la route du col a été fermée à la circulation aux alentours de 20 heures, et ce jusqu'à nouvel ordre.
/ Photo FB, Météo Pyrénées J.R.
Les pompiers sont venus des casernes de Cerdagne (Bourg-Madame, Saillagouse, Latour-de-Carol) mais aussi de Font-Romeu, ainsi qu'un poste de commandement venu du centre Capcir. Un groupe de six hommes ont également été appelés en renfort de l'Ariège.
Le bâtiment désaffecté depuis plusieurs années présentait samedi un fort risque d'effondrement des planchers, c'est pourquoi aucune exploration n'a été tentée. L'attaque du feu s'est concentrée sur l'extérieur au moyen de la grande échelle.
L'incendie s'étant généralisé à tous les niveaux, l'opération s'annonçait ce samedi soir de longue durée. Un renfort matériel a été dépêché à cette fin en provenance de la caserne de Perpignan Ouest, basée à Toulouges avec du matériel pour la nuit : éclairages et tentes de repos pour les secouristes.
Concernant l'origine du sinistre, elle pourrait être humaine. Les lieux étaient privés d'électricité depuis longtemps. Des squatteurs pourraient avoir tenté d'allumer un foyer pour se chauffer. Ce samedi soir, aucune victime n'avait été recensée.
/ Photos SDIS66
Au temps de son fonctionnement
Mis à jour le 11/11/2019 à 14:46 | L'Indépendant | Frédérique Berlic
Incendie de l'hôtel du Col à Porté-Puymorens :
Le paquebot a rendu les armes
L’emblématique hôtel du Col du Puymorens / Photo DR
L’émotion est vive après la destruction de la superbe bâtisse ce week-end.
L’émotion est grande. Hier, certains n’ont pu cacher leurs larmes après l’incendie qui avait ravagé l’édifice, samedi 9 novembre. Il ne reste plus que les murs du colosse de granit. Le paquebot du Puymorens a rendu les armes, lui qui avait maintes et maintes fois subi l’assaut des tempêtes hivernales.
Avec son aigle en figure de proue, l’emblématique hôtel qui attendait fièrement en haut des lacets de la RN 320 est parti en fumée. 70 % du bâtiment se sont envolés dans les flammes que les pompiers ont essayé de circonscrire par tous les moyens. Mais à 1 920 mètres d’altitude, les températures négatives et le vent violent ne leur ont pas facilité la tâche, le gel bloquant l’eau dans les pompes et l’huile hydraulique de la grande échelle.
L'hôtel sous les congères / Photo ML DR
Dimanche matin, quelques fumerolles s’échappaient encore du toit calciné. Les trois planchers se sont effondrés. A priori, seule la cuisine, qui était bétonnée, n’a pas trop souffert.
Abandonné depuis presque 10 ans et propriété de la famille Chapel de Lapachevie, l’hôtel avait fermé ses portes le 1er mars 2010 pour raisons administratives. Le dernier gérant, Dominique Ménégon, avait été confronté à des mises aux normes aussi drastiques qu’urgentes auxquelles il n’avait pu faire face.
Le bâtiment désaffecté avait plusieurs fois été visité par des squatteurs. Ce samedi, un témoin aurait vu plusieurs individus sur le site avant que les premières fumées ne s’échappent du bâtiment.
Une bouée de sauvetage
L’hôtel du Col a été inauguré le 24 février 1937 par Léo Lagrange alors ministre des Sports. Très renommé sur toute la chaîne des Pyrénées, c’était le pendant du Grand hôtel de Font-Romeu, mais en plus petit.
Porté-Puymorens était alors une station de ski très appréciée notamment par les Toulousains. Elle est accessible aux plus modestes budgets, "la station des mineurs", alors que Font-Romeu attirait une clientèle française extra-méridionale ou internationale.
Pas moins de 40 chambres le composaient, "mais surtout un grand dortoir pour les randonneurs et les skieurs situés sous le toit", a rappelé Jean Ribot, maire de Porté-Puymorens. L’incendie de l’hôtel du Col, c’est autant d’histoires vécues, d’histoires de sauvetage dans le blizzard pyrénéen et de bons moments. Les habitants de la vallée du Carol, sont secoués par l’émotion, certains pleurent ou ressortent la boîte à souvenirs. "On n’ira plus danser là-bas ! Il y avait une boîte de nuit au rez-de-chaussée, des chanteurs renommés comme Leny Escudero qui venait 2 ou 3 semaines, mais également des gens aisés comme les PDG de Bonduelle ou encore des champagnes Mumm".
Domingo, barman en 1937
L’hôtel, c’était la bouée de sauvetage en pleine tempête de neige, combien y ont trouvé leur salut ! "Avant les dameuses, il arrivait que des naufragés y restaient coincés trois semaines. Avec la chenillette de la station, on est même allés chercher une personne en urgence médicale qui faisait une appendicite !" Au-delà de toutes ces anecdotes, la destruction de cet hôtel emblématique est un vrai crève-cœur.
"Effectivement, depuis la semaine dernière, il y avait un repreneur potentiel. Quand je suis arrivé ce matin, le voir détruit, ça m’a vraiment fait un coup au cœur", s’est lamenté le maire.
Une page de la Cerdagne, de la vallée du Carol et du col du Puymorens vient de se tourner. Aux enquêteurs de la gendarmerie de Montpellier de mener les investigations sur cet incendie.
Photos illustration : Delcampe
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