Tarn - Mon Beau Village : Vabre

17/8/2019

Tarn - Mon Beau Village : Vabre

Publié le 09/08/2019 à 08:14 | La Dépêche du Midi |

Vabre ou la fabuleuse histoire du village des Justes

Portant bien son nom, le point de vue de Pénery, juché sur les hauteurs du village, témoigne de l'enclavement de Vabre./ Photo DDM, E. Clévenot

Vabre est un merveilleux petit village, égaré dans la vallée du Gijou… Mais bien au-delà de son cadre chaleureux et de sa nature verdoyante, Vabre est un village de Justes. Nominé dans la catégorie «Patrimoine», plongez, le temps d'une ballade, dans ses belles mémoires… Votez tout l'été avec notre formulaire en ligne en fin d'article.

Capturer la beauté de Vabre, c'est capturer son histoire. Une histoire qui prend sa source au XIIIe siècle, alors qu'une troupe de soldats établit sa garnison derrière les remparts d'une belle forteresse. «Ne la cherchez pas… Elle a disparu !», s'amuse Françoise Pons, la mairesse. Véritable emblème de la commune, le beffroi, qui était autrefois la porte d'entrée du château, est en effet la dernière empreinte de cette époque moyenâgeuse.

Vabre, le village aux trois clochers. / Photo DDM

Perdu dans les forêts denses des monts de Lacaune, Vabre a joui d'une position géographique propice à l'accueil de minorités persécutées. Il tire d'ailleurs son nom du Gaulois, «Wabero», qui signifie le ravin caché. Au XVIe siècle, tandis que les guerres de religion ravagent le royaume de France, de nombreux protestants viennent donc trouver refuge dans ce village retranché.

«Moi, quand je me suis marié au Temple, mon grand-père catholique m'a dit qu'il ne viendrait pas, se souvient Patrick Pistre, 1er adjoint au maire. Il a fini par rappliquer mais ça a été dur…». Comme pour faire perdurer ces querelles désormais oubliées, Temple protestant et Église catholique continuent de se faire face, au cœur du village…

Vabre et son beffroi / Photo DDM

Des tisserands aux maquisards
Sans pâturage pour élever du bétail, Vabre se spécialise dans l'industrie textile, exportant son tissu jusqu'à Paris.
En 1940, alors que pèse la menace allemande sur les Juifs du quartier du Sentier, dans la capitale française, ces derniers contactent leurs amis tisserands. Dès lors, 79 familles rejoignent le village. Elles s'y cacheront tout au long de la guerre, sans jamais se faire dénoncer.

La cloche du beffroi / Photo DDM

«Ici s'est formé le seul maquis français composé exclusivement de juifs : La compagnie Haguenau, raconte Jacques Pons, dont la grand-mère a accueilli un couple juif. D'ailleurs en 2015, Vabre est devenu Village des Justes de France… Et il n'y en a pas beaucoup !». Une exposition permanente revient sur l'extraordinaire bravoure de tous ces villageois.

Aujourd'hui, Vabre vit principalement de ses tailleurs de pierres et ses nombreux commerçants. Brasseurs artisanaux, charcuteries traditionnelles ou (bientôt) salon de thé à l'anglaise… Chaque vacancier y trouvera sans aucun doute de quoi s'y requinquer, après avoir visité le village !

Trois questions à Françoise Pons, maire de Vabre

Entourée de son conseil municipal, Françoise Pons est maire de Vabre / Photo DDM

Quel est votre endroit préféré à Vabre ?
Je dirais le beffroi, au cœur du village. C'est le dernier vestige l'enceinte médiévale du bourg, qui a presque entièrement disparu. Il rappelle les origines moyenâgeuses de Vabre. Mais ce n'est pas l'unique monument historique que nous possédons. En vous baladant dans les rues, vous pourrez découvrir cinq anciens lavoirs classés, traverser le pont Neuf ou encore visiter les maisons vieilles du XVIIe siècle, qui accueillent désormais la bibliothèque.

La population vabraise ne cesse de décroître. Cela vous inquiète-t-il ?
Oui, évidemment. Pendant longtemps, presque tout le monde au village était tisserand. Puis, dans les années 1980, l'activité a cessé. Aujourd'hui, quelques Vabrais travaillent dans le granit ou le bâtiment, mais ça ne suffit plus à retenir les jeunes. Ils partent faire leurs études et trouver du travail ailleurs, puis reviennent voir la famille pendant les vacances. Beaucoup réapparaissent aussi au moment de leur retraite. Ils viennent profiter de l'air frai !

Vabre, la piscine / Photo DDM

Vabre est-il un village festif ?
Bien sûr, il y a une très bonne ambiance ! Chaque année, fin juillet, nous faisons les fêtes de Vabre. Concours de pétanque, défilé de chars, concerts en plein air… Pendant quatre jours, tout le monde se réunit pour faire la fête. Et puis l'été, tous les jeudis, les associations organisent des nocturnes à tour de rôle. Enfin le mercredi soir, il y a également des spectacles dans le parc derrière l'église. Oui oui, ça bouge beaucoup ici !

Sur les traces du maquis en Traction avant / Photo DDM

À faire, à voir
Musée > Exposition des Maquis de Vabre. «Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas». Ces paroles, prononcées par le Général de Gaulle dans l'appel du 18 juin 1940, sonnent comme une évidence aux yeux des bénévoles, qui entretiennent ce lieu de mémoire et de souvenirs. Du mercredi au samedi, sur rendez-vous, plongez dans l'histoire du village, à l'heure de la 2nd Guerre mondiale.

Monuments > Beffroi, temple et église. Pèlerinage incontournable pour quiconque se rendrait à Vabre : le tour des trois clochers. Le beffroi constituait autrefois la grande porte d'entrée du château. En se faufilant sous l'arche, par le passage surnommé le «trou de la cloche», vous accéderez au Temple de 1804, monument qui marque une page importante de l'histoire protestante de la commune. Enfin, vous n'aurez qu'à vous retourner pour observer, l'Église catholique Sainte-Anne de 1 863…

Des circuits VTT de différentes difficultés / Photo DDM

Sports > Piscine, tennis, VTT et randonnées. Le long du Gijou, les sportifs pourront profiter du court de tennis et de la piscine, ouverte tout l'été. Quant aux férus de randonnées et de VTT, trois sentiers au départ du village leur permettront de crapahuter dans les forêts environnantes…

Nature > Le Granit du Sidobre. Vabre se situe au cœur du plus grand massif granitique de France, appelé le Sidobre. Ce dernier regorge de rochers aux formes étonnantes, dont ont été extraits les pavés des Champs Elysées. Parmi les sites les plus surprenants, la Peyro Clabado, sur la commune voisine de Lacrouzette. Ce colosse de 800 tonnes tient en équilibre sur une toute petite surface et selon la légende… celui qui parviendra à jeter une pierre à son sommet sera marié dans l'année !

«La Vallée des Justes» : Ces jeunes filles juives étaient cachées à la jasse de Renne / Photo DDM

Une chaussée sur le Gijou / Photo DDM